ft. Elliot Mathewsen

Everybody wants to rule the world

Le monde a changé et je l’ai accompagné, de gré ou de force.

Entre l’envie d’acquérir des connaissances sur tous les terrains possibles et le désir de me sentir libre de nouveau au travers des temps, j’ai survécu. Je me suis adapté aux nouvelles générations, j’ai fais preuve de détermination et de ruse pour rester vivant. Pas un survivant, non. Un être bien vivant, vif d’esprit et protecteur de sa liberté. Sauvage dans l’âme, martyre de sa condition. Pion de sa famille, fou de la reine qu’est cette soif de sang. Peu importe mon statut, peu importe ce qui me qualifie aux temps qui changent, j’en ressors toujours vainqueur. Plus fort et plus sanguinaire, plus autoritaire.

Je suis condamné à vivre et à voir le monde défaillir trop longtemps.
Que la loi du plus fort fasse rage, je m’y plierai sans cérémonie.
Et je ferai saigner le premier venu.

En attendant, je mène mon pouvoir sur mon entreprise et ce réseau de Crimson dont je suis le répondant. C’est ça, ma vie aujourd’hui. Une lutte constante contre mes instincts animales bien éveillés – gracieuseté de mon cher père – une colocation avec des émotions destructrices et une autorité qui prend de l’expansion sur les affaires. J’ai toujours eu une forte capacité à mener et à soumettre les sujets à mes idées, mieux vaut en tirer profit et jouer la vie comme une game de monopoly. Un peu de chance, un sens de la stratégie aiguisé et un paquet d’argent. À condition de ne pas se prendre la case de prison en pleine gueule.

Détaillant les lieux rapidement de mon œil critique, je fais une manœuvre précise et rapide pour arrêter la voiture sur un parking le long de la rue. Les passants sont plutôt nombreux en cette journée des moins froides que la Cité Nordique doit avoir connue. Le contact coupé, le moteur de l’Audi meurt lentement et plus rien ne me retiens à ce siège chauffant. Emmitouflé dans un manteau d’hiver coupé et ceintré juste à ma taille, mes épaules couvertes d’un foulard gris aux fines rayures turquoise, je me perds dans la foule avec ma mallette en main. L’hôtel qui s’élève dans le ciel m’est familier avec ses airs glaciales, ses grandes vitrines givrées. L’air chaud que j’expire se transforme en petit nuage blanc, légère fumée qui vient brouiller l’image devant moi. Le froid mord la peau de mon visage et c’est seulement à ce moment qu’une constatation évidente vient à moi. Je ne m’ennuyais pas de cette température, aussi douce soit-elle en cet instant.

Bonjour Froënbourg, tu ne m’a pas manqué durant toutes ces années. Pourtant, le sort en est jeté et je dois mener à bien la raison de ma venue ici. Un contrat à négocier, une dévotion à gagner par la force des mots et de la persuasion. Quitte à user de mes dons, j’aurai ce dossier qui me promet quelques milliers de dollars pour H2O. J’aurai ce contrat, quoi qu’il en coûte. Peu importe si c’est de l’orgueil mal placé ou seulement une futile raison de me prouver que la Crimson n’est pas mon gagne-pain. Ce que je veux, je l’obtiendrai livré à mes pieds.

La vibration de mon cellulaire refreine mes pas vers l’entrée de l’hôtel. La sonnerie s’élève dans l’air hivernal et j’y mets fin en glissant mon doigt ganté sur l’écran tactile. Dès que je pose l’engin sur mon oreille, je reconnais là la voix de la femme d’affaire que je dois rencontrer. Une fois les banalités échangées, elle s’informe de ma situation géographique, puis partage la nouvelle salle de réunion que son secrétaire a réservée pour notre entretien professionnel. Une erreur de l’hôtel, m’assure-t-elle en me présentant ses excuses. Je regarde rapidement l’heure qu’affiche la montre à poignet gauche, histoire d’être certain que l’heure n’est pas trop tardive. C’est à ce moment qu’un jeune homme me percute. Il m’agrippe l’épaule comme le ferait n’importe quel humain qui manque s’aplatir au sol, puis se reprend rapidement. Seulement, ce n’est un humain. Et je ne suis pas né de la dernière lune, j’ai bien sentis sa main glisser dans ma poche intérieur de manteau. Faut être complètement stupide pour vouloir voler un homme d’affaire instable émotionnellement et vampire de surcroît.

