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Gabriel & Bertram

Je déteste cet endroit. C'est humide et vachement sombre. Ça me rappelle l'horrible placard dans lequel m'enfermaient mes parents lorsque j'étais gosse. Je frissonne en y repensant, mais j'essaie de rester calme malgré l'angoisse qui me ronge de l'intérieur. Présentement, je me retrouve au sous-sol d'une vieille maison qui a grandement besoin d'un ménage et ce n'est pas négociable. Il y a des traîneries partout et ça sent mauvais. C’est un enfer cette baraque. Je marche lentement vers l'avant en forçant comme un malade pour ne pas échapper la boîte que je maintiens entre mes bras. Qui se fait livrer des statues en pierre de nos jours ? C'est n'importe quoi... Aussi, pourquoi le propriétaire voulait cacher la statue dans sa cave ? Ce n'est pas plutôt le genre de chose que l'on fait trôner dans un salon pour démontrer à quel point c'est beau ? J'ai l'impression de faire ces efforts pour rien. Bref, je finis par déposer la boîte lâchant par la suite un long soupir de bravoure. En remontant à l'étage, je serre la main du propriétaire qui me remercie du travail. Je lui fais signer quelques papiers avant de partir.      

Encore une fois, je me suis fait menacer par mes collègues. Ils me trouvent trop inactif. Du coup, je passe la journée seul à livrer des paquets. Je dois aussi faire signer des papiers demandant si le client était satisfait du travail effectué. C'est ma dixième livraison aujourd'hui et j'en ai foutrement marre. Heureusement, je n'ai eu que de bons commentaires. En fait, il faut seulement cocher de petits carreaux différents écrit au-dessus; Très Satisfait, Satisfait, Peu satisfait et Insatisfait. Il y a bien évidement diverses questions bien chiantes qui se ressemblent toutes.

Au moins, j'ai eu le droit à la camionnette...

Je sors de la maison pour justement me rendre au véhicule. J'y dépose mes papiers avant de tâter mes poches pour y trouver les clefs. Je démarre par la suite le moteur me préparant à m'asseoir contre le siège, toutefois, le téléphone portable se met à sonner. Je sursaute me cognant le crâne contre le toit de la camionnette. Je prends après le téléphone pour répondre à l'appelle en me frottant le derrière de tête.

« Service de livraison, bonjour. Comment puis-je vous aider ? »

C'est l'un de mes collègues. J'ai une autre livraison qui se rajoute sur mes épaules et je dois me rendre au centre pour prendre le tout. Je grimace, mais je vais quand même chercher le paquet avant de me rendre à destination. C'est un peu loin vu l'adresse, mais ça ne me dérangeait pas. Ça me permettait de réfléchir et de me préparer mentalement à devoir installer une étagère. J'allais sûrement tomber sur une vielle personne pour devoir installer un truc pareil. Enfin, en me stationnant devant ce qui semblait être la demeure de l’étagère, je sors du véhicule avec le paquet puis je me dirige vers la valise pour y sortir les outils dont j’avais besoin. J'inspire profondément avant d'aller cogner à la porte. J'attends sagement que l'on ouvre avant de prendre parole, mais je ne pose pas mon regard sur la personne, car le tralala habituel me rend mal à l'aise.

« Bonjour, service de livraison de Froënbourg pour vous aider et vous faciliter la vie de tous les jours par ses innombrables services. Mon prénom est Gabriel et je viens installer une étagère. »

 

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Gabriel & Bertram

Mes pupilles se posèrent sur l'homme en face de moi. Tiens, il était loin d'être un vieillard et je ne savais pas trop si je devais en être content puisque les vieilles personnes ont tendances à être beaucoup plus clémentes lorsqu'elles se font servir. Bon aller, il faut que j'arrête de juger tout le monde de cette façon, car j'ai tendance à ne jamais avoir raison sur quoi que ce soit. J'attends sagement que l'inconnu se retire de devant moi avant de prendre le paquet que j'avais déposé au sol. C'était une assez grande boîte comportant que des planches et quelques accessoires d'assemblages pour faciliter la tâche. Cette étagère est bien lourde, mais ce n'est rien comparé à la statue que j'ai livrée plus tôt. Le bois ne fait pas le poids contre la pierre. Bref, pour en revenir à l'homme, il m'apparaissait être calme. Peut-être qu'il était simplement dépressif en fait vu le visage qu'il a pris en me voyant lorsqu'il a ouvert la porte. Les clients font tous une drôle de tête, mais lui, il venait de battre un score impressionnant. Je me demande même si je n'aurais pas activé la lueur d'affection sans m'en rendre compte. J'ai beaucoup de misère avec ce don qui est - pour je ne sais quel raison - plus fort que moi et incontrôlable lors de situations embarrassantes. Un jour, je vais tomber sur quelqu'un qui ne pourra plus me lâcher et je sens que mes collègues vont en rire un bon coup.

Allez Gabriel, concentre-toi sur la boîte...

