Freya&Sven

« Don't cry, sweety. »

Freya sourit. D'un sourire immense, vicelard aussi, qui présage de mauvais tours, un sale quart d'heure, bref; elle allait faire une connerie. Elle baissa son regard aux couleurs des lagons sur la tête blonde affalée entre un coussin et une couette, et son sourire s'étira d'avantage -elle ressemblait assez à un personnage de comic, comme ça. Elle prit son élan; elle attrapa la couette, la tira et, simultanément, gueula :

LES OVNIS SONT LA VIIIIIIIIIIIIIIIIIITE FUYOOOOOOOONS !

La réaction fut immédiate : la tête en pétard se releva brusquement, trop brusquement; il glissa, lança son épaule sur le côté pour se protéger, position fœtale -mode Rondoudou EN BOULE-, avant de regarder partout autour de lui, affolé. Freya était la pire grande sœur au monde. Elle éclata de rire, montrant au passage qu'elle plaisantait -comme tous les matins, en fait- (et qu'elle avait toutes ses dents, aussi, tiens), puis secoua la main en se retournant, en se dirigeant vers la porte. Elle avait bien fait son taf, elle était contente, toute fière d'elle -la petite merdeuse- et lui balança :

Bon bon ! Il est 10 heures, c'est l'heure ! Je suis en train de faire le dej', mais si tu te bouges pas vite, je mange TOUT ! Allez alleeeez !

Elle éclata de rire et franchit la porte de la petite chambre ordonnée -c'était d'autant plus flagrant que la sienne, à elle, s'apparentait à... Bagdad ?- avant de tourner sur elle même, d'agiter les doigts ("bye bye") en sortant du cadre de la porte. Elle était de bonne humeur, ce matin. Pas de parents -bah, ils avaient l'habitude-, mais elle avait prévu une petite surprise pour son petit frère préféré. Ouais... Une "petite" surprise. Après s'être faufilée derrière le plan de travail de la cuisine -cuisine américaine, avec vue sur le salon-, elle s'activa à la cuisson de ses crêpes en sifflotant. Elle ressemblait à une mère au foyer, c'était presque flippant. Presque... Non, totalement, en fait. Freya, petite brute, terreur de son école, mère au foyer. On aurait tout vu. Elle remua la casserole avec une moue de chat (vous savez, là, cette tête qu'on voit souvent dans les mangas, avec une bouche qui fait... "w") et se mit à taper son doigt sur le plan de travail en rythme, battant la mesure, tout en continuant de cuisiner. En même temps, elle embraya sur le morceau qu'elle travaillait en ce moment - complexe, mais, têtue comme elle était, elle continuait, bien qu'elle se plantait souvent. Ignorant, pour une fois, ses erreurs de notes et de rythmes, elle le transforma même en morceau de rock dans sa gorge, avec des rythmes effrénés, puis, dans son élan, elle chopa une casserole vide qui avait eu le malheur de gésir là, et en fit une guitare improvisée, une guitare électrique s'il vous plait, avant d'imiter une star du rock partit dans un solo enflammé. En bref : elle était ridicule.

Du haut de ses 10 ans, Freya Ada Torbjørn était loin de ce que l'on aurait pu attendre d'une gamine issue d'une famille plus qu'aisée de Froënbourg. Elle avait beau n'avoir que des robes dans son armoire -famille achetant fringues oblige-, elle n'avait rien de la petite fille à papa bien propre sur elle. Là, en l’occurrence, elle était pas coiffée, avait plus de nœuds que de tâche de rousseurs -elle a beaucoup de tâches de rousseurs-, avait encore la trace du coussin sur la joue, son pyjama à fleur en vrac - très fraîche, très fille, très Freya. Et dire qu'elle portait le nom de la déesse de l'amour nordique... Ouais, bah il ne lui avait pas été d'une aide particulière -ou plutôt, à ses parents. Toute joyeuse, elle courut comme une flèche jusqu'à sa chambre, histoire de vérifier que le paquet était bien à sa place -la fameuse "petite" surprise-, puis repartit vite derrière les fourneaux -déplacement fort inutile j'en conviens. Elle n'arrivait pas à tenir en place comme d'habitude; ne jamais demander cela à une hyper-active. Ce que, évidemment, ses parents faisaient tout le temps. Après avoir préparé une quarantaine de crêpes, elle réalisa qu'il serait peut être temps d'arrêter et, au passage, qu'il lui restait de la pâte -tout dans la démesure, cette gamine. Moue embêtée, grand sourire de chieuse. Elle termina la pâte. Résultat des courses : 62 crêpes, et un frigo vide, yeah ! Emmenant trois assiettes à table -il en resterait encore si ils avaient encore faim-, elle s'empara en suite du nutella et de la confiture, du sucre... Un bon dej', un ! En suite, elle fit des tartines, chauffa le lait, mis le chocolat... Tout était parfait. Tout. Presque tout.

SVEEEEEEEEEEEEEEN BOUGE OU JE BOUFFE TOUUUUT !!

