Tu te regardes dans le grand miroir du studio.  Tu scrutes tes lèvres de poupée, ton teint rougie par l’effort, et tes yeux soulignés par de vulgaires cernes, cernes n’ayant rien à faire sur un visage si poupin. Elles démentent ta fatigue : cela fait plusieurs jours que tu ne dors plus. La chasse prend de plus en plus de ton temps, ronge tes nuits, et t’empêche le repos. La raison de tout cela est que la plupart des chasseurs meurent à cause de l’être chassé. Tu te dois, donc, de reprendre leur travail, de continuer les traques et de rentrer chez toi lorsque l’aube se lève. Tu émets un bâillement peu élégant et retourne au centre de la pièce. La mélodie se met à résonner dans la salle et tu recommences, pour la énième fois, tes entrechats et arabesques. Viens le moment des pirouettes, moment où tu te lâches enfin, moment où la technique n’est plus importante, du moins, pour ton solo. Il suffit juste que ton mouvement soit flou pour atteindre la perfection. Tu fixes la porte du fond, pour éviter les malaises. Tu tournes, une nouvelle pirouette, les tours s’intensifient et la porte s’ouvre. Tu bascules en avant, essayant de te stabiliser à l’aide de tes mains. Tu regardes la nouvelle venue entrée dans la salle, tu te redresses et l’accostes hautainement.

EFFY « Tu t’es cru où ? T’as vu de la lumière et t’es entrée ? Mais tu veux quoi, toi ? Du pain ? J’vais t’en mettre un, tu vas voir. Sale pute, va. J’aurais pu mourir à cause de ta connerie et tu t’excuses même pas ? Connasse. »
PROFESSEUR « Elizabeth … Pas besoin d’aller aussi loin, Marie est désolée. Je pense que c’est bon pour aujourd’hui, tu peux aller prendre ta douche. »

Ton visage fatigué devint haineux et tu enlèves ton tutu avant de le mettre dans les mains de la jeune perturbatrice, encore plus fort que tu ne l’avais prévu. De ton pas félin, tu te diriges dans les douches. Tu te déshabilles en vitesse et files sous l’eau bouillante. Tes muscles se détendent, tu ne t’es jamais sentie aussi fatiguée.

Après t’être préparé dans les vestiaires, tu sors enfin dans le début de nuit. Le ciel s’assombrit doucement et les étoiles brillent discrètement dans les derniers rayons de soleil de la journée. La lune, quand à elle, s’oppose farouchement à sa sœur afin de prendre sa place. Tu émets un soupire agacé et prends le chemin pour rentrer chez toi. Une petite brise souffle sur tes longs cheveux blonds, encore mouillés par la douche que tu as prise. Tu sors ton IPod et tes écouteurs, que tu mets dans tes oreilles, et tu choisis « Swan Lake » de Tchaïkovski. Tu ne peux t’empêcher d’imaginer la chorégraphie, de magnifiques femmes aux tenues somptueuses et aux mouvements gracieux. Tu admires tellement ces femmes, elles te font rêver. Tu fermes les yeux, les mélodies te transportant dans un autre monde. Le chemin, d’habitude si long, eut l’air si court.

Tu entres dans le petit studio et découvres ta sœur, Elena, à cheval sur un garçon, un parfait inconnu. Tu esquisses un petit signe gêné –ta sœur à le don de te mettre dans des états inhabituels- et dis un très discret « Excusez moi. » avant de partir t’enfermer dans ta chambre. Tu t’assois devant ton miroir et défait ton unique couette. Tu attrapes ta brosse et coiffe ta jolie chevelure. Avec deux nœuds, tu les attaches en deux queues de cheval. Tu te remaquilles et te déshabilles lorsqu’une simple frappe contre la porte t’informe d’une présence. La douce voix de ta sœur s’élève dans le silence « J’ai entendu dire qu’il y avait eu trois nouveaux meurtres … Ils sont à Froenbourg. Je pense que tu devrais y aller, tu es la meilleure chasseuse du moment. » Ta sœur sait te parler. Tu te mords la langue et choisis un pantalon en simili cuir noir, serré et mettant tes formes en valeurs. Par-dessus, tu mets un t-shirt cropped noir, à manche courte, Tu mets des socquettes rembourrées de couleur sombre et tu chausses des baskets basses toutes aussi noires. Tu t’admires dans le miroir et souris. Tu te sens parfaite, en cet instant, et, surtout, libre de tes mouvements. Tu sors enfin, salues Léna et son compagnon, puis t’élances dans la nuit noire.

