Combien de temps c'est écoulé ? Aucune idée, mais une chose est sûre, du temps est passé depuis que j'ai mordu la précieuse demoiselle devenue un calice pour moi. Sans doute une petite semaine ou quelque chose du genre. Je ne comptais pas lâcher prise, bien qu'il était clair qu'elle voudrait casser les ponts à jamais. Elle allait me donner du mal, mais justement, sans être sadique, j'aimais ça. De ce fait, en attendant de pouvoir de plus belle reprendre de ce sang au goût unique, j'ai chercher à comprendre le lien qui nous unis. Pour l'heure, je n'avais qu'une hypothèse. Il se pourrait bien qu'on soit capable de ressentir ce que l'autre ressent dans des moments forts. Ou bien, il semblerait qu'on puisse se glisser dans l'esprit de l'autre durant une brève seconde quand on se concentre assez. Je ne savais pas quelle hypothèse était la bonne, mais une chose est sûre, il y a quelque chose de faible pour l'heure. Mais me connaissant, il ne tient qu'à nous de renforcer tout ça  en s'appréciant ou en se détestant encore plus. Pour sûr, l'amélioration ou la dégradation de notre entente aura une conséquence sur notre " liaison " mentale.

Sourire en coin, je l'avais suivis. Son odeur et notre lien me donnait de grosses idées de où elle était et où elle allait.  De son côté, se rendait-elle compte de ce lien ? Cette connexion ? Ou bien est-ce juste mon flaire de vampire qui me permet de la trouver facilement ? Alala, pauvre demoiselle. Je vais être une vraie sangsue pour elle, pour sûr, je n'allais pas lâcher prise aisément, bien au contraire. J'allais prendre mon pied à la faire chier. Mais justement, son sang chaud est si délicieux. Surtout lors de mon nouveau fantasme : la mordre à la nuque. Bah quoi ? Vous vous attendiez à quoi en lisant le mot " fantasme " ? Des idées coquines où il serait question de nudité ? D'actes coquins ? Il y a de l'idée remarque... Pourquoi en me disant ça, je l'imagine en tenue d'Eve, allongée sur un lit grâce à moi, et moi en tenue d'Adam en train de simplement caresser son épiderme, sur le point de mordre sa nuque.  Ouuuuuuh... Que cette idée est délicieuse. Mais non. Je secoue la tête pour revenir à l'essentielle, ma traque à la belle calice.

Respirant l'odeur qui se trouvait quelque part dans le coin, finalement, je me retrouvais devant... un drôle d'endroit. Un temple ? Par curiosité, j'y entre furtivement en me cachant dans quelques endroits sombres en cherchant du regard la possible demoiselle. Son odeur est forte, mais qu'est-ce qu'il me dit que la miss n'est pas passer par là récemment d'où l'odeur forte  ? A moins qu'elle ait gagner le pouvoir de se cacher y compris de mon flaire ? Nah... Pas possible.
Ce temple de glace ne me dit rien de bon. Elle qui semble avoir une petite affinité avec, ce ne serait pas prudent de me battre avec elle, surtout si elle peut prendre l'avantage. Que devais-je faire hein ? Continuant de la chercher, au final, je me poste vers l'extérieur en attendant. Assis sur une sorte de poutre, j'observe le paysage. Il fait froid... Trop froid même pour moi. Soufflant, je me demandais bien pourquoi j'allais jusque là pour elle. Une femme, que je n'aime pas... si ?

Un duel dans le lointain glacé

ABADDON A. STEFFEN

La Cité Nordique m’attendait de pied ferme. On m’avait chargée d’observer une plante qui longeait le lac gelé, une espèce apparemment rare qu’il faudrait tenter de ramener au laboratoire. Si je ne parvenais point à l’extraire de son habitat, quelques prélèvements s’imposaient. Néanmoins, je devais être prudente car ladite plante siégeait en un lieu reculé du lac, à proximité d’un temple et poussait même en son sein, ramifiant quelques pavés du sol de sa douce verdure aux reflets cristallins. Elle semblait s’être accoutumée du froid environnant et mon laboratoire souhaitait extraire sa faculté résistante pour vendre la formule d’une potentielle crème pour lutter contre le froid. J’étais d’ordinaire contre ces pratiques, l’étude des plantes pour soigner, arranger le quotidien ou encore mieux comprendre le monde mais pas au profit de quelques riches industriels qui veulent à nouveau s’en mettre plein les poches en sortant sur le marché un produit bourré de mauvaises toxines. Néanmoins, les récents évènements m’avaient alertée et je ne me sentais plus en sécurité à Terraria, ainsi, je pensais qu’en changeant d’air, je pourrais me sentir plus à l’aise sans cette impression incessante d’une ombre qui me suit. J’avais donc chaussé des bottes, m’étais emmitouflée sous plusieurs couches de vêtements, tee-shirt, chandail et veste polaire pour m’aventurer au-delà du lac, à l’intérieur du temple.