« J’arrive bientôt, merci beaucoup. » Courtes salutations, puis je coupe la communication en regardant cette silhouette s’affaler sur le sol. Ce que j’avais pris pour un jeune homme s’avère, sans contredit, un adolescent. Vampire. Quel idiot. Maintenant que je suis concentré sur ce qui m’entour, je sens son odeur planant encore dans l’air froid qui m’enveloppe. Je l’entends qui marmonne alors que je m’approche de lui dangereusement. Certains passants tournent un œil vers nous, mais l’énergie écrasante que je dégage les dissuade de se mêler de mes affaires. Et des tiennes, en l’occurrence. À seulement un pied de toi, je te regarde t’accroupir pour ramasser mon portefeuille de cuir qui gît dans la neige piétinée. Tu bégaies, tu te justifies, tu t’excuse. Rien que tu ne fais pas.

C’est pitoyable.

Sans un mot, je me penche et mets la main sur mon bien, alors que mes autres doigts empoignent ton collet avec force. Je te soulève de terre comme un tas de plumes et te repose sur tes pieds en rangeant mon portefeuille nonchalamment. Je pose sur toi mon regard perçant, te promettant une journée infernale si tu ose t’échapper de mes griffes. Entre vampire, je pense qu’on peut facilement se comprendre. Tu as commis une grave erreur de me piller et tu dois répondre de tes actes. Je ne tolère aucunement ce genre de comportement emprunté aux petits voleurs de rues. Si tu vole, fais-le bien ou ne le fais pas du tout.

« Je te donne l’opportunité de t’expliquer. Dépêche-toi. » Ma voix gronde l’ordre, les mots s’élèvent comme une épée de Damoclès au-dessus de ta tête. Si j’étais à ta place je ne testerais pas la patience d’une créature aussi furieuse que moi en cet instant. Je relâche tes vêtements vivement et t’accable de mon regard aussi glacial que cet hiver qui ne finit jamais. « Parle. Et vite. » Je jette un nouveau coup d’œil à ma montre, prenant conscience qu’il me reste une bonne demi-heure avant ma réunion. « Ma patience envers les voleurs est limitée. »            

ft. Elliot Mathewsen

Everybody wants to rule the world

Tu tremble.
Tu frémis comme l’être chétif que tu es.
Tu ne peux rien contre moi.

Tu te fais écraser par ma stature, mon énergie envahissante et la puissance que dégage toute ma présence. Je ne laisse personne d’aussi faible avoir le dessus sur moi. Trop humble, trop fier. J’ai déjà trop vécu pour savoir qui je dois craindre ou non, mais la méfiance est toujours de mise lors d’une première rencontre, davantage lorsque cette personne est un vampire au jugement altéré comme toi. Je suis conscient que tes pouvoirs peuvent m’être fatals, tout dépendant leur nature, aussi une certaine prudence est de mise. Encrée dans ma peau, je me réserve.

Mon attention portée sur ton explication, j’ouvre avec leste mon portefeuille afin de vérifier que rien ne manque. Mon argent, mes cartes bancaires, mes cartes d’affaires, tout est en place. Je le range donc dans la poche intérieure de mon manteau en détendant les traits sévères de mon visage. Sans délirer. Tu voulais voler mon argent pour payer ton loyer ? J’ai peine à y croire. Les jeunes qui volent, c’est pour se payer de la drogue et c’est sans aucune intention de redonner l’argent à la victime. J’ai une grande difficulté à tomber dans cette justification tête première, aussi me tais-je lorsque tu reprends après une courte pause. Je te fixe avec insistance, buvant la confidence rapide que tu me fais là. À l’instant même où tu avoue le don spécial que tu as, je me dis que tu es bien inconscient. Apparemment, tu n’as pas pensé que quelqu’un pourrait tirer profit de la situation et t’obliger à faire ses quatre volontés. Pour le bien ou pour le mal, peu importe. Ce ne sont que des futiles concepts que l’on nous apprend pour se sentir en sécurité et pour craindre les plus puissants comme il ce doit. Sans peur, il n’y aurait aucune hiérarchie, aucune loi, aucune obéissance.

