Tu t’étrangles en te retournant violemment pour faire face à ta « sœur » que tu ne reconnais pas. Comment ça elle « sait se battre » ?! Elle ne sait rien du tout ! RIEN ! Tu n’as pas besoin de gueuler, c’est comme si tu suintais la violence et l’incompréhension, le refus, le déni. Craignant de lui broyer véritablement le poignet dans ta main, tu la relâches mais ne t’éloignes pas. Mais déjà elle ne fait plus attention à toi et tu te demandes si tout cela peut véritablement être imputé à cette maladie qui vous ronge ou s’il n’y à pas autre chose. Tu es loin de te douter de ce qu’il en est véritablement, tu penses au fait qu’elle puisse t’en vouloir de l’avoir délaissé pour chercher Shaun, tu penses à une question d’hormones même, et à tout un tas d’autres conneries du même genre. Alors tu te répètes que vous êtes condamnée, que tu risques de la perdes. Tu te le répètes encore et encore en serrant les poings pour ne pas la secouer, l’interroger, lui dire d’arrêter ses conneries et que sa place est auprès de tes parents et certainement pas ici à jouer les chasseurs alors qu’elle ne sait même pas ce que c’est. Elle ne réagit à rien, mais ce n’est pas son apathie habituelle. Pour être honnêtes, tu as l’impression d’être en face de quelqu’un d’autre. Tu as le cœur au bord des lèvres, le front humide et les mains moites, mais tu n’es pas certain que ce ne soit dû qu’à la fièvre.

Au fond, tu te doutes peut être déjà de ce qui était potentiellement arrivé mais tu refuses de le voir.

Tu te raccroches aux dernières paroles du gamin du Sud, qui parle de dragon. Qui le répète. Cela n’étonne personne. Même ta sœur ne pose pas de questions. Il s’agit du gamin que tu as commencé à entrainer. Le gosse maladroit, candide, buté. Qui répond, parle de siècles d’existence, de risques, et ton cerveau fait les liens avec son ignorance de votre époque, ses maladresses. Tu te passes une main sur le visage, ton front moite de fièvre et le rictus que tu ne cherches pas à cacher. Bordel. On t’aura tout fait.

Les conditions du gosse -qu’on ne compte pas sur toi pour l’appeler dragon vu comme il manie son arme encore…lézard à la rigueur- te conviennent pour ce qu’elles te concernent mais tu répugnes à laisser ta sœur dans son état tout en refusant de la laisser se « battre » comme elle semble vouloir le faire. Tu fais deux pas, serres l’épaule de Shaun, deux pressions et un regard en coin vers ta sœur. « Quel merdier…bon, tu m’couvres cette fois alors »sans gueuler, tu ne cherches pas à te cacher des autres. Ça te fait chier de le laisser derrière, c’est lui que tu aurais préféré avoir à tes cotés mais le choix du lézard n’est pas dénué d’intelligence. Pour ta sœur, Shaun comprendra que tu la lui confie. Il sait très bien ce qu’elle représente pour toi. A elle, tu ne dis rien. Et elle non plus ne réagit pas à ce que tu viens de dire, alors qu’elle était censée te croire commercial.

« pas peur mini lézard je tiens à l’œil qui me reste… » Ricanes tu en lui rendant un sourire carnassier et impertinent. Ca c’est pour le « Holmund » que tu avas enfin réussi à lui faire prononcer convenablement. Tseuh. Quel gâchis..

Les paroles de l’autre nabot t’arrachent un froncement de sourcils mais c’est de Shaun qu’il s’agit aussi tu le laisses régler ça si l’envie l’en prend tout en surveillant Dev et Adama du coin de l’œil.

Un loup. Bordel. Un p*tain de loup. Tu le fusilles d’un regard mauvais avant de jeter un regard à Shaun qui va surement avoir plus de boulot que prévu.. Manifestement même le gosse (Elliot) qui l’accompagnait à l’air un peu dépassé et beaucoup trop fiévreux pour faire un pas de plus. Tu serres les dents avant d’emboiter rapidement le pas au fameux Adama. Dans un sourire un peu grimaçant, tu murmures entre tes dents un « sur que j’peux t’citer une ou deux situations où les gens peuvent aimer « quand ça crie ». Par contre j’en connais aucune où les gens aiment le manque de respect et les petits merdeux qui donnent des ordres à tout va, surtout quand le merdeux en question travaille pour le type qui vous menace… Et bordel j’espère que ton chien sait se tenir…. »  Ton regard va d’Everwhite au loup et du loup a Elliot, Aydin, pour s’arrêter sur Shaun et ta sœur.

« Attendez. On est loin du labo ? Le lézard peut voler c’est ça ? Et j’ai une moto qui peut porter deux personnes. –tu la désignes de la main- Au point où on en est, on ne peut plus se permettre de se trainer sur cette montagne en y crachant nos poumons. »

Tu regardes le gamin avec comme une sorte de défi, vague provocation, cap ou pas cap mini lézard ?