Johanna arrêta le sèche cheveux. La voix d'Amy Rose venait de retentir depuis le salon, suffisamment forte pour que l'autre puisse l'entendre, mais pas assez pour qu'elle ne comprenne tout ce qu'elle avait à lui dire. « PS : I love you ? » répéta Johanna après avoir ouvert la porte d'un coup de pied contrôlé par l'habitude. Elle passa la tête à l'extérieur et observa le DVD que brandissait sa colocataire, avant de secouer la tête négativement bien que sa meilleure amie ne puisse pas la voir dans l'état. « ... On l'a vu il y a deux semaines ! » Un râle s'échappa du salon et Johanna retourna à ce qui l'occupait depuis qu'elle était sortie de la cabine de douche. Ses cheveux étaient trop fins pour qu'elle passe des heures à les sécher, mais elle aimait s'appliquer à le faire. La semaine était enfin terminée, et comme chaque vendredi soir qu'elles ne passaient pas dehors, Amy et Anna avaient décidé de le dédier à une soirée cinéma émitoufflées dans leurs couvertures, armées de leurs boîtes de Kleenex – pour Amy surtout – et d'un bon chocolat chaud. Il n'en fallait pas plus pour réussir leur soirée, si ce n'était peut-être des marshmallows. Johanna reposa son sèche cheveux sur le comptoir et s'affaira à brosser sa chevelure blonde en attendant que sa colocataire ne se décide à faire un choix. Reposant la brosse sur le même comptoir, elle quitta la salle de bain et ses pas tracèrent le chemin le plus court vers le canapé sur lequel elle sauta pour se retrouver à côté d'Amy qui avait déjà inséré le disque dans le lecteur.

Les premières secondes de The Notebook se mirent à tourner tandis que Johanna éteignait les lumières à l'aide de la télécommande qui leur permettait un contrôle total de leur penthouse. Elle se cambra et s'étira comme un chat, attrapa sa brûlante posée sur la table basse et la posa sur ses jambes. Pendant que l'on voyait les premières images défiler, Johanna sentit un poids supplémentaire sur le canapé, infime et pourtant. « Bonsoir, Bat. » Le chaton noir miaula, frotta contre la main que lui tendait Johanna et alla se caler confortablement entre ses deux colocataires, ses grands yeux verts rivés sur l'écran comme s'il y comprenait réellement quelque chose. « Alors, cette semaine ? » Anna n'avait jamais apporté de sujets pour rien, d'autant plus que quelques jours plus tôt Amy avait repêché sa meilleure amie complètement paniquée, sous la pluie et tremblante comme une feuille. Depuis, elles n'en avaient plus parlé ; la magicienne du feu savait que Johanna mettait un temps monstrueux à se remettre de ses émotions, et elle l'avait respecté en faisant comme si de rien était. Mais comment pouvait-on cacher ce qu'il se passait dans sa vie à sa meilleure amie ? Même Johanna en était incapable, car s'il y avait bien quelqu'un à qui le revenait de droit de savoir, c'était elle et seulement elle.

Piochant le pop-corn dans le bol qui en était rempli, elle reporta à nouveau son attention sur le film. Elles l'avaient vu des millions de fois, et elle avait été pendant toutes ces fois l'épaule sur laquelle Amy Rose déversait ses larmes pour l'amour inconditionnel entre Allie et Noah. Reposant sa tasse sur le côté, elle attrapa Batman et le posa sur ses genoux, comme soudainement envahie par un besoin de réconfort. Au fond peut-être que ce n'était pas plus mal de regarder un film plein de romance et de garçons qui n'existaient pas dans la vraie vie. C'était à ça que servait l'art, après tout. Rêver, donner des illusions aux pauvres jeunes filles qui pensaient qu'elle n'auraient jamais droit d'avoir leur Noah, mais qui s'autorisaient à penser que tous les hommes n'étaient pas de parfaits salauds. Mais un film ne durait jamais que deux heures, et le retour à la réalité faisait parfois plus mal que prévu.

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Ce soir était l'une des soirées tant attendues par Amy...Le vendredi soir. Loin de la chanson "Friday" de Rebecca Black, c'était bien entendu mieux que ça : Une soirée entre copines, mais, pour dire copine, une vraie copine ! Avec qui on pouvait partager nos plus vils secrets tout en s'assurant qu'ils seront bien gardés. Les meilleurs amis, c'est comme ça qu'on tisse des liens d'amitié non ? Revenons à nos moutons, enfin, ce ne sont pas des moutons, ce sont juste de jeunes filles, pré adultes, se comportant encore comme des gamines chez soi. Amy farfouilla entre les différents DVD de leur petite bibliothèque qui se trouvait à proximité de la télévision et essayait par tous les moyens de dénicher LE film à regarder. D'ailleurs, ce soir allait être une soirée spéciale histoire d'amour. Enfin, c'était Amy qui l'avait décidé ainsi tout en cherchant les films d'amour qui se trouvaient entre les films d'horreur, d'action et d'animation. Allez savoir pourquoi, elle avait très envie de regarder une film gnangnan avec l'amour qui déborde de partout.

