Je pressais le pas dans les couloirs vides et à peine éclairés, traînant Takehiro derrière moi. Alors qu'il tentait de se dégager, je resserrais ma poigne.
« Crois-moi, pour rien au monde tu ne voudrais t'attarder dans ces couloirs. »
Je lui adressais un sourire goguenard et très peu avenant. Cet étage était surnommé l'étage des horreurs, et je ne pouvais que leur donner raison. Déjà, c'était cet étage qui abritait mon labo, et je n'étais pas forcément la personne la plus appréciée au sein de l'organisation, sans doute à cause de mon apparence particulière et de ma proximité avec le boss. Cet étage était également son repaire, à lui et ses innombrables laboratoires étranges. Oui, cet étage portait décidément bien son nom. Et je voulais éviter que Takehiro ne rencontre son étrange boss trop vite. Ça pouvait... choquer, un poulpe jaune en robe.
Je l'entraînais jusqu'à l'étage en-dessous, le parking privé du bâtiment, le relâchant finalement pour chercher mes clefs au fond des immenses poches de mon manteau tout en marchant vers ma voiture, une élégante sportive noire. Nous quittâmes ainsi les montagnes où se cachaient nos quartiers aux buts bien moins louables que la simple recherche.
La voiture s'enfonça dans la joyeuse et verdoyante ville de Terraria, tandis que je cherchais un endroit tranquille mais pas désert non plus, histoire que mon sbire ne se sente pas trop seul avec moi. Je jetais finalement mon dévolu sur les serres expérimentales, calmes mais très visitées.
Je trouvais rapidement un endroit où me garer et je sortis de la voiture en m'étirant légèrement. J'ignorais pourquoi mais conduire me rendait toujours un peu raide. Ce qui expliquait sans doute pourquoi je préférais me déplacer à pied. Mais bon,n descendre de notre montagne isolée jusqu'à la ville -puis remonter pour récupérer mon véhicule- était hors de question.
J'étais plus serein et j'avais perdu toute attitude menaçante. Voilà les bienfaits du détournement d'attention. Tout en marchant vers la serre, sans même vérifier qu'il me suivait, je commençais à attacher mes cheveux. Il y avait pas mal de vent et c'était pas le top du glamour, les cheveux dans le visage.
Je me laissais choir avec grâce et élégance sur un banc un peu à l'écart mais tout de même en vue. Ainsi, je ne risquais pas de lui sauter à la gorge.
« Si ça peut te rassurer quelque peu, ce n'est pas ma propre vie que je désire rallonger. »
La phrase pouvait sembler cliché dans ma bouche, genre le méchant qui tente de se justifier en reportant la faute sur un autre. Mais je m'en fichais. C'était la vérité. Je ne voulais pas mentir sur cela.
« J'ai 116 ans et j'en ai encore pour deux ou trois siècles. C'est long. Je n'ai aucune envie de côtoyer ce monde plus que nécessaire. »
Les coudes sur le dossier du banc, la tête rejetée en arrière, j'esquissais un petit sourire.
« Mais il y a une personne qui m'est chère et qui, malheureusement, est privée de cette longévité qui lui est due. »
Inutile bien entendu de donner plus de précisions. Il n'avait pas à savoir qui elle était exactement. Je me voyais mal parler de Nyna, cette femme que j'avais moi-même transformé en Magicienne du Sang il y a des années. Ma propre création s'était retournée sans le savoir contre moi. Mais je m'en contrefoutais. J'avais toujours le dernier mot. Surtout avec elle. Et une fois que j'aurais trouvé comment allonger la vie de Vitzoria. Et malgré ses pouvoirs, elle ne pourrait pas inverser le processus. Enfin, je l'espérais sincèrement.
« Je ferai donc tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver. »
Je lui adressais un sourire franchement carnassier et croisais les jambes.
« Bien, maintenant que tu sais que ce n'est pas un monstre que tu vas lâcher plus longtemps dans ce monde, ayons donc notre petite conversation vampirique. J'attends tes questions ♥ »
Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité
Bon sang... J'étais ravi de sortir enfin du bureau de Liam, mais en revanche, il n'était pas encore prêt à me libérer. Il me traînait d'un pas rapide dans les couloirs, comme un chien en laisse. J'essayais de me libérer de son emprise, sans succès. Il n'était vraiment pas disposé à me laisser le suivre... comme un être humain. Sérieusement ?! Il savait que je savais que je ne pouvais pas lui échapper. Il échafauda une excuse pitoyable, soulignée par un sourire repoussant. Je ne travaillais pas à cet étage mais qu'est ce qu'il y avait ici de si effrayant ?
«Bien sûr. Parce que tu es un expert en ce qui concerne mes envies. Tsss.... »
- lui fis-je remarquer d'un ton plus qu'ironique. Mais je n'avais pas d'autre choix que de me laisser traîner dans un dédale de couloirs par une comète rose. Il m'emmena jusqu'au parking souterrain, que je connaissais bien puisque ma voiture y était garée. Mais de toute évidence, il n'était pas question que je le suive sur la route, je devais prendre la place du passager dans sa voiture de m'as-tu-vu. J'attachais ma ceinture, demandant :
« J'imagine qu'ils ne l'avaient pas en rose ? »
Ca c'était une voiture de célibataire, toutes options comprises, bien fuselées pour en mettre plein la vue tout en restant classe. Une belle voiture sans aucun doute. Pendant qu'il conduisait, je cherchais des indices du regard, sans les trouver. Tout était lisse, sans la moindre personnalisation. Mais au moins quand il avait les deux mains sur le volant, il ne serrait pas mon poignet, que je frottais nerveusement en regardant le décor s'effacer sous les kilomètres. Le trajet se fit dans le silence. Un silence qui m'aurait semblé tendu dans des circonstances normales, mais qui me paraissait relativement agréable comparé à l'atmosphère de tout à l'heure. Je l'appréciais donc également en silence, oubliant presque la menace que Liam représentait. Sa conduite était fluide et rapide. Ce fut donc sans encombre que nous arrivions à destination. Je remontais mes lunettes en observant les alentours... Les serres ? Drôle de choix... quoique... il y avait suffisamment de visiteurs dans ses serres transparentes pour être vus... et nous étions suffisamment isolé pour ne pas être entendu.