Oui, parce que cette boîte était quand même bien lourde et je ne savais pas vraiment où aller pour pouvoir assembler l'étagère. Contrairement à mes collègues, je suis loin d'être un grand homme costal. On pourrait même croire que c'est une blague en me voyant arriver pour livrer des meubles. Durant mes premières expériences, j’égratignais souvent les murs des clients, parce que je n'arrivais pas à rester stable lorsque je soulevais de lourds objets. Je ne ressemble pas du tout à l'image que certaines personnes ont d'un livreur immobilier. C'est peut-être ça qui a troublé mon client. En y repensant, je me dis que c'est logique. Je me crispe ensuite le visage en essayant de remonter la boîte entre mes bras, car je sens que je vais l'échapper. C'est à ce moment que l'homme m'offre de son aide. J'allais pouvoir dire adieux aux bons commentaires si je le laissais toucher au paquet. Je suis là pour servir, pas le contraire, mais c'est fou comme j'avais envie de lui donner la boîte. C'est dans ma nature de refiler le travail aux autres, mais c'était justement pour cette raison qu'on me menaçait de me renvoyer.

« Non, je n'ai pas besoin d'aide, mais merci beaucoup. Ce n'est pas si lourd que ça de toute façon.»

Ma peau devient automatiquement lumineuse et mes cheveux aussi. Mentir n'était pas une bonne idée finalement. Je me détourne assez brusquement échappant presque la boîte sous mon élan. Je ne voulais pas que l'homme me voit briller de cette façon, mais je n'y arrivais pas vraiment puisque je ne faisais que repenser à mon mensonge. J'allais gober toute mon énergie si ça continuait. Je dépose donc la boîte au sol sans chercher à persister d'avantage. C'est toujours dans ma brillance que je reprends la parole.

« Pouvez-vous simplement me conduire à la pièce où je dois installer l'étagère ? S'il vous plait...»

 
J'arrête de briller après mes dires. C'est soulageant, mais j'aurais préféré que cet événement ne soit jamais survenu.  

Hellow:

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La situation devenait assez gênante autant pour moi que pour mon client. Enfin, je dois admettre que ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de rencontrer un magicien de lumière qui brille lorsqu'il raconte un mensonge quelconque. C'est rare que l'on puisse rencontrer des magiciens possédants des pouvoir qu'ils utilisent inconsciemment contre eux-mêmes en fait... Si je le pourrais, je supprimerais ce stupide don. Il ne m'a jamais rien apporté de bien mise à part quelques belles paroles lorsque j'étais bien curieux d'apprendre de petits secrets de la part de mes collègues. Cependant, il y a des choses que je préfère éviter de savoir que ce soit de mes collègues ou du peu de clients que je dois servir depuis ce matin. Une fois, un homme avait crié qu'il n'avait jamais couché avec la femme du voisin pour essayer de calmer sa femme qu'il disait paranoïaque. Je me suis mis à briller... Le malaise fut terrible. J'avais trop de pression alors la lueur d'affection a pris le dessus. Du coup, la femme est venue me coller sans trop savoir pourquoi. Heureusement, son amant avait quitté la pièce. C'est le pire événement de ma carrière en tant que livreur. Bref, je me fous des conneries que mon entourage puisse raconter, tant qu'ils ne se mettent pas à inventer des histoires ou j'apparais. S'ils osent mentir en ma présence en m'encrant dans leurs débilitées, je sortirais mon arc pour leur enfoncer une flèche dans le dos. Je n'ai pas envie que l'on invente quoi que ce soit sur moi.

J'inspirais profondément sous mes pensées. Le client semblait choqué par ma brillance et ça me rendait excessivement nerveux. Peut-être qu'il n'était même pas au courant que ce genre de chose existait. Qu'il existait des personnes en ce monde qui pouvaient utiliser les éléments et jouer avec eux sans savoir eux-mêmes pourquoi. Sous la question du jeune homme au regard or, j'ouvre la bouche sans être capable de dire quoi que ce soit. Si je lui dis que je vais bien, je vais me mettre à briller et le contraire me fera sûrement briller aussi, parce que je ne vais pas mal en soit. Je referme donc ma bouche, pinçant les lèvres et me contentant de laisser un silence face au questionnement de celui-ci. Je vais me foutre dans une merde terrible si je continu ainsi. Je le vois bien transcrire sous la feuille qu'il est peu satisfait du travail accompli. Je pourrais sûrement inventer que j'ai perdu sa feuille... Non, je vais encore briller et me prendre une claque qui me sera bien méritée par mon patron. Je ne bouge pas d'un poil, me forçant un sourire jusqu'à ce qu'il parle à nouveau. Je suis soulagé par ces nouvelles paroles. C'était plus sage de ne pas chercher à savoir.

J'empoigne de nouveau la boîte que j'avais déposée au sol dû aux récents événements. Je tiens bon jusqu'à ce que l'on pénètre une chambre fraîchement peinturée vue l'odeur. Ce loft est très luxueux, mais bon, mon regard s'était surtout arrêté sur le chat que je vais devoir me retenir de cajoler puisque je ne suis pas venu dans cet intérêt. J'hoche la tête aux dires de l'homme. J'ai l'habitude de l'odeur de la peinture. Elle me rappelle quelques bons souvenirs.