Alors que cette dernière avait déniché quelques DVD et les agita sous le nez de Johanna qui elle, s'occupait de ses cheveux - à vrai dire, elle avait pas tellement besoin, un coup de sèche cheveux suffisait, pas besoin d'en faire des tonnes surtout qu'ils étaient assez beaux comme ça. Vous savez, ce sont ces cheveux blonds dorés, un peu pâles mais dont la douceur est comparable à de la soie et dont la couleur prend de l'éclat au soleil.
Arrêtons de parler de cuir chevelu et passons à la soirée de nos deux protagonistes. après avoir entendu les propos négatifs d'Anna concernant le film "PS : I love you" , Amy du se résigner à rechercher encore une fois un film à l'eau de rose qui lui plaisait. Au bout de quelques recherches, elle tomba sur l'une de ces merveilles qui l'avaient fait pleurer au moins cinq fois lors du premier visionnage : "The Notebook". Alors qu'elle s'apprêtait à le balancer à Anna, elle décida finalement de l'insérer dans le lecteur DVD afin que cette dernière ne refuse à nouveau son choix de film. La jeune fille partit ensuite en direction de la cuisine afin de terminer les préparatifs pour une soirée parfaite entre meilleures amies. Elle emporta alors le gros bol de pop corn sucré, le déposa sur la table basse, rajouta un paquet de chips et d'autres friandises. Il fallait le préciser : Amy était un ventre sur pattes.

Désormais, la voilà confortablement installée dans le canapé, enveloppée d'une couverture. Les premières secondes du films débutèrent et sa voix s'éleva alors jusque dans la salle de bain pour prévenir son amie qui s'occupait encore de sa chevelure. Quelques secondes plus tard, cette dernière fit irruption sur le canapé et s'enveloppa également dans la couverture. Amy avait déjà piocher dans le paquet de chips et retenait toute son attention sur le film qu'elle connaissait par coeur. La romance entre Allie et Noah l'attendrissait, elle avait rêvé de vivre une histoire d'amour similaire à la leur, mais, les histoires d'amour aussi belle et prospère que celle-ci, n'existaient pas. Du moins, elle n'en avait jamais pris connaissance auprès de sa famille ou ses amis. Non. Admettons. Ses parents étaient sûrement le seul couple dont l'histoire mouvementée a été la plus belle qu'elle avait toujours connu. Histoire d'amour mouvementée mais dont l'issue a été l'une des plus belles histoires d'amour qui avaient existé. Du moins, dans le coeur d'Amy.

▬ Alors, cette semaine ?

Cette phrase attira l'attention de la jeune fille qui, sans détourner les yeux du film. Réfléchissait intérieurement tout en produisant une onomatopée qui montraient qu'elle était en pleine réflexion. Après avoir eu le temps de repenser à toute sa semaine, elle déclara qu'elle n'avait pas fait grand chose de très excitant à raconter. Puis, elle se rappela qu'elle avait repêché à la sortie d'un bâtiment une Johanna en pleurs dont elle n'avait pas demandé les raisons tant la situation n'était pas propice pour des révélations. Tentant sa chance ce soir, Amy tourna la tête vers son amie :

▬ Toi, n'as-tu pas des choses à me dire ?

La jeune fille se tut un instant pour voir la réaction de son amie puis un sourire se dessina sur ses lèvres. Mais que pouvait-elle bien lui cacher ? Il était vraie que les filles avaient toutes leurs petits secrets mais entre elles, tout était dévoilé. Alors, Amy continua tout en se reconcentrant sur le film :

▬ Que t'était-il arrivée la dernière fois ? Tu vois très bien de quoi je parle. Tu sais bien que je n'aime pas te voir comme ça, surtout quand je ne connais pas la raison.

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Johanna continua de piocher son pop-corn et tourna la tête vers Amy. Son regard insistant fit sourire la magicienne de glace qui eut un sourire à la fois amusé et surpris, compte tenu de comment avait été tournée la phrase. « Pas que je sache... » Elle attendait quelque chose, et ce n'est qu'après que Johanna se rappela que c'était cette semaine qu'Amy l'avait récupérée en bas de chez Stelian, et aussi qu'elles n'en avaient pas reparlé depuis. Elles reportèrent toutes deux leur attention sur les images qui bougeaient à l'intérieur de l'écran plat, et la voix d'Amy se fit de nouveau entendre. « Que t'était-il arrivée la dernière fois ? Tu vois très bien de quoi je parle. » Bien sûr qu'elle savait très bien de quoi sa meilleure amie parlait, même si elle aurait préféré oublier cet épisode particulièrement humiliant de sa vie. Humiliant pour elle, dans le sens où elle s'était montré plus naïve que n'importe quand dans sa vie, à croire une seule seconde que... elle ne voulait même plus y penser. Ce n'était vraiment pas digne d'intérêt, et pourtant elle-même savait qu'elle ne pouvait pas s'empêcher d'en discuter avec Amy. « Tu sais bien que je n'aime pas te voir comme ça, surtout quand je ne connais pas la raison. Oui elle le savait, mais elle non plus n'aimait pas être comme ça. Ce jour-là, lorsqu'Amy était arrivée en voiture, elle s'était retrouvé avec une Johanna complètement perdue, tremblante comme jamais et trempée pour avoir attendu cinq minutes sous la pluie. Elle n'avait pas parlé de toute la soirée, et encore moins durant leur trajet qui les ramenait chez elles, et Dieu savait à quel point Johanna remerciait Amy Rose pour ne lui avoir posé aucune question. Ses nerfs avaient eu besoin de faire le tri, et si on ne lui avait pas laissé le temps de le faire, sans doute aurait-elle été capable de geler la voiture. Ses pouvoirs étaient encore hors de contrôle, même si l'accident qui avait tué Eleanora ne se reproduirait plus jamais, elle n'était jamais à l'abri d'un nouvel écart.