Je sortais de la voiture et je m'allumais une cigarette bien méritée. En temps normal je lui en aurais proposé une, mais c'était Liam, il pouvait toujours courir. Je profitais de mon apport de nicotine tant que nous étions en plein air. Apparemment, le petit dragon avait abandonné l'idée de me tenir en laisse dieu merci. Il avançait de son côté, attachant sa chevelure luxuriante et dévoilant un instant sa nuque qui était constamment dissimulée derrière sa cascade rose. Et je me surprenais à la regarder. Mauvais signe. Je glissais de nouveau la cigarette entre mes lèvres histoire de la finir et je l'écrasais au sol. Ludwig râlerait probablement mais dieu merci il n'était pas là, trop occupé à arroser des plantes dans la boutique de Freya.
Je rejoignais Liam sur le banc, observant d'un oeil distrait les fleurs aux couleurs criardes qui nous entouraient - vraiment, elles faisaient de la compétition à la chevelure excentrique de mon interlocuteur. Et ce fut Liam qui commença les hostilités et par une révélation plus qu'intéressante. J'haussais un sourcil en lui lançant un regard interrogateur. Vraiment ? J'avais du mal à le croire... Je le laissais parler. Il avoua ne plus vouloir rester plus que nécessaire dans ce monde ( tant mieux ). Deuxième révélation, il voulait allonger la vie de quelqu'un d'autre, quelqu'un d'important pour lui, quelqu'un qu'il aimait ?! Holy Shit. Et il avait l'air sérieux, en plus, c'était pas de chiqué . Et bien, quelle surprise....
Hm. Il semblerait que je me sois trompé sur son compte.
C'était ce que je croyais jusqu'à ce qu'il montre ses crocs avec son sourire abominable qui se voulait menaçant.
Nope. Je retire ce que j'ai dit .
Et il me pressa de lui poser des questions au sujet des vampires. Seulement il avait abordé un sujet trop alléchant pour que je n'en profite.
« Attends une seconde, pourquoi tu me dis tout ça ? Tu penses que ça va me motiver ? Ca pourrait... mais qu'est ce qui me dit que ce vampire dont tu cherches à allonger l'espérance de vie n'est pas quelqu'un d'aussi cruel que toi ? Qu'est ce qui me dit que ce n'est pas un monstre sanguinaire ? »
J'avais la sensation que cette confession n'était pas dénuée d'intérêt pour lui. Il avait bien dit qu'il était prêt à tout. Prêt à mentir, prêt à manipuler, prêt à tuer... Et si Liam était prêt à faire tout ça pour quelqu'un d'autre que lui... C'était louche. S'il comptait jouer la carte de la sympathie - ce qui était plutôt inhabituel - il devait la jouer complètement. Cependant je ne pouvais pas dire que sa confession n'avait pas eu d'effet. Apparemment, Liam était un peu plus profond que ce que son apparence laissait penser.
« En plus... si cette personne est bien un vampire, comment pourrait-elle être privée de sa longévité ? Combien de temps sont-ils censés vivre ? »
Une désagréable odeur de fumée vint me chatouiller le nez, que je fronçais disgracieusement. Toutefois, je ne fis aucun commentaire. Après tout, que je fume ou non ne changeais rien pour moi, je doutais qu'un vampire puisse mourir d'un cancer. Hum. Et qu'en était-il des demi ? Zut. J'allais devoir vérifier ça, moi.
Assis sur notre banc à l'écart, je me mordis l'intérieur des joues. J'avais pensé pouvoir l'adoucir un peu avec ces révélations mais je n'avais fait qu'attiser encore plus sa curiosité. Et bien entendu, il doutais de mes paroles. Franchement, pour une fois que j'étais -presque- sincère, il aurait pu faire un effort pour faire semblant de me croire.
Je ne pus réprimer un rire quand il me sortit qu'il imaginait bien ma petite protégée comme un monstre cruel et sans pitié, issue de la même catégorie que moi. Ouais. Mais non. Enfin, je suppose que comme tout enfant, elle pouvait bien devenir une petite furie si tu osais lui voler sa sucette ou son ours en peluche. Toutefois, je ne répondis rien, affichant un grand sourire amusé. Qui disparu bien rapidement quand il posa le doigt sur le détail qui faisait mal. Et sur ce coup-là, j'allais devoir mentir pour sauver le secret. Je ne pouvais pas platement annoncer que la mère était une furie et qu'elle avait juste virer toute trace du paternel du sang de sa fille. Oui chérie, n'oublie pas l'ADN au passage, hein. Fais les choses bien.
« Il se trouve que j'ai eu le malheur d'offrir à quelqu'un des dons de Mage du Sang et que ce quelqu'un n'a rien trouvé de mieux que de tenter une petite expérience. Sa malheureuse victime n'avait déjà pas beaucoup de sang de vampire dans les veines, mais maintenant on peut carrément dire qu'elle est humaine. Et un humain, ça ne fait pas long feu. »
J’en tortillais une mèche rose autour de mes doigts gantés, le visage abordant un masque parfaitement serein, alors que c’était le capharnaüm dans ma tête. Je ne pouvais pas me permettre de faire un faux pas. Enfin, tant que je ne révélais pas les informations les plus délicates, Vitzoria resterait en sécurité. Et si je ne parvenais pas à tenir ma langue, je n'avais qu'à espérer réussir à faire taire mon sbire avant qu'il ne cafte au boss... ou que Mad n'ait aucun intérêt à disséquer un enfant issu d'un mélange humain/vampire/magicien. Parce que je m'en voudrais jusqu'à la fin de mes jours.