Alors que mes iris parcourent les larmes mortes sur tes joues et captent tout les tremblements qui t’assaillent sans aucune fierté, les pièces s’assemblent à une vitesse folle. Une évidence vient me caresser l’esprit et je l’accueil comme il ce doit. Je ne peux laisser passer une telle opportunité, j’en serais fou.

« Vampire, photographe, devin et va-nu-pieds. Ton avenir qui pourrait être doré traîne dans les ordures. Tu en viens à voler n’importe qui, même un vampire qui peut faire de toi de la chair à pâté. » Je me suis approché de toi davantage pour te souffler ces quelques mots au visage. Ce serait dommage qu’un stupide mortel, qu’un chasseur téméraire ou qu’un dieu curieux intercepte notre petite conversation fort intéressante. « Et si je t’obligeais à travailler pour moi en dédommagement de ta folie ? Tu peux te répéter que je t’ais offert l’emploi par compassion si tu préfère te donner l’illusion que tu as le choix. » Parce qu’en fait, tu ne l’as pas. Avec l’information cruciale que tu viens de me partager, je ne peux pas te laisser en vie sans avoir un certain pouvoir sur ta personne. Maintenant que tu as mon visage dans ton registre de devin, tu pourrais percer à jour mes fraudes reliées à la mafia et déchiffrer beaucoup trop de secrets qui pourraient mettre ma vie en péril. La mienne et celle de bien d’autres. Quoi qu’en observant la culpabilité qui te ronge, je ne te crois pas, au final, assez fort et robuste mentalement pour faire une chose pareil. Néanmoins, tu servirais mes intérêts avec grandeur.

La vie peut être injuste. Je le sais plus que quiconque.

« Tu n’as plus besoin de voler maintenant. Seulement de m’obéir et ramasser ta paie. N’est-ce pas ce que tu souhaite ? »

Mais ce qui l’est encore plus en ce moment, c’est moi.      

ft. Elliot Mathewsen

Everybody wants to rule the world

Tu es incapable de me tenir tête, je me trompe ? La manière dont tu essais de m’échapper en fléchissant les genoux, ta posture tremblante sous mon regard acéré, tes yeux qui fuiraient mon emprise s’ils le pouvaient; tout en toi reste accroché à moi. Ton instinct de survit doit te parler, t’encourager à rester sur place pour ne pas aiguiser ma colère et nourrir cette envie de te donner une bonne leçon. J’espère que tu te considère chanceux et que tu es conscient de ta position. Tu es jeune, pickpocket et sans avenir réel en ce jour froid, mais cela ne t’empêche pas d’attirer l’attention sur ton minois de gamin. Ta nature de créature sanguinaire te sauve d’une misérable existence, davantage que si tu n’avais pas croisé mon chemin. Peut-être devrais-je aussi me considérer chanceux que tu ais pris la folle initiative de voler mon portefeuille. Autrement, je n’aurais pas sus reconnaître ton don et toutes les opportunités qui s’offrent maintenant à moi.

À peine ais-je terminé de parler que tu me fais une scène. Tu semble avoir un malaise, un haut de cœur qui t’empêche de te tenir droit. Une ruse, peut-être ? Tu cherche à baisser ma garde pour t’échapper ? Je te sonde, silencieux et stoïque alors que je devine que ce n’est pas un coup de théâtre. Néanmoins, je ne suis pas du genre à m’inquiéter pour si peu. Je te laisse donc reprendre tes esprits sans émettre aucun commentaire, sans mimer aucun geste. Si tu accepte de travailler pour moi, autant que tu le sache tout de suite : pour les affaires, je ne fais pas dans la dentelle. C’est le seul domaine où je peux me montrer coriace sans ressentir une once de culpabilité. Et malgré cela, tu accepte mon offre avant de reculer d’un pas. À croire que tu préfère la vie à la mort, c’est toujours bon à savoir.