Elle continua de caresser machinalement Batman, qui était le seul à réellement regarder le film. En voyant le vieil homme s'atteler à la tâche de lire le journal, avec ce mystère qui n'en était plus un étant donné qu'elles connaissaient l'histoire par coeur, Johanna ne put réprimer un soupir. « Les mecs comme Noah, c'est de la fiction. » Elle porta sa tasse à ses lèvres et la posa sur ses genoux, près du chat qui se blottit contre afin de se réchauffer. Elle remua la cuillère par habitude plus que par nécessité et ferma les yeux, ne sachant par où commencer, ni même si elle devait commencer. En reportant une nouvelle fois son attention sur Amy Rose, la magicienne au coeur de glace se rendit compte qu'elle avait délaissé le film pour la fixer d'un air insistant, ses grands yeux azurés légèrement. Le fait qu'elle change de sujet ne lui avait visiblement pas plu, alors elle eut un sourire qui montrait qu'elle capitulait et se tourna légèrement en direction de sa meilleure amie. « D'accord, t'as gagné. » Sourire de la magicienne du feu tandis que Johanna posait sa tasse sur la table basse et reprenait le chaton dans ses bras. « C'est... un peu long par contre. » Espérant peut-être faire changer d'avis son amie, elle avait lancé un regard vers le film qui défilait à sa vitesse. Il faisait partie des films favoris d'Amy Rose après tout, et qui ne tente rien n'a rien. Mais Amy Rose n'était pas prête de changer d'avis, et Johanna soupira en triturant nerveusement ses cheveux.

« Je sais pas si tu te rappelles, je t'ai parlé de quelqu'un il y a... quelques mois. » Elle avait encore l'impression de l'avoir rencontré la veille, et dire ça à Amy lui fit réaliser à quel point son jeu avec l'Ancestral avait pris de l'ampleur. Elle détourna le regard un instant et laissa Amy se remémorer la conversation qu'elles avaient eu quelques mois auparavant. Elle prit une inspiration presque contrariée en repensant à ce qu'elle avait ressenti ce jour-là en rentrant, le soir. « Tu sais, le genre que toutes les filles s'arrachent, qui choisit une et qui la jette le lendemain. » Elle se rappelait encore de cette blonde qui revenait en pleurs, hurlant comme si elle avait perdu un membre de sa famille et qui avait répondu qu'elle méritait de mourir quand on lui avait demandé ce qu'elle avait. Et entendre qu'elle s'était juste pris ses désillusions dans la figure avait été... un véritable délice pour Johanna, qui avait ri aux éclats. Non, elle n'était pas gentille ; sûrement pas avec ces idiotes qui au premier baiser pensaient qu'on leur promettait mariage et bébés. « On s'est revus... plusieurs fois. Mais ça tu le sais. » Elle avait légèrement hésité, ne sachant pas réellement comment l'expliquer. Elle le lui avait dit de toute manière, mais sans jamais précisé de qui il s'agissait. Bien sûr qu'elle avait croisé Stelian, très souvent même. En se pinçant les lèvres, Johanna se rendit compte qu'elle était légèrement mal à l'aise. Elle n'était pas très fière de ce qu'elle faisait, mais y avait-il réellement quelque chose à blâmer dans le fait d'essayer de pousser un homme dans ses derniers retranchements ?