« Par contre, crois-tu sincèrement que j'aurais envie de donner une longue vie à un quelconque rival ? Ce serait bien mal me connaître. Mes rivaux, ils disparaissent, tout simplement ♥ »
Tout en m'amusant à effeuiller une étrange fleur constituée de dizaines de pétales bigarrées, je me retournais légèrement vers Takehiro, tout en ignorant royalement les regards désapprobateurs de certains passants. On ne touche pas aux fleurs, namého.
« Assez parlé de cela. Tu en sais bien assez. Bien trop pour que ce ne devienne pas dangereux pour toi ♥ Et sinon, j'attends toujours cette petite conversation que tu m'as promis. »
Surtout que je ne comptais pas le lâcher de sitôt. Je soupçonnais fortement que cette excuse n'avait servit qu'à le libérer de mon agréable laboratoire.
Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité
Vraiment ? Après m'avoir menacé, après avoir essayé de me forcer la main tout ce temps, maintenant il se sentait disposé à s'asseoir tranquillement sur un banc et éventuellement me dire la vérité ? Et j'étais censé le croire ? Pourtant il avait été étrangement spécifique pour un mensonge... je ne sais pas s'il ment. Mais en tout cas il ne me disait pas tout, c'était certain ! Je ne pouvais pas lui faire confiance, franchement qui le ferait ? Un mec aux longs cheveux roses, avec ce sourire narquois. Je veux dire.. tout était trompeur chez lui... D'ailleurs je ne savais même pas pourquoi il s'amusait à me donner une raison que je ne demandais. A moins qu'il ne souhaite se confier à son subalterne. Ca ne m'étonnerait pas, il ne croule pas sous les amis. Enfin, il y a quand même quelqu'un qu'il veut sauver... du moins si c'est vrai. Intriguant.
Ca me paraissait trop élaboré pour être un mensonge. Trop élaboré pour Liam. Il avait beau avoir une bonne centaine d'années, on ne pouvait pas dire que son intelligence m'impressionnait. A moins qu'il ne cache bien son jeu. Je plissais les yeux. J'étais dans le flou complet en ce qui le concernait. Je savais juste que je nageais dans des eaux troubles...
Liam était en compétition avec les fleurs colorées de la serre, tortillant une mèche rose autour de son doigt comme un fil de téléphone. Et puis il marqua un point surprenant. Liam ne voulait pas d'un autre rival. Donc il y avait un vrai sens de compétition auprès des vampires ... ou juste lui en fait. Je ne savais pas quoi penser. D'un côté il essayait de montrer... je ne sais pas de la compassion ? Prouver qu'il pouvait en avoir quelque chose à faire d'une autre personne. Et de l'autre côté il montrait ce côté prédateur de sa personnalité. Tsss...Et maintenant il s'amusait à détacher les pétales de cette fleur rare une à une, comme le sadique cruel qu'il était. Sauf que ça attirait l'attention, et je n'avais pas envie d'être interrompu par un membre de la sécurité, ni d'être pointé du doigt. J'arrêtais son geste, l'attrapant doucement par le poigner, fronçant les sourcils dans une expression réprobatrice :
« Je sais que vous n'avez aucun respect pour la vie, mais évitez de faire ça en public. Ca évitera de nous faire sortir.»
Je poussais un soupir et je remontais mes lunettes sur le haut de mon nez. Décidemment il était incorrigible... Incapable de se tenir. De mon côté je rassemblais mes idées. J'avais tellement de questions à poser et si peu de temps pour les formuler. Je prenais quelques secondes pour commencer, à voix basse histoire de ne pas être entendu :
« Et bien... je ne sais pas grand-chose à propos des... gens comme vous. Comment en devient-on un ? Pas que j'en ai envie mais... certains ont été créé par les dieux, d'autre sont nés d'une alliance, comme vous... Il y a-t-il d'autres méthodes ? Et pour les calices ? Comment ça fonctionne ? Chaque... mordu devient un calice ? Et en plus de ça.... »
Là je jouais les ingénu. Ce qui veut dire que je jouais également avec le feu. Mais après avoir évalué les risques, je décidais que ça valait la peine... J'osais lui lancer un regard déterminé.
«Aussi...vous...vous êtes censés être immortels mais ... vous n''êtes pas invincible, n'est-ce pas ? Et dans votre cas... être à moitié humain... qu'est ce que ça change ? »
Sa main sur mon poignet me surpris. je ne m'attendais pas à ce qu'il ait le courage de poser ses papattes sur ma personne, vu le dégoût très visible que je lui inspirais. Bravo, tu mérites une médaille du courage, petit humain tremblotant.
Je lâchais toutefois la pauvre fleur décapitée et démembrée, un grand sourire innocent aux lèvres.
« J'ai du respect pour la vie. Mais cela dépend desquelles. »
D'un mouvement du poignet, je lui fis lâcher prise. Je n'appréciais pas plus que ça qu'on mon touche ainsi. Je préférais de loin des mains caressantes. Mais maintenant que je n'avais plus cette fleur à étriper, il fallait que j'occupe mes mains. La seule solution que je trouvais fut de tresser de petites mèches de ma flamboyante crinière. C'était mon côté féminin qui ressortais. J'écoutais ses questions tout en m'amusant avec mes tresses rose vif. Mentalement, je préparais déjà mes réponses. Je ne pouvais pas me permettre de tout révéler, sans quoi ma menace de morsure n'aurait plus lieu d'être. Ou du moins, elle sera énormément amoindrie. Et je voulais à tout prix garder ce contrôle que j'avais sur lui.
