Fatigue & impatience.
Qu'il est difficile, agaçant de toujours faire les mêmes gestes, posséder la même attitude tout en arborant encore et toujours ces mêmes sourires. Quelques semaines déjà que j'ai daigné quitter le territoire du Nord pour venir ici. Dénicher un travail n'aura pas été difficile, bien au contraire d'ailleurs. Un joli minois, une attitude de gentil garçon et le tour est joué. Que la naïveté ambiante peut être agaçante bien qu'en l'occurrence, pour ce point là, j'ai finement jouer pour user de ce défaut omniprésent chez certains membres de la population. En bref, une banale journée comme les autres, des allés-retours comme d'habitude. Habillé de mon costume dénué de veste mais orné d'un beau nœud papillon, je me dois d'être irréprochable physiquement du fait de la classe nécessaire pour travailler dans un commerce comme celui-ci. L'un des moult restaurants les plus étoilé de la rue principale.

Des passages très nombreux, les clients sont tels qu'il m'est impossible de donner un nombre concret. Droit comme un i, un plateau sur la paume de ma main hissé vers le ciel, j'effectue les besognes qui me sont assignées. Sans mal qui plus est. Puis le moment tant attendu montre enfin le bout de son nez. Le soleil est couché depuis une bonne heure déjà quand enfin, je peux quitter les lieux afin de prendre congé, de retourner dans mon piteux appartement que j'espère soyons francs temporaire. Ne préférant tout de même pas perdre mon temps ici, pas d'avantage en tous les cas, je déboutonne le haut de ma chemise et me contente de rester ainsi. Le look débraillé n'est pas si mal après tout et, qui pourra bien montrer de l'intérêt à mon apparence en ce début de nuit.  

Un soupir quitte mes lèvres pincées tandis que je remonte mes lunettes le long de l'arrête de mon nez de l'index. Le bras droit est plié, la main empoignant le sac au dessus de mon épaule. L'allure nonchalante je me retire enfin, le corps à moitié dans la pénombre. Le regard hissé vers les quelques lampadaires des lieux, je me satisfais de les voir là, à me guider le long de mon chemin bien que cela ne dure point. Il faut l'avouer, mon domicile est loin d'être dans un quartier bien perçu de ceux que je sers habituellement. C'est pourquoi, sans même le réaliser vraiment, je me retrouve vite dans la pénombre de la nuit, seule la lueur de la lune arpentant le goudron que je foule. Soudain, un frisson, comme un pressentiment. Un regard qui ne me quitte point, qui ne me lâche pas. « Qui est là ? » dis-je calmement bien que l'inquiétude me guette et m'envahit. La main gauche longeant mon pantalon, j'empoigne l'un de mes couteaux dissimulé dans ma poche arrière. Prudence est mère de sûreté après tout.