Elle ferma les yeux et reporta son attention sur The Notebook, incapable de supporter plus longtemps ce regard curieux que posait Amy Rose sur elle. « Et cette fois aussi, j'étais avec lui. » Cette fois correspondait à la fois où elle avait imposé à sa meilleure amie de jouer les chauffeurs muets. Elle se blottit dans le coussin du canapé et se remit en position face à l'écran plasma. Johanna avait toujours été très sûre d'elle, mais ce qui s'était passé avec Stelian ce jour-là ne faisait pas partie des épisodes de sa vie dont elle était le plus fière. Elle l'avait été en recevant son diplôme qui lui permettait de faire les études dont elle avait envie. Elle l'avait été en entrant dans l'école qu'elle avait choisie, et ce par elle-même et non pas par l'influence d'on-ne-sait-qui qui l'aurait pistonnée. Elle l'avait été en voyant qu'elle avait de la notoriété, d'une certaine manière même si ça n'était pas forcément celle qu'elle voulait à la base. Mais sûrement pas pour être rentrée dans cette appartement ce jour-là. « J'aurais pas dû, t'as vu dans quel état ça m'a mise ? » Elle eut un rire un peu forcé, mais elle ne voulait pas montrer à quel point ça l'avait touché. Après tout Johanna avait toujours été un personnage très entier, et faire parvenir plusieurs choses à la fois n'était pas dans ses cordes. Pas pour le moment.

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Amy Rose savait pertinemment que sa jumelle ne se laisserait pas amadouer aussi facilement. Malgré les yeux qu'elle lui lançait pour que Johanna lui révèle la mésaventure de cette semaine, celle-ci ne semblait ne pas vouloir se laisser faire. Amy plissa alors les yeux et retroussa les lèvres tout en la regardant d'un air sceptique. Anna lui jeta un dernier regard avant de soupirer tout en marmonnant une réponse qu'approuva sa meilleure amie. Celle-ci allait enfin lui raconter ce qu'il s'était passé cette semaine. C'était comme l'un de ces feuilletons où on attendait sans cesse la suite avec impatience. L'impatience et le suspens était là. Amy se rapprocha alors de son amie, serrant le coussin qu'elle avait dans les bras. Son mouvement fit descendre Batman, leur chat de maison, sur le sol. Il miaula en direction de la jeune fille qui lui tira la langue puis il vint s'installer à la place de celle-ci. Johanna ne semblait pas très à l'aise, elle essaya parfois de dissuader son ami mais le regard qu'elle lui adressait à son égard ne pouvait que la forcer à tout dévoiler.
elle débuta son récit par ce garçon dont elle lui avait parlé auparavant, son nom avait échappé à Amy mais elle se souvint très bien de ce garçon. Un gars un peu manipulateur qui avait toutes les filles qui lui tombaient dans les bras, d'ailleurs, elle ne comprenait pas réellement pourquoi. Les filles devenaient vraiment de plus en plus naïves et cruches. Comment aimer un homme qui n'éprouvait pas le moindre intérêt pour elles ? Enfin, encore faut-il qu'elles sachent la véritable signification du mot amour. D'un autre côté, c'était aussi de la faute de ce coureur de jupons. C'était une sorte de salaud en bref. Bon, restons concentrés sur l'histoire de Johanna.

▬ Tu sais, le genre que toutes les filles s'arrachent, qui choisit une et qui la jette le lendemain.

Oui, un salaud quoi. Amy sentit la colère monter en elle, mais d'un autre côté, la curiosité dépassait ce sentiment et elle put rester calme. Pourquoi en colère ? Non mais, si votre amie vous parle d'un garçon et que celui ci est un briseur de coeur, je vous jure que votre réaction sera aussi normale que la sienne. Amy se rappela de cette scène comme si c'était hier. Il pleuvait ce jour là, et pas seulement de petites gouttelettes, il pleuvait des cordes. elle avait reçu un appel de sa meilleure amie, au bout du téléphone, elle comprit que cette dernière semblait perdue. Sans se soucier de quoique ce soit, elle s'était levée de son lit et avait foncer vers la voiture afin de la récupérer. Lorsqu'elle la retrouva, elle ressemblait à un chat errant, perdu, seul et triste. Oui ça faisait pitié mais c'était plus de la compassion que ressentait ce jour là Amy. Lorsque Johanna prit place dans le véhicule, Amy ne lui demanda rien, elle ne lui posa aucune question. Johanna était déjà si bouleversée qu'empirer son cas ne serait pas la meilleure chose à faire.
Anna rajouta qu'ils s'étaient revus plusieurs fois et en entendant cette phrase, Amy ne put s'empêcher de rouler des yeux, en faisait attention que son amie ne la voit. Comment s'attacher à un homme qui ne la méritait pas ?
Ne pouvant supporter un peu plus longtemps le regard de sa meilleure amie qui ne faisait que lui mettre un peu plus de pression, elle déclara enfin qu'elle était avec lui ce jour-là.

« Je le savais.»

Amy dut se retenir de hurler cette phrase. Elle le savait, ça se sentait. Elle n'avait qu'une envie, c'était d'aller le voir et lui flanquer un bon coup de poing dans la tronche. Amy comprit en observant son amie qui semblait se refermée un peu sur elle-même qu'elle avait passé une mauvaise fin de journée avec lui. Il lui avait fait du mal. L'esprit de la magicienne commença à s'emballer et elle commença à imaginer les pires scénarios qui pouvaient exister.

▬ J'aurais pas dû, t'as vu dans quel état ça m'a mise ?