Sa question sur l’invincibilité des vampires me surprit, néanmoins. Je devais être vraiment prudent. Tout en jouant avec mes tresses, je réfléchis à la manière dont j'allais tourner mes réponses.
« Un humain peut devenir vampire via un échange de sang, mais seul un sang pur à les propriétés requises pour procéder à une transformation. »
Je lui adressais un grand sourire et ne m'étalais pas plus que ça sur le sujet. Les transformations ne m'avaient jamais intéressé.
« Chaque classe vampirique a droit à un certain nombre de Calices, qui sont créés lors de la morsure et de l'aspiration directe du sang. Un vampire ne peut boire le sang d'un Calice qui n'est pas le sien ou d'un humain s'il est déjà à son max de Calices. C'est aussi simple que ça. »
Je tirais légèrement sur l'une de mes mèches, l'air rêveur.
« Nous, les Sang-Mêlés, nous n'avons pas de restriction de nombre. »
Bien entendu, je je précisais pas que je en créais pas non plus de Calices.
Sa dernière question me turlupinait quelque peu. Je n'avais bien sûr pas parlé du fait que le sang d'un Calice devenait un poison pour les autres vampires, je l'imaginait bien aller se dégotter un petit Sang-Rouge faiblard puis venir me faire les yeux doux pour que je le morde. Voyons, j'étais loin d'être stupide, j'avais des moyens pour vérifier.
« Voyons Hamada, mes ancêtres étaient censés protéger les dieux. Pourquoi leur donner des points faibles ? Seul le temps peut tuer leurs enfants. Ou la faim, comme tout le monde. Mon sang humain ne me rend pas plus faible qu'un autre. »
C'était un mensonge, bien évidemment. En ma qualité de Sang-Mêlé, je faisais partie de la classe la plus faible qui soit. Non seulement je pouvais être tué comme tout bon vampire par de l'argent et tout le tralala, mais mon sang humain me rendait également un peu vulnérable aux armes humaines. Certes, une balle de fusil ne serait peut-être pas suffisante, mais une arme humaine pouvait bien m'amocher. Inutile qu'il apprenne cela.
« La fiole de sang que je t'ai donnée... quand tu n'en auras plus besoin, détruis-la. C'est un conseil d'ami. Notre sang est... très recherché par certaines personnes. »
Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité
Apparemment Liam avait l'air de se faire remarquer, je me demandais même si c'était inconscient. Il repoussa ma main d'un geste. C'est pas comme si je tenais à le toucher, mais le connaissant il aurait pu continuer à le faire juste pour m'énerver. Ses lèvres esquissèrent un sourire hypocrite. Lui, du respect pour la vie ? Comme si c'était sélectif... A part cette personne mystérieuse pour qui il devait avoir soit de l'affection, soit une dette... Je pressentais Liam comme le genre de mec à écraser des écureuils pour les fun, empoisonner les chats des voisins pour le fun et ... arracher les feuilles des plantes... par ennui. Ses mains hyperactives commencèrent à tresser ses cheveux roses avec précision. Je levais les yeux au ciel. Vraiment ?! J'avais rendez-vous avec une fillette de 7 ans ? C'était quoi après ? Il allait faire des scoubidous ou des bracelets en élastiques ?!
Finalement il commença à répondre à mes questions l'air de rien, toujours en chipotant ses fabuleux cheveux. Donc j'apprenais que seul un sang-pur pouvait transformer un humain en vampire. Cette partie là, au moins, ce n'était pas de la fiction... Et cela voulait dire que Liam ne pouvait pas transformer qui que ce soit. C'était déjà bon à savoir, mais cela ne l'avait pas empêcher d'annihiler des centaines de personnes. Dieu merci, il n'avait pas le don de créer d'autres monstres comme lui. Ce qui me faisait poser quelques questions d'ailleurs...
II me fournit davantage d'informations sur ce fameux " calice". Au moins le nom était évocateur.. En revanche il soulevait d'autre points intéressants et me donna une information qui me donnait froid dans le dos. Donc Liam n'avait pas de restriction de nombre... mais ce n'était pas ce qui l'empêchait d'assassiner ses victimes au lieu de les garder en vie pour s'en servir plus tard. Répugnant psychopathe.
« Qu'est ce que vous voulez dire par "classe" de vampire ? Combien il y en a-t-il ? Et quel est le nombre maximum de Calice ? Et qu'en est-il du lien mental que vous avez mentionné tout à l'heure... qu'est ce que ça veut dire ? »
Quand je lui parlais des points faibles des vampires, il n'hésita pas à me mentir. D'un geste subtil je passais ma main sur la partie inférieure de mon visage pour masquer un sourire amer. Donc.. il me mentait. C'était impossible qu'il ignore ses propres points faibles. En même temps qu'est-ce que j'espérais ? Qu'il me donne le mode d'emploi pour l'assassiner ?! Et même si c'était le cas, est-ce que je mettrais fin à sa vie hm ? Je n'en sais rien. Mais je préférais partir armé. D'ailleurs... je ferai mieux de faire quelques achats préventifs avant notre prochaine rencontre. Juste au cas où. De peur de me trahir, je n'osais pas faire de commentaire sur le sujet. Il me mit en garde concernant son sang. Je touchais ma veste, j'avais rangé la fiole dans la poche intérieure.
