Il l'agrippe, la retient fermement. Cet homme, il ne possède pas la sagesse qu'il a pourtant fait miroiter. Mais il essaie. encore et encore, de toutes ses forces. Lui qui a trop longtemps voulu les avoir toutes sans être équitable refuse le départ de la plus altruiste, la plus sage ;
comment ne peut-on pas le comprendre ?
ELLE NE PEUT LUI DONNER CE QUI EST DÉJÀ DONNÉ
L'on peut penser qu'il s'agit d'une dispute de couple en pleine cité des neiges. Pourtant le cadre laisse à croire. Café du coin où les gens se rencontrent et se retrouvent autour d'une boisson chaude. Certains s'étreignent comme ce vieux couple de septuagénaires, en se faisant goûter leurs mets favoris. Midi, l'heure qui voit s'ébranler une table sur ce parquet bien ciré. Un cri perçant suivi d'une insulte, une femme qui se lève sans dire mot ;
il ne l'acceptera pas, jamais qu'elle parte après ces simples mots. Qu'elle le laisse parce qu'il ne sait pas selon elle ce que veut dire amour. Non pour elle, ce n'est qu'une histoire d'égo surdimensionné qu'il agrandit via ses toujours plus nombreuses amantes. Et le pire c'est que cette fille, est la seule à avoir vu clair en lui. Blessant, mais réel. Alors lorsque l'on se sent nu, découvert par une personne qui jusque là ne vous a pas paru assez véritable pour vous toucher, quand celle-ci a enfin sorti les mots que vous attendiez, que faire plus que d'essayer de la retenir et exprimer une frustration causée par vous-même ?
« Tu ne peux pas me faire ça ! Pas après ce que l'on a vécu ! »
La phrase cliché que l'on entend souvent dans les séries à l'eau de rose. La fierté est blessée, on regrette ses mots même si ils nous sont venus instinctivement. Et pour final, quand enfin sonne cette voix envoûtante et chaleureuse qui pourtant vous a dit qu'elle ne vous en voulait pas pour dire ceci
« Tu as vécu dans une illusion que tu as monté seul, Eldric. »
Elle n'a pas tord, mais cela fait mal ;
plaie béante faite à un égocentrique. L'amour se partage certes, mais lorsque plusieurs personnes donnent la même chose à la même personne, sans rechercher leur vrai manque, sans se noyer dans une envie égoïste, il ne sert à rien d'insister. Mains dans les poches de son cuir au col de fourrure, cheveux de lait volant et claquant comme de petits fouets sous le coup de vent lorsque la porte est ouverte, la jeune femme observe la scène sans se départir de son sourire. Élise est triste pour lui, mais à demander à plusieurs une même chose en même temps, il fallait bien qu'un jour la plus lucide dise et coupe les ponts. Le dénommé Eldric balance la table contre la vitre et la rattrape tel un incube en manque d'âmes ;
pourquoi il fallait que ce soit elle ? Le brun la tire avec violence en arrière ; –
Ne pars pas –, Voilà les mots qui lui viennent aux lèvres mais qui en rien ne sortent, à cause de ces iris bleus aux teintes de compassion. Elle ne le hait pas pour ce qu'il a fait alors que d'autres l'auraient claqué et griffé. Mais pas Élise. La pression sur le bras descend peu à peu et Eldric s'agenouille pour enfin lâcher prise ;
battu l'homme ne répond plus de rien, prêt à la laisser partir, humilié face à cette foule devenue plus opaque pour observer la scène mais acceptant son péché d'orgueil.
Ainsi souffle le vent sur la beauté nordique perdueLe dernier signe d'affection qu'il reçoit n'est pas ce qu'il espère. Pas d'étreinte, pas d'envie de recommencer à zéro. Juste cette caresse que la belle lui faisait dans la couche pour le rassurer : cette caresse du bout des doigts sur sa joue, accompagné d'un "bonne chance" sonnant comme un adieu.