« Ce n'est pas grave... J'en ai l'habitude. »

Je dépose la boîte tout en lâchant une petite plainte qui pourrait porter à confusion. Je fronce moi-même les sourcils en me demande comme j'ai pu prendre une voix autant... Je ne sais pas, je ne veux pas y penser. Je jette simplement un regard vers le client en le voyant ouvrir la fenêtre. Il était beau... Ah, merde, ça recommence. Je me frotte le visage d'une main, me tapotant les joues pour ensuite ouvrir le paquet et y sortir les planches ainsi que les diverses attaches. Je prends après mes outils pour débuter mon travail. Je dépose quelques vis proche de moi, m’assoyant contre le sol pour visser les deux premiers morceaux. Je relève par la suite mon regard vers le client lorsqu’il prend parole. Je réfléchis un petit avant de lui répondre.      

« Kristoffersen... C'est mon nom de famille et non, je ne connais pas de personne possédant ce nom. »

 
Je me déplace un peu, posant sans faire attention ma main contre les vis que j'avais déposées aux sol. Inutile de préciser que l'une d'elle n'attendait que ça et elle a directement pénétré ma paume, s’incrustant à moitié dans ma chair. J'avais continué à appuyer en sursautant sous la douleur qui m'était engendré. En voyant seulement le sang qui s'était éparpillé au sol, je suis pris d'un frisson désagréable. Je n’ose même pas regarder ma main, fermant les yeux pour respirer doucement.    

« Aaahw... aaahw, awh... »

Je tremblotais, la lueur d'affection prenant place autour de moi comme elle avait l'habitude de le faire dans ce genre de situation. Ma main faisait un mal de chien et l’idée d’avoir une vis dans ma paume me répugne au point que j'ai envie de vomir.  

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Est-ce que je vais bien ? On me demande trop souvent cette question aux allures si simples et ça commence à me faire rager. Est-ce que j'ai l'air de bien aller ? Selon vous, regardez-moi dans les yeux pendant quelques minutes. Est-ce que j'ai l'air heureux ? Est-ce si compliqué de se rendre compte que je ne vais pas bien du tout et qu'il ne me reste pas grand temps avant de faire une crise. Enfin, je m'emporte et c'est sûrement à cause que j'ai une vis dans ma paume. Ça fait vraiment mal en plus. J'ai toujours été très sensible physiquement et c'est aujourd'hui que je vais m'en rendre le plus compte. Je me demande ce que j'ai fait pour mériter un truc aussi merdique. J'en ai marre de ce genre de journée où il y arrive toujours une catastrophe. J'ai l'impression qu'il sera impossible pour moi de vivre normalement sans la lueur d'attraction et sans ma brillance lorsque je dis quelques choses de faux. Je ne peux même pas parler librement. Tout va contre moi et cet homme aussi d'ailleurs. Il est beau, attirant et il... Je ne sais pas. Il rejette quelque chose de bien. Je ne me sens pas intimidé par lui ce qui est plutôt rare surtout de ces jours. J'ai tendance à toujours vouloir disparaître, mais en ce moment, j'ai envie d'exister. D'être présent si on veut... J'écoute le client parler, surpris d'apprendre qu'il est infirmier, mais ça explique sûrement le fait qu'il ne m'intimide pas, car en fait, il ne peut que m'aider.

J'ouvre doucement les doigts, sans ouvrir les yeux, car je ne voulais pas voir à quoi pouvait ressembler ma main. Je gémis quelque peu, rougissant parce que les bruits que je lance sont troublants. Je me demande bien pourquoi ma voix ne fait qu'être en contradiction avec ce qu'il se passe. C'est n'importe quoi, j'ai envie de me crier dessus de me la fermer. Je respire lentement, cherchant qu'à me calmer pour ne pas avoir l'air encore plus débile. Il était rare que je me fasse ce genre de blessure. J'ai pour habitude de seulement me cogner contre les meubles ou de trébucher dans les escaliers. Je frémis en y repensant. Un jour, j'allais sûrement me tuer dans un escalier. Toutes ces marches vont bien finir par me rendre paranoïaque. C'est si dangereux que je me demande pourquoi ça été inventé. Du moins, c'est peut-être une simple question de destin. J'ai sûrement un autre moi quelque part qui se retrouve en chaise roulante et qui attend que ce soit mon tour...        
     
N'importe quoi...

Je m'attarde à nouveau sur les paroles de l'infirmier, grimaçant, mais hochant la tête pour lui faire signe que c'était correcte. Inutile de décrire le gémissement qui sortit d'entre mes lèvre lorsqu'il retira la vis. J'ouvre par la suite les yeux pour le regarder. Je ne pensais pas qu'il était aussi proche de moi ce qui me rend un peu nerveux. Je ne peux éviter son regard avant que mon attention se pose contre la main du client. Elle brillait... Je peux ressentir un soulagement, mais j'admets que je ne sais pas trop ce qu'il se passe. Je reste figé jusqu'à ce qu'il retire sa main me laissa voir ma paume maintenant inerte. Je rougis un peu sous son commentaire puis je détourne le regard pour ne pas avoir à pénétrer le sien. Je pince les lèvres en l'écoutant puis je me redresse, me levant par la même occasion.    

« Oui... Bonne idée.»

J'inspire profondément avant d'être pris sous un vertige. Je vais me coller doucement au client sur le coup, mais je me décolle assez hâtivement pour ne pas créer plus de malaise qu'il pouvait y en avoir en ce moment.  