▬ Ha, pour te dire, j'ai encore tes yeux bouffies dans la tête.

Amy sortit cela sur le ton de la plaisanterie afin d'égayer un peu sa soeur de coeur. Malgré le fait qu'elle esquissa un léger sourire, elle savait qu'au fond, elle était blessée. Par quoi ? Ca elle l'ignorait. Néanmoins, elle commença à jurer avec soi-même que si elle tombait sur ce gars, elle lui ferait la peau. Elle irait même jusqu'à le défigurer - oui c'est un timbrée, je sais.
Des histoires d'amour, il y en avait tellement qui finissaient mal qu'Amy se demandait si une véritable histoire d'amour romantique avait la possibilité de faire surface sous ce tas d'histoires infectes.
En parlant d'amour, Amy était tombée amoureuse une fois. Un fois et seulement un fois. Pourquoi ? Eh bien...Parce que. Elle s'était jurée de ne plus tomber amoureuse, elle attendrait seulement l'homme idéal, avec qui elle pourrait passer le restant de ses jours à vivre une vie heureuse.
Elle termina d'une traite son chocolat chaud puis reporta son attention sur Johanna. Un multitude de questions se bousculèrent dans sa tête, mais tout d'abord, une question la chiffonnait, néanmoins, elle préféra la garder en réserve.

▬ Dis moi Anna, il s'est passé quoi exactement ce jour là ? Tu sais, un homme qui te fait du mal ne mérite même pas ton attention.

Johanna devait le savoir, elle le savait. Savoir quoi ? Savoir que lorsqu'un garçon faisait du mal à une fille, cette fille devait éprouver un désintérêt pour lui. Elle était quelqu'un de fort et d'indépendant, personne n'avait réussi à ouvrir son coeur - sauf Amy huhu, si ça ne tenait qu'à elle, elle se marierait avec Johanna.

▬ Je n'ai qu'une envie, c'est lui arracher la tête. Si je le crois une jour dans la rue, je lui ferai sa fête. On ne fait pas de mal à ma Anna comme ça d'abord.

Amy tourna ensuite la tête vers le film : The Notebook. C'était si touchant de voir ce vieil homme qui tenait tant à raconter son histoire à cette dame qui n'était autre que l'amour de sa vie. Une histoire d'amour aussi belle, pouvait elle avoir lieu ?
Finalement, la jeune fille se décida à poser une question délicate mais qui avait besoin d'une réponse concrète :

▬ Anna. Tu l'aimes ?

Amy regarda Johanna droit dans les yeux. Bien que ça pouvait la déstabiliser, voilà trop longtemps qu'elle attendait cette réponse. Elle avait peut de celle-ci, mais il fallait en être sûre. Elle ne voulait surtout pas que son amie se blesse encore une fois...A cause d'un salaud.

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« Ha, pour te dire, j'ai encore tes yeux bouffies dans la tête. » Johanna attrapa un oreiller et le lui lança à la figure, que sa meilleure amie réceptionna dans un rire suivi d'excuses auxquelles Anna ne prêta pas attention, préférant se joindre à elle le temps d'oublier qu'elles parlaient de problèmes. Elles reprirent vite possession de leurs tasses respectives, et lorsqu'Amy vida la sienne, elle décida de prendre la parole et entrer dans le vif du sujet. Elle n'y était jamais allée par quatre chemins, la magicienne du feu avait toujours été d'un naturel très franc. C'était en partie pour cela que Johanna n'hésitait jamais bien longtemps avant de lui demander d'émettre son avis. « Il en faut plus pour me faire du mal, tu me connais... » Et c'était pour cette raison qu'elle parvenait si bien à la cerner. Bien sûr que Stelian lui avait fait du mal, plus qu'elle ne l'avouerait jamais. Et pourtant elle s'acharnait à penser que ce n'était pas le cas, qu'elle n'en avait rien à faire alors qu'au contraire, elle se sentait rarement aussi mal. Elle rejeta la tête en arrière et écouta son amie exposer ses envies de meurtre, un sourire amusé éclairant son visage. Amy avait toujours eu des réactions semblables à celles d'une enfant, et l'entendre clamer qu'elle arracherait la tête de quiconque ferait du mal à « sa Anna » était tellement adorable qu'il était difficile de ne pas s'en amuser. Parfois, les gens s'étonnaient de l'amitié qui liait Johanna à Amy Rose. Elles étaient tellement différentes que l'on se demandait fréquemment quelle opération du Saint-Esprit avait bien pu croiser les chemins de ces deux drôles de dames. Rien ne les prédestinait à s'entendre, et pourtant le lien incassable qui les liait l'une à l'autre était de ceux qui, quoiqu'il arrive, était juste impossible à oublier.

