Encore une journée de complétée dans ce laboratoire blanc et ennuyeux qu'était celui de l'hôpital. Toujours la même routine :  analyser les échantillons de sangs et autres fluides moins gracieux produits par le corps humains et tout ça en compagnie de mes deux merveilleux collègues : Eva-la-rabat-joie et  Alistair-qui-n'a-pas-encore-découvert-le-déodorant. Bon je ne vais pas me plaindre. Ce job a d'énormes avantages. Des horaires décents, un salaire décent, pas besoin de gérer les patients, on reste peinard avec ses instruments... qui tombent parfois en panne. Et qui s'y colle ? C'est moi, of course, parce que personne ne peut entrer en compétition avec mon formidable intellect.

Bref, je m'égare. Je venais de terminer le boulot, et d'habitude j'aurai couru jusqu'à mon scooter pour rejoindre ma douce planque à Marina, là où la météo était plus clémente. Seulement j'avais prévu de faire quelques petites courses au supermarché qui se trouvait pas trop loin. J'étais en pénurie de café - et de filtres à café ( fucking logic ) ainsi que d'autres produits indispensables comme du ramen et de la mousse à raser ce genre de trucs.  Mais évidemment le supermarché était bondé. Entre la mère célibataire et ses 5 mômes, le petit vieux qui n'arrive pas à se décider et tous ces autres déchets de la race humaine qui me bloquaient le passage et qui s'entassaient  en file comme des bestiaux à l'abattoir pour payer leurs achats - sans oublier ceux qui se mettent dans file caisse 10 articles, alors qu'ils en ont 15 - ceux là sont les pires, on devrait les euthanasier.


SOIT. Je revenais à pied jusqu'au parking de l'hôpital, maudissant intérieurement la météo constamment froide de cette ville. Je resserrais mon écharpe autour de mon cou. Passer de 0° à 20° tous les jours c'était pas évident. On ne sait  pas comment s'habiller. Moi j'aimais garder mon manteau de labo. D'ailleurs j'en avais plein. Que ce soit pour travailler dans mon labo ou à l'hosto. Le problème c'est que niveau rembourrage, j'ai connu mieux.  Bref, j'étais perdu dans mes pensées - ou plutôt en train de regarder distraitement des vidéos via mes moogle glass quand je fus renversé sur mon dos, étalant mes achats dans la neige.

* What the fuck ?*

Au dessus de moi, menaçant, un adolescent à la chevelure trop longue et désordonnée. J'imagine que j'aurai dû entendre que j'étais en danger, si seulement je n'étais pas en train de regarder des vidéos avec le son près de mes branches. Ma faute j'imagine. J'étais surpris, fixant mon assaillant, restant dans l'expectative. Qu'et ce qu'il me voulait ? Mon argent ? Ou mon sang ? Un vampire ici, en plein milieu de la rue ? Ouais bon j'ai pas fait attention, c'était peut-être désert. Merde. Il plaque sa main sur sa bouche et se détourne de moi en refusant. Je fronce les sourcils. Qu'est ce qui est en train de se passer. Il s'excuse mais  ne bouge pas d'un pouce ?




Je forçais un sourire. Evidemment que je plaisantais. IL ne pouvait ni avoir mon portefeuille, ni mon café. Son teint pâle et ses yeux rougeoyants le trahissent. J'en ai déjà vu pas mal de loin. Je sais à quoi je m'attaque. La question est... quel genre de vampire est-il ? Ce gamin... Il ressemblait pas mal à Jaimie... Est-ce que ...?



Je sentais la neige fondre sous mon dos et tremper ma blouse et s'était franchement pas très agréable. Je parvenais à me relever en repoussant doucement l'ado paumé qui me servait d'agresseur. Je frottais mes épaules et remettait mes lunettes sur mon nez. Au moins elles étaient intactes.  Je reposais mon regard sur le pauvre gamin qui était là. Je poussais un soupir.