Tu marches sans savoir où aller. Tu arpentes les rues de Froenbourg depuis plus d’une heure. Bons Dieux, tu t’impatientes. Tu veux retrouver ce vampire qui met tes compères dans ces états. Surtout, tu veux le buter et te faire reconnaître comme étant la meilleure chasseuse. Au bout de cette heure, tes pieds te font souffrir, et tes yeux se ferment. La fatigue te rattrape. Tu fais craquer tes jointures et frissonne sous l’air glacial de cette ville. Tu songes à faire demi-tour mais ta fierté te rattrapes et te force à continuer ta marche. Dieux, que tu te détestes des fois. Tu soupires, désespérée, lorsque tu entends enfin un cri. Sans réfléchir, tu traces les symboles sur ton corps, laissant apparaître ton fantastique katana. Ni une, ni deux, tu t’avances vers la source sonore. Tu n’es pas surprise de découvrir un vampire penché sur le cadavre d’un chasseur. Tu fais un signe d’adieu à ce chasseur, chasseur que tu connaissais. Tu reportes très vite ton attention sur cette bête aux cheveux clairs.

ABADDON « La blonde ... qui est-elle? »
EFFY « La blonde ? La blonde s’appelle Elizabeth. La blonde est une chasseuse. La blonde, comme tu dis si bien, va te buter, connard. Fallait pas tuer mes collègues, c’est mon rôle, après tout. »

Tu t’approches et ‘ranges’ ton arme. Tu sais te battre à mains nues, puis, c’est surtout que tu voulais voir tes petites paumes autour de son cou. Tu te mets à courir vers le vampire et porte le premier coup : un simple crochet du droit qu’il évite, très simplement. En voyant ses yeux, tu t’arrêtes nettement. Un sourire se forme sur tes lèvres et tu exploses de rire. Tu n’avais pas reconnu l’étrange homme que tu avais déjà rencontré une fois. Un homme dur à battre, un homme que tu voyais comme un défi. Celui-là, malgré sa nature douteuse, tu ne voulais pas le tuer. Il était bien plus amusant que tu ne l’avais pensé. Tu te courbes à l’avant, bras collés contre ton abdomen, et continu de rire. Finalement, tu essuies une larme et te redresses.

EFFY « Dis moi pas que tu as tués tous ces hommes, uniquement dans le but de me retrouver, hmm ? J’en pleure de rire. Mais j’apprécie que tu ais fais ça, tu m’enlèves du travail, bien que j’aurais préféré que tu ne fasses pas ça tout de suite. T’es con. »

Tu lui colles ton poing dans le ventre, le forçant à se plier en deux. Ton sourire se fait de nouveau méprisant et tes yeux, hautains : ces êtres sont vraiment cons, beaucoup trop cons pour ton intelligence parfaite. De toute façon, ils ne méritent que de se faire buter, tous, mais, avec celui-ci, tu joueras plus.

ABADDON « Navré miss, mais je n’avais pas ton numéros ou un moyen rapide de te contacter. Désolé de t’avoir avancé dans ton travail. Hm ? Tuer des collègues ? Oh… Serais-tu du genre à pratiquer l’écrémage dans ta propre faction ? Genre tuer les faibles pour garder que la crème de la crème ? ... Tu gagnes des points dans mon estime là. Cela te dirais pas de profiter de notre bonne humeur dans un endroit plus confortable ? Je suis sûr que tu as de l’énergie à revendre au point d’en suer dans un joli drap blanc huhu … »

Tu n’en attendais pas moins de lui et tu reparties bien vite dans une crise de fou rire. Secouée par des spasmes, tu appuies machinalement sur ton ventre afin  de te calmer, mais tu ne réussis qu’à faire couler de grosse larme de joie sur tes joues de porcelaine. Tu relèves enfin la tête, en faisant ton plus beau sourire aguicheur. Tu aimais bien son sous-entendu malgré que tu n’envisages pas une nuit avec lui, ou du moins pour le moment. Tu mordilles ta lèvre inférieure et te relèves lentement. Tu penses que s’il savait ce que tu penses, réellement, des autres chasseurs, il serait surpris. Ce n’est pas quelque chose que tu envisages d’avouer de suite. Après tout, les autres ne sont rien, comparée à toi, comparée à ta majestueuse grâce, à ta beauté universelle. Aucun ne t’arrive à la cheville, à toi splendide chasseuse. Et le jour où un de tes compères tentent de te surpasser, tu lui feras regretter d’être né. Il ne peut y avoir meilleur que toi, meilleur qu’une fille Rhodes, née bâtarde, néanmoins. Même si tu n’aimes pas ta famille, mis à part ta sœur, tu ne penses qu’il y ait meilleure famille que celle où tu as vécue.

