Oksana se demandait encore comment elle avait pu se retrouver dans une telle situation. Regardant pour la troisième fois ses poignets attachés grossièrement, elle poussa un soupir d'exaspération. Ces types étaient tout sauf des pros. Et visiblement, ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire - ce qui avait tendance à la rassurer. Ils ne la vendraient pas à ses poursuivants, puisqu'ils devaient ignorer jusqu'à leur existence. Elle releva de nouveau les yeux sur la tête blonde aux paupières closes et au sommeil des plus... Lourd. Cette gamine s'était faite kidnappée, jetée dans une bagnole, secouée comme une prunier par cette même bagnole - parce qu'ils ne savaient pas ce qu'étaient les limite de vitesse, LOGIQUE, c'est juste LE moyen de se faire repérer, vous savez ? -, et pourtant, elle dormait toujours comme une pierre. Ce qui, finalement, était bien mieux : elle n'aurait pas à entendre une gamine piailler et paniquer et donc, lui taper sur le système. Bien qu'elle ne pouvait s'empêcher de s’inquiéter pour la poupée de porcelaine qui semblait si fragile.
C'est naturel. Elle lança un regard furtif à l'homme qui se trouvait à sa droite.
Un homme. Plus le conducteur, et le passager, à l'avant. Vraiment, ils ne semblaient pas bien dégourdis... C'était leur premier kidnapping ?
Déjà, ils avaient paniqué en la voyant. Cela, cela ne faisait que prouver sa théorie quant à leur inexpérience en la matière. Ils lui avaient explosé le crâne en l'assommant avec un flingue, puis ils l'avaient balancé dans la voiture, avec l'enfant. Il lui avait fallu, supposât-elle, quelques heures avant de se réveiller, et maintenant, Oksy avait un fuckin' mal de tête. Sérieusement... Qu'est-ce qu'elle faisait là ? A croire que ce n'était pas le bon jour pour sortir... Elle n'avait jamais été chanceuse, Oksana, mais là, elle commençait à croire que c'était incurable. Elle devait porter la poisse 24h/24. Elle souffla, ce qui ne fut pas pour plaire au type de devant qui aboya instantanément. Quelque chose comme "Bouge pas, ou t'es morte, compris ?!". Elle savait pas trop. Elle avait encore trop mal à la tête, et... Attendez. Ce n'était pas un petit coup de rien du tout qui allait l'abattre. Que... Que se passait-il ? Avait-elle était... Droguée ? Elle regarda par la fenêtre et blêmit; lors de l'enlèvement, il devait être dans les 10h. Là, le soleil avait commencé à se coucher. Au passage, elle constata que les vitres n'étaient pas teintées. Pas idéal pour cacher le kidnapping d'une mioche, m'enfin. Leur tactique montraient un certain nombre de lacunes, mais ils avaient tout de même eut l'intelligence de la droguer... De les droguer ? Elle regarda la blondinette qui, se rendit-elle soudain compte, ne semblait pas péter la forme. Oksana fronça les sourcils. Cette situation était de plus en plus incongrue.
Relevant les yeux vers l'avant du véhicule, elle se mit à évaluer la situation. Il ne lui faudrait pas plus de deux secondes, environ, pour se détacher, assommer d'un coup de coude au visage l'homme à sa droite, récupérer la gamine, et défoncer la portière en sautant. Sauf que voilà. Ils allaient vite. Si elle sautait, elle finirait dans un... Mauvais état ? Encore que le plus inquiétant serait pour la gamine. Après quelques instants d'intense réflexion, elle souffla. Elle se sentit pour le moins... Blasée. Kidnappée par des débutants. La situation devenait
vraiment de plus en plus incongrue. Elle sourit et regarda le plafond du véhicule. Se détendant, elle se mit même à taper la mesure. La réaction fut immédiate; voir une personne qui est sensée être sous ton contrôle et donc, acculée, se détendre et sourire et pour le moins... Déconcertant ? Ils la regardèrent avec des yeux rond et Oksy leur rendit un immense sourire, l'air de dire "ça farte ?", comme si cette situation était la plus normale du monde. Bah... Elle avait connu pire. Bien que mourir là, de cette façon, serait des plus humiliantes. Mais jouer les éplorées serait bien pire - ouais, Oksy, c'est quelqu'un de trop fier pour vivre, j'vous jure.
Sa réaction, évidemment, fut des plus inadaptées à la situation et leur déplut tout particulièrement. Ils voulurent l'impressionner, mais constatèrent vite que même un flingue sur la tempe, cela ne l'effrayait qu'à moitié.
Ces types étaient des lâches. Si, encore, ils avaient eu cette lumières folle dans la regard, ou même de la panique... Mais même pas. Ces types étaient des tafioles. Aucun intérêt à accepter de se plier à des des mecs pareils. Elle entreprit même de commencer la conversation qui se transforma vite en monologue - ils n'eurent bientôt même plus la foi de la faire taire. Elle avait l'habitude de parler pour rien dire, pour faire chier, pour déstabiliser. Et bien là, cela marchait à merveille. C'était marrant. Une petite récré, quoi de mieux ? Et puis s'ils considéraient qu'elle se lasserait, ils se trompèrent; à tel point que la gamine eut le temps de se réveiller. Elle regarda l'enfant, le type à sa droite, l'enfant... Attends... Ils ralentissaient, là ? Erreur. Un immense sourire s'étira sur ses lèvres; elle se décida alors rapidement. On détache ses liens, on assomme le con d'à côté, coup de pied dans le siège du chauffeur - et quand on a de quoi soulever un bus, ça fait mal -, récupérage de mioche, défonçage de portière. Le tout en moins de quelques secondes. Couvrant de son corps l'enfant, elle n'attendit pas qu'elle réalise ce qui se déroulait : leurs poursuivants allaient bientôt se reprendre, eux aussi. Alors elle la chopa, la mis sur le dos et...
C'EST PARTIII MON KIKIIIIIIIIIII !
Oksana pouvait vraiment être une gamine parfois.
Ouais. Elle couru. Vite. Trop simple de semer des gens, quand on est dans la forêt, et qu'on se les caille. C'est bon. C'est une belle journée.
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