Ouverture sur une nouvelle page de ce roman sans fin qu'est la vie. Élise, en réalité déesse de l'amour du nom de Freya inspire ce vent glacial comme le ferait l'enfant lors de la sortie du ventre de sa mère. Une nouvelle naissance ainsi qu'une sagesse sur ce monde moderne grandissant un peu plus. À peine met-elle une bottine dehors qu'une foule d'enfants courent jusqu'à la grand place, en plein milieu des allées marchandes. Patins, moufles et petits sacs de provisions sur les épaules ils sont impatients. Pourquoi ne pas les suivre, tant qu'il fait encore jour dans ce cas ? La déesse du nord hausse les épaules, un sourire radieux s'étirant sur ses lèvres de rose glacée ;
retomber en enfance, pourquoi pas ? Sa marche devient course, ses pas s'enfoncent un peu plus dans l'épaisse neige qui encore tombe de ce ciel gris clair. Son coeur aussi bat la chamade. ;
l'excitation enfantine, joie innocente face à un plaisir simple. Voilà ce qu'il lui manque en ce jour où tombe mélancolie et pleurs de cristal.
Patiner Enfin arrivée au bout de sa course, essoufflée et un peu les cheveux sans dessus dessous, elle les observe rire et s'amuser sur la glace silencieusement, sous le regard protecteur de leurs parents. Il reste dans ce monde bien heureusement ce genre de joies, de manifestations d'amour lorsqu'un enfant tombe et que le père le relève pour de nouveau partir avec son fils ou sa fille main dans la main. Cela fait chaud au coeur et attendrit l'Amour qui s'est faufilé parmi eux ;
elle inspire cet air glacé My heart, my bonds, they may disappear, but...
I will never let thing things that were here fade away
My pain, my memories, they may disappear, but...
The wish I want to protect will be left behind and become hope
Like stone returns to dust. Like water returns to the sky
This was the divination destined, correct?
Don't cry, don't cry. Just please, with your quiet feelings
Become the soft light, and envelop me.
I'm sure I am looking at you,
Who is in the world I love ...
Happiness, sadness, they may disappear, but...
The smile that I exchanged with you, that is the truth
My pain, my memories, they may disappear, but...
The wish I want to protect will be left behind and become hope
Reach and ... become hope ...
L'AMOUR PRIE POUR EUX
Yeux clos, de cette petite voix douce à la chaleur incomparable. Discrète chanson de l'écrivaine et compositrice, qui ici peut être simplement une jeune femme sans aucune notoriété ;
mais un malaise la prend elle sent la présence d'un autre dieu. L'odeur de cette aura se veut cendrée et insupportable voir repoussante sur la forme. Les âmes qui aussi s'agitent autour de lui l'identifient comme étant un maître, par définition primaire. Freya pivote donc sur ses bottines, le visage à moitié caché dans la fourrure de sa veste. Seul son regard bleu perçant, comme la mer chaude perdue au milieu d'une zone de glace éternelle peut être remarqué, dans les sillons de vent neigeux. Depuis qu'elle est sortie du bar, elle sent sa présence ;
La divine fixe sa némésisCuriosité ou simple envie qu'il garde ses distances ? Curiosité parce qu'il est attirant, mystérieux d'une certaine manière et que cela attise l'amour en elle pour en découvrir les secrets et rendre heureuse cette âme esseulée et meurtrie. Mais envie de garder ses distances car comme celui qu'elle vient de quitter, il est inconstant et centré sur lui-même que sur le partage ;
alors elle n'approchera pas« Madame. Vous voulez aussi faire du patin ? »
Freya détache son regard de la morbide présence pour fixer une petite fille en train de glisser à côté d'elle sur la glace. Et la déesse des montagnes ne peut s'empêcher de rire avant de tout bonnement secouer la tête.
« C'est gentil de me le proposer, mais sans patins cela va être difficile. À moins que tu ne veuilles me voir faire le pingouin, ce qui ne m'étonnerait pas. Aller, retourne plutôt en profiter » , répond Freya
La petite hoche la tête en lui rendant son sourire sans rien dire de plus. Observer la joie suffit amplement à la déesse. Bercée par le vent, les longs cheveux de la beauté amoureuse flottent et caressent de leur douce texture les flocons de neige. Elle ne bougera pas, sentant comme un mauvais augure celui qui porte la cendre des morts sur son corps.
ELLE LES PROTÉGERA DE TOUTES SES FORCES