EFFY « Tu sais à qui tu parles ? C’est pour cela que tu tues mes compères … ? C’est vraiment très attendrissant, surtout de la part d’une créature aussi faible que toi, mais, je dois t’avouer, que tu me fatigues, que ca fait des nuits que je te cherche … Je te cherche … Je te cherche pour te buter, pour enfin avoir une nuit de tranquillité … J’ai un gala qui approche à grand pas, j’ai tellement besoin de dormir et toi, toi, tu me rajoutes du boulot sans jamais te montrer. Mais j’accepte de t’accorder une nuit, une dernière, alors profites en, tu n’en auras plus avant un bon moment. »  

Ton sourire de mépris s’affiche sur ton visage. Tu ressens de nouveau la fatigue dans tes cuisses, tes pieds, tes bras et surtout, tes mains. Tu as envie de dormir mais tu n’en feras rien, et tu sais pourquoi. Parce que tu veux t’amuser maintenant que tu l’as trouvé. Peu importe comment, tu veux seulement passé du bon temps avec cet inconnu. Tu le contemples tendre une main, une main d’où s’échappe une brume rougeâtre. Ton sourire se décompose. Tu eus à peine le temps de sauter en arrière, qu’une lumière aveuglante et une mini-explosion retentissent. Tu portes ta main à ta bouche et tousse pour évacuer la fumée infiltrée dans tes poumons. Tu te relèves péniblement lorsque tu aperçois l’arme du beau vampire. Tu grimaces vivement et sa voix claire s’élève dans la nuit « Une petite coupe de printemps ? Miss… ». Tu roules sur le côté pour éviter l’arme. Une nouvelle brume s’élève de la main de l’homme. Une brume noirâtre, ténébreuse. Tu comprends instinctivement que tu ne pas plus rien voir et seulement te fier à tes sens. Tu attends qu’il mémorise ta position avant que la fumée noire t’enveloppe. Tu fermes les yeux et te concentres. Un pas sur la gauche et tu sens le poing de l’être démoniaque cogné dans l’une de tes couettes. Tu te baisses et retiens ton souffle.

ABADDON « Te retiens pas chérie … Ce serait dommage de plus me donner autant envie … »
EFFY « Me retenir ? Devant un être comme toi ? Tu ne veux pas que je te décroche la lune tant qu’t’y es ? »

Tu roules sur un côté et inflige un coup de pied vers ce que tu espères être ses tibias. Accroupies, tu t’éloignes au maximum du garçon. Il te faut sortir ton katana mais pour cela, il faut que tu parles et si tu parles, tu te feras automatiquement détectée. Tu enlèves ton T-shirt afin de dévoiler les runes qui parcourt ton torse. Afin de ne pas le perdre, tu le coinces entre ta chair et ton pantalon. Tes doigts viennent tracer, délicatement, le contour de chaque motif, sans lever une seule fois tes phalanges. Pour que ça marche, il faut garder le contact entre les deux peaux. Une fois avoir parcouru une bonne moitié de toit, tu récites les prières. Tu ressens un mouvement près de toi. Ton imagination et le stress de te sentir enfermée ? Pourquoi pas mais si ca ne l’était pas ? Tu t’arrêtes et roules de nouveau sur un côté. Tu sens que ton t-shirt t’a lâché. Tu te mords la langue et avance dans le noir. Tu vas y aller à mains nues. Tu le trouves enfin, en te cognant contre son corps. Immédiatement, tu l’immobilises en l’attrapant par les poignets et le fait basculer vers toi, te collant contre son corps. Tu te rends compte qu’il est dos à toi. Tu rigoles et t’approches de son oreille.