L’ironie du sort restait que mes dons me permettent de manipuler la glace, avait-on percé mon secret ? Je ne pense pas. Je me sentais à l’aise dans cet environnement qui me donnait un peu plus de force même si j’avais assez froid tout en n’étant guère une personne frileuse. J’avais posé mon sac à dos au sol sortant des éprouvettes et une pince afin de récolter des échantillons. J’aurais apprécié la présence d’un lieu moins sommaire afin que mes récoltes soient plus simples mais la difficulté me plaisait. Je retirai quelques filaments de l’épiderme de cette plante, je la pris en photos sous plusieurs coutures et j’essayai ensuite de trouver la source de celle-ci, où ses racines s’ancrent dans le sol. Peu à peu, je me déplaçai vers l’extérieur du temple. Je passe sous l’arche simulant l’entrée du temple et je stoppe net mes mouvements. Je n’ai guère pris le temps d’admirer la beauté des lieux où les pierres gelées dessinent un temple tout droit sorti d’un conte incluant le Père Noël, aux airs de Pôle Nord enchanteur que je sens que l’on m’épie. Cette impression n’a guère disparu et je ne saurais s’il s’agit d’un humain ou pire…un buveur de sang. Deux options s’offraient alors à moi : courir le plus loin possible ou faire comme si de rien n’était. Je n’étais point sereine et si l’autre folle qui avait attaqué Jack m’attendait au tournant pour se venger ? Ou pire…L’autre monstre qui cherchait encore à me voler du sang allait rappliquer en me sortant des propos comme « j’ai besoin de mon sandwich bien rouge » ou autres bêtises. Que faire ? Je serrais mon sac à dos contre moi tandis que de ma main libre, je m’appuyai contre la paroi du temple, un pic de glace se formant peu à peu dans ma paume. Il était aussi tranchant que mon humeur mais peut-être aussi fragile que les battements de mon cœur.

Il y avait quelque chose et même s’il s’agissait d’un touriste, je serai au moins rassurée. Cette fois, je ne me laisserai pas surprendre, je préférais crever aussitôt l’abcès. « Montrez-vous, qui que vous soyez. Je sais que vous me voyez. » J’aurais peut-être dû lever les yeux mais ces derniers étaient trop occupés à scanner les alentours tel un rayon X. Je me pris au jeu car je reculai doucement afin de ne pas me retrouver coincée contre le mur, comme la dernière fois. La brise caressait mon visage et je lâchai des nuées colorées par le froid à chacune de mes respirations. « Je ne suis pas là pour me faire des ennemis, je fais juste mon travail alors si je dérange…je m’en irai. » Une magicienne, un vampire…Imaginez quelles autres terreurs d’enfants hantent ce monde ? Je n’avais vu, l’autre jour, qu’une face cachée de l’iceberg et s’il existait pire ? Des ténèbres qui ne peuvent être amadouées par les mots ou vaincues par le courage et qui vous plongent dans une nuit éternelle ? Rien qu’à cette idée, je déglutis difficilement et attendis un signe de réponse.

© EKKINOX

Quel doux moment. Bien qu'il fasse froid, il me restais de quoi faire. Chasser ma belle calice qui doit être dans le coin, observer les lieux, ou simplement partir à la découverte de Froënbourg, tant de possibilités sont là. Je ne sais pas quoi choisir, plus le temps passe, plus je me met à hésiter. Que faire que faire ? Alors que j'allais bouger et partir d'ici, voilà qu'une voix connue de mon service se fait entendre. Et bien et bien ? La miss est là ? Abaissant mon regard, je me contente de l'admirer. Celle-ci semble tellement étrange. M'aurait-elle ressentit ? Hm... Bizarre. Soufflant, je ne me lasse pas de la ressentir si affolée. Perdrait-elle encore son sang froid ? Amusé de la scène, je me laisse donc aller à ce doux spectacle. Remarquant son pique de glace, je me méfie doucement avant de me pencher un peu. Elle semble prête à craquer. Quelle panique que voilà. Une fois que je juge le moment opportun, je souris doucement pour alors continuer à me pencher sur le rebord de là où je suis assis.

" Mais... Moi non plus je ne veux pas être un ennemi. "

Ricanant, j'imagine déjà sa tête. Posant un coude sur un genoux et mettant mon menton dans le creux d'une de mes mains, je souris de manière tellement ironique. Même avec 40 tonnes d'habits sur elle, elle est belle. Quel dommage d'être dans un lieu froid, même s'il ne tient qu'à moi de réchauffer l'atmosphère. Rigolant de bon coeur en admirant son air actuel et en imaginant surtout son air une fois qu'elle me reconnaitra, je me calme un peu pour alors lui dire d'un ton toujours aussi joueur.

" Bizarre... Depuis la dernière fois, je me serais attendu à ce que tu sois accompagné d'un chien, histoire de ne plus être prise par surprise par un chat. A moins que tu l'es laissé chez toi ? ... Bref, passons les blagues cinglantes. Comment vas tu... Sophie."

Le sourire perfide aux lèvres, je ne me lasse pas de cette relation ambigüe et étrange. Beaucoup trop de vampires séduisent leurs victimes ou les forcent à coopérer. Moi, je voulais laisser la belle comme elle est. Qu'elle soit une véritable lionne face à moi. Cela lui donne un air si sexy et si attirant. Me mordillant la lèvre, je me contente de lever doucement les mains pour alors la prévenir.

" Atatatata... D'avance, montre pas trop les crocs, je suis là certes à cause de toi, mais dans l'immédiat, je ne veux pas de ton sang. Simplement discuter."

Bien sûr, même avec le plus de sincérité au monde, elle n'allait pas me croire. Ni une ni deux, je me laisse tomber de mon perchoir pour atterrir proche d'elle. Me redressant sans aucun mal, je me gratte doucement la nuque pour alors la fixer dans les yeux. Je suis sur mes gardes malgré tout, car je la connais un peu vu son caractère de la dernière fois, elle va pas être docile longtemps. Sauf si je me trompe. Bref, continuant de montrer patte blanche, je la fixe intensément.
Pas le droit aux câlins, ce serait trop rapide. Me contentant d'attendre sa réaction, je m'allume une clope en me demandant ce qu'elle allait faire avec son esquimo. Mine de rien, elle pouvait aisément me me donner du fil à retordre. Soupirant de lassitude, je tente une dernière parole.

" Tu m'en veux encore pour la dernière fois ? Ton poignet va mieux ?"