« Tu auras plus que tu en as réellement de besoin pour vivre aisément. En contre partie, j’attends de toi un travail impeccable et une loyauté sans borne. » Je glisse ma main à l’intérieur de mon manteau et en ressort mon portefeuille. J’y extirpe une carte d’affaire où mon entreprise, mon nom, mon numéro de téléphone au bureau et mon adresse  mail y sont inscrits. « Tu pose ce que je t’ordonne de poser, quoi qu’il soit. En dehors des contrats que je t’étiquetterai, fais ce que tu veux. Portraits ou paysage, ça m’importe peu. Mais ne vas jamais travailler pour quelqu’un d’autre. » Sinon, tu le regretteras amèrement. Je n’ais pas besoin de le verbaliser que tu le sais déjà, puisque tu tremble comme une feuille. La crainte qui émane de toi est palpable, elle suinte de ton corps. En entier. Et c’est tout simplement agréable de savoir que tu es à ma merci jusqu’à ce que j’en décide autrement.

Après tout, cette situation est du donnant-donnant.
Et tu es celui qui l’a provoqué, alors tu n’es pas à plaindre.

La mort. En aurais-tu peur au point de me craindre jusqu’à la fin de ta vie ? Légèrement désolant, cette image que tu me donne de toi. Celle d’un adolescent apeuré, perdu, et qui pourtant, gratifie son visage d’un sourire épinglé. J’en viens à me demander si tu es un sang-pur ou mordu, un pauvre humain qui a vu son existence transformé à tout jamais. À cette pensée, une légère compassion me traverse le cœur et je me surprends à être réchauffé de l’intérieur. Fermant un bref instant les yeux, je retiens ce soupir qui renferme un élan de douceur. Malgré tout, une poussière de réconfort se fraye un chemin à mon âme et je lève une main sur toi. Elle se pose sur ta tête, lourde, immobile.

« Tu feras l’affaire, tout simplement parce que je t’ais choisi. Ne vois pas plus loin et fais de ton mieux. Penser à ta mort alors que tu viens tout juste de l’éviter n’est pas une bonne façon de voir les choses. » Ma main se retire et s’abaisse devant tes yeux, agitant légèrement la carte d’affaire son ton nez. « Fais-moi parvenir tes coordonnés et ton compte en banque si tu en as un. Sinon, je t’en ouvrirai un et j’y déposerai ta paie, ainsi que le montant de départ que tu me feras parvenir. Tu l’utiliseras pour acheter ce qu’il te faudra. » Je jette une œillade rapide autour de nous, attentif à chaque passager qui ne nous porte guère attention. « Je te ferai parvenir les contrats de publicités par adresse électronique et je t’avertirai en avance pour les déplacement à Terraria. C’est là que se situe l’entreprise. Et pour ce qui est de ton don, évite de le dire avec autant d’aisance. Tu pourrais y laisser la vie. »

Je porte sur toi mon regard oppressant, appuyant clairement la gravité de mes derniers mots. À cet instant, j’espère que tu es conscient d’avoir été gâté. Encore aurait-il fallu que tu tombe sur un vampire, un chasseur ou un dieu sans aucune empathie que tu aurais certainement été séquestré à vie.

ft. Elliot Mathewsen

Everybody wants to rule the world

Le contrôle.

S’il y a bien une chose que mon paternel a réussit à m’inculquer, c’est le pouvoir qu’exerce un dirigeant sur ses subordonnés. Le contrôle d’une emprise sans faille ne peut être altéré et encore moins supprimé si la prestance est bien dosée. Mon charisme m’apporte ainsi l’obéissance et le respect rapidement, en si peu d’énergie gaspillée. Un regard, une parole, un geste ou, dans certain cas, ma seule présence. Je me suis déjà demandé si ma nature de vampire, ainsi que cette énergie dangereuse que je dégage en permanence en vue de mes origines, sont tout ce qui nourri ce charisme. Au final, je n’ai jamais su y répondre et j’en ai perdu l’intérêt une fois mon retour forcé dans la mafia. À quoi bon savoir ce genre de détail si au bout du compte, c’est d’une utilité inexistante. Et je ne peux m’empêcher de grandement douter du fait que ce soit une qualité innée aux vampires en te voyant, toi, chétif et inquiet comme tu m’apparais. Si facile de mener dans ces circonstances. Tout aussi facile que de se laisser amadouer par ton insécurité qui me rappelle de vagues souvenirs enterrés, ceux que je ne veux pas voir resurgir et que je chasse mentalement sans aucune difficulté.