EFFY « Fais disparaître cette brume. Je pourrais te trancher la tête et, comme dernier souvenir, tu pourrais en garder un très bon … Et ne tentes pas d’utiliser ton arme, tu nous embrocherais tous les deux. »

Tu passes un coup de langue dans son cou, comme si tu étais toi-même un vampire prêt à mordre sa proie. Cette race t’est, peut être, inférieure mais elle n’en reste pas moins amusante. Si elle n’était plus là, elle ne te valoriserait plus et tu redeviendrais … « normale ». Tu fermes les yeux et rigoles. Tu tentes de reculer mais tu ne vois le bord du toit, dans ce brouillard. Tu sens ton corps partir vers l’arrière et, afin de te rattraper, tu pousses le vampire vers l’avant. Tu tombes … d’un mètre. Tes réflexes sont rapides et tu t’es bien vite accrochée à la bordure du terrain de combat. Cette faute te fait honte mais tu remontes comme si de rien n’était. A la place, tu fonces dans les ténèbres et assènes un coup de poing et un coup de pied retourné dans le garçon, tu espères. Tu fais une roulade et attends d’entendre un mouvement où quoique ce soit. Tu préfères rester à terre afin de ne pas te retrouver couper en deux.

EFFY « Comment t’appelles-tu ? On ne s’est jamais vraiment vu, tous les deux. Pourquoi m’as-tu recherché ? Et, si tu veux savoir, j’suis pas adepte de l’écrémage. La seule chose que je veux, c’est être la meilleure de la région, quitte à tuer tous ceux qui se mettront sur mon chemin. Et, j’ai une mauvaise nouvelle, tu te mets sur mon chemin. »

Tu souris de nouveau et plisse les yeux, te demandant quand est-ce que cette fumée disparaitra. Tu supportes de moins en moins cette sensation mais ta fierté te rappelle à la raison et te pousses à oublier cette sensation, à avancer et buter cet infâme être.

ABADDON « Moi ? Appelle moi Abaddon. Ou chéris comme tu veux... Les deux me vont à merveille je trouve héhé. Pourquoi te chercher ? Tu as récemment éliminé un collègue à moi et vu comment il était, je me doute que tu sois forte. De ce fait, je voulais me mesurer à toi et je t'avoue la dernière fois être... tombé sous ton charme. Tu veux me tuer parce que je te fait de l'ombre ? Bien car c'est pareil de mon côté ma belle. »

Tu renifles, honteuse de t’être laissé prendre dans son jeu de brume. Tu enroules une mèche blonde autour d’un doigt blême et longiligne, à l’ongle manucuré. La fumée solide se dissipe dans la nuit et tu portes, à ce brouillard noirâtre, un regard haineux. Néanmoins, malgré ton erreur, tu as appris. Tu connais, dorénavant, le pouvoir qui berce l’être en face de toi. Par ailleurs, tes prunelles venimeuses fixent ton interlocuteur. Ce vampire, bien qu’il soit ce qu’il soit, tu le considères plus comme un homme que comme la créature qu’il est. C’est une sensation étrange mais que tu apprécies et détestes à la fois. Enfin, c’est plutôt ta personne que tu te mets à détester, ta personne qui semble avoir de l’empathie pour une créature aussi infâme qu’un vampire. Tu tentes le retiens d’un rire dément et t’étouffes légèrement. Tu tousses et frissonnes pour masquer ta légère crise. Que penseront de toi ta famille ? Toi, qui critique ouvertement toutes tes cousines et leur amour pour les créatures surnaturelles. Si cela se savait … Tu baisse la tête puis te redresse vivement. Personne ne le saurait, personne, car il n’y a pas de témoin et, à cette heure-ci, tout le monde dort. Dieux, merci. Tu fermes les yeux et soupires.

ABADDON « Bon bon... Autant jouer sérieusement ok ? Tu connais pas mon pouvoir n'est-ce pas ? Et bien vois tu, étant énervé, je produis une sorte de brume spéciale. Mais des exemples concrets valent mieux que des paroles. Esquive donc cela ... »

Depuis, tout à l’heure, il parle, il déblatère ses conneries et, toi, tu ne l’écoutes pas, pas tellement. Tu es plongée dans tes pensées, dans ta peur qu’on découvre ta … ta bonté avec cette insignifiante créature. Mais ce n’est pas tant de ta faute si tes yeux ne le voient pas comme tu devrais le voir. Tu te mords la lèvre inférieure, tant qu’elle se met à saigner. La petite douleur te rappelle à la réalité. Tu regardes, ébahie, les formes géométriques qui se forment dans l’air. T’as bien compris qu’il voulait te tuer, là, tout de suite, maintenant. Un gloussement perce la nuit et tes yeux s’ouvrent en grand. Ta main se pose sur ton visage avec délicatesse tandis que tes ongles, colorés de rouge, labourent la peau de ta joue. S’il réussit son coup, tu penses qu’il ridiculisera le nom de ta famille, le nom de ta sœur, et tu seras rabaissée au niveau de tous ces chasseurs qu’il a tué pour toi, pour te voir. Il parle, il te laisse le temps de tracer les runes du bout de tes doigts. Tu fermes les yeux, récite les paroles dans ce langage que tu ne connais pas puis tu sens du remous dans l’air.  Tu sors, alors, de ton corps, ton katana.