Un duel dans le lointain glacé

ABADDON A. STEFFEN

J’étais parfois trop sauvage, trop bornée pour voir peut-être quelque chose qui pouvait m’échapper. Cet être qui se terrait dans l’ombre n’avait-il peut-être pas eu le choix ? Je ne savais rien des vampires, peut-être étaient-ils comme certains parasites qui nécessitent l’accès à un hôte pour survivre ou encore pouvaient-ils vivre en symbiose avec leur hôte…J’eu un haut le cœur lorsque cette pensée traversa mon esprit car elle était totalement ridicule. Jamais je ne pourrai m’entendre avec un énergumène pareil. Néanmoins, mes sens se mirent en alerte lorsque retentit sa voix, avais-je réellement peur ? J’étais heureuse que ce ne soit un énième buveur de sang mais l’appréhension restait là comme cette fameuse journée où il s’était joué de moi. Il m’avait suivi, s’était renseigné sur moi, ce n’est donc guère une pulsion qu’il a cherché à assouvir mais bel et bien le jeu du prédateur et de sa proie. Seulement, il semblait avoir oublié quelques règles primaires : je suis peut-être une proie facile à amadouer mais une fois que les dés sont jetés, je peux me révéler redoutable même s’il faut que j’y perde des plumes. Certes il était plus âgé, avait plus d’expérience mais qu’importe, il y a des failles chez tout un chacun, surtout lorsqu’il s’agit d’un homme.

Je jugeai ma position par rapport à la sienne, il restait perché tandis qu’il m’annonçait venir en terrain neutre, presque calme. En temps normal, j’aurais apprécié son humour mais je riais plutôt jaune en cet instant. Je levai les yeux vers cet individu invisible jusqu’à tout à l’heure avant de rétorquer : « Ma santé ne te regarde point et le chien, il se trouve là, face à moi. » Je savais que cette réplique allait le faire sortir de ses gonds et rien que pour cela, j’affichais un généreux sourire presque moins sur la défensive. S’il avait été un individu simple, nos joutes verbales m’auraient amusé, mais, hélas, ce n’était guère le cas. Cette barrière rougeâtre répondant au nom d’hémoglobine nous séparait. Je resserrai l’emprise de ma main sur le pic de glace qui ne m’avait jamais semblé aussi chaleureux qu’aujourd’hui tandis qu’il me berçait d’illusions sur la raison de sa présence ici. D’ailleurs, je lui fis remarquer lorsqu’il me surplomba d’une bonne tête de plus, ne lâchant pas son regard du mien afin de suivre le moindre de ses faits et gestes au cas où il déciderait de se montrer moins docile. « Discuter ? Excuse-moi de rire. Mais pour quoi faire ? Tu en sais long sur ma vie alors que je ne connais que ton nom et ce que tu m’as fait ! » D’un geste sec presque violent, je découvrais mon poignet en remontant ma manche mais je gardais toujours le pic dans cette même main au cas où. Je la tendis vers lui en signe de neutralité afin qu’il observe la trace encore béante laissée par ses crocs. J’avais volontairement laissé la plaie sans souci de la soigner pour me souvenir qu’il m’avait marquée à vie, comme on grave la marque d’un maître sur un esclave, c’est un peu la sensation que je ressentais depuis cette attaque furtive.

Il continuait à s’enquérir de ma santé. Le corps allait quant à l’âme…Je répliquai de la façon suivante : « La douleur physique est partie, à part quelques picotements. Quant à mon âme…elle saigne depuis que tu m’as touchée. » Je désirai le foudroyer du regard mais plus tard, ma curiosité l’emportait sur ma férocité. Pourquoi venir ici ? Il aurait pu me sauter dessus et simplement se repaître. Je sentais quelque chose de différent quant à la dernière fois. Il disait la vérité…Je sondais ses propos mais ils sonnaient creux au fond de mon esprit, il n’y avait guère une once de perfidie du moins, pas pour l’heure. Je levai les yeux, intriguée par sa venue mais sans relâcher ma garde, on ne sait jamais…Du coup, je lui laissai le loisir de se sentir coupable face à ce qu’il m’avait infligé tandis que je me transformais peu à peu en esquimau, il ne faisait guère chaud ici. Je poursuivis sur une note moins chevaleresque qu’auparavant mais qui le surprendrait peut-être. Je voulais avoir ce qui le poussait à venir vers moi et quel est cet étrange sentiment que je ressens lorsqu’il approche. « Pourquoi mon sang Abaddon ? Ne serait-ce pas plus simple de choisir quelqu’un de plus coopératif ou alors de plus obstiné si tu aimes les jeux ? » Car après tout, j’avais cédé au final, je m’étais presque laissée faire. Je reculai d’un pas réalisant notre proximité et ajoutai dans un souffle, de peur qu’il ne s’avance encore. « Qui es-tu et que m’as-tu fait ce jour-là ? » Les vampires tout cela…j’avais peur mais je souhaitais comprendre afin de mieux m’en défaire.
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© EKKINOX

Que de retrouvailles chaleureuses, Sophie devait être la femme la plus heureuse du monde actuellement. Bien entendu, cette remarque était ironique. Je m'étais attendu à une réactions plus violente, plus direct, mais au lieu de ça, j'observais une demoiselle qui semblait à mi chemin entre la peur et... le courage. Elle n'a pas changer et tant mieux. Respirant le peu de parfum que je pouvais sentir à cause du froid désormais, je fixais ses yeux bleutés. Je me noie dedans, je m'y perds comme un enfant dans un supermarché. Pourquoi est-ce que j'ai envie d'être doux ce soir ? Ne l'ais-je pas été assez la dernière fois ? Mouai, à revoir. Elle ne manquait pas de mordant cependant, en effet, la voilà qui continu de me lancer des vannes à la gueule. Moi ? Un chien ? Heureusement que je suis gentil, car d'autres " maîtres " auraient déjà giflé cette garce. Mais non, pas moi... Pour ma part, je me contente de soupirer d'aise et laisser couler l'eau sous les ponts pour cette fois.

