Kidnapping.

ksana explosa simplement de rire. Elle en pouvait plus, de cette vie à chier; elle en pouvait plus, de tuer, de voler, de mentir, de survivre; elle en pouvait plus, juste, plus du tout. Elle en avait perdu un bon morceau de raison, dans cette course effrénée qu'était son existence. Elle n'avait rien, n'était rien; de quoi vous faire une bonne dépression, heiiin... Non, elle en avait juste marre. Elle se démenait comme une folle, mais au final, elle s'empêtrait. Il était peut être temps de changer de méthode.

N'empêche, là n'était pas la question. Ni le moment. Surtout le moment. Il y a peut être des temps où l'on peut se poser à méditer sur sa place dans l'univers et comment vivre sa vie, mais une chose est (plus ou moins) sûre, ce ne se ferait surement pas en cours de défiguration. Il serait préférable de s'intéresser à ce que l'on fait au moment où on le fait, non...? Non pas que se questionner à ce propos avant de l'exécuter n'est pas une bonne chose, mais là n'est pas le problème. Penser avant d'agir, Oksy connaissait pas, d't'façon. Elle s'assit sur le mec gisant piteusement et s'étira joyeusement. Il était K.O., le pauvre... Et pourtant, il trouvait encore la force de l'énerver... Cet homme avait la foi. La motivation. Tout ça. Elle regarda le ciel nocturne dont les lumières demeuraient cachées derrière des nuages de pollutions et pencha la tête, en pleine réflexion.

▬ Voyons...

Elle se propulsa légèrement, l'écrasant encore plus et rebondit sur lui alors qu'elle souriait joyeusement.
Cela pouvait paraître bien futile, voire ridicule comme question; elle avait toujours obéit. Elle ne savait faire que cela, pour survivre. Obéir. Mercenaire, voilà ce qu'elle était, que cela ne soit une question de choix n'avait pas concrètement d'importance. D'ailleurs, tout le monde n'obéissait-il pas à quelqu'un ? Oh là... Voilà qu'elle apprenait la philosophie... Elle lança un regard cynique à monsieur éponge qui dégustait le sol froid et encore partiellement couvert de neige et frotta joyeusement son crâne qui vint s'écraser d'avantage sur l'asphalte -elle avait un peu de mal à doser sa force, okay ?!-

▬ Et toi, t'en as pas juste marre d'être con ?

Non parce que se faire des ennemis, c'était naturel, mais fallait les choisir aussi... Bon, elle était peut être bien placée pour savoir qu'on ne "choisissait" pas nos ennemis, m'enfin... N'empêche que ce type avait chercher les mauvaises personnes. Que ces mauvaises personnes c'étaient pointés chez elle à 2h du mat alors qu'elle était en vrac. Qu'ils lui avaient foutu une bonne liasse de billets sous le nez. Et que cela n'avait pas suffi à calmer la haine subite occasionnée par un réveil prématuré. Traduction : ne pouvant se défouler sur de potentiels clients, elle empocha le fric et alla péter la gueule d'un pauvre citoyen innocent ayant juste commis la bourde de plumer le mauvais pigeon. Déjà, il était pas plumé, ensuite, il avait grave envie d'avoir sa peau, maintenant. En plus de récupérer son pognon, certes... Elle plongea la main dans la poche de sa veste en cuire, sorti un portable et tapa un numéro. Mission accomplie, elle avait : a) découvert comment récupérer l'argent, b) défoncer le pseudo-arnaqueur, c) gardé juste assez en vie pour qu'il puisse s'en charger lui-même. Bien que ce dernier point avait d'avantage tendance à la chagriner... Elle aurait pu empocher l'argent, comme la serpillière le lui avait proposé, mais à quoi bon : elle fuyait déjà des sales types, elle allait pas s'en rajouter d'autres... Le coup de file passé, elle glissa le portable dans sa poche et rabaissa le regard sur Serpillière-man. Elle n'avait alors plus qu'à attendre patiemment que l'on vienne le chercher, en échange de la seconde part de son salaire. Et que pouvait-elle faire d'autre que ruminer un passé imaginaire et se questionner sur le sens de sa vie même ? Putain mais il était vraiment temps qu'elle trouve une autre méthode...