EFFY « Pourquoi esquives-tu le corps-a-corps ? As-tu tant honte de tes capacités ? Toi qui m’invitait, tantôt, sous tes draps. Je suis déçue. »

Tu fais entendre un bruit de serpent, montrant ta grande déception. Tu examines dans quel ordre arrivent chaque objet et leur hauteur. En une demi-fraction de seconde, tu te laisses tomber à terre, évitant les cylindres qui allaient joyeusement faucher tes cuisses. Néanmoins, tu ne fus pas assez rapide et l’un percuta ton oreille, laissant un fond océanique dans ton côté gauche. Tu venais d’être privée d’une partie de ton ouïe. Tu te laisses rouler sur un côté et te remet debout. La douleur infligée à ton tympan te fait souffrir. Ta tête te tourne et l’utilisation de ton épée utilise le peu d’énergie qui te reste. Tes runes, brillant d’un doux éclat, commencent à s’attiser. C’est le dernier moment pour agir. Dans un dernier effort, tu lèves ton katana et tranches  en deux le carré précédant une roulade avant. De ton oreille droite, tu entends le triangle s’écraser contre un mur. Tu expires toute la peine que tu as accumulée et ton arme disparait.

EFFY « J’te croyais différent de tes compères. J’croyais qu’t’étais plus à mon niveau qu’au leur. Faut croire que je me suis trompée. Tu n’as pas de co… de cran. »

Ton souffle revint lentement mais sûrement. Tu te mets à l’observer pour la énième fois. Tu laisses paraître ta moue méprisante mais pourtant tu es perplexe. Ce gars est charismatique, n’est-ce pas ? Tu ne sais pas comment est-ce qu’il a fait pour te rendre si gentille à son égard. Il sait trop bien manipuler, te serais-tu fait dépasser ? Par un misérable vampire, qui plus est. Tu secoues la tête pour chasser ses mauvaises idées de ton cerveau. Une Rhodes ne doit pas penser ainsi. Un vertige te prend soudainement et tu portes ta main à  ton oreille handicapée. Tu la ramènes devant tes yeux et découvre des doigts ensanglantés. Tu lèves ton regard vers celui à l’origine de cette blessure. Tu veux lui faire payer cette contusion en lui en infligeant une. Tu te lèves et te jette sur Abaddon. Un sourire illumine tes yeux toujours aussi venimeux.

Ton poing vient cogner le ventre du vampire. Tu ne réfléchis plus, tu n’as plus envie de t’amuser tant qu’il n’aura pas la même souffrance que la tienne. Tu veux juste qu’il se rende compte que tu as mal, qu’il t’a fait du mal et que tout ce qu’il ne rime à rien. En fait, c’est ce que tu veux : des explications. Tu ne comprends pas le fait qu’il t’ait cherché si ardemment pour, finalement, essayer de te tuer. Ca ne rime à que dalle dans ton esprit et ça t’embrouille. Voilà, c’est pour ça que tu l’apprécies, parce qu’il t’embrouille et seulement à cause de ça. Tu laisses fondre une pluie de coup sur lui, ne sachant s’il l’atteigne ou non. Quoiqu’il en soit, tu lui fais un croche-patte et t’assois sur son corps, allongé sur le sol. Une impression de dominance te fait sourire de fierté. Tu t’installes de façon à le priver de mouvement et tu pèses de tout ton poids sur son torse.