Quelques secondes écoulées, quelques mouvements exercés, puis l’affaire est conclue. Ce n’est pas si tu avais eu le choix, autre celui de vivre ou de mourir. Je t’aurais égorgé sans scrupule en sachant qu’un être doté d’un pouvoir comme le tien se balade dans la nature avec mon visage en mémoire. Les affaires sont les affaires, il n’y a aucune hésitation à avoir sur ce dicton si l’on veut garder son statut. Et garder sa vie. « Parfait. Ne traîne pas pour acheter ton matériel, certains contrats sont en cours de négociations et ce serait embêtant que ma designer se retrouve avec tout le travail à faire. Je compte sur toi. » Ma réponse à ton hoche de tête conclue la discussion. Néanmoins, j’ai à ajouter un avertissement d’une importante ampleur pour t’éviter de te mettre en crucifixion. À peine engagé, ce serait dommage que je te licencie si tôt. Toutefois, tu me coupe dans mon élan et c’est une certaine suspicion qui gagne mon regard directement posé sur toi, toi et tes yeux saphir. Je sonde tes émotions lisibles sur ton visage, tes sentiments transparents dans tes mots, puis il ne m’en faut pas plus pour deviner que tu n’es pas un sang pur. Si tu avais été un noble de sang, tu n’aurais pas eu le besoin de chercher réponse à une question aussi idiote. D’autant plus que la discrétion dans tes mots n’est pas de mise. Veux-tu te faire tuer à ce point, au beau milieu de la rue ? Bon dieu, murmure au lieu de faire si peu attention à ce qui t’entoure. Sinon, tu risque de finir en pâté pour chien. « Si tu ne connais pas la discrétion, je te conseille de lire sur le sujet et de te pratiquer à cacher tes origines. Ne prononce jamais ces mots aussi aisément en publique. Qui sait ce qui pourrait nous tomber dessus. »

Je prends une inspiration, essayant de me convaincre qu’un gamin comme toi saura jouer des mots, même en sms et en mail. Il y a beaucoup trop d’ennemis sur cette terre pour laisser de quelconques traces de notre existence. « Deux jours sans ressentir trop d’effets. C’est une variable qui joue d’une personne à une autre, mais si tu veux mourir de faim, c’est ton problème. Tester ses limites n’a rien de mauvais en soit. Néanmoins… » Je me penche vers toi pour chuchoter, sévèrement. Es-tu un novice ? Plus la conversation évolue et plus j’en ai l’impression. Ce serait bien ma chance de façonner de ma main un vampire comme toi. « Si tu es incapable d’attaquer un humain, il y a toujours les hôpitaux et leur banque de sang à dévaliser. Sinon, chasse le lapin. » Douce ironie cruelle. Le sang animal est si peu nourrissant comparé à tout le reste et que tu risquerais de tomber aussi faible qu’un humain et de perdre la force de tes dons. Ce qui serait bien embêtant pour moi au final. Me redressant avec un sourire carnassier aux coins de mes lèvres, je jette un œil rapide à ma montre. Un froncement de sourcil accompagne la lecture de l’heure avant que mon regard turquoise ne se repose sur toi, doté d’un sérieux inébranlable.

« J’ai un rendez-vous qui m’attend pour un contrat important. Garde tes questions pour notre prochaine rencontre ou fais-moi en part par mail, en message codé de grâce. » Je n’ais pas envie que la mort suspecte d’un de mes employés fasse scandale dans le journal de dix-neuf heures. Et quelle perte. « Une dernière chose très importante. » Ma voix se fait plus grave, plus lourde en raison de la pesanteur des propos à venir. L’avertissement. « Évite de laisser la curiosité te mener dans mes affaires. Plus tu en sais, plus il te sera insupportable de faire ton travail et ta fin n’en sera que plus malheureuse. Crois-moi, je saurai ce que tu auras découvert à mon propos. Tes yeux te trahiront, que tu le veuille ou non. »