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Lilian - Reboot de Lyn

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MessageSujet: Lilian - Reboot de Lyn Lilian - Reboot de Lyn EmptySam 21 Juin 2014 - 14:12

Lilian
27 ans ζ Humain ζ Homosexuel ζ médecin légiste ζ Ren Koumei – Magi

caractère ζ
"Hé ! Tu le savais ? Il parait qu'il y a un fantôme dans la bibliothèque !"
 
Ces mots parviennent à tes oreilles et tu baisses la tête. Tu ne devrais pas pourtant. Ce n'est pas à toi que s'adresse cette jeune fille.
 
Ces mots parviennent à tes oreilles et tu baisses la tête. Tu ne devrais pas pourtant. Ce n'est pas comme si  avais peur des fantômes.
 
Tu ne devrais pas baisser la tête, mais tu le fais. Tu es concerné après tout. Tu es gêné. Tu le sais, ce "fantôme", c'est toi. Est-ce étrange ? Pas tant que ça.
 
Tu es un fantôme. Un fantôme de chaire et de sang, un fantôme qui respire et dont le cœur bat, mais un fantôme. C'est ton choix, ton propre choix. Tu as décidé de n'être qu'une ombre parmi les ombres. Tu as fais comme ces vieilles peintures sur les murs des monuments, tu t'es effacé avec le temps.
 
Tu t'es effacé. Ou tu es devenu effacé. Tu t'es enfoncé dans la discrétion jusqu'à ce que plus personne ne te remarque si tu ne te manifestes pas. Ce n'était pourtant pas gagné. Ce n'est pas comme si tu n'avais pas un physique remarquable. Un homme avec de long cheveux rouges tirant sur le rose-mauve, ça se remarque. Un homme en pantalon et t-shirt à manches longues en été, ça se remarque. Mais tu ne te fais pas remarquer. Ou si peu.
 
Tu as réussis à ne plus attirer l'attention. On passe devant toi sans te voir. Tu as su devenir invisible. Tu en es heureux. C'est ton choix.
 
Tu est tellement silencieux. Ça a du beaucoup t'aider. Tu ne parles pas tant que ça. Sauf quand il le faut. Et parfois, il te faut parler beaucoup. Tu n'aimes pas ça. Parce que quand tu parles, tu attires l'attention, tu te fais remarquer. Pourtant, ta voix ne devrait pas se faire remarquer. Tu as une voix basse. Tu as une voix douce, gentille, parfois chaleureuse, mais si basse. Lorsque tu parles normalement on a l'impression que tu chuchotes presque. Combien de fois t'a-t-on demander d'hausser le ton, de parler plus fort ? Et combien de fois t'es-tu fais remarquer à cause de ça ?
 
Tu détestes attirer l'attention. Ça te rend malade. Ton cœur s'agite. Tu stresses. Tu as des sueurs froides et la terrible envie de partir. Ou de redevenir invisible. Tu es phobique. Complètement et totalement phobique. On peut dire que tu as été gâté de ce côté là.
 
Tu es scopophobe. En des mots plus simple, tu as peur d'attirer l'attention. Avoir tous les regards braqués sur toi, ça te met mal. Très mal. Être le centre de l'attention d'une personne, pas vraiment de problème. Être le centre de l'attention de deux personnes, tu gères encore. Être le centre de l'attention de trois personnes, tu supportes toujours. Mais au-delà ? Tu rigoles moins. Plus il y en a, plus tu te sens mal. Et plus tu te sens mal, plus il y en a. C'est un cercle vicieux dans lequel tu tentes de ne pas entrer.
 

 
"Hé mec. C'est quoi la marque sur ton épaule là ?"
 
Tu sursautes violemment et remonte précipitamment ta veste sur ton épaule. Tu réponds par un simple rien. Il insiste. Tu persistes. Il rit, se moque de toi, te traite de chochotte, de fillette, de sainte-nitouche. Tu t'en fiches. Tu t'en vas.
 
Ces "insultes" ne t'atteignent pas. Ce ne sont pas ces mots-là qui t'effraient, qui peuvent te blesser. Ce n'est pas ce genre de personne que tu craints.
 
Une chochotte ? Une fillette ? Ce type l'est sans doute plus que toi. Il a enduré l'aiguille d'un tatoueur ? Tu as enduré les cigarettes sur ton visage, l'eau bouillante sur ta peau, le bois sur tes os. Tu n'es pas une chochotte ou une fillette. Tu n'apprécies simplement pas de te mêler à une baston pour le fun ou pour prouver que tu as bien un service trois pièces.
 
Une sainte-nitouche ? Soit, ton comportement peut le laisser penser. Te faire traiter de vierge effarouchée ne te déphase pas plus que ça. Tu l'a été à une époque, vierge, et effarouché. Aujourd'hui le sexe ne te gêne plus. Cependant il est vrai que tu es pudique. Te trouver nu devant un autre te gêne. Terriblement. Affreusement. Mais pas à cause de la nudité elle-même. Non. Ce que tu n'aimes pas montrer, ce que tu ne veux pas montrer, ce sont tes cicatrices.
 
Tu as des cicatrices. Ah ça ! Pour en avoir, tu en as. Rares sont les parties de ton corps à avoir été épargnées. Chaires brûlées et chaires déchirées. Tu collectionnes les deux. Tu n'en n'es pas fier. Ce n'est pas le genre de cicatrice que l'on peut exhiber fièrement. Elles ne sont que mauvais souvenirs et profonde culpabilité.
 