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Je me sentais ridicule et faible... Je n'avais pas spécialement peur du sang ni même des blessures qui s'avéraient permanentes ou douloureuses, j'étais seulement incapable de concevoir qu'un objet venait de pénétrer ma peau sans en ressortir lorsque j'avais soulevé ma main. Les petits morceaux de bois, ça me vas, mais pas une vis. Heureusement que je n'avais pas regardé ma paume parce que j'aurais sûrement tombé dans les pommes et fait un petit salut à Morphée. Je ne me sentais pas bien. Juste repenser à l'incident me donnait envie de vomir maintenant que c'était enfin passé. C'est dans ce genre de période que j'aurais voulu être quelqu'un d'autre. Changer pour devenir un gros paquet de muscles sans cheveux, portant visage carré et des femmes sur ses épaules. Quelqu'un qui se moquerait de ses petites blessures et qui ne plierait pas en soulevant le double des boites que je pouvais apporter en une seule journée. Quelqu'un que tout le monde traiterait avec respect par peur de se prendre un coup sur la gueule. Ce serrait beau la vie, mais je ne suis pas comme ça. J'ai plutôt hérité du petit corps frêle, d'une pâleur extrême, d'un visage fin et mes cheveux longs. Oui, je pourrais les faire couper, mais je me trouve tellement laid sans cette longueur. Ah, le voilà mon problème, j'essaie d'être beau. De dos, j'ai l'air d'une femme... Tu parles d'un résultat concluant.

Enfin, je devrais plutôt chialer sur mes yeux. C'est surtout à cause de mes iris que mon visage tirait encore plus vers quelque chose de féminin. Ils sont trop... grands ? Ils sont surtout envoûtants. Rare sont ceux qui ne s'y sont jamais perdus. En fait, c'est impossible, mais c'est devenu une habitude. Je ne réponds même plus aux divers commentaires qu'on me fait sur ceux-ci parce que ça me frustre. Je ne fais que sourire sarcastiquement, me méritant parfois quelques claques de la part de mes collègues parce que j'ai donné un malaise aux clients. Ils ne se sont jamais doutés qu'entre eux et moi, c'était moi qui ressentait le plus de malaise ? Me faire dire que je suis beau, c'est un peu gênant lorsque c'est un homme et qu'il me prend même pour une femme. Certains fixaient mes fesses aussi... Bref, je m’assois sur le lit alors que l'infirmier m'y invitait. Je n'allais pas refuser, parce que je ne pensais pas tenir debout de toute façon. C'est alors que tout s'assombrit autour de moi. Je ferme donc les yeux, me penchant légèrement vers la droite sans m'en rendre compte. Je ne dis rien, me contentant de respirer. Je pose mes yeux sur le visage du client alors qu'il parlait. Il allait prendre ma tension ? Ah, merde... J'allais vraiment avoir une note de merde pour cette livraison. Ça faisait quelques années qu'on n'avait pas regardé ma tension et c'était certain qu'il allait y avoir un problème. Mes malaises de jeunesse me rattrapaient... Je remontais ma manche avant qu'il ne me le demande. J'étais habitué.

Je le regardais faire, pris de quelques frissons alors que le velcro touchait ma peau. Je fus ensuite surpris par la question. C'était trop directe pour que je puisse y répondre sur le coup. Je me rassurais en me rappelant que sa main avait brillée plus tôt... Peut-être qu'il était comme moi. Malgré cette éventualité, je restais sous le choc. C'est lorsqu'il prit de nouveau la parole que je réussis à lui répondre.

« Je suis un magicien de lumière en fait. Ce n'est pas indiscret c'est juste... Insensé ? J'ai souvent été rejeté à cause de ce don.»

Je regarde vers les chiffres qui s'étaient arrêtés. Je grimaçais un peu avant d'ouvrir grand la bouche pour lui demander de pas en tenir compte, mais je ne dis rien de ce genre. Je lui dis plutôt la vérité même si j'avais quelques sueurs.  

« Écoutez, je fais de l'hypotension depuis que je suis petit alors je... C'était pas une très bonne idée.»

J'enlevais rapidement le velcro de mon poignet avant de replacer ma manche. J'étais quelqu'un de frêle, mais ce n'était pas pour rien. J'avais plus de souvenir de l'hôpital que de mes vrais parents. J'étais à risque d'avoir des problèmes de cœurs, mais je préférais ne pas y penser. Il ne m'étais jamais encore arrivé de m'évanouir et c'était tout ce qui comptait pour moi.  

« Je suis désolé... Je devrais finir mon travail.»
 