« Vraiment ? Qui voudrait de ça ? Si ça ne peut pas transformer les gens en vampires... de plus, j'aurai sûrement besoin de plus d'un échantillon si vous voulez vraiment que je trouve quelque chose. »
Et j'aurai aussi probablement d'échantillons de sang provenant d'autres classes de vampires, si certains étaient vraiment immortels.... J'en aurai besoin. Maintenant, je ne comptais pas vraiment trouver quoi que ce soit. Si je pouvais balader Liam, je le ferais. Même si... ce remède ne lui était pas destiné, quel genre de vampire dirait non à l'immortalité ? Hmm... Je décroisais les bras et je regardais vaguement les fleurs autour de moi.
« Sinon j'ai d'autres questions. D'abord...est-ce que c'est votre nature de vampire qui fait de vous une sorte de psychopathe, ou c'est juste votre personnalité ? »
Ca pouvait se discuter, mais ça me rendait vraiment curieux. Etait-ce le vampirisme qui le poussait à commettre ces actes ignobles ou bien sa personnalité, son histoire ? Qu'est ce qui l'avait mis sur la voie de la violence inutile ?
«Et deuxièmement... Pourquoi est-ce que le boss vous appelle son petit dragon ? »
Autant en profiter, il y avait pas mal de monde dans la serre maintenant, c'était pas comme s'il pouvait m'arracher la gorge ~
J'avais espéré écourter quelque peu cette discussion en répondant basiquement à ses questions. Mais visiblement, mes semblants de réponses faisaient naître encore plus de questions. Je relâchais ma pauvre chevelure, un peu plus sérieux.
« Chez nous, c'est le sang qui détermine où chacun se trouve. Notre société est constituée de cinq classes... six si on compte ces inutiles Deadlines. Il y a d'abord les Ancestraux, les premiers vampires créés. L'enfant de deux Ancestraux est un Sang-Bleu. Tout sang pur issu des Sang-Bleus entre dans la catégorie des Sang-Rouges. Ensuite il y a es Mordus, ceux qui ont subi une mutation. »
Les Mordus. Je les haïssais du plus profond de mon être. Ils étaient presque considérés comme supérieurs aux Sang-Mêlés, parce que le sang vampire annihilait chez eux la plupart du sang humain. Ils étaient soi-disant plus purs que moi, alors que ces créatures n'étaient pas issus directement d'un vampire.
« Et en bas de l'échelle, il y a les Sang-Mêlés, ajoutais-je avec amertume. »
J'éludais toutefois la questions du nombre de Calices, histoire de ne pas me trahir. Si même les sangs purs les plus faibles n'avaient qu'un Calice, pourquoi un Sang-Mêlé en aurait-il bien plus que les Ancestraux ? Cela n'avait pas de logique et je ne voulais pas qu'il s'en rende compte. C'était qu'il était loin d'être con, le petit Takehiro.
« Un peu de respect, s'il te plaît. "Ça", comme tu l'appelles... certes, ça ne transforme pas en vampire -et du sang pur en flacon non plus, si tu veux tout savoir- mais ça peut se vendre cher. N'as-tu donc jamais entendu parler de la Crimson ? »
J'affichais une moue à la fois boudeuse et irritée. "Ça". Non mais franchement. Je em déridais toutefois lorsqu'il me demanda la raison de mon comportement de sadique serial killer en puissance. Un rire froid m'échappa.
« Un psychopathe, moi ? Comme tu y vas. »
Je pris tout de même quelques minutes pour réfléchir à ma réponse. Pouvait-on réellement expliquer le pourquoi du comment ? J'étais comme ça, je n'avais jamais réfléchis plus loin. Il y avait pas mal d'explications possibles.
« Je n'irais pas jusqu'à dire que nous sommes tous ainsi, mais nous ne sommes pas des enfants de cœur, je le conçois. En ce qui me concerne, disons que c'est ainsi que mes parents adoptifs m'ont élevé. Et crois-moi, à côté d'eux, je suis un ange. »
Je grimaçais et camouflais un haut-le-cœur en me remémorant les Deaglán, leurs repas morbides et le château souterrain. Je frissonnais. Jamais plus je en voulais remettre les pieds là-bas. Plutôt me planter moi-même un stylo en argent dans le cœur.
« Parce que ce vieux poulpe s'imagine que je crache du feu, de temps à autre. »
Je le fixais un instant, pour voir s'il mordait à une explication aussi farfelue. Je sortis finalement mon badge d'identification, où s'inscrivaient mes trois prénoms.
« Liam-Dragon Cádelian. Les trois seuls mots que ma génitrice a prononcés avant de mourir. Les sanges-femmes ont supposé que c'était le prénom qu'elle désirait pour moi. Mad n'a jamais voulu m’appeler Liam. Il trouve ça trop banal. »
Je poussais un long soupir. Ce n'est pas que je n'aimais pas mes prénoms, ils étaient bien assortis à ma personnalité exubérante, mais j'appréciais peu que le boss s'amuse à tourner en nawak mon nom.
« Mmh. Et tu oses dire que tu ne t'intéresses pas à moi, après toutes ces questions ? »
J'esquissais un sourire narquois tout en rangeant mon badge.
« D'autres questions ? »
Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité
Plus j'en découvrais à propos de cette...existence cachée, plus je m'enlisais dans la connaissance de ce monde souterrain et plus de questions surgissaient dans mon esprit. Certains aspects restaient flous...et mon collègue éclairait de son savoir de nouveaux concepts inconnus. Notamment les classes de vampires. Etait-ce censé être des sortes de .. classes sociales ? Ou autre chose ? Apparemment dans le monde des vampires, chacune avait sa propre place, ses propres capacités. Et tout cela je l'ignorais il y a des années...Il y avait de quoi en avoir le vertige. Mais je prenais les réponses de Liam une par une, les assimilant avec l'esprit froid et clair d'un scientifique. Tout ça n'était pas si difficile à comprendre... En fait, les classes étaient déterminées par descendance. Et tout revenait bien sûr aux premiers qu'il nommait les ancestraux. Ceux que Freyr et d'autres avaient engendrés...Tss..