Tu hais tes cicatrices. Tu ne veux pas les montrer, tu ne veux pas les voir. Tu ne veux pas que quelqu'un puisse les voir. Tu voudrais qu'elles disparaissent pour toujours, mais malheureusement pour toi le propre d'une cicatrice est de ne jamais disparaître. Alors tu les caches. Tu les enterres sous des couches de vêtements.
 
On te prend parfois pour un fou, à te balader avec toutes ces fringues alors qu'il fait chaud. Toi-même tu crèves de chaud là-dessous parfois. Pourtant tu les gardes. Tu persistes. Tu mets tes vêtements, tu caches tes cicatrices. Tu caches ta honte, ta culpabilité, ta faiblesse. Tu caches tes blessures. C'est ton armure. Une armure en tissus, en coton et synthétique. Une armure de pantalon et de sous-pull.
 
Mais toute armure, quel qu'elle soit, a une défaillance, a une faiblesse, a un défaut. Peu importe combien de vêtement tu mets, il y a des cicatrices que tu ne peux cacher. Tu ne peux pas cacher les traces de cigarette sur ton visage. Tes tâches de rousseur peuvent les cacher, il suffit de faire un peu attention pour les voir. Tu ne peux pas cacher ton œil aveugle. Tes cheveux peuvent le cacher, il suffit d'un coup de vent pour le dévoiler. Tu ne peux pas cacher les coupures sur tes mains et tes poignets. Tes poches peuvent les cacher, il suffit que tu les sortes pour les découvrir.
 
Ton armure ne peut pas tout cacher. Tu ne peux pas tout cacher. Alors tu disparais encore. Tu t'enfuis, tu démens.
 


"Salut Lilian, ça vaaaaaaaah ! C'est quoi cette tête ?!"

Tu le regarde sans comprendre. Pourquoi il dit ça ? Tu t'es regardé dans un miroir ce matin, et tu avais ta tête habituelle. Oui c'est vrai. Tu as ta tête habituelle. Mais il serait temps que tu te rendes comptes que ta tronche habituelle est flippante.

Tu fais peur. Tu ne t'en rends pas compte, mais tu fais peur. Tu ressembles à un zombie. Les chaires mortes tombantes en moins, mais un zombie. Tu ne fais pas exprès. Qui ferait exprès de ressembler à un zombie ?

Tu n'es pas du matin. Tu ne l'as jamais été, tu ne le seras sans doute jamais. Ou plutôt, tu n'es pas de la nuit. Tu es insomniaque. Ton sommeil à toi, il dure deux heures. Trois quand tu es très, très fatigué. Tu es incapable de dormir plus, même si tu le veux. C'est comme ça. Tu t'es toujours endormi trop tard et/ou réveillé trop tôt. Combien de nuit as-tu finis un livre à la main ? Tu ne les comptes plus. Les compter n'aurait de toute façon servit à rien. Pas plus de compter les moutons.

Il en résulte ta tronche habituelle. Et ta zombification. Tu fais peur. Tu as des cernes sous les yeux. Ce ne sont plus des valises, ce sont de vraies pierres tombales. Trop grandes. Trop creuses. Trop noires. D'habitude tu les caches, mais tu as du oublier de mettre ta crème ce matin. Tu es tête en l'air. Tes cernes te donnent cet air sombre des personnes qu'il ne faut faire chier.

Il en résulte ta démarche lente, bancale. Tu tangues. A gauche. A droite. A gauche. A droite. Le dos courbé en avant. Vraiment, tu es effrayant. La fatigue ne te réussit pas. Pourtant elle est l'une de tes meilleures amies depuis des années.



"Eh... Regardez là-bas. Ce mec...il parle tout seule non...?"

Tu peux les entendre médire dans ton dos. Ce n'est pas bien compliqué de toute manière. Ce n'est pas comme si ces personnes étaient la discrétion personnifiée. Ils pensent que tu n'entends rien, mais tu les entends bien.

Ton cœur s'emballe. Tu la connais bien, cette douloureuse angoisse qui s'insinue en toi. Tu veux t'enfuir. Tu t'enfuis. Tu fuis leurs regards, leurs mots, leur présence. Tu les fuis. Sans les regarder, tu t'éloignes. Tu ne cours pas. Ça ne ferait qu'empirer. Tu fais comme si tu ne les avais pas entendu et disparaît derrière une porte. Il y a un obstacle entre eux et toi, ils ne peuvent plus te voir. Tu respires profondément. Ton cœur se calme.

Tu es phobique. L'as-tu déjà oublié ? D'habitude, tu fais tout pour ne pas te faire remarquer. Tu devrais le savoir pourtant. Parler tout seul n'est pas normal. Parler tout seul attire l'attention. Beaucoup.

Oui c'est vrai, tu ne parles pas réellement tout seul. Tu n'es pas devenu assez fou pour ça. Tu ne parles pas tout seul. Tu parles à des fantômes, des vrais, à des âme, errantes ou non. Tu parles à des morts. N'est-ce pas pire ? Non bien sûr, puisque personne d'autre que toi ne les vois. On te croit fou à parler tout seul. On le croirait encore plus si tu disais parler aux défunts. Il vaut mieux les laisser