EFFY « Aloors ?  Quel est la plus grande souffrance des vampires, hum ? Tu donnes ta langue au chasseur, n’est-ce pas, hum ? Comme je suis de bonne humeur, je vais te le dire : c’est de ne pas pouvoir boire du sang lorsqu’il en coule devant son nez. Mon sang pourrait-il être de bonne qualité ? Je me le demande … »

Ton sourire se fait tellement malicieux et tu imagines une scène tellement érotique. Dieux, qu’il te donne de mauvaises pensées ! Mais il vrai que si des personnes vous voyaient ainsi, ils penseraient à deux personnes faisant des cochonneries. Après tout, tu es en soutif et en position de dominance, pour le moment. La souffrance que tu veux lui infliger est d’autant plus érotique, non ? Tu passes une langue gourmande sur tés lèvres carmines. Tu caresses du bout des doigts son torse, impliquée dans tes mouvements. Tu y prends appui et remontes ta seconde paume le long de ta cuisse vers ton ventre. De là, tu plantes ton ongle, si long, dans ta tendre chair. Tu regardes un fin filet de sang couler sur ton nombril. Tu trempes ta phalange dans le liquide rouge et vins poser la mixture sous le nez de ton ‘ami’. Tu te mords les lèvres. Il faut que tu l’occupes autrement, d’autant plus que tu ne peux plus sortir ton arme, ayant épuisé ton énergie. Tu peux encore te battre à mains nues mais pour combien de temps ? Il t’a tellement pris de nuit …  Revenant au moment présent, tu continues de chatouiller ses narines avec l’odeur de ton sang. Tu plisses les yeux et déclares.

EFFY « Ca fait quoi de se retrouver en position de dominé ? En position de faiblesse ? Tu reviens à ta position de départ après tout. Les vampires son tellement impuissants face aux chasseurs et les hommes, face aux femmes. »

ABADDON « C'est vrai que c'est une torture inimaginable que voilà... Cependant, il y a un petit soucis... Si je te mord, tu deviendrais mon calice. Et... je ne voudrais pas être dépendant de toi. Mais profiter en tout libertée D'où le fait que j'aime te blesser. Tu sais quoi... Je crois que suite à ce combat, tu seras tellement amochée que lécher tes plaies sera un vrai plaisir... »

Dans ses yeux, tu vois une petite lueur moqueuse, une lumière qui te fait sourire, qui te fait rire de ton ignorance. Il est vrai que tu le prends pour un vampire de bas niveaux, malgré les dernières prestations. Tes ongles labourent toujours la peau de ton ventre, y laissant de petites marques ensanglantées. De ta main libre, tu caresses son cou, son torse et remontes vers sa joue. Tu contemples ses yeux vairons. Qu’est-ce que son regard t’intrigue … Tu mordilles tes lèvres en réfléchissant aux couleurs de ses prunelles. Tu passes une langue rougie sur tes dents avant de grimacer. Tu vois très bien qu’il est ailleurs, qu’il n’est pas concentré sur toi. Tu le vois aussi bien que si tu voyais un bouton sur le nez de quelqu’un. Tu plisses tes somptueuses paupières avant qu’un … avant que des piques se mettent dans ton champs de vision. Le fourbe, c’est pour cela qu’il ne te regardait pas. Tu plisses ton joli petit nez, écoutant à moitié ce qu’il te disait. Tu calcules chacun des mouvements de cet objet de fumée noire. C’est pas demain, la veille que tu mourras. Tu es trop jeune et trop intelligente pour te laisser mourir ici malgré que tu n’as plus l’énergie nécessaire pour utiliser tes runes et ton arme. En fait, tu ne te rends pas compte que tu pousses ton corps à l’extrême. Qui sait s’il supportera encore un combat ? Néanmoins, tu préfères ne pas t’en occuper. Son torse se lève contre le tien, provoquant un vilain frisson tandis qu’il te susurre dans ton oreille valide.

ABADDON « Mon corps contre le tient. Mes membres qui immobilisent pas totalement ton corps pour te donner une sensation de presque impuissance. Ma langue qui parcoure ton corps avec lenteur comme un serpent. Langue qui te nettoierais de ton propre sang. Pas de mal via une morsure, juste du plaisir typiquement humain... C'est mieux que s'entre tuer non ? D'autant plus que je ne veux pas cela. Je veux juste m'amuser avec toi, nuance. »