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La réaction du client me surpris. Il semblait heureux que l'on partage les mêmes pouvoirs, mais de mon côté, je ne savais pas comment enregistrer cette information. C'était étrange de savoir que je n'étais pas seul dans mon malheur, mais tout cela m'apparaissait presque impossible. Voulais-je connaitre d'avantage cet homme ? Peut-être... Après tout, c'était comme si nous étions déjà très proches sans même que l'on s'en rende vraiment compte. Peut-être avais-je vécu les mêmes choses que lui. Le rejet de notre première et vraie famille et le tour dans un orphelinat sans avoir la conscience qu'on à été rejeté. Ensuite, l'arrivé de gens qu'on ne connait guère, mais que l'on doit appeler ''papa'' et ''maman''. Je ne sais pas s'il a vécu ça et je dois admettre que j'aimerais le savoir. Enfin, de mon côté, je me suis senti bien au bras de ces nouvelles personnes. Je n'étais pas gêné et j'étais même heureux de me sentir enfin accepté. Je soupire lentement, laissant un frisson me chatouiller l'échine. Ce n'était pas du vertige, mais plutôt de la peur. J'hésitais entre deux choix qui allait peut-être changer ma vie. Parler de mon passé avec l'homme en face de moi ou garder le silence et risquer de ne jamais me sentir aussi proche d'une personne que par des événements similaires qui auraient traversés nos vies distinctes. Du moins, je n'avais aucune idée sur ce que cet inconnu avait vécu alors il ne fallait pas que je m'emporte.    

« Oui... ! »

Je le regardais dans les yeux. J'avais répondu dans un reflex soudain. Je ne pouvais pas rigoler sur le sujet que l'on avait entamé de toute façon alors ça aurait été ridicule de mentir. De plus, avec mes brillances, ça n'aurait servi à rien. Je l'écoutais avec beaucoup plus d'attention alors qu'il parlait. J'ouvrais la bouche pour contester alors qu'il parlait de mes cheveux.  

« Je... Je suis albinos de naissance en fait. Je ne sais pas si... Si mes pouvoirs on des incidences sur ça. Je... J'admets ne pas trop sa... voir. »

Je me suis sentis rougir. C'était la première fois que j'avais autant de misère à parler franchement à quelqu'un. Ce n'était pas comme si le sujet était délicat, mais c'était surtout parce que je parlais de ma petite personne. Ce n'était pas une habitude pour moi, mais pourtant, j'avais bien envie de continuer malgré que je m'étais redressé pour finir mon travail tout en écoutant le client me demander si je voulais quelque chose à boire. Je me rassois au sol, inspirant longuement tout en reprenant mon travail. Cette étagère me donnait beaucoup de misère. Je n'avais pas envie de la continuer. Je voulais plutôt aller me coucher, mais bon... Je risquerais de perdre mon boulot et mon appartement.   

« Je vais bien vous voler un verre d'eau et... Si vous voulez, je pourrais peut-être vous parler de moi. »

Je détournais mon regard, incapable de lui parler en face parce que j'étais trop perturbé. Ah, non... Qui dit perturbation, dit lueur d'affection et on pouvait bien l’apercevoir autour de moi. Cette petite lueur qui m'attire que des emmerdes en fait. Je pouvais qu'espérer qu'elle n'aurait aucun effet sur l'infirmier. J'aimerais éviter qu'il est envie de me faire des câlins. On s'étaient déjà assez collés en si peu de temps... Ou pas ?

« La lueur elle... Heum... Elle donne des envies bizarres alors... Évite de trop m'approcher, ça va disparaître dans pas longtemps. »   

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Plus il en parlait, plus il me rendait impatient de savoir qui était ce mystérieux maître. Enfin, il parlait plutôt d'une femme, mais le mot maîtresse porte souvent à confusion. Bref, nous étions donc trois à posséder les mêmes pouvoirs, même si je ne connaissais pas du tout l'autre personne en question. De toute façon, le client allait sûrement m'en parler d’avantage alors j'allais pouvoir me faire une image cette femme qui semblait tant me ressembler physiquement. Du moins, en parlant du client, je me demandais si je devais toujours le considérer de la même façon. C'était plutôt un ami maintenant et non plus un simple client que je devais servir sans dire quoi que ce soit. Quoi que, j'ai beau me dire ça, il faut avouer que je ne connais pas encore son prénom. Je me frotte la nuque d'une main, l'air légèrement mal à l'aise, parce qu'au fond, je l'étais. Je voulais lui poser tellement de questions, mais je ne voulais pas être indiscret et créer la moindre tension entre nous. J'avais déjà assez de misère à parler de moi alors je n'allais pas commencer à le titiller pour le découvrir sans même prendre compte que je ne connaissait même pas son nom complet. Il fallait commencer par les bases quand même... non ? Je lui souris en coin, m'humectant les lèvres par la suite tout en continuant mon travail sans trop porter attention sur ce que je faisais puisque mes pensées étaient ailleurs.

« Je crois que ça n'a rien à voir... Mais en même temps, peut-être que si. J'ai mon regard qui... Qui est loin d'être naturel alors c'est peut-être de même pour mes cheveux. Ce serait donc engendré par mon don. »

En effet, mon regard n'avait rien de très ''humain''. Cette couleur bleue était beaucoup trop profonde et surnaturelle. Je n'avais jamais encore vu une seule autre personne qui possédait un regard aussi bleu que le mien. Quoi qu'il en soit, ce regard à souvent été une source de diverses taquineries lorsque j'étais jeune et c'est de même pour la pâleur de ma peau de mes cheveux argentés. Heureusement, je me foutais bien de ce que les gens pouvaient penser. Je redresse la tête pour regarder le verre que l'infirmier me tendait. Je le pris pour en boire une bonne gorgée. Je le déposais ensuite à côté de moi. L'étagère allait prendre un peu plus de temps que prévu... J'allais prendre mon temps et essayer d'éviter les nombreuses questions que mes collègues allaient me poser face à cette livraison. Je me détourne de l'étagère pour me mettre face à l'infirmier. Comme j'y étais invité, j'allais prendre une pause. Ça allait peut-être calmer la lueur qui m'entourait de la sorte.