Je descendais de mon perchoir pour lui faire face. J'ignorais l'acte en quoi elle serrait son pic. Allait-elle me me planter dans le coeur ? Savait-elle qu'elle me tuerait sur le cou ? Pathétique... Je la laisse s'énerver pour si peu. Comme je l'ai dit la soirée dernière : ça m'apprendra à être gentil. Soupirant, je la laisse donc beugler inutilement contre moi. Trop flemmard pour la punir immédiatement, je me contente de pousser un profond soupire en penchant celle-ci vers l'arrière avant de la remettre en avant quand elle commence à encore me reprocher cette morsure. D'ailleurs, je m'étonne de la voir me montrer l'endroit qui n'a pas été soigné au point que les marques disparaissent. Déjà las, je me retient de ne pas faire demi tour pour son plus grand plaisir.

" Il ne tient qu'à toi de me poser des questions... J'ai jamais dit que je refuserais de t'en apprendre plus sur moi..."

Là encore, je suis sincère. Autant la dernière fois, j'étais sauvage car je ne pensais qu'à son sang, excepté sur la fin de notre rencontre, autant là, je suis là simplement pour elle, en sachant que la soif viendrait un moment ou l'autre. S'en rendait-elle compte ? Bref, j'avais compris son besoin de faire connaissance comme il faut. Du moins, telle était mon interprétation. Souriant en coin, j'admire les marques encore fraîches selon moi sur son poignet. Adorable, même si cela serait mille fois mieux sur sa nuque. Me léchant la lèvre, je l'observais me regarder avec cette rage intact. Je me délecte de cet état d'esprit. Mais pourra-t-elle m'en vouloir indéfiniment ? Pour ma part, je ne pense pas. Après tout, on pardonne à n'importe qui pour n'importe quoi, alors à quoi bon.

" Parler de saignement avec moi n'est pas la meilleur des choses... Sauf si je dois voir en tes mots une envie de recommencer l'expérience pour l'apprécier cette fois ? "

J'ai entendu dire que certains calices deviennent accroc à la morsure. Je ne comprendrais pas un tel comportement, mais bon. Je me contente donc de l'écouter et regarder de plus belle ses yeux. Pourquoi elle dit ça comme ça ? C'est quoi ce retournement de situation ? Elle me la joue romantique ou fille fragile ? Je me contente de soupirer et doucement tirer sur ma clope que je me suis allumé. Doucement, j'approche mon doigt de la fraise fumante de cette dernière et j'en décroche une petite flamme. En douceur, je fait un mouvement circulaire qui créer une petite boule de feu qui s'en va se frotter à son pic pour le faire doucement fondre. La regardant alors de manière totalement neutre, je soupire de lassitude.

" Tu veux vraiment savoir ? ..."

Terminant ma clope, je la jette au sol avant de me retourner. Visiter ce temps semble être une bonne idée. La laissant me suivre et garder une distance de sécurité, je me contente de lui dévoiler mon opinion. Car pour faire simple, il n'y a pas de raison spéciale à proprement parler.

" Pourquoi ton sang ? ... Je sais pas. Il a une odeur qui me plait. Autant certains humains t'aiment ou s'approche de toi car tu as une grosse poitrine, autant moi... bah, c'est l'odeur de son sang qui pulse dans tes veines qui m'a attiré. C'est du même genre. Une pulsion primaire. Mais que je ne regrette pas. Un choix plus simple ? ... Allons, j'ai une tête de mec qui aime la facilité ? Non... Depuis que je t'ai croisé, j'ai eu comme ce coup de foudre. Cette envie de planter mes crocs dans ta chaire, que tu le veuilles ou non. Et d'ailleurs, cette envie n'est pas enfouie à jamais. Un jour ou l'autre, elle reviendra et ainsi de suite. Il n'y a que ta mort ou la mienne qui nous libérera de ce cycle bénéfique pour moi, et cycle diabolique pour toi. Enfin, je suppose ?"

Me retournant légèrement, je regardais l'intérieur de ce temple. En glace, majestueux. S'en est presque humiliant pour nous... Nous paraissons si nul à côté de cette architecture. Souriant de manière narquoise, je retire cette flamme qui la harcelait un petit moment, espérant avoir fait bien fondre son pic barbare.

" Puis, rien ne me dit qu'un jour, tu ne sera pas joueuse avec moi... Oui, je suis optimiste comme gars."

Je rigole comme si je me moquais du passé qu'on partage désormais. Me faisant un poil plus sérieux, je reviens à sa questions plus stone à mes yeux.

" Qui je suis ? Un homme, sang-bleu de 541 ans. Sang-bleu pour faire simple, ce sont les fils des ancestraux. Ceux qui descendent des divinités. Toi qui a vu la couleur de mon sang, jte laisse deviner d'où viens notre appellation ? ... Bref, nous sommes en gros, des aristocrates dans notre hiérarchie. Pour ce qui est de la dernière fois... J'ai fait de toi mon calice. Dans nos rangs, la plupart des vampires qui mordent voit un lien naître entre le mordeur et le mordu. Calice désignant l'être unique capable de nous alimenter. Pour certains, il peut y en avoir deux, pour d'autre... un seul. C'est un inconvénient et un avantage. En effet, si par exemple un ami avait la joyeuse idée de te mordre, il ne dégusterait pas le sang que JE goûte... Mais au contraire, l'impression de boire le sang le plus immonde de cette planète. Et en plus d'être le seul à pouvoir profiter de ton goût, nous sommes lié mentalement
Comment ? Aucune idée.... Lecture de pensée, contrôle mental... même moi je ne sais pas à quel point ce lien peut-être fort ou faible. Tout dépend de nous sans doute. "

M'arrêtant devant une sorte d'autel, je souris en coin. Pourquoi je l'imagine allongée, en train de me donner son sang ? ... Tch. Me mordant une lèvre, je me retourne et m'appuis contre cet autel pour alors la fixer.