Un nouveau frisson parcourt ton échine et tu sens tes joues se rougir. Quelle sensation qu’il te procure. Dans tous les cas, ce vampire sait te parler. Dire que tout à commencer par un simple combat … Se finirait-ce par un combat ? Bien évidemment, et ce serait un combat que tu gagnerais, en toute évidence. Tu sens le regard du garçon te presser un peu, comme s’il était pressé, sentiment que tu n’éprouves pas. Tu es très bien, là, dehors, sur le toit, sans t-shirt, envahie de filet de sang qui continu de s’écouler sur ton fin ventre. Tu cesses tes douleurs et apporte un doigt à ta bouche, doigt auquel tu donnes un coup de langue lent et sexy. Tu ne peux t’empêcher de jauger les piques qui s’étaient transformés en cube. Tu es tiraillée par la déception et le soulagement. Tu pensais entrer dans un jeu limite sado-maso et tu te retrouvais à te faire manipuler par un carré. D’un autre côté, cette forme est moins de dangereuse,  tu risques juste de te faire assommer, ce qui te ferait aucun mal, sauf à ta fierté de chasseuse, ca pourrait même te rendre service : avoir enfin une nuit pour dormir. Tu soupires, étouffes un nouveau rire et regarde le ciel.

EFFY « Tu me prends vraiment pour une conne, t’as vraiment cru que j’allais céder face à ca ? Mais, chéri, tu te rends pas compte à quel point j’accepte que tu me fasses du mal, que tu m’assommes même ! Dieux, j’aurais ma nuit ainsi ! Et je ne ferais pas de la merde à mes cours de danse … »

Tu rigoles clairement cette fois. Tu ne te rendais pas compte à quel point ca blesserait ta fierté, à quel point tu serais furieuse et à quel point ton père se moquerait de toi, te faisant encore du mal. Tout est bon pour se faire souffrir les uns les autres, chez les Rhodes. Tu secoues la tête et pose une main dans le cou de ton ami. Ta fatigue te faisait oublier qui il était, à quel point cet être t’avait fait perdre ton temps puis tu te souvins un truc, un truc important, un truc en rapport avec les vampires : le crimson. Une drogue que tu adores tant, une drogue qui te met dans tous tes états. Comment est-ce qu’il la produise déjà ? Est-ce que ta proie le sait, lui, la production de crimson ? Tu malmènes de nouveau tes lèvres. Tu ne dois pas lui en parler tout de suite, tu lui en parles que s’il essaye plus loin, plus loin que ce qu’il n’y a déjà. Tu te penches en avant, embrasse son cou et remonte vers la commissure de ses lèvres, et t’arrêtes, la fatigue te rattrape, tu es sur le point de t’endormir. Tu te lèves et regarde son corps allongé, sur le sol, avec mépris, de nouveau. Tu te retournes, lui laissant le temps de t’attaquer s’il le souhaite. Tu bailles violemment et te rend, enfin, compte que tu es mal, là, que tu voudrais bien un lit et une couette. Tu ramasses ton T-Shirt et l’enfile. Tu ne le regardes même plus. Tu t’étires comme un chat. Tu ressens déjà des courbatures.

EFFY « Maintenant que tu connais mon nom, tu n’as plus de raison de tuer alors je rentre chez moi. »

Tu es tellement lunatique, tu ne lui fais pas de cadeau à ce pauvre garçon, tu ne lui donnes même pas une excuse, le revirement de tout ce qu’il se passe. Tu t’étires de nouveau et te dirige vers lui, prête à t’en aller mais tu sais très bien que s’il te retient, tu resteras. Il est très attirant physiquement et tu sais que tu pourras oublier son statut d’être méprisable le temps d’une nuit.

ABADDON « Toi une conne ? ... Non. Mais je doute que tu désires malgré un sommeil réparateur une belle bosse sur le crâne. »

Son étreinte est chaude et froide à la fois, elle ne donne pas d’émotion précise, juste une instabilité nauséeuse. Tu fermes tes yeux bleus océan, tu entrouvres légèrement ta bouche rouge et savoures ce contact. Il t’empêchait de réfléchir, de mesurer la conséquence de chacun de vos actes. Tu le sais, tu le sais que c’est mal mais c’est tellement bien aussi. C’est comme si tu brisais les règles, une sensation d’adrénaline, une envie d’aller encore plus loin que ce que vous ne faites déjà. Tu inspires l’air frais de la nuit, il semble tellement ardent dans ta gorge. A moins que ce ne soit toi qui soit brûlante d’envie. C’était tellement mal et ca tournait dans ta tête. Comme s’il y avait une voix qui te le chuchotait, qui te racontait l’absurdité de la scène. Tu échappes un léger ricanement. Si tu avais un certain trait qui se nomme ‘émotive’, tu serais sûrement en larmes. Tu le serais car cet homme te fait tourner en bourrique. Il n’y a pas d’autre mot. Tu te sens tellement faible dans ses bras que c’en est drôle. Si un chasseur le savait, tu serais recalée et tes rêves de gloire t’accompagneraient dans l’absurdité. Sa langue devenait une torture pour toi. Tu aimerais tellement pleurer à ce moment là mais c’était hors de question. Malgré la douleur dans ton cœur, dans ton corps et ton esprit, tu te devais de résister à ses appels irrésistibles.