 

Au final ce n'était jamais qu'un adolescent perdu avec des goûts vestimentaires certainement discutables qui m'avait agressé. Mais pas seulement. J'avais aperçu cette lueur rouge dans le regard. Mais un vrai vampire n'aurait certainement pas hésité à me  faire la peau, sauf s'il s'était trompé de proie. J'imagine bien que ces créatures doivent avoir des goûts alimentaires particuliers et qu'un trentenaire d'un mètre 75 ne faisait pas forcément partie de sa liste d'aliments préférés. Si j'étais un vampire, je préférerais sans doute mordre le cou de belles blondes à forte poitrines. Ou de jolie rousses, évidemment.

Quoi qu'il en soit, je ne tenais pas particulièrement à avoir les fesses mouillées. Mon pseudo agresseur se releva me laissant la place pour me dégager et je me mettais aussitôt sur mes deux pieds -  avec un peu de prudence, histoire de ne pas glisser, m'étaler de tout mon long dans la neige et ainsi perdre toute crédibilité. Quand je lui demandais son histoire, il parut embarrassé  et prétexta qu'il ne se souvenait plus.




Il devait se foutre de ma gueule  sans aucun doute. A moins qu'il ne soit vraiment pris d'amnésie sévère. Ca serait bizarre.  Je poussais un soupir et je déplorais :




Sous-entendant que l'usage de drogues affectait fortement la mémoire. Enfin j'imaginais que cela n'avait rien à voir avec ça mais bon. C'était juste le petit commentaire supplémentaire de Miles Watts. Le gamin s'inquiéta de ma santé. Quoi ? J'avais l'air si vieux ? J'avais à peine trente ans, j'étais pas encore grabe  à terre ! Je me remettais sur mes deux pieds avec la grâce légendaire qu'on m'attribuait ( celle d'un pachyderme en état d'ébriété ) en le rassurant.




En me redressant une de mes lombaires émit un drôle de craquement suivi d'une légère douleur familière. Rien de bien grave mais pas étonnant : je n'ai jamais été un grand sportif. Ouille.  C'est vrai que ça fait un peu mal.  Mais bref revenons à nos moutons. La main dans le dos je continuais de m'adresser  au jeune vampire face à moi.





Bon ça ne serait certainement pas gratuit, mais bon ce gamin n'avait pas l'air méchant, juste perdu, comme Jamie avait dû l'être. Qui sait  ? Si quelqu'un avait pu lui tendre la main les choses auraient pu être différentes.

Et donc comme 99,99% de la population, cet adolescent était incapable de comprendre mon sens de l'humour. Quel dommage. J'aimerais bien rencontrer le 0,01% un jour. Le pauvre il avait l'air d'un chiot abandonné qui ne savait ni quoi faire ni quoi dire. Moi je m'étais un peu fait mal en tombant mais rien de grave, je ramassais mes courses avec prudence, constatant tristement qu'un paquet de café avait renversé un peu de son contenu dans le sachet plastique. Je ne retenais pas un soupir de déception.



Tant pis, c'était juste une partie. Il fallait faire son deuil de ses 100 grammes de café. Toutefois ma proposition avait attiré l'attention de mon interlocuteur. Bon à savoir, il avait sans aucun doute abandonné l'idée de me vider de mon sang. Je devais probablement me considérer comme chanceux, mais j'étais probablement trop intelligent pour réaliser que j'avais été vraiment en danger. Sa réaction me surpris un peu. Qu'est ce qu'il devait faire ? Il ne me semblait pas avoir exprimé une quelconque condition. Et une autre de ses phrases attira mon attention. Je le remettais immédiatement sur le droit chemin.




Je croisais les bras et je remontais mes lunettes.



Si c'était le cas, il aurait probablement su chasser, et il se serait attaquer à une proie plus facile ! Ou alors je serais déjà mort, exsangue sur le sol glacé. Mais je pouvais difficilement imaginer cette option. Qui sait peut-être que cet anonyme pourrait m'aider à avancer dans mes recherches ? Je pouvais toujours tenter le coup.