Et alors que les regards de Noah et Allie se croisaient, Johanna éclata de rire. Elle manqua de s'étouffer avec un morceau de pop-corn caramélisé mais l'avala à temps. À la question « Tu l'aimes ? » il était difficile de faire autrement. Pourtant ce rire sonna terriblement faux. Ce n'était pas de l'amusement qui le conduisait, seulement un sentiment incommensurable de gêne mêlé à ce besoin de fuir sans cesse la réalité. Se voiler la face avait toujours été ce que Johanna faisait de mieux, que ce soit pour des choses futiles comme celles plus importantes. Et alors qu'elle continuait de rire, elle disparut. Emportée par le choc d'une surprise un peu trop forte, elle avait été éclipsée pour se retrouver au milieu de la neige, dans son « Royaume » comme elle l'appelait. Face à son château cristallisé, assise dans la neige qui ne fondait pas ni sur les vêtements ni dans les cheveux. Elle regarda autour d'elle et lâcha un soupir. Il fallait qu'elle se calme, ou Amy finirait par se poser des questions, un peu trop de questions. Inquiéter sa meilleure amie était la dernière chose qu'elle voulait, et disparaître brutalement de cette manière n'arrangeait en rien sa condition. « Non non non ! Faut que je rentre... pourquoi maintenant ? » Son Don était d'une instabilité alarmante, mais jamais elle n'avait cherché à le contrôler. Pourtant la perte de contrôle était sa hantise dans la vie, mais cette fois-ci l'idée était différente. Doucement, elle ferma les yeux et resta agenouillée dans la neige, les mains jointes comme pour faire une prière alors qu'elle n'acceptait pas l'existence de forces divines. Lentement mais sûrement, l'air se réchauffa, et lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se retrouva à nouveau dans le salon, en compagnie d'une Amy légèrement retournée.

Bien sûr, elle avait déjà été témoin d'une éclipse de Johanna. Dans les premiers jours de leur colocation, la maîtrise de ce nouveau don était encore plus approximative qu'aujourd'hui, et il était arrivé à Anna de disparaître après avoir éternué. Désormais ce phénomène ne se reproduisait que rarement, et c'était surtout parce que Johanna veillait à ne plus se laisser surprendre par un éternuement. Mais il n'était pas rare de la voir rejoindre son royaume spontanément suite à une frayeur causée par une Amy bondissant derrière la porte en hurlant « BOUUUH ! » comme la gamine qu'elle était. Johanna remit son plaid sur ses jambes et se cala entre ses coussins comme si cet imprévu n'avait jamais eu lieu. « Excuse-moi, tu m'as un peu prise à dépourvu. » Elle eut ce sourire de pimbêche, comme chaque fois qu'elle se préparait à répondre une idiotie qu'elle-même peinait à croire. « Tu sais que j'ai renoncé à ça, depuis le temps... » Johanna ne supporta pas plus longtemps le regard insistant d'Amy sur elle, et reporta à nouveau son attention sur le film. La fuite avait toujours été sa solution magique, comme si laisser les pronlèmes s'entasser permettait de les résoudre. Elle-même se savait plus intelligente, mais comme d'habitude elle fermait les yeux sur l'évidence.

Johanna s'était toujours dit que les histoires d'amour et autres conneries dans le genre étaient faites pour créer un semblant d'espoir dans le cœur des petites filles. Il y avait longtemps qu'elle n'était plus une petite fille, alors le prince charmant, elle ne l'attendait plus. Amy Rose elle-même savait à quel point sa meilleure amie trouvait le terme « amour » et ses dérivés totalement vide de sens. « Aimer, c'est un concept. » C'est ce qu'elle avait dit le jour de la Saint-Valentin, alors qu'elles dégustaient ensemble une barbapapa sur les bancs du parc de Kalel, en jolies célibataires fières de l'être qu'elles étaient. Aujourd'hui encore elle campait sur ses positions, même si son cœur lui-même était en désaccord avec son esprit. Mais elle était trop bornée pour le voir, cette idiote de Johanna. « T'as déjà été amoureuse, Amy ? » Bonne question. Elles n'avaient jamais abordé le sujet ensemble. Et quoi de mieux qu'une soirée devant The Notebook pour discuter de romance ?

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A peine avait-elle eu la possibilité de poser cette question à haute voix que Johanna avait disparu en une fraction de seconde. D'abord perplexe, Amy leva son bras à l'endroit où se trouvait normalement Johanna et l'agita à cet endroit. Puis elle tapota le siège de sa meilleure amie avant de retirer sa main et caresser Batman, leur chat, qui était venu se blottir sur ses jambes. Cela était assez fréquent lorsqu'Anna se sentait attaquée, frustrée, en colère ou surprise. Enfin, ce n'était pas si récurrent que cela car dans leurs débuts, c'était totalement involontaire. Elle ne maîtrisait pas du tout ce pouvoir. C'est pourquoi, il arrivait que Johanna disparaisse alors qu'elle se servait du thé. Durant sa courte absence, Amy était souvent là pour nettoyer les dégâts. Ronchonnant un peu, elle s'énervait parfois contre Johanna à cause de ça. Mais au fil du temps, elles savaient que ce n'était pas vraiment de sa faute et c'est pourquoi Johanna avait fait d'énormes efforts pour contrôler son pouvoir afin de ne plus importuner son amie qui avait accepté cet imprévu.