Close your eyes

Freya&Sven

« Don't cry, sweety. »

Les mains sur les hanches, Freya regardait d'un œil satisfait la table couverte de tartines beurrées, de crêpes en surnombres, de pâtes à tartiner à ne savoir qu'en faire et tout un arsenal capable de caler un troupeau d'éléphants. Elle était fière d'elle, mais voilà... Personne ne pouvait admirer son dévouement sans faille pour son petit frère chéri. Et ça, c'était un peu frustrant. Et puis bon... Elle aurait du mal à tout bouffer toute seule.

SVEEEEEEEEEEEEEEN BOUGE OU JE BOUFFE TOUUUUT !!

De sa délicate voix mélodieuse, elle rappela à l'ordre son frère adoré. Petit cœur mis un temps fou, encore, avant de pointer le bout de son nez zombifié dans le cadran de la porte. Derrière le plan de travail, elle le remarqua enfin et poussa une exclamation joyeuse. Il avait les cheveux emmêlés d'un or fin, des marques de couvertures encore fraîches le long de la joue où, lui semblait-il, demeurait encore un reste de bave matinale, et elle ne put s'empêcher de glousser comme une conne. Il lui fallut du temps avant de bouger, observant la scène, la décryptant avec une vitesse hallucinante -qu'il était mignon le matin, pas réveillé- et, comme elle s'y attendait, il se dirigea vers elle et passa en mode ventouse, lui faisant son fameux "câlin matinal" en baragouinant un vague "B'jour". Oui, Sven et Freya étaient frères et sœurs, bien que tout semblait les opposer. Bien que tout les opposait, plutôt. Et surtout, ils se kiffaient grave. Mais genre, grave grave t'vois. Attendant patiemment qu'il ne se décolle -si, elle peut être patiente, taggle-, elle chantonna elle-ne-savait-plus-quel air joyeux, une comptine lui semblait-il, en foutant encore plus le bordel dans sa tignasse qui l'était déjà pourtant beaucoup.

Une fois que la sang-sue se fut détachée et agglutinée sur sa chaise en contemplation fascinée de la bouffe qui s'étalait devant elle, Freya s'écarta du plan de travail et fonça sur la chaîne hi-fi. Ouais... Une sorte de chaîne hi-fi Breath version, t'vois. Les notes s'élevèrent dans le silence léger de la matinée (...bien entamée), dessinant une mélodie enjouée, de quoi vous réveiller et vous donner la pêche toute la journée -remède made in Freya. Accourant littéralement vers l'escargot toujours en pleine découverte de la nourriture l'attendant impatiemment, elle le saisit par les épaules et se mit à chanter en chœur avec la musique. Se balançant au rythme de la mélodie, elle finit par le lâcher et repartit en sautillant, revenant avec le chocolat en poudre. Ouais, réveil violent. Non pas qu'elle chantait mal mais... Avoir une sauterelle croisée avec un grillon dopée qui vous secoue comme un prunier alors que vous êtes encore entre le sommeil et l'éveil, c'est... Éprouvant. Se jetant quasiment sur sa chaise, elle demanda, toute de bonne humeur -si, elle était comme ça TOUS les matins, véridique- :

Alors alors, tu commences par quoi ? ♥ Ah ! Chocolat chaud ? Tiens tiens, ton boool... Hop ! Le lait, hop hop !

Tout en parlant, elle s'affairait, remplissait le bol préféré de Sven -...il en avait vraiment un ?- et piaillait joyeusement. Dans ses moments là, on pouvait le dire : Freya, c'était une vraie fille (STÉRÉOTYPE SPOTTED). Une pipelette cette gamine. Même si ça se voyait pas. Bon si, quand même. Avec Sven déjà. Et puis, soit elle râlait, gueulait, tapait, soit elle piaillait. Donc voilà. Si. Quand même.

Saisissant une crêpe qu'elle tartina généreusement de nutella, elle lança un regard à son cadet. Pauvre mioche. Devoir la supporter dés le matin, ça devait vraiment être crevant. Allez allez, il serait bientôt super joyeux, lui aussi ! ♪ Un sourire impatient étira ses lèvres de façon irrépressible. Elle l'imaginait déjà pousser un cri de surprise et avoir les yeux qui brillaient littéralement. C'était une vraie perle, le... Cadeau. La surprise de Svenounet. Balançant les jambes, elle tendit la crêpe à son frère, avant de la poser à côté de son bol. Sans se préoccuper de s'il l'avait saisie ou même, s'il avait percuté son mouvement, elle en tartina une seconde de nutella, prit le lait chaut et en déversa dans son propre bol. Ensuite, elle prit la crêpe et n'en fit que quelques bouchées. En plus d'être hyper-active, masculine, et j'en passe, c'était un véritable estomac sur pattes. Bah... Fallait bien de quoi recharger les batteries. Ça fonctionnait pas tout seul. Tout en rechargeant les batteries, donc, elle regarda Sven pas dessus une boîte de céréales -elle avait emmené des céréales aussi, sérieux ?- et demanda, le tout la bouche pleine :

Hmpfr hmpfr, m'alors, 'bon ? T'veux aut' chose hmpfrmp..? Et... Mmm... Elle avala avant de saisir une tartine beurrée. Bien dormi ?

