Sombre Clarté
Azura Clayton Feat Veneg S. Blackwood
Le réveil a été dur, aujourd’hui aussi. A vrai dire, c’est à cause de l’hiver. Ces derniers temps, l’air s’est refroidi. Les feuilles tombent, tout se meurt. Même le soleil semble avoir disparu. On est obligé de ressortir ses vieilles affaires d’hiver, et on se dit alors qu’il faut absolument en acheter de nouvelles, étant donné leur état d’immondice avancé. Rallumer le chauffage, vérifier l’isolation, ressortir gants, vestes et écharpes, et remarquer que le soleil est absent alors qu’il est à peine 7h du matin, de même lorsqu’il est 18h du soir. Voir la déprime s’installer peu à peu, et manger toujours plus de sucreries, en priant pour que la chaleur revienne plus vite. Sentir ses muscles se faire plus lourd, ainsi que ses doigts s’engourdir jusqu’à ne plus les sentir.
…Je déteste l’hiver. Réellement.
Et c’était dans cet état d’esprit là, que je rentrais dans le métro, à 7h45 du matin, mon téléphone à la main, mes écouteurs blancs sur les oreilles, et mon sac de sport large sur les épaules. Comme c’était dimanche, la population utilisant le métro se limitait à… Presque rien. J’avais même réussi à me dégotter une place assise, dos à a fenêtre, et j’écoutai ma musique préférée. Mais si tu sais, celle qui te donne toujours le sourire dès que tu l’écoutes, tandis que le monde devient plus rose d’un coup. Pire qu’un antidépresseur. J’avais enfoncé mon menton dans mon écharpe blanche, afin de cacher un bâillement.
La voix métallique et froide me réveilla. J’étais toujours sur mon siège, mon portable en main, toujours accroché à mes écouteurs. Cette voix de femme, robotique, que je n’appréciai guère, annonça l’arrêt du métro. Sautant de mon trône, je me précipitai vers les portes, mon sac sur l’épaule. L’air frais de l’extérieur m’arrachait le visage, et mes yeux décidèrent de verser quelques larmes. Je soupirai. Je haïssais vraiment l’hiver. Surtout quand il n’y avait pas de neige. Je trouve que la neige embellit le paysage, le rendant plus… Plus mystique. L’hiver n’est utile que pour ça. Peut-être ai-je encore une âme d’enfant ? C’est normal… ? Dans les rues, il n’y avait pas grand monde. Deux ou trois voitures passaient, mais rien de bien folichon. Je baissai les yeux sur un chat roux, qui miaula à ma rencontre. Je le fixai, embêtée. Je n’avais rien à lui donner. Enfin si, mais c’était pour moi, à la base. A contrecœur, je lui cédai un morceau de viande de mes spaghettis bolognaises, viande qu’il goba littéralement d’un seul trait, de sa bouche béante. Je refermai ma boîte contenant mon repas, et la refourguai dans mon sac, peinée, me demandant de ce que j’allai faire de cette boule de poil qui ne cessait de me suivre jusqu’à présent, et ce, jusqu’à ce que j’arrive à bon port à la piscine.
Davìd m’accueillait chaleureusement, comme il avait l’habitude de le faire, en me faisant même une petite étreinte au passage. Davìd, c’est le mec de l’accueil. Davìd, c’est le mec brun, un peu efféminé, non pas qu’il soit gay… Quoique, j’en sais rien. Davìd, c’est le russe, avec des boucles lui tombant sur le front, lui donnant un air rêveur. J’adore Davìd.
« C’est quoi cette chose qui te suit ? » M’avait-il demandé, taquin. Embarrassée, je lui avais raconté ma petite aventure, et me tapotant l’épaule, il me dit qu’il s’en chargerait, et qu’il verrait comment on aviserait ce soir.
Toute la matinée, je n’avais cessé de danser, encore, en vérifiant toujours les formations, les temps ainsi que les contretemps sur la musique, la matinée se soldant par des longueurs. L’après-midi, en revanche fut davantage intéressante, ainsi, on a pu réviser quelques portés dans l’eau, et une autre nageuse est restée un quart d’heure de plus pour réviser son solo. Le boulot se termina à 20h, et j’étais… Plutôt crevée, avouons-le. Je repassai devant Davìd, qui semblait avoir mis la bête en cage, non sans aucune difficulté, à la vue de ses « blessures » aux mains. Il m’a dit qu’à l’heure actuelle, il était prêt à le garder mais, n’étant pas un spécialiste des animaux, il me quémandera beaucoup de conseils. J’acceptai, ravie et soulagée, et dû courir pour attraper mon métro.
In extremis, je l’eu, et aussitôt, je m’affalai sur un quelconque siège se présentant à moi.
Une voix froide et métallique me réveilla de nouveau. Avec peine, j’ouvris mes yeux dorés, découvrant alors un métro vide, si ce n’est une vieille femme qui, au fond, parlait toute seule. Sentant le courant d’air caresser mon visage, je me précipitai dehors. Je découvris alors un paysage qui m’était jusqu’ici inconnu. Haussant un sourcil, je regardai mon portable pour connaître l’heure : 23h30. Bon, j’ai dû faire le tour de la ville 3 ou 4 fois ? Passons. Je détaillais vaguement mon nouvel environnement, et me rendis compte que j’étais descendue au mauvais endroit. Une fois ce constat fait, je me détournai, espérant rattraper le métro, mais celui-ci avait déjà fermé ses portes. Sceptique, je me remis à détailler le quai, amère. Un sans-abri dormait allégrement sur un banc en face de moi. Ne sachant que faire, je m’approchai de la carte placardée au mur avec écrit en gros et en rouge : « VOUS ÊTES ICI. ». Fantastique.
Je soupirai, et songeai à appeler Davìd s’il ne dormait pas encore. Le prochain métro passait dans une heure tout au plus, et je n’avais pas envie d’attendre davantage. Je me désolais d’embêter le brun à cette heure avancée de la nuit, tandis qu’il venait de récupérer un chat que JE lui avais amené. Malencontreusement, bien sûr. Voyant que le sans-abri s’était réveillé et me regardait étrangement, je décidai d’attendre dehors, sait-on jamais.
C’était… Abandonné. Oui, c’est le seul mot qui me venait à l’esprit quand je voyais le paysage. A ma gauche, le port, avec des bateaux qui flottaient calmement, et au loin, la mer. A ma droite, un quartier empli de maisons délabrées et recouvertes de mousse. Derrière ces quartiers, toujours plus loin, une route un peu plus… Active où passaient quelques voitures. Guidée par mon intuition –surtout par la vue de la route, mais fermons les yeux sur ce détail- je décidais de m’enfoncer dans ces quartiers à la noirceur réconfortante. Les lumières des lampadaires me guidaient, et calmement, je marchais tout droit, calme, apaisée, ma main dans mon sac, main qui serrait mon portable pour pouvoir le sortir lorsque je serais arrivée à bon port.