Un long moment s'écoula ainsi. Contemplant un croissant de lune lointain et éclatant, elle songeait à des choses et d'autres. Comment les gens "normaux" vivaient-ils ? Elle n'en avait pas croisé beaucoup, aussi; Anya et Ivan, qui l'avaient recueillie à son réveil, avant de disparaître tragiquement, le médecin qu'ils avaient consultés à la recherche de son identité et... Bertram. Et c'était tout. Pas franchement de quoi se faire une idée précise de ce que "vie normale" pouvait signifier. Sérieusement... Et elle faisait comment, elle, pour trouver le mode d'emploi d'une idylle qu'elle n'avait jamais ne serait-ce qu'imaginé. Enfin, non... Ce n'était pas vraiment exacte, n'est-ce pas ? Elle l'avait imaginé, rêvé... Elle l'avait joué, aussi. Elle ferma les paupières et murmura un air qui la hantait depuis son réveil. La seule chose qu'elle n'avait pas oublié -ou qu'elle avait entendu pendant son sommeil qui l'avait précédé. Les accords, elle s'en souvenait encore aussi. Le violoncelle. N'aurait-elle pas du l'oublier aussi ? Pourtant, elle se "souvenait" encore comment tenir l'instrument, poser les doigts... Bien que cela se rapprochait d'avantage d'une espèce d'instinct.

Alors qu'elle divaguait, elle entendit un bruit de verre et se redressa brutalement -peut être un peu trop même. Prise d'un léger vertige, elle tourna la tête en direction de la provenance du bruit en retombant sur sa victime qui poussa un piteux gémissement après s'être reprit plusieurs dizaines de kilos sur le bide. Clignant des yeux, elle regardait l'homme qui se tenait devant elle, et qui semblait pourtant si propre sur lui. Sur le moment, elle bugga : elle avait déjà croisé un honnête citoyen ici bas, mais alors deux... What the hell...? Elle cligna de nouveau des yeux et le détailla du regard, elle qui était couverte du sang de Serpillière-man et complètement débraillée, mal sapée. Elle se sentait un peu minable, d'un coup... Mais en même temps, il n'avait franchement pas la tronche d'un crimo'... Elle fronça les sourcils avant de se détendre et d'afficher un immense sourire digne de la pub colgate, le tout avec une de ces voix qu'ont les standardistes.

▬ Vous désirez...? ♥

Je t'avoue que tout de suite, je voudrais rentrer chez moi et dormir. Mais sinon...

Tu le veux ?

Kidnapping.

e type qui venait d'apparaître était grand. Très grand. Plus grand qu'elle, brun... Et profondément normal. Enfin, de ce qu'elle en voyait dans cette obscurité quasi-totale : c'est à dire sa silhouette et... Rien d'autre. A part de petits bruits ressemblant vaguement à des gémissements en provenance de ses bras. Enfin, de ce qu'il tenait visiblement dans ses bras, hein, pas de ses bras même... BREF. Clignant bêtement des yeux en regardant l'inconnu, Oksana tentait vainement de trouver des particularités à celui qu'elle ne pouvait voir, n'étant pas nyctalope, elle attendait qu'il lui réponde. 'Tain... Et dire qu'elle s'était montrée polie, pour quoi ? Pour du silence. Du putain de silence (notez qu'Oksy est d'un naturel particulièrement poli). Enfin, sans compter les gémissements. RAH MERDE. L'homme sourit. Ouais, elle s'en rendit compte parce qu'il avança d'un pas, ce qui est fort pratique car elle put enfin voir SA FACE. Sa face... Qui n'avait rien d'extraordinaire. Tant de mystère pour... Pour ça. Anya gonfla la joue, en mode grosse boudeuse de quatre ans, et écouta monsieur tout-nwaar (...parce qu'il sortait de l'ombre. chut.) lui répondre qu'il voudrait bien, dans l'immédiat, rentrer chez lui et pioncer. Prenant un air un peu lugubre, Oksana lança un « On est deux. » furtif, avant d'appuyer sa tête sur ses genoux qu'elle venait d'attirer à elle. Le détaillant comme elle le faisait toujours en rencontrant quelqu'un, elle nota qu'il n'avait pas particulièrement l'air louche -à part pour ce qui était des gémissements venant de ses bras-, mais se décida à ne pas baisser sa garde pour autant. Habitude, quand tu nous tiens... Le type attrapa quelque chose se tenant dans ses bras et le souleva, de sorte qu'elle comprit enfin ce qui jappait de la sorte, et ouvrit d'immense yeux de bébé phoque attendrit mixé avec la peur d'écraser une fourmis trop mignonne. Oui, bizarre.