ABADDON « Ici ou ailleurs ... Qu'importe huhu. »

Ta peau te faisait souffrir et ca te démangeait de te retourner pour jouer avec cette langue si taquine. Tu ouvres tes yeux et cherches un moyen de t’en sortir. Tu ne devais pas tomber sous le joug du péché, tu n’avais pas le droit. Plus le droit après tout ce que tu avais fait subir à Lena. Tu ne devais pas lui causer plus de problème. De tes petites canines, si humaines, tu mordilles ta lèvre inférieure. C’est machinal, quelque chose que tu fais lorsque tu réfléchis. Ta main vint chercher celle d’Abaddon, celle qui se promenait sous ton T-shirt. Le contact de vos deux peaux te fit l’effet d’une décharge. Tu mourrais d’envie de lui répondre et de te laisser aller. Tu ne pouvais pas. Tu te mis à caresser la chair de sa paume avec ton pouce, créant de petit mouvement circulaire. C’était tellement mignon que ça te dégouta sur le coup. Tu tombais dans la répugnance. Tu ne pouvais pas faire ça, tu ne vaudrais pas mieux que les autres sinon et tu ne serais pas Elizabeth. D’un geste sec, tu enlèves ses doigts baladeurs de ton si beau ventre et te retournes violement. Tu fais enfin face à la créature. D’une voix terne, tu lui dis.

EFFY « Je suis Elizabeth Rhodes et je ne suis pas une pute, comme tu sembles le croire. »

Tu sais que quelque chose à changer dans ton regard. Tu le sais car tu ne te sens plus emprisonnée. Tu te sens libre, libre de tes mouvement et, surtout, libre de tes pensées. Pensées qui étaient occupées par le corps presque parfait du vampire. Mains sur les hanches, tu le contemples. Ton sourire indique une victoire pour toi. Tu voulais tellement lire la déception sur son visage que tu ne pouvais t’empêcher de le regarder. Il devait être au bout de sa vie, enfin c’est ce que tu penses. Toi, à sa place, tu serais en train de préparer une corde et te pendre : oui, tu es extrême. De plus, il avait l’air d’un gars à qui la vie avait toujours fait des cadeaux. De ton fin doigt, tu viens tapoter tes lèvres, montrant que tu réfléchissais. Tes yeux se plissèrent et tu dis, las.

EFFY « Je suis, aussi, un chasseur. Un chasseur spécialisé dans la tuerie des êtres comme toi. Alors, je te propose deux choses : soit tu me fais sortir de là, soit tu meurs. Je n’ai pas l’intention d’être ta salope ce soir, on ne s’est pas trouvé sur un trottoir, ni même dans une maison close. Si tu n’arrives pas à contenir tes pulsions sexuelles, t’as qu’a rentrer chez toi et te br*nler devant un film de c*l.  Moi, j’ai l’intention d’aller dormir dans mon lit, là. »

Il est vrai que t’es violente par la parole, dés fois, mais quand la colère te prend, tu dis sans réfléchir. D’ailleurs, tu ne savais même pas si tu allais arriver à te battre, une dernière fois, encore. Ton corps ne supporte plus ce qu’il se passe. Il ne supporte plus toutes ces tensions, toutes ces bagarres. Tu te démènes trop et s’il pouvait le comprendre avant que le malaise ne te prenne, ce serait tellement bien. Tu rêves d’un lit douillet, d’un coussin moelleux et d’une couette toute chaude. Tes mains se mettent à trembler et la fièvre te prend. Tu rigoles toute seule. Trop, c’est trop. Tu aurais dû t’écouter et rentrer à ta maison. Une nuit de repos et un autre meurtre n’aurait pas été si grave. Tu mordilles ta lèvre, tu n’es pas une déesse, tu es humaine et comme tout le monde, tu as tes limites. Limites atteintes car tes jambes se dérobèrent sous ton corps et tu sentis ta tête tapée contre le sol. Tu fermes tes yeux fatigués et t’endors. Tu en as tellement besoin, du repos et rien que ça. De toute façon, tu ne commandes pas ton corps et il fait très bien ce qu’il veut. Tout ça pour dire :