▬ Excuse-moi, tu m'as un peu prise à dépourvu. Tu sais que j'ai renoncé à ça, depuis le temps...

Amy sursauta légèrement car elle ne s'attendait pas à ce qu'elle revienne aussi vite. Elle l'observa alors longuement et sans s'en rendre compte, usa de son pouvoir de vérité. Johanna n'avait pas totalement répondu à sa question et ce qu'elle disait était à moitié vrai. Elle avait une certaine attirance...Amy ne pouvait savoir si elle l'aimait ou non, mais elle pouvait juste savoir qu'elle avait une certaine attirance pour cet homme. Etant sa meilleure amie, la mage de feu n'avait jamais utilisé son pouvoir de vérité pour forcer Anna à lui avouer quelque chose. Jamais. C'était contre ses principes vis à vis des êtres qui lui étaient chers. Si ils voulaient lui dire quelque chose, c'était leur choix.
Pour Johanna, l'amour était un concept, ce n'était qu'une chose fade sans intérêt. On était jamais heureux en amour. Jamais. Les garçons étaient des menteurs, les filles aussi.

▬ T'as déjà été amoureuse, Amy ?  

Sur ces mots, la jeune fille se crispa et manqua de faire tomber sa tasse. Des souvenirs refoulés refirent surface et son nez commença à lui piquer. Amy avait très peu parler de son histoire avec ce garçon à Anna. Enfin, bien évidemment, Johanna connaissait l'intégralité de la tragédie de son histoire, ou presque. Elle n'avait jamais mentionner son prénom. Elle le désignait seulement par : ce garçon, ce gars, lui. Comme si ce n'était qu'une période de sa vie sans grande importance. Alors que c'était bien le contraire.
Amy ne pouvait pas réellement mentir à Anna, elle n'y arrivait pas tout court. Et puis, tant qu'on y est, devenant un film romantique et après ce qu'a dit Jo', c'était à elle de continuer.

▬ Avant...Oui. Tu sais le garçon dont je t'avais parlé, quand j'étais petite. Il s'appelait Jaden. Il était gentil, un peu énervant parfois, il m'embêtait tout le temps. Mais c'était aussi mon meilleur ami. On passait nos journées ensemble. Et...En fait, c'est lui qui a indirectement tué ma famille.

Sur ces mots Amy se mit à pleurer. De la rage, de la haine, de la tristesse. Tout ça c'était de sa faute. Non de la sienne. Si elle ne lui avait pas adressé la parole. Si elle ne s'était pas lié d'amitié avec lui. tout cela ne se serait pas passé. D'un revers de la main elle essuya furtivement les larmes qui coulaient sur ses joues puis regarda l'écran de la télévision.

▬ Au moment de se séparer, lorsque j'avais compris que c'était à cause de lui. J'ai, sans faire exprès, fait une chute qui m'a mise dans le coma pendant plusieurs mois. Je faisais des crises d'angoisse à l'hôpital. Chaque nuit.

Amy serra les coussins dans ses bras puis raconta plus précisément sa rencontre avec ce garçon, ce qu'il faisait, pourquoi était-elle tombée amoureuse de lui etc.
Son récit se termina en même temps que le film. La mage décida de finir sa phrase tout en rangeant le dvd et en éteignant la télévision puis vint se rasseoir près de Johanna.

▬ Avant qu'on ne reparte sur moi. Tu n'as pas réellement répondu à ma question. Tu éprouves quand même quelque chose pour ce mec non ? Celui de cette semaine. Ne mens pas, ça se voit.

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Comme à chaque fois que l'on mentionnait son passé, Amy Rose plissa le nez. Les histoires de cœur n'avaient jamais été un sujet sur lequel les deux colocataires s'aventuraient ; c'était bien trop compliqué, même pour elles-même. Johanna n'avait jamais aspiré à une romance à l'eau de rose, et pourtant une petite part d'elle aurait voulu que ce soit différent avec Stelian. Mais elle s'était fait des illusions stupides, elle ne valait pas mieux que toutes celles qui avaient espéré faire la différence en tentant de ramener le Diable en personne vers la pseudo-lumière. Risible. « Tu sais le garçon dont je t'avais parlé, quand j'étais petite. Il s'appelait Jaden. » Johanna hocha la tête et sirotant son chocolat légèrement refroidi, les yeux rivés vers l'écran plat mais les oreilles attentives à chacun des mots prononcés par sa meilleure amie. « Et...En fait, c'est lui qui a indirectement tué ma famille. » Hm. Finalement s'aventurer sur le sujet n'avait pas été une si bonne idée que ça. Égoïstement, Anna avait détourné le sujet et voilà qu'Amy Rose se mettait à pleurer. Elle se mordit la lèvre inférieure en entendant un sanglot s'échapper de la gorge de son amie, mais elle n'eut pas le temps d'esquisser un mouvement supplémentaire car la magicienne essuya rageusement les perles salées qui roulaient le long de ses joues. « Oh non Amy, ne pleure pas s'il te plaît... » Faire de la peine à Amy Rose était l'une des rares choses que Johanna ne pouvait supporter sur le plan émotionnel. Et pourtant ça n'était pas la peine qui avait fait pleurer Amy, juste un trop plein d'émotions. C'était l'un des très rares traits de caractère qu'elles avaient en commun, et qui pourtant leur allait si bien.