En voyant l'infirmier se détourner, je grimace. La lueur avait des effets sur lui, j'en étais persuadé. J'en avais surtout l'habitude, de voir les gens se détourner de moi parce qu'ils ressentaient des envies qu'ils n'avaient pas en habitude. Enfin, il fallait avouer que la situation était différente puisque s'il se laissait tenter, je ne le repousserais pas. Ce sera moins moins frustrant... Je rougis en pinçant les lèvres. J'allais m'excuser, mais il prit parole avant moi. Sa voix tremblotait ce qui eut pour effet de me faire rougir d'avantage. La lueur ne fit que prendre de l’expansion autour de moi. Ah, non... j'étais incapable de reprendre le contrôle.

« Je... J'avais généré de la lumière un soir. J'avais très peur du noir alors... Pour ce que je peux faire, bah il y a cette lueur qui m'entour lorsque je suis perturbé. Je ne la contrôle pas. Pour l'arrêter, il faut que je sois calme et... Je ne vais pas vous rejeter si jamais... Enfin, vous voyez... Un câlin pourrait peut-être vous détendre. »

Ce n'était pas que j'en avais envie. C'était surtout parce je savais que s'il me faisait un câlin, j'allais peut-être réussir à me calmer et arrêter d'être perturbé. De plus, le voir s'agiter ainsi et se détourner de moi de cette façon m'embêtait sans trop que je ne saches pourquoi. Je me redresse pour me retrouver debout, histoire de faciliter les choses si jamais il se laissait aller. Ne voulant pas qu'un silence s'installe, je continu ma lancé dans le sujet que nous avions abordé.

« Sinon... Je brille lorsqu'une personne se met à mentir. En fait, que ce mensonge soit de moi ou de quelqu'un d'autre, je brille. Je peux aussi abaisser ou augmenter de petites particules de lumière dans une salle avec l'aide de mon regard... Le fond de mon œil s'assombrit lorsque j'utilise ce pouvoir. »

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Mon regard s'était presque qu'illuminé alors que l'inconnu m'avoua qu'il avait aussi peur du noir étant jeune. Je savais bien que cette peur était partagée par beaucoup d'enfants, mais on ne me l'avait jamais avoué de cette façon. Les autres orphelins riaient de moi pendant mon séjour à l'orphelinat. Je me mettais à pleurer lorsqu'ils s'amusaient à m’embarrer dans le vieil armoire qui traînait au grenier du bâtiment... Ça pouvait prendre une heure avant qu'un adulte me trouve. Sans oublier que mes parents m'enfermaient dans le placard en pensant que, de cette façon, j'allais devenir plus sage et écoutant. Ils m'ont plutôt créé une angoisse, car j'admets que j'ai encore de la misère à rester enfermé dans une petite pièce sombre sans faire une crise de panique. Enfin, maintenant, avec mes pouvoirs, je suis moins troublé que lorsque j'étais qu'un gamin. Il y a plusieurs choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle, mais il faut dire que c'est mieux que rien. Après tout, mes pouvoirs ont beaux être contre moi, ils m'apportent quand même certaines choses que jamais j'aurais eu la chance d'avoir sans eux. À commencer par cette conversation que j'ai avec mon client. Je ne m'aurais jamais senti aussi proche de lui si ce n'aurait pas été de mes pouvoirs. En fait, je n'aurais jamais eu d'approche avec lui puisque tout à débuté par nos dons similaires. Ça aurait été bête de ne jamais se parler ainsi...  

Enfin, je me demandais bien ce qu'il pouvait ressentir en ce moment. La lueur pouvait créer des envies beaucoup plus fortes les unes que les autres. Tout cela dépendait de la personne sur laquelle elle était tombée. J'avais envie de lui demander ce qu'il voulait me faire en particulier. La plupart du temps, les gens n'en restent qu'aux câlins, mais j'avais déjà reçu des bisous aussi. Certains glissaient même leurs mains sous mes vêtements pour simplement avoir le plaisir de toucher ma peau sans rien de plus. Il n'y a eu qu'une seule personne qui cherchait à m'exciter et à aller plus loin, mais heureusement, mes collègues de travail ont réagis. Je suis resté enfermé dans la camionnette durant toute la journée parce qu'ils savaient bien que je n'aimais pas me faire toucher. J'ai toujours détesté ça. Une main sur l'épaule, ça peut passer, mais pas tout le temps. Ça aussi, ça dépend de la personne. De plus, il faut que je m'attende à ce qu'on me touche. Je n'aime pas les surprises physiques à moins qu'elles proviennent d'Aaron. Lui, c'est une habitude et je peux le frapper comme je le veux si jamais.

Je restais silencieux jusqu'à ce que je le sente... éclater ? Ce qu'il ressentait, c'était... C'était si fort que ça ? Je me sentis rougir. Dire que je lui avais permis de me câliner. C'était peut-être pas une bonne idée, car je ne savais pas ce qui allait arriver s'il me touchait. Est-ce qu'il allait en être comblé ? Ou est-ce qu'il allait plutôt en vouloir plus pour ainsi combler toutes ses envies ? C'était perturbant... Je ne savais pas quoi lui dire. Je me sentais bizarre alors qu'il s'excusait à nouveau.           