Avec amertume, il admit que les sang-mêlés comme lui se retrouvaient en bas de l'échelle. Etrange. J'aurai cru qu'il m'aurait fait avaler le contraire, juste pour s'assurer que je devais trembler à la mention de son nom, comme il le faisait d'habitude. Cependant ce n'était pas surprenant. Ca avait toujours été le cas pour toutes les sociétés humaines. ..
En revanche je n'étais pas conscience du danger, ni de l'utilité du sang de mon collègue aux cheveux roses. Encore une chose à ajouter sur la longue liste des choses que j'ignorais.
« La Crimson ? Qu'est ce que c'est ? »
Et surtout qui paierait cher pour ça ? Ca me dépassait. Mais j'imagine que ce n'était pas pour en remplir un joli flacon et l'exposer sur leur cheminée. Enfin à moins que tout ça ne soit un mensonge pour me ficher la pétoche, une fois de plus. Mais bon porter du sang de vampire, c'est comme porter un tas de runes. Faut juste ne pas en avoir l'air, limite l'oublier et rien se passe.
Quand j'osais lui demander ce qui était la cause de son attitude - puisqu'il était si disposé à répondre à mes questions - il éclata de rire. Cependant je trouvais que c'était loin d'être drôle. Apparemment avoir tué des centaines de personnes ça change votre sens de l'humour. Et quand il rigole comme ça, ça me donne envie de le frapper. Mais il vaut mieux éviter, même dans un lieu plein de monde, il fallait éviter de provoquer le tigre - ou le dragon dans ce cas-ci. Et honnêtement je ne voyais pas comment quelqu'un pouvait être pire que lui. A mon avis ce n'était qu'une excuse. Ensuite il fit cette stupide blague sur son surnom. J'haussais un sourcil, désabusé. Vieux poulpe ? Vraiment, c'est comme ça qu'il appelait son patron. Pas de respect. Aucun.
Il me montra son badge. J'attrapais l'extrémité pour mieux voir ses trois prénoms. Bien. Au moins je connaissais ses vrais prénoms. Dragon... sans déconner.
« Vous pourriez toujours changer votre nom si vous vouliez. »
Je relâchais le badge. Et je poussais un soupir, regrettant déjà ma question.
« Et moi, comment je dois vous appeler ? »
Apparemment ça semblait l'amuser que je m'intéresse à lui. Et le voilà de retour avec sa personnalité ultra narcissique. Même si... c'est vrai que j'étais un peu curieux. Je regardais ailleurs, une fleur bleue et violette sur le côté ajoutant d'un ton froid :
«Ne vous sentez pas flatté. C'est le spécimen qui m'intéresse, pas la personne. »
Je sais que tu as une personnalité de merde. Je croisais les bras, m'appuyant en arrière.
« En plus ce n'était pas comme si vous étiez un mystère... Narcissique, sadique. Et...dans une position d'hybride. Vous vous sentez supérieur aux humains et vous aimez le faire sentir. Et en même temps... vous aimeriez être un vampire à part entière mais vous n'en êtes pas un. La communauté vous rejette comme un paria, " le bas de l'échelle" comme vous l'avez dit. Et ca vous met dans une position difficile et frustrante, parce que... vous n'appartenez à aucun de ces deux groupes. N'ais-je pas raison ? Même si.. j'aimerai savoir... qui est la personne pour laquelle vous voulez gagner du temps ? »
Entortillant distraitement une longue mèche entre mes doigts gantés, j'observais les fleurs qui tapissaient le sol de la serre expérimentale. Parfois, je maudissais ce pouvoir qui m'empêchait d'oublier quoi que ce soit. Je n'avais même pas le droit de redécouvrir quelque chose, comme un enfant. De temps à autre, je regrettais cette innocence passée, quand le sang me faisait peur et que les vampires m'apparaissaient encore comme des monstres. Jusqu'à ce que je morde pour la première fois, j'avais toujours fait comme si j'étais humain et non un Sang-Mêlé. Mais aujourd'hui, je revendiquais fièrement mon sang inhumain. Je tiraillais sur ma pauvre mèche, ignorant la faible douleur que cela provoquait sur mon cuir chevelu. Il en avait vécu d'autres. Des amantes enragées et des victimes désespérées, notamment. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, jamais je n'avais perdu de mèches. J'avais le cheveu coriace, visiblement. Fin de mon ode à ma splendide chevelure rose.
« Mmh, tu devrais sortir plus souvent, mon beau. La Crimson, c'est une drogue. »
Mon sourire s'élargit, comme les babines du lion se retrousseraient sur ses crocs alors que ses pattes maintiennent fermement la gazelle apeurée sur le sol.
« Une drogue dont la base n'est rien d'autre que notre sang. Crois-moi, ils se damneraient pour avoir la matière première aussi facilement que ça. »
Mes pensées dérivèrent vers Nyna et je me mordillais la pulpe du pouce sans m'en apercevoir. Je me demandais... je me demandais encore combien de temps je supporterais de ne pas voir ma petite Vitzoria, combien de temps il me faudrait avant de craquer et d'aller me glisser sous les draps de Nyna, de lui offrir mon sang en échange du sien, en échange de son profond sommeil et de la possibilité de devenir, pour quelques heures seulement, le père qu'on ne me laissait pas être. Et que je ne serais sans doute jamais. Je m'y étais fait. L'idée ne me plaisait pas, mais je m'y était plié. Et je continuerai de m'y plier jusqu'à ce que j'arrive à mon but.