▬ Tu le veux ?
▬ Eloigne ça de moi, sois sympa. 

Ce qui pouvait paraître d'autant plus étrange que, sur sa tête, il était écrit en gros en long en rouge, en brillant à 18km "JE LE VEUX IL EST MIGNON ZERTYHGFDS." Se ressaisissant comme elle pouvait, elle pria pour que ses employeurs n'arrive pas immédiatement. Elle serait complètement décrédibilisée. Par deux petits êtres tous mignons. Trop mignons. Elle en voulait un.

▬ Je suis même pas capable de m'occuper de moi, qu'est-ce' tu veux que je fasse d'un tout petit être fragile ? Je pourrais le casser sans même le vouloir. 

Boudeuse. Et c'était si vrai ! J'en veux un j'en veux un j'en veux un j'en veux uuuuuuuuuuuuuuun C'EST CUTE. Oksana se découvrait à la fois du vocabulaire et une âme sensible. Ou fangirl. Ou... Voilà. Le tout petit être braillait -ou du moins, cela y ressemblait-, et Oksana avait presque envie de sauter sur le type face à elle pour récupérer le chaton -ce qui était ridicule dans la mesure où il voulait le lui refourguer. Mais il fallait bien se rendre à l'évidence : il ne survivrait surement pas ici. Continuant sa démarche d'observation poussée du jeune homme -elle ne connait pas son âge, alors oui, JEUNE HOMME-, elle finit par étendre ses jambes et s'étirer, marmonner un « 'Tain ils sont longs... » et se relever. Marre de se sentir minuscule. Voilà. Maintenant, elle se sentait juste petite. Curieuse comme elle était, elle ne put s'empêcher d'avancer d'un pas et de faire une moue de gamine suspicieuse, avant de se mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir le fixer d'encore plus prêt.

▬ Je peux savoir ce que vous faîtes ? Vous êtes, euh... De la fourrière ?! 

Fourrière = méchants = casser sa gueule. Oui, le monde d'Oksana était très manichéen. Gentils, méchants. Gentils = veut pas te buter, méchants = veut te buter. Autant le dire, sa vision du monde n'était pas particulièrement compliquée -bien moins, paradoxalement, que pour une personne lambda. Bien que pour le coup, elle faisait complètement à côté de la plaque. Et dire qu'elle venait de passer à tabac un pauvre type... Ah ouais, il y avait les victimes, aussi, dans son monde. M'enfin, ça comptait pas.

Autant le dire, elle faisait profondément gamine de six ans qui, en toute logique, ne survivait pas dans ce genre d'endroits. Son comportement de gosse pouvait parfois la rattraper, que voulez-vous. Elle fronça les sourcils. Elle y voyait pas supra bien, mais elle crut voir un... Truc rouge sur son front. Un... Tatouage...? Sur son front ? Euh, bah, chacun son trip. Au moins, cela eu l'avantage de la réveiller. C'est dangereux les chatons. Très.

▬ ...Mais vous êtes qui au fait ?