« Ne... ne vous excusez pas. Ce n'est pas de votre faute. Il faut que je me contrôle. »

Je m'approchais de lui, m'arrêtant en voyant que la lueur m'entourait toujours. Je décidais de ne pas en tenir compte cette fois-ci, m'approchant de l'infirmier pendant qu'il parlait. Je ne le laissais guère finir sa phrase que je glissais mes bras autour de ses épaules pour ensuite le serrer contre mon corps. Cette étreinte pouvait répondre à son questionnement.

« Je ne sais pas si ça fonctionne... J'espère que oui. Enfin... J'espère surtout que ça ne vous f-frustre pas d'avantage... »

Je posais mon menton au creux de son cou pour cacher mon visage et mes rougeurs. Je respirais lentement par la bouche pour essayer de me détendre. J'avais l'impression d'avoir dit quelque chose d'indiscret et j'avais envie de changer de sujet.  

« Je ne vous considère pas comme un... inconnu. Mais... je crois que de savoir votre prénom aiderait quand même... »  

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Gabriel & Bertram

Ce n'était que son nom, mais pourtant, ça me faisait un petit quelque chose de le connaître. J'avais envie de le prononcer sans m'arrêter. Cependant, ça aurait peut-être été trop bizarre à la vue de notre position actuelle. Enfin, cette situation me rappelait que je ne me souvenais plus du nom de mes parents. Je souris tristement sous cette pensée que je décidais de supprimer pour le moment. Après tout, Bertram était collé à moi, pris dans une étreinte que je n'avais pas du tout envie de mettre fin. J'avais envie de rester dans cette position pour l'éternité. Je voulais profiter de sa chaleur, de son être... Il était si proche, si beau et si gentil d'accepter tout ça. C'était bizarre... Mon dernier câlin remontait à loin. En fait, je ne m'en souviens plus vraiment. Ça devait faire facilement quelques années que personne ne m'avait enlacé dans le but de m'offrir de l'affection. Au fond, j'avais envie qu'on se câline ainsi. Ouais, j'en avais envie et je ne voulais plus que ça s'arrête à présent que c'était fait. Mes pouvoirs n'étaient plus responsable de ce qui arrivait. C'était maintenant la faute de mes désirs et je me sentais coupable de faire subir ça au magicien alors que j'aurais simplement pu le lâcher. Je ne peux pas me cacher que je suis en manque d'affection, mais je peux toujours le cacher aux autres. Personne ne doit savoir que j'ai un vide qui me ronge de l'intérieur et que j'ai besoin de me rapprocher de quelqu'un. Du moins, il y a des jours où je suis désespéré au point de faire des choses que je n'ai jamais fait auparavant...

Je profitais des caresses dans mes cheveux, assez hésitant puisque je ne laissais jamais personne me faire ce genre de chose. Quoi qu'il en soit, je me dis que ce ne devrait pas me déranger puisqu'on se câlinait. Du moins, je ne suis pas certain que ce soit un câlin. Il y a un petit quelqu'un chose qui s'est rajouté... Je n'ai jamais ressenti quelque chose du genre. C'est sûrement parce que nous partageons certaines similitudes. Ça devrait être mal de se sentir aussi bien. C'est alors qu'il m'avoua que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas câliné qui que ce soit.  

« Moi aussi... Et je me sens un peu coupable parce que... »

J'ouvrais quand les yeux, me demandant dans quoi je venais de me lancer. Je le serrais un peu plus sans m'en rendre compte, mes bras entourant sa taille depuis qu'il s'était retourné vers moi. Qu'est-ce que j'allais lui dire ? Que j'avais envie de le câliner et que ce n'était plus à cause de mon pouvoir ? Que je profitais de lui parce qu'en fait, j'étais en manque d'affection ? Non, non et non...

« Pour rien... »

Je me mis à briller intensément. J'avais envie de me mettre à crier, mais je ne fis rien, me contentant de fermer les yeux et d'essayer de me raisonner. J'avais honte de moi... Je ne pouvais pas lui mentir. J'aurais mieux fait de me taire.  

« J'ai l'impression de profiter de vous... Parce qu'en ce moment, je continu de vous câliner, mais ce n'est pas... Ce n'est pas à cause de mes pouvoirs. »

Merde, merde, merde, merde...

« J'ai envie de vous serrer dans mes bras... Je... Pardon... Je ne fais que profiter, mais... Mais je ne veux vraiment pas vous lâcher. »

Je le serrais encore un peu plus contre moi, mais toujours avec tendresse. Je ne voulais pas lui faire peur, parce qu'en fait, je me faisais moi-même un peu peur en ce moment alors que je me rendais compte à quel point je ne voulais pas qu'il me repousse.