« Changer de nom ? Mmh. Non. Je ne vais tout de même pas cracher sur l'une des seules choses que m'a donné mon humaine de génitrice. J'ai quand même un peu de respect pour elle... c'est tout de même la femme qui m'a mis au monde. Je ne peux pas oublier une chose pareille. »
Je relâchais ma pauvre mèche et m'installais plus confortablement sur cet inconfortable banc. Dieu, j'allais finir avec le dos en compote. Si du moins c'était possible, pour moi. Si toutefois j'avais du respect pour celle qui avait porté en elle le monstre que j'étais, je n'éprouvais strictement rien envers mon père biologique. Il m'avait certes offert ma part de vampirisme, mais cela s'arrêtait là.
« Appelle-moi comme tu veux, tant que cela reste correct. Et si jamais tu es vraiment en manque d'idée, je suggère Monseigneur Deaglán. »
J'esquissais un petit sourire en coin. Le spécimen et non la personne, hein ? Pour moi, cela revenait du pareil au même. Mais je gardais mon commentaire pour moi. Pas besoin de le faire fuir illico, alors qu'un semblant de relation non explosive semblait s'installer entre nous. J'écoutais distraitement ce qu'il me dit ensuite. Mystère, ouiiii. Narcissime, non sans blague. Sadique, tiens j'avais pas remarqué. Merci cap'tain obvious.
« Je ne suis pas un paria, crachais-je subitement avec colère. Pour rien au monde je ne voudrais de leur sang pur ! Si tu savais... »
Je m'arrêtais en pleine phrase et inspirais profondément. Il fallait que je me calme, avant de lui sauter à la gorge. Pas maintenant. Pas alors que je commençais à croire qu'il allait m'aider, que j'allais pouvoir récupérer ce qui m'était dû.
Je me raidis immédiatement alors qu'il me demandait qui était cette personne à qui je tenais tant.
« Je... je ne peux pas t'en dire plus. Pas encore. Je ne veux pas la mettre en danger. Au moins tu en sauras sur elle et au plus faibles seront les chances que cela tourne mal pour nous trois. Tu ne peux même pas imaginer à quel point Mad est cinglé. Je refuse qu'il me la prenne. »
J'enfonçais les mains dans les poches, le visage blême par la peur qui m'étouffais en ce moment. La perdre. C'était la chose que je craignais le plus, l'idée qui me faisait trembler de terreur quand j'y pensais.
« Mais quand nous toucherons au but, je te la présenterai. C'est une promesse. »
Je réprimais difficilement mon sourire amer. Et dire que je ne pouvais même pas l'approcher. Elle ne savait même pas qui j'étais, ni même que j'existais. En ce moment, je me trouvais bien pathétique.
Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité
Ses longs doigts continuaient de tripoter ses longues mèches de cheveux rose, se moquant une fois de plus de mon ignorance concernant le sujet vampirique. Apparemment, à partir du sang de mon bourreau préféré, certains petits malins avaient décidé d'en faire une sorte de drogue... C'était assez effrayant et je me demandais quels en était les effets. Ca rend les cheveux rose peut-être ? Toujours sur la défensive je rétorquais d'un ton acide :
« La dernière fois que je suis sorti, je suis tombé sur vous.»
Inutile de dire que ça ne s'était pas très bien passé. Et il n'avait pas tort. Je devrais sortir plus souvent. Si seulement je ne devais pas m'occuper d'un dieu qui avait 16 ans d'âge mental et d'un humain incapable à qui je ne pouvais vraiment pas faire confiance. Et puis... ah... faut croire que je suis vraiment trop coincé. Mais soit, on est pas là pour parler de ça, juste du fait que je devenais la mule d'une nouvelle sorte de stupéfiant dont j'ignorais l'existence. Ma faute pour ne pas sortir et être au courant des nouveautés du marché.
« Je ferai attention. »
Est-ce que cela voulait dire que... les sang-mêlés étaient chassés pour le sang ? A moins qu'ils ne soient derrière cette production de drogue eux-mêmes... Le vampire paraissait inquiet, vu la façon dont il se mordillait le pouce. J'imaginais donc que non, ce n'était pas le petit dragon qui était derrière cette production de drogue. Pas de bol pour les sang-mêlés, j'aurai presque pitié de leur espèce.
Quand je lui suggérai de changer de nom, il refusait. Tiens, donc ? Il était plus attaché à son héritage que je le pensais. Je ne sais pas si j'étais un vampire de plus de 100 ans, je crois que changer d'identité me permettrait de passer incognito plus facilement. Mais Monsieur Deaglan n'était pas le genre à passer inaperçu, au contraire. Même ici dans cette serre remplie de fleurs colorées et de cette végétations luxuriante, il aspirait toute l'énergie comme un vortex. Magnétique, charismatique dans sa prestance et dans sa voix. La modestie ce n'était pas son truc. Et à mon avis, la discrétion non plus.
Il commença à s'énerver à la fin de mon petit monologue sur sa condition. Ce qui me laissait entendre que quelque part, j'avais raison. Je reculais, de peur de l'avoir assez provoqué pour qu'il se permette de me tuer, ainsi que tous les témoins. Il en était capable et je le savais. Mais il se contenta de s'énerver, de montrer les dents, frustrés. J'avais touché un point sensible, c'était indéniable. Il méprisait ceux qui le rejetaient. Logique . Humain, même. Plus humain qu'il ne pense l'être. Son ton changea rapidement lorsque je mentionnais la raison de tout cela. Cette fameuse et mystérieuse personne.