" Es-tu contente d'en apprendre plus sur moi ? Oou bien.... tu en veux encore plus ? Aller, je suis gentil.. Demande ce que tu veux, je répondrais honnêtement."

Un duel dans le lointain glacé

ABADDON A. STEFFEN

Un frisson s’éprit de mon corps lorsqu’il proposa recommencer cette expérience ayant laissé un trou béant au creux de mon âme meurtrie. Jamais, de mon vivant, je ne souhaitai revivre ce calvaire, plutôt rôtir au sein des flammes d’un bûcher saillant pour avoir usé de mes pouvoirs, comme à l’époque de l’Inquisition. Qu’on me traite de sotte mais la morsure ou la mort, je choisis la rédemption. Il avait souillé mon corps de ses tranchantes canines et je ne pouvais me résoudre à le laisser recommencer même si, pour se faire, je m’engageai à nouveau dans un combat acharné dont l’issue représentait l’enjeu le plus important qu’il soit, en cet instant. Et il recommencerait, à ce que je comprenais…Lasse, j’optais pour une entrée dans son jeu pour mieux pouvoir le déposséder, si possibilité il y avait ! Ainsi, j’esquissai un mouvement de recul lorsqu’il s’approcha de moi pour faire fondre cette arme que je m’étais fabriquée. Désormais, j’étais sans défense ou presque…L’environnement m’avantageait bien que sa familiarité avec le feu était une prouesse avec laquelle j’aurai du mal à lutter. Fatiguée, je regardai l’objet autrefois tranchant réduit en simple eau dégoulinante sur mes doigts serrant désormais un objet invisible. Je relevai la tête pour poursuivre mon interrogatoire. Néanmoins, je n’oubliais pas de noter sur une liste imaginaire, dans un coin de ma tête, qu’il faudrait que je me procure une arme…de préférence un pieux bien acéré qui viendrait éventrer ce sale individu.

En l’écoutant, je fus presque vexée et resserrai le col de ma veste afin de cacher un peu plus mon corps déjà bien emmitouflé sous sa couche de vêtements chauds. Il se prenait pour qui ce malotru ? La politesse et la bienséance n’avaient pas touché son berceau le jour de sa naissance, les années avaient le rendre pire que le plus crasseux des clochards traînant le long des quais pour ramasser les morceaux de poissons avariés jetés par les pêcheurs. Non vraiment…Je ne relevai pas mais j’allais contre attaquer pour sûr ! Je levai les yeux vers cet énergumène qui se pense au-dessus des lois et des êtres humains et poursuivis : « Ton ‘coup de foudre’ n’a rien de réciproque, si je n’étais pas polie, je t’aurai dit de te le mettre où je pense et de partir très loin voir s’il fonctionne pas avec une autre pimbêche. » Comparer mon sang et ma poitrine, aucune éducation ce pauvre garçon ! « La science fait des progrès remarquables de jour en jour, je suis certaine qu’il y a un moyen de se défaire de cette emprise malsaine…autant de ton côté que du mien. » Ajouter à ma liste de farfouiller la bibliothèque à la recherche d’un code des vampires ou quelque chose du genre qui pourrait me sauver la mise, peut-être une incantation oubliée rendant leur liberté aux calices et envoyant aux oubliettes pour l’éternité les pourfendeurs de cette même liberté ?

L’intrus de ma vie délirait complètement. Jouer avec lui ? Plutôt mourir sans jeu de mot aucun. Je ne partage pas ce genre de complicité avec un homme et sûrement pas avec celui-ci. J’arquai un sourcil en ajoutant, faisant presque semblant de vomir. « Qui voudrait jouer avec toi ? Te courir après est la dernière des pensées qui me traverserait l’esprit. Non mais tu t’es bien regardé ? Je n’ai même pas eu droit au vampire sexy qui m’a choisi, moi j’ai eu droit à…ça. » Je tournai le regard en signe désapprobateur et m’attendais déjà à ses foudres, mais qu’importe. Je tendis l’oreille, intriguée à demie teinte par le récit de sa vie et ne comprenant toujours pas comment des petites sottes pouvaient rentrer dans le délire vampire/calice. Ce que j’appris me fit froid dans le dos et finit d’ajouter une couche à mon désespoir. Je résumai oralement : « Tu es donc un snobinard de vampire aristo, tu te la joues violeur en cherchant le sang de tes victimes et tu m’as choisi pour me punir, j’ai dû faire quelque chose de grave. Et si un de tes copains me mord, il pourra peut-être m’asservir aussi. Tu parles de révélations, ma vie est fantastique. » Et là je craquai, les larmes roulèrent sur mes joues sans que je puisse les retenir. Des larmes de fureur, de rage mais aussi d’impuissance. Je m’étais tellement battue pour être ce que je suis, pour enfin me délivrer de l’emprise de ma mère et de ce que je paraissais pour qu’aujourd’hui, ce cercle vicieux continue. Il désirait répondre sincèrement ? La bonne blague ! Je me posai sur les marches menant à cet hôtel qu’il semblait contempler avec délectation, enfouissant ma tête dans mon visage mais quelques mots fusèrent au milieu de mes larmes que je n’arrivai pas à stopper : « Ce que je veux ? Que tu t’en ailles, trouve-toi un autre calice et laisse-moi en paix. Je n’attends rien de toi alors en retour, n’attends rien de moi et…et…trouve un moyen pour que j’aille mieux. » Je me sentais traquée, angoissée et je ne dormais plus depuis cette nuit comme si, chaque fois que j’allais ouvrir une porte ou que je changeai de pièces, une de ces sales bestioles était là. Je redressai la tête, essuyant tant bien que mal mon visage et l’observai d’un regard vide de toute émotion : « Et n’as-tu pas quelqu’un d’autre à embêter ? Un membre de ta famille, un ami, une copine ? Pourquoi me suivre comme ça ? »
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© EKKINOX