Elle s'empressa de poser sa tasse sur le côté tandis qu'Amy poursuivait son histoire. Anna prit la main d'Amy dans la sienne et la serra suffisament fort pour qu'elle se rappelle, chaque fois, qu'elle n'était pas obligée de revivres ces douloureux souvenirs, qui sonnaient pourtant très doux à ses oreilles. Anna eut la décence de ne faire aucun commentaire, quand bien même elle n'approuvait pas ce que Jaden avait pu faire subir à sa pauvre Amy. Pourtant, ce lien Ô combien platonique eut le don d'émouvoir Johanna, bien qu'elle ne le montra pas explicitement. « Tu sais, j'ai toujours pensé que tes histoires de cœur étaient simples... mais j'étais carrément à côté de la plaque. » lança-t-elle pendant qu'Amy rangeait le DVD qu'elle venaient de terminer pour la vingtième fois. Anna se blottit dans les coussins du canapé et attendit qu'Amy ne revienne poursuivre leur soirée "on discute de tout et de rien pourvu que ça nous maintienne éveillées jusqu'à pas d'heure". Elle ne tarda pas à sauter dans le canapé en faisant rebondir l'édifice moelleux formé par la pile d'oreillers, remettant le sujet qui fait mal sur le tapis. « Tu éprouves quand même quelque chose pour ce mec non ? » L'ombre d'une grimace passa sur le doux visage de Johanna. Ne mens pas ajouta Amy, ce qui eut don de faire revenir son sourire. « Ce serait te mentir que de te répondre "rien"... » Un trop gros mensonge difficile à faire avaler ne valait rien dans le cas présent. Johanna s'enfonça dans le sofa et obseva longuement le plafond, fouillant dans son esprit à la recherche de ce qu'elle éprouvait pour ce salaud avant la colère qui avait détruit des dernières journées. « Déjà, ne t'en fais pas : je n'ai pas de papilons dans le ventre quand je pense à lui. » Un mince sourire en coin étira ses lèvres. Il fallait annoncer la couleur, autrement Amy se lancerait dans d'atroces suppositions qui lui vaudraient une analyse psychologique à la Key-Relyse qui leur prendrait des jours entiers tant Johanna était bornée.

Croisant les jambes tout en enroulant nerveusement ses mèches blond pâle entre ses doigts. « Je me sens comme... attirée par lui. » C'était un bon résumé ; comment expliquer cette tension sexuelle qui planait entre eux, sans passer pour la fille qui ne pensait qu'avec son entre-jambe ? C'était encore un peu cru comme constatation, Anna elle-même en était très largement consciente. Malgré tout elle s'accordait à penser que l'attirance physique n'était pas ce qui l'enchaînait à lui. « Je sais très bien ce tu penses, Amy. Je ne suis pas amoureuse, tu sais bien que c'est pas mon truc, ces choses-là... » Elle s'attendait à la question qui brûlait les lèvres de sa meilleure amie, qu'elle lui posait silencieusement, avec des yeux graves et insistants. Alors c'est quoi, ton truc ? Le truc de Johanna, c'était Stelian, tout simplement. Son être entier respirait le mal, et pourtant il y avait quelque chose d'excitant dans ce côté obscur, qu'elle n'aurait jamais pu connaître sans lui. « Il a ce côté imprévisible qui m'attire vraiment. J'ai beau toujours faire la même chose, il réussit à me surprendre à chaque fois et c'est vraiment troublant. » Tout ce temps, elle avait brûlé de curiosité quant à ce qu'il lui faisait subir. C'était le petit côté maso de Johanna, tellement indécent qu'elle en aurait presque rougi, si elle n'avait pas été elle. Consciente d'avoir beaucoup trop parlé, elle passa une main sur ses lèvres et pouffa de rire. « Depuis quand je parle autant ? ... Amy, t'avais promis ! » Faussement contrariée, elle saisit l'oreiller sur lequel était posé Batman – qui feula en bondissant sur le tapis – et le balança sur Amy en éclatant de rire. Quoi de mieux pour changer de sujet que de remettre la faute sur le don incontrôlé de sa meilleure amie qui forçait ses interlocuteurs à lui dire la vérité. Bien sûr qu'elle n'avait pas utilisé cette capacité, Johanna n'avait pas été très honnête sur ses confessions... mais elle se dissimulait la vérité à elle-même, alors pouvait-on réellement la blâmer ?

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