Je l'ai vu cacher ses mains dans ses poches. Mauvais signes. Ceux qui cachent leurs mains ceux sont qui ont quelque chose à cacher. Et soudainement une expression que je n'avais encore jamais vue se transfigura le visage de mon collègue. La pâleur de la peur et de l'angoisse. C'était authentique. Je le laissais parler, impressionné de voir une émotion humaine transparaître. Il était sérieux hm... Apparemment Mad aurait des intérêts envers cette personne. Intriguant. Je me demandais pourquoi. En revanche je venais de comprendre pourquoi il refusait de laisser le boss s'en occuper. Il n'avait pas confiance. Mais il avait confiance en moi ?! Ouais parce que si je ne faisais pas ce qu'il disait, il m'arracherait la gorge. Mais j'aurais le temps de prévenir le boss avant si je le voulais, un simple mail, un papier glissé sous la porte de son bureau....
« C'est donc pour ça que vous voulez que je sois discret, hm ? »
Donc je me retrouvais face à un choix cornélien. Je n'étais pas sûr de pouvoir faire confiance à Liam. Il était trop instable, trop inconstant. Et sa tendance à se foutre de ma gueule, me provoquer et me menacer avait le don de m'agacer profondément. Et le boss. Brillant scientifique qui avait une tendance à aller un peu loin mais pour qui je n'avais aucune aversion. Il me promit que j'aurai l'occasion de la voir si tout se passait bien. Je ne savais pas quoi croire. Liam était un psychopathe sadique, narcissique et tout ce que je pouvais abhorrer. Mais.... Mais quoi ? Il m'avait un peu montrer son visage humain alors j'étais touché ? Peut-être. Je ne pouvais pas commettre d'erreur là dessus. Mais j'avais encore le temps de me forger une opinion.
« Vous l'aimez vraiment beaucoup cette personne, n'est-ce pas ? »
Question rhétorique. Il l'avait dit lui même. Ses rivaux, il s'en débarrasse. Alors je doutais qu'il s'agisse d'un ennemi de longue date. Mais si Liam était capable d'aimer quelqu'un sincèrement, il y avait de l'espoir. Je laissais tomber mes bras un instant et je me massais le front un instant. Je rangeais mes cheveux sur le côté et je me levais précipitamment. J'étais incapable de prendre une décision pour l'instant. Mon jugement devra attendre.
« Je pense que nous en avons terminé. Si ça ne vous dérange pas, j'aimerai être reconduit à ma voiture. J'ai des choses à faire. »
Je ne pus réprimer un sourire moqueur. Certes, la dernière fis qu'il était sortit, il avait fait la rencontre de la merveilleuse personne que je ne serais jamais. Mais en même temps, sans moi, il ignorerait encore l'existence des vampires. Mmh, peut-être aurait-ce été plus drôle ainsi ? Mmh. Freyr aurait peut-être encore été capable d'affirmer que je faisais partie de ses bébés suceurs de sang. Finalement, je n'étais pas mécontent d'avoir craché le morceau.
J’acquiesçais en silence en l'entendant dire qu'il ferait attention aux fioles. J'y comptais bien. J'estimais en donner déjà suffisamment à Nyna pour son fumoir, il n'était pas question qu'un autre zouave me tombe dessus à cause d'une fiole égarée.
« Si tu as besoin d'étudier un sang plus pur que le mien, n'hésite pas à venir au labo. Je préfèrerais que tu évites de trimballer trop d'échantillons d'un coup. Je n'ai pas envie de retrouver ton cadavre au fond d'une ruelle. »
Surtout si ce n'est pas moi qui t'y ai mis et que ton sang ne sera alors plus frais du tout.
Alors que je parlais à mots couverts de Vitzoria, je vis presque les rouages de son cerveau s'enclencher. Bien. S'il était un minimum intelligent, il comprendrait qu'il avait intérêt à ne pas en souffler mot à Mad, sans quoi je ne me priverais pas de le broyer. Dans tous les sens du terme. Et après, il n'aurait plus qu'à rester avec la horde de fantômes qui -selon ses dires- me suivait à la trace et attendre avec eux que je trépasse. Ouais. Il allait attendre un sacré bout de temps, n'empêche.
« Mais évidemment que je veux que tu sois discret ! »
Je me mordis violemment la lèvre. J'avais été à deux doigts de trahir son identité et tous mes efforts auraient été alors réduits à néant. Tant qu'il ne savait pas de qui il s'agissait, il pouvait bien aller chanter chez Mad, ils étaient aussi bloqués l'un que l'autre. Tant que je gardais son identité secrète, impossible pour eux de jouer avec moi. Or le maître du jeu, c'était moi. Et je ne donnerai ce rôle à personne d'autre. Je manipulerai chacun jusqu'au bout.
J'esquissais un semblant de sourire lorsqu'il s'enquit de mon affection envers cette mystérieuse personne pour le bien de laquelle je l'avais enrôlé de force.
« Est-ce vraiment si surprenant ? Même les Ancestraux ont un cœur, tu sais ? »
Enfin... certains en avaient un. C'était loin d'être une généralité.
Il se leva brusquement et je le suivis des yeux, curieux. Ma bouche se tordit dans un semblant de moue attristée quand il me demanda finalement de le ramener au parking où l'attendait sa voiture. Il prétextait avoir des choses à faire. Je me levais de mauvaise grâce. Je n'avais de toute manière aucune raison d'allonger cette discussion. Sans un mot, je revins vers ma voiture et m'installais au volant.
Le retour fut comme l'aller, dans le silence. Je me garais dans le parking, à ma place habituelle. Sortant de l'habitacle, je m'appuyais contre la portière, les bras croisés.
« Hamada... penses-tu que tu pourrais m'arranger une rencontre avec Freyr ? J'ai quelques petites questions à lui poser. Rien de bien méchant. »
Sur ce, je lui adressais un petit signe de la main et gagnais la porte menant aux laboratoires.
« Envoie-moi un mail ♥ »
Penses-tu que Contenu sponsorisé respirera encore longtemps ?
Accueil 