La miss est toujours autant une lionne. Elle se bat avec toute sa force qu'importe la situation et surtout quand il s'agit de moi. S'en est... amusant tant c'est pitoyable, mais c'est pour ça que j'ai " flashé " sur elle justement. Car elle est unique même pour une misérable humaine, un être inférieur et sans importance à la base. Sourire au lèvres, je m'amusais avec elle, je me jouais du lieu dans lequel nous étions, je jouais la carte de la provocation tandis qu'elle me répondait avec toujours autant d'insolence et de sarcasmes. Quel plaisir, jamais je ne me lasserais d'elle, vraiment. Le fait qu'elle remette son col et toutes ces petites choses, cela m'émoustille au plus haut point. Limite j'aurais envie de lui sauter dessus et lui arracher ce tissu qui est de trop sur sa magnifique nuque. Oh.. N'est-ce pas amusant ? Certains doivent fantasmer sur sa poitrine, alors que moi, c'est sur sa nuque... Amusant non ? Elle se plaignait, faisait exprès de me clasher... Bref, elle me voulait énervé visiblement. Soupirant de manière lasse, je commence à faire un pas de plus en espérant voir de plus bel un recul de sa part. A mes yeux, le recul ou autre est un signe de soumission, or justement, au milieu de ses résistances, j'adore la voir se soumettre. Les humains devraient tous être ainsi... Rebelles, mais pas trop.

" Hm ? ... Soit je m'exprime mal, soit tu m'as mal compris très chère..."

En effet, elle avait - me semble-t-il - perdu le fil dans l'histoire des calices. Selon elle, un autre de mes congénères pouvait l'asservir ? Bien au contraire... Grâce à moi, elle est mienne et uniquement mienne. Amusé de sa bêtise, je prends donc le temps de bien redire les choses afin que comme elle dit : sa vie soit magnifique. Du moins, plus qu'elle ne l'est à la base.

" Tu es mienne. Mon calice, ma chose, mon objet, ma gourde, ou je ne sais quelle dénomination péjorative ou non qui t’irait... En effet, d'autres vampires peuvent tenter de te mordre, mais crois moi, ils ne reviendront pas de si tôt tant ton goût sera selon eux écœurant. Il n'y a que moi qui peux savourer... ta personne."

Je restais vague exprès pour donner un côté malsain et pervers au discours. Après tout, sa " personne " désigne tant son sang que son corps et qui dit que certaines idées ne me passe pas par la tête hm ? Quoi qu'il en soit, la suite en est plus émouvante. Elle se met à parler avec son coeur et la rage que je lui inspire. Me délectant de la scène, je commence à mieux réfléchir quand celle-ci se met à pleurer légèrement. Oh ? Si je m'attendais à cela. Ses mots sont durs, mais sa dernière demande est plus qu'étonnante. L'aider à aller mieux ? Sans doute en quittant son entourage, mais moi, je ne l'entends pas de cette oreille. Non... Elle veut être franche ? Soit. Haussant les épaules, je me contente de souffler un peu de buée tant il fait froid, puis je descend de l'autel sur lequel j'étais.

" Une famille ? Des amis ? Une amante ? Pourquoi toi ? ... C'est simple."

D'ordinaire, j'aurais été énervé, pourtant là, je me faisais sérieux. Le regard vague comparé au sien qui était vide, je vins doucement faire un pas pour alors d'un geste la pousser sur l'autel. Le but de la manœuvre était non pas de la faire se coucher, mais simplement la mettre dessus en position assise qu'elle puisse être confortablement installé, mais j'y avais été avec une certaine violence car vu son état, jamais elle aurais accepté un geste doux aussi sincère ou non soit-il venant de moi.

" Je ne suis pas le génie d'une quelconque lampe... Cependant, certains de tes souhaits peuvent être réalisés, comme le fait d'aller mieux. Cependant, tu te doutes que cela ne sera jamais gratuit et quant bien même tu arriverais à m'avoir, n'oublie pas que j'obtiendrais toujours ce que je veux.
De ce fait, hm... Dit moi ce que tu aimerais pour être heureuse. Outre mon départ bien entendu, ce n'est pas drôle sinon. Hm... Peut-être qu'une histoire te ferais du bien. Je vais t'en raconter une."

M'assaillant à ses côtés, je vins alors à faire tournoyer ma main dans le vide pour que la fraise de ma cigarette laisse passer quelques flammes. Serpentant autour de nous, ces flammes nous réchauffaient quelque peu jusqu'à nous envelopper finalement. Une douce chaleur nous entourant, simplement pour éviter d'avoir froid.

" Il y a des siècles de ça, un jeune homme vivait comme tout le monde. Il ne recevait d'ordres ni de ses parents ni du monde qui l'entourait. Ce jeune homme, je te laisse deviner de qui il s'agit. Mais un jour, alors que le jeune homme vivait en paix, son père a été tué. Et à côté de cela, la mère essayait de profiter du jeune homme pour contrôler la famille, mais le garçon n'était pas idiot. De ce fait, ce dernier rejeta sa mère et tenta de faire avec. Depuis... Il est avocat et essaie de trouver de quoi s'amuser dans sa vie. "

La regardant en coin, je vins alors à simplement souffler avant de reprendre.