Puis elle mordit dans sa tartine.

Close your eyes

Freya&Sven

« Don't cry, sweety. »

La table débordait de bouffe à ne plus savoir qu'en faire, et Freya commençait tout juste à se demander si elle n'en avait pas (encore) un peu trop mis pour eux deux. Certes, elle bouffait pour dix-huit, mais ce n'était pas le cas de Sven alors bon... Ouais, elle se demandait cela maintenant. Après avoir fait 62 crêpes, sorti un paquet de céréales, une tonne de tartines, du beurre, du nutella, du miel, des confitures, vidé le frigo et recouvert une table entière de nourriture. Elle avait un train de retard. Voire deux. Surtout qu'elle faisait cela presque tous les matins... Plusieurs trains de retards. Relevant son regard turquoise pétillant sur son cadet en plein roulage précis et précautionneux d'une montagne de crêpe au nutella superposées -et il disait qu'elle en mettait trop-, et tout en mâchant la dernières bouchée de sa... Nutella à la crêpe, elle s'appliqua à demander -la bouche pleine, mal polie qu'elle était- :

Hmpfr hmpfr, m'alors, 'bon ? T'veux aut' chose hmpfrmp..? Et... Mmm... Bien dormi ?

Clignant des yeux avant de croquer dans la tartine qui traînait par là et qui avait eu le malheur de tomber sous sa main alors qu'elle finissait sa crêpe, elle ne songea pas une seule seconde qu'il pouvait être difficile de la comprendre à cet instant précis, et encore plus en étant encore à moitié dans les vapes. C'est bien pour cela que l'on nous apprend à ne parler la bouche pleine, tu sais...? Elle ne put retenir un sourire amusé alors qu'elle mordait de nouveau dans sa nouvelle victime en le voyant relever un regard encore un peu perdu dans le vague, mâchant mollement son roulé géant de crêpes dégoulinant. Ouais, il s'était pas lâché non plus au niveau de la quantité de la fameuse pâte à tartinée chocolat-noisette, alors qu'il ne vienne pas chipoter sur les cinq bonnes cuillères qu'elle étalait en moyenne sur ses tartines. Zut. Il effectua un mouvement se rapprochant d'un hochement de tête, toujours en pleine dégustation de son roulé préféré, et Freya sourit. Puis, suivant le modèle de sa soeur, il s'exprima la bouche pleine. Sauf que lui, ça ressemblait à quelque chose. Il devait avoir un don. C'est tout.

Oui... A part le réveil.

A la suite de ces mots, il tenta une espèce de regard mauvais qui eut juste pour résultat de la faire éclater de rire. Elle avait le petit frère le plus mignon au monde. Si, Freya, c'était un moelleux au chocolat en vrai. (...j'ai rien dit.) S'appuyant sur sa main en trempant sa tartine, elle leva ses yeux pleins de gaieté sur Sven, toujours appliqué à la foudroyer d'un regard, tout mignon qu'il était, fondant comme tout. Il faisait trop peuuuur.

C'est pas ma faute, t'es trooop mignon ♥

Elle faisait réellement sadique, comme ça. Freya, pire grande sœur au monde. Elle mordit dans sa tartine, beurrée cette fois.

Tu as prévu un truc pour aujourd'hui...? T'as l'air contente.

Ouvrant de grands yeux, elle rougit un peu. Aïe, grillée... Lançant un regard sur le côté, puis circulaire, elle releva de nouveau les yeux et lui offrit un immense sourire de celle prit sur le fait. Se passant une main dans sa chevelure d'or fin, elle se mit à rire comme une conne avant de tousser, de choper son bol, de tout boire d'une traite et de le reposer avec cette délicatesse qui la caractérisait. Se relevant avec autant de brusquerie, elle commença à débarrasser, sachant pertinemment qu'il n'en prendrait pas beaucoup plus.

De quoi tu paaarles ? Ha ha ha...!

Ouvrant le robinet, elle se mit à faire la plonge, la musique continuant de défiler en fond, et elle bougeant en rythme.

Hm, apporte moi tes affaires quand t'as fini.

Une fois ceci fait, elle laissa égoutter les ustensiles de cuisines et fit le tour du plan de travail. Le chopant par la main sans plus d'explication, elle le traîna littéralement, l'assit de force sur le sofa, lui offrit un immense sourire, lâcha un "attends cinq minutes ici, ferme les yeux ♥" avant de partir dans un véritable ouragan, en trombe. Elle se lança en suite au sens propre sous son lit, faisant ainsi un vacarme épouvantable qui s'entendait jusque dans le salon, avant de revenir, tout sourire, un paquet dans son dos. Se plaçant devant son cadet, elle tendit le paquet devant sa bouille s'exécutant sagement, et, joyeuse comme tout, s'exclama :

Cadeauuuu !! Ouvres les yeux !

...Elle était vachement contente.

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