A Different Light

Gabriel & Bertram

Ma respiration s'arrêta d'un coup alors que l'emprise de Bertram se resserrait autour de mon corps. Je ressentais une drôle de chaleur et une envie de le serrer encore plus fort et d'aller... plus loin. L'embrasser, le toucher, sentir sa chaleur contre la mienne et... Ah, merde ! Je me crispe, essayant de ne pas continuer sous mes pensées parce que ça devenait trop malsain. Je n'étais pas ici pour ce genre de choses et je refusais de... De m'ouvrir de cette façon face à un autre homme. Je ne devais pas. Je n'avais pas le droit. Enfin, je ne m'en donne pas le droit. C'est dégoûtant... Mais j'en ai envie. Pourtant, je sais comment ça va finir. Le client va me rejeter... C'était déjà arrivé après tout alors pourquoi allais-je me laisser aller maintenant ? Je ferme les yeux, incertain de ce que j'insinuais. J'ai l'impression que je peux faire confiance à Bertram et cela même si je ne le connais pas directement. Je serre un peu les dents en remarquant toutes les fois où je me contredis. Il fallait que je prenne une décision et le plus rapidement possible parce que je sentais que j'allais être pris d'impulsions diverses et déplacées. Mon instinct voulait prendre le dessus contre la situation.

J'écoutais attentivement Bertram, avec un léger pincement au coeur et quelques frissons alors que je sentais sa respiration contre mon cou. Il était si proche... Je me détendais peu à peu, me concentrant plus sur ce qu'il se passait présentement que sur ce qui allait arriver si cette étreinte ne faisait qu'évoluer. Tout s'arrêta autour de moi au moment où il reprit parole pour m'avouer qu'il croyait qu'il en volait plus. Mon coeur en manqua un bon avant de s'accélérer. Je ne savais pas quoi faire et j'avais peur de dire quoi que ce soit qui le ferait fuir. Je suis encore sous mes heures de travail en plus... Qu'est-ce qui me prends ? Je repousse lentement Bertram, penchant aussi la tête parce que je ne pouvais pas le regarder dans les yeux. Je glissais mes mains contre ses épaules, ses bras puis, étant plus fort que moi, j'allais délicatement poser mes lèvres contre les siennes tout en fermant les yeux. C'était doux, plaisant et troublant. Ce n'était qu'un bisou, rien de plus. D'ailleurs, je coupais déjà l'approche, me contentant de me forcer un sourire.  

« D-désolé... »

Je le lâchais complètement, frottant mes mains ensembles pour me retenir d'aller plus loin.

« Je crois qu'on devrait... Ne pas aller trop loin. Je ne veux pas vous décevoir et je crois qu'il faut ralentir pour éviter ce genre de malaise. Mais vous savez... J'en ai envie. J'ai envie de de vous toucher, de vous embrasser et de découvrir tout ce qui se cache sous... »

Je le regardais, fixant surtout ses vêtements. Je rougis par la suite en me rendant compte de ce que je disais.

« Je... Je crois que je devrais me taire. »

A Different Light

Gabriel & Bertram

Tout se calmait enfin dans ma tête. J'allais pouvoir reprendre mon travail sans être trop stressé puisque je n'avais pas fait de grosses bêtises. Quoique... J'avais quand même embrassé mon client ce qui pouvait bien me mériter une bonne claque de la part de mon patron. Après tout, j'étais dans mes heures de livraisons... Adieu le professionnalisme, mais bon, je ne regrettais rien de tout ce qui venait d'arriver. J'étais apaisé, heureux et sûrement moins dépressif à l'intérieur. J'avais une petite envie de sauter partout, parce que pour une fois, j'étais vraiment heureux et ce n'était pas forcé. Je ne pris qu'une bonne respiration, fixant toujours Bertram qui souriait autant que moi. C'était bizarre toute cette joie incontrôlable et au fond de moi, je ne savais pas pourquoi j'avais un tel ressentiment. J'hochais la tête alors qu'il capitulait, mais je le sentais un peu hésitant face à cette décision... Est-ce que ça le dérangeait de garder contacte avec moi ? Où était-ce simplement le fait qu'il ne savait pas trop si c'était correct. Enfin, je sortis mon téléphone portable de mes poches, voulant prendre son numéro avant de continuer à monter l'étagère. Je voulais être sûr de ne pas oublier en fait...  

« Bien sûr que ça me convient, ne vous en faites pas. Je vais tout de suite prendre votre numéro et je vais vous laisser le mien. »

Après l'échange d'informations, je le remerciais puis retournais à l'étagère. Je n'étais vraiment pas doué pour ce genre de chose en final, mais j'avais plus de motivation que lorsque je suis arrivé. Je finis bien par la conclure, me redressant, fier de mon travail parce que j'y avais mis beaucoup de cœur cette fois-ci. Peut-être qu'au fond, j'avais envie que Bertram soit... fier de moi ? Je me tape doucement les joues avant de reprendre mon téléphone portable et d'appeler Bertram. Peut-être était-il derrière moi où dans une autre pièce, je voulais seulement voir si j'avais bien noté son numéro. J'attendais sagement qu'il me réponde avant de dire quoi que ce soit. Ce n'était que pour m'amuser un peu puisque je n'avais pas dit un mot pendant un moment. S'il ne répondait pas, je lui laisserais un  simple message.    

« Bonjour, c'est pour vous dire que votre étagère est prête. »

Je souriais comme un imbécile, agissant comme un gamin, mais je m'en foutais du moment que je m'amusais un peu.