" ... Je n'aime guère parler de ma famille, c'est un sujet épineux que aucun psy ne peut résoudre... Bref... A toi de voir si tu veux t'aventurer sur ce sujet. Pour le reste, disons que être mon calice accepte le ou non, c'est pas mon problème. Mais malgré tout ce qui peut se passer, je préfère être clair... Aucun autre que moi ne posera sa main sur toi. Excepté un amant en supposant que tu en as un. Hm ? Tu en as un ? Une personne que tu chérie plus que tout ? "

Indiscrétion bonjour. Je me fichais de importunais sur ce coup. Je parlais tranquillement, mais je n'en oubliais pas mon envie primaire, celle de sa nuque. De manière osée, je passais une bras derrière elle et d'un geste sans aucune gêne, je vins glisser mes doigts contre sa peau si... voluptueuse. Souriant en coin, je vins alors à simplement me rapprocher et user d'un pouvoir que je n'avais pas utilisé depuis un long moment. Une fine brume s'échappait d'entre mes lèvres et sn effet principal étais d'endormir les gens. Cependant, vu la dose que je tentais de lui faire respirer, pour sûr qu'au pire du pire, elle somnolerais que très légèrement.

" Parle moi un peu de toi... Après tout, je t'ai promis de ne rien faire à ton entourage, alors parle moi de toi... ta famille... tes amants... Tout ça. Et je te promet que je ferais de même. Après tout, nous sommes ... unis. Alors autant rendre cela agréable. "

Je souriais en coin de manière narquoise, mais au fond, avoir quelque chose de positif avec elle, ce serais le pied.

Un duel dans le lointain glacé

ABADDON A. STEFFEN

Tout tournait autour de son ego surdimensionné qui profitait de ma vulnérabilité pour m’asservir un peu plus chaque jour. Je ne devais pas baisser ma garde mais il était déjà trop tard. Amère, je m’étais laissé avoir. Désormais, il savourait sa victoire en m’offrant des noms tous aussi péjoratifs les uns que les autres. Je désirais ne rien être pour lui, seulement une banale inconnue sur laquelle il n’aurait jamais posé le regard. Hélas, les choses étaient bien différentes, il était plus fort, cela restait indéniable mais j’avais peut-être des atouts qu’il ne possédait guère. En effet, il s’était intéressé à moi et si je devenais ce petit mouton bien docile qui ne l’avait point attiré dans ma personnalité, peut-être se lasserait il et finirait-il par me délivrer de mes chaînes ou du moins, aller importuner une autre donzelle plus farouche qui le mettrait en appétit ? L’idée n’était guère déplaisante et, au milieu de mes sanglots, je préparai déjà ma contre-attaque.

Tandis que je ruminai encore les affables surnoms qu’il avait osé employer, il revint là où j’avais commis une erreur, l’un de ses confrères ne me trouverait point à son goût au point d’en être révulsé. Je fis la moue…étrange comme procédé, on dit que les humains sont des êtres complexes mais les vampires ont des codes de l’honneur assez perturbants. Tu es « mon » calice, donc personne d’autres ne peut aimer ton sang. Le tout me laissait perplexe, déjà que boire du sang est une chose que je ne parviens guère à concevoir, alors jouer à ce petit jeu du territoire, c’est encore moins intéressant que ce que je pensais. Probablement un procédé scientifique se cache derrière tout cela, comme les plantes qui émettent des spores pour endormir leurs proies, il changeait quelque peu son discours pour m’attendrir le traitre. Je ne levai guère mes yeux vers lui mais écoutai attentivement ce qu’il avait à me communiquer. Je ne dirai pas que cela m’intéressai mais…c’est vrai quoi, il est vieux, pas ridé et c’est un vampire, on a envie de comprendre comment il en est arrivé là. Sauf que…Il usa encore de ses manières de rustre et me poussa, d’une certaine force alors qu’il semblait si frêle en cet endroit vers cet autel dont je préférerais m’extirper. Hélas, le mal était fait et pour ne pas lui donner le loisir de croire à un quelconque jeu sensuel, je m’assis en tailleur ramenant mes bras autour de ma poitrine pour laisser pénétrer un peu plus de chaleur au sein de mon corps. Je ricanai allègrement, le tout ponctué de mes sanglots alors qu’il me demanda ce que désirai et répondis : « Je veux que tu t’en ailles, que tu te trouves un autre calice et que tu oublies Sophie, que tu la rayes de ta vie. Mais comme tu n’es pas disposée à le faire, j’écoute ton histoire puisqu’il le faut et j’aviserai après. » Me laissant bercer par le rythme des flammes qui dansaient autour de nous, je détournai peu à peu le regard de ces luminescentes braises pour le porter sur Abaddon.

Son histoire me fit froid dans le dos. Il n’avait pas vécu des moments tendres mais je ne devais pas me laisser avoir. Il m’avait souillé et il allait le payer. Néanmoins, souhaitant mettre mon plan en application, je ne pus m’empêcher de verser un ultime sanglot non pas destiné à ma personne mais à la sienne. Ce personnage énigmatique avait peut-être un bagage familial et de vie qui le conduisait plutôt dans telle ou telle direction. Je détournai subitement mes yeux pour dire : « Les mères sont parfois les pires démons qu’il soit, peut-être même pire que toi. » Un compliment à son encontre ? Il était sorti seul, sans que je cherche à flatter son ego mais il était vrai. Elle avait brisé une grande partie de ma vie et se reconstruire à la suite de cela est un véritable challenge. Heureusement, il y a des personnes qui sont là pour vous, sur lesquelles on peut compter, peut-être le vampire n’avait-il pas eu cette chance ? Je portai ma main à mon visage qui longtemps n’était que le reflet de la haine de ma chère mère. Et il recommença ses subterfuges à la noix. Je luttai pas ne pas me laisser aller à ce doucereux poison dont il venait d’user mais je posai mes mains sur mon visage afin d’éviter d’inhaler ce venin translucide. D’un geste brusque, je repoussai son bras sèchement et me relevai doucement, avec la tête qui tourne et protestai : « Pas de ça entre nous, ne pense même pas à me doubler. Je ne suis pas un jouet même si je suis ta prisonnière, j’ai quand même droit à être traitée comme si j’étais ton égale, ou un semblant. » J’étais furieuse, revenue de mes faux semblants, il se jouait de moi et je n’aimais pas ça. « Si nous devons être…unis, j’en ai assez que tu sois le seul ‘maître’, je trouve cela insultant que tu me penses si peu digne d’intérêt, si bête pour me laisser avoir et même c’est insultant vis-à-vis de toi de devoir user de subterfuges, je te pensais au-dessus de cela. » Non pas que j’ai une grande estime pour lui mais il me paraissait un meilleur « joueur » qu’un simple « violeur » qui utilise un semblant de drogue pour avoir ses victimes.

