Could you die, darling ?

Tu erres, sans but précis. Tel un chat sauvage, tu marches sans regarder où tu places tes pieds, comme un robot inanimé. Tu attends simplement que quelque chose se passe pour changer la monotonie de ta journée. Quel jour est-il ? Tu n'en as pas la moindre idée, perdue dans tes pensées. L'agitation autour de toi te laisse présumer un début de semaine. Lundi, mardi, qui sait ? Les gens te poussent et s'activent autour de toi. Tu soupires, lassée. A quoi bon te dépêcher ? Tu n'as rien à faire, mise à part regarder infiniment les aiguilles de l'horloge tourner. Tu tortilles des mèches de tes longs cheveux décoiffés, et t'arrête soudainement devant un restaurant. Ton ventre gargouille sans cesse. Tu as faim, mais tu n'as pas l'argent pour te payer un repas gastronomique. C'est dans ces moments que tu regrettes de ne pas avoir plus travailler. Cependant, tu sors de tes pensées quand tu sens quelque chose te pousser le dos.

Inconnu ▬ « Avance ! »

Une voix, masculine de toute évidence, t'appelle. Tu soupires et te retournant. Une immense silhouette se tient derrière toi : très bien, il ne fallait mieux pas le contredire. Tu n'as plus le droit de regarder de la bonne nourriture tranquillement ? Tu obéis sans chercher à comprendre et reprends ta route, regardant une dernière fois le restaurant, sentant l'odeur de délicieux plats. De ruelles en ruelles, tu continues de marcher tranquillement. Tu prends à droite dans un premier croisement en T, à gauche et encore à droite, avant de te retourner. D'où venais-tu ? Tu ne t'en rappelles même plus, preuve de ton inattention. Tu n'as pas l'habitude de sortir, mais l'odeur de ton appartement te dégoûte trop pour rester encore enfermée. Tu regardes autour de toi et remarque un chat noir, certainement abandonné. Tu t'approches pour le caresser, cependant il part avant que tu puisses le toucher. Comme une enfant, tu le poursuis à travers plusieurs petites ruelles, de plus en plus étroites. Lorsque tu l'attrapes enfin, tu réalises que tu es encore plus perdue qu'avant. Bien, voilà une journée qui commence bien. "Commence" ? Tu lèves les yeux au ciel au ciel pour t’apercevoir que le soleil est déjà bien bas. Tu tires dans un caillou, agacée de devoir certainement prendre un taxi pour rentrer, comme tu ne connaissais absolument pas ce quartier. Tu observes ton projectile se cogner contre ce qui semblait être le pied d'une jeune fille. Tu regardes en haussant un sourcil la demoiselle. Juliette ? Ici ?
C'était vraiment une journée ratée.

Juliette ▬ « Tiens...Elena...Quelle bonne surprise. »

Mais bien sûr. Tu rigoles doucement en la regardant. Le monde de dehors est vraiment bizarre à tes yeux. Cependant, s'il y a un point sur lequel tu es d'accord avec ton interlocutrice, c'est le fait que vous ne devez vraiment pas rester ensemble. Sous peine de déclencher une troisième guerre mondiale, vraiment. Tu ne sais pas vraiment quoi lui répondre et te contente de la dévisager. Elle est plutôt bien habillée, comparée à toi et tes cheveux ébouriffés. Vous n'êtes vraiment pas du même monde, c'était sûr. A ce moment, tu te rends compte que tu as même oublié ta guitare, tu as vraiment la poisse aujourd'hui. Tu sors soudainement de tes pensées en te rappelant la personne en face de toi. Tu hésites à lui répondre, jugeant que quelqu'un comme elle ne mérite pas qu'on lui parle. Tu as l'habitude de ne pas réagir à ce genre de phrases, mais cette fille te met hors de toi.

Elena ▬ « Salut. »

Tu te félicites intérieurement. Tu aurais pu lui répondre n'importe quoi, sauf cette phrase. "Salut". Qu'est-ce que tu espères qu'elle réponde ? Elle ne compte pas te proposer un café, le ton de sa voix te l'a très bien fait comprendre. Tu peux cependant être fière de toi, elle semble être aussi agacée que toi à l'idée de devoir entamer une discussion. Car partir à ce moment signifierait être une lâche et tu ne comptes pas que Juliette t'imagine ainsi. Si ce n'était pas déjà le cas.

Juliette ▬ « Je peux savoir ce qui t'amène ici ? Attend laisse-moi deviner... C'est quoi cette fois ? T'as perdu une pièce ? Non allez craches le morceau. Je sais que t'es pas là par hasard. »

Tu serres les dents -montrant au passage des magnifiques canines de vampire- et regarde le sol. Cette fille est très loin d'être diplomate. Si seulement tu pouvais juste la mordre. Juste un petit coup, rapidement, pour lui faire comprendre le message. Mais c'est impensable de lancer un combat ici, il y a trop de monde, tu ne connais pas les environs et en plus, ta transformation t'empêche d'utiliser ton contrôle de sang. Tu ne peux donc rien faire, car ton adversaire aurait obligatoirement l'avantage. Tu espères simplement que Juliette n'y pense pas sinon autant commencer à courir dès maintenant. Tu restes de glace, sans montrer tes émotions.
 
Elena ▬ « Estime-toi heureuse, je ne demande rien aux personnes qui me font pitié. Tu crains rien, range tes bouquets de fleurs, tu vas me faire peur. Calme-toi, miss. »

Le sarcasme est le mot qui convient parfaitement à la situation actuelle. La question est de savoir quand les armes prendront le dessus sur les mots. Tu t'approches de Juliette ; tu es plus grande qu'elle de quelques centimètres, te donnant un sentiment de supériorité. Tu ricanes et marches dans le sens contraire, mains dans les poches. Tu te rappelles que tu n'as toujours pas répondu à sa première question. C'est le moment pour toi de trouver une excuse pour ne pas répliquer un simple « J'ai vu un chat, j'le poursuivais et j'me suis perdue ».

Elena ▬ « Si tu veux vraiment savoir d'où je viens, sache que ça ne te regarde pas. »

C'est minable comme réponse mais rien d'autre ne te vient à l'esprit. Tu te contentes de continuer à marcher, jetant un coup d'oeil à Juliette. Tu te diriges vers la boutique et attrape un bouquet de fleurs au hasard. Des roses, d'après l'étiquette. Tu regardes le prix et manque de t'étouffer. Les gens achètent vraiment des bouquets si chers ? Le monde est vraiment bizarre. Tu prends dans tes mains le bouquet, en arrache une fleur que tu places dans tes cheveux et jette le reste plus loin. Tu te moques totalement des plantes, tu cherches simplement à savoir la façon dont ton interlocutrice va réagir.

Elena ▬ « Je t'empreinte ça. »

Could you die, darling ?

Le soleil se couche devant les deux jeunes demoiselles. Elles étaient face à face depuis quelques minutes qui lui avaient semblé durer des heures entières. Une des deux, qui avait l'air plus vieille, caresse ses longs cheveux mal coiffés et regarde le soleil disparaître face à elle. C'est magnifiquement beau et impressionnant mais Elena n'a pas le coeur à observer plus longtemps ce coucher de soleil. Le fait étant qu'elle se trouve en face d'une des personnes qu'elle déteste le plus sur cette petite planète, j'ai nommé Juliette. Enfin, elle a entendu dire que son vrai nom était Lisa-Serah mais cela l'importe peu en ce moment-même. Elle est vêtue d'un haut qui lui va trop grand et d'un jean abîmé, ce qui contraste énormément avec le look soigné de la fameuse Juliette. Rien qu'à leur apparence, on comprend qu'elles ne risquent pas de s'entendre. Les demoiselles ne semblent même pas remarquer que moins en moins de personnes passent autour d'elles pendant que les lumières de la ville s'éteignent petit à petit, les laissant dans une obscurité presque effrayante. C'est lorsqu'elle remarque enfin que la nuit tombe que son interlocutrice prend la parole.

Juliette ▬ « Tu veux de l'aide peut-être ? Un shampoing pour te laver, parce que ça sens à des kilomètres là. Tu veux que je répète ? TU PUES. »

La concernée semble s'énerver mais s'efforce de rester calme. A cette heure-ci, elle serait certainement tranquillement chez elle à jouer quelques morceaux paisiblement et pas à discuter. Si on peut se permettre d'appeler ça une discussion. Elle caresse encore une fois la rose dans ses cheveux et s'apprête à répondre lorsque Juliette fait un mouvement qui surprit Elena. Elle s'avance rapidement et lui arrache la fleur qui reposait sur sa tête. La vampire recule vivement par un simple bond en arrière et jette un regard noir à la fleuriste.

Juliette ▬ « Ça fait 10 runes. »

Et elle a le culot de lui demander de l'argent. Elena grimace, pour deux raisons. La première étant que cette fille est certainement la plus culotté qu'elle n'a jamais vu et la deuxième car elle n'a pas l'argent sur elle. Mais c'est pas comme si la demoiselle allait payer, de toutes façons. Elle regarde avec peine la fleur écrasée par terre. La plante était bien mieux lorsqu'elle était positionnée entre deux mèches de cheveux. La vampire regarde Juliette un long moment, comme si elle scrute les moindres recoins son âme. Elle peut envoyer ses loups la tuer, alors pourquoi elle ne le fait pas ? La réponse est simple, elle se lit dans ses yeux ; elle a peur de tuer.
Depuis qu'elle est une vampire, cette peur s'est accentuée. Elle a si peur de tuer, mais...Son sang a l'air tellement rouge, tellement agréable.

Elena ▬ « Et pourquoi je devrais te payer, d'abord ? »

En parlant, elle s'approche de son interlocutrice. Son envie de sang semble être présente. Non, c'est une évidence ; cela se lit dans ses yeux. D'après les sources d'Elena, c'est simplement une magicienne de l'air, elle n'a pas grand chose à craindre. Mais une petite voix lui hurle dans sa tête qu'elle ne doit pas l'attaquer. Elle est perdue et cela se voit énormément ; même Juliette peut le comprendre, pour dire. La vampire a peur d'elle-même. Elle recule d'un coup et s'adosse contre un mur, avant de retomber par terre. Sa tête lui tourne énormément mais elle ne peut se résigner à rester ainsi devant Juliette.

Elena ▬ « Je vais bien, c'est le soleil qui me fatigue. »

A moins que son ennemie soit totalement sotte, le soleil s'est couché depuis longtemps. Elena cache son visage avec ses cheveux pour l'empêcher de voir la magicienne. Elle soupire un bon coup et attend quelques minutes. Peut-être qu'on lui parle, mais elle n'entend rien dans cette position. Dans sa tête, deux voix se font la guerre. Tuer ou ne pas tuer.
Elle déteste tellement Juliette qu'elle en serait capable, mais elle se ferait ronger par les remords petit à petit. Elle est comme une enfant perdue. La vampire redresse la tête vers Juliette, pendant que ses yeux rouges scrutent la peau de la magicienne.

Elena ▬ « A ta place, je partirai. Je commence à avoir vraiment faim. »

On peut la croire que difficilement, sa voix est tremblante et elle semble des plus inoffensive ainsi. Elle essaye de se montrer forte mais actuellement, la vampire est presque évanouie. Ce n'est qu'une question de secondes avant qu'elle ne tombe dans les pommes.