« Je n’ai pas envie de parler de moi, tu n’as pas besoin de connaître ma vie. Je suis seule, sans attaches, tu ne pourras donc pas faire pression de ce côté-là. Si tu promets alors…Fais-moi une autre promesse, ne me prends plus pour la dernière des idiotes, au moins, respecte un peu mon intelligence qui n’est peut-être aussi grande que la tienne mais je me sens insultée, plus encore que souillée. » J’avais les mains sur les hanches en signe de protestation mais son ridicule nectar vint à agir et je dus me rasseoir en laissant une certaine distance entre nous. « Tu me parles comme si j’étais une fille…frivole, ça ne me plaît guère non plus. Ma famille n’est pas précieuse tandis que mes amants ne sont pas multiples, je ne suis pas l’une de ces filles superficielles qui changent de partenaire, j’ai un peu plus de jugeote que cela. De plus, les êtres chers à mon cœur se comptent sur les cinq doigts de la main notamment une… » Voilà que son poison me déliait la langue, je le maudissais et jetai un mini caillou en sa direction, juste pour l’embêter.

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© EKKINOX

La belle subissait avec charme. En effet, j'adooooooooooore la voir subir mes envies et mes attaques. Elle est une humaine très intéressante. Sa vie ne tient qu'à un fil, pourtant, elle ne perds rien de son charme et de sa sauvagerie. Alala, les femmes... En bonne ou mauvais posture, elle reste toujours une femme belle et élégante, n'est-ce pas magnifique ? Si, tout à fait. Bref, je la laisse continuer de parler, ruminer, gueuler, grommeler. De toute manière, ses dires et actes sont inutiles, c'est aussi efficace que de donner un coup d'épée dans l'eau. Il n'y a aucune trace d'attaque au final...

M'écoutant, la belle semblait avoir une illumination. Se pourrait-il que mon récit pathétique l'ait émue ? Nooooon, allons, pas de ça avec elle. Je n'avais même pas pour but de la manipuler, non, je voulais lui arracher du sang de la manière la plus délectable qui soit et je ne me retiendrais pas tout à l'heure. Chaque choses en son temps comme on dit. Ainsi donc, j'entends son commentaire qui ne manque pas de me faire bien rire. Là, elle gagnait des points dans mon estime, bien qu'elle n'avait pas besoin de forcer pour se faire plaisir. De ce fait, je rigolais à son pseudo " compliment ", puis je regardais le ciel.

Elle repousse mon bras baladeur avec une froideur exemplaire. Elle n'a rien perdue de sa férocité. Que ce soit éveillée, inconsciente, elle semble apte à se battre contre le monde entier à toute heure. Pour sûr qu'elle serait redoutable si elle devenait une des notres. Malheureusement, l'imaginer avec des dents en pointe, cela ne me plaisais pas vraiment. Bref, après un moment calme, voilà la tempête et elle se lâche comme une bête. La miss n'y va pas de main morte et déverse sa colère sur moi. Hm ? Aurait-elle raison? La laissant dire alors que bien d'autre l'aurait giflé, je me contentais de l'écouter et écarquiller les yeux de surprise.
Elle parle un peu, beaucoup, à la folie, bien trop... Elle en va même jusqu'à me laisser un indice sur une personne chère et le détail ne m'échappe pas. Amusé au plus haut point donc, je me contente de soupirer et finalement prendre la parole.

" Tu en demande beaucoup hm ? ... Mais ok.."

Oui, j'accepte de jouer le jeu. Souriant en coin, je me redresse et termine ma clope. La belle veut du pouvoir ? Soit, elle aurait de quoi maîtriser ma personne.

" Tu veux que je te traite comme une égale ou un semblant ? Pourquoi pas. Ce n'est pas pour rien que je t'ai soigné ou tenté de te soigner la dernière fois hein. Que j'ai pris soin de toi indirectement et non que je me suis servis puis partit comme si de rien étais. Si je te suis... C'est bien et bien car tu as un minimum d'intérêt pour moi, outre qu'être une soit disant poche de sang sur patte. "

Portant ma main sur son menton, je la fixe avant de fusiller celle-ci du regard et lui demander une chose assez direct.

" Quelle est cette personne chère qui trouble ton esprit visiblement hm ? "

Je voulais en savoir plus, en apprendre plus sur elle. Non pas pour faire pression, mais bien pour en apprendre plus sur elle et personne d'autre.

" Je veux en savoir plus sur toi... Sophie. "

Cessant d'user de ma brume pour l'amadouer, je la fixais intensément. Cette fois ci, celle-ci pouvait admirer un regard presque humain. Chaleureux, je voulais uniquement son bien pour l'heure. Cessons de jouer pour être franc non ? Cette fois ci, elle verrait un homme qui peut faire preuve de bon sens à ses heures perdues. Me montrant presque " gentil ", je caressais son menton du bout des doigts, sa peau me plaisant plus qu'un peu. Elle est... Désirable.

" Que veux tu savoir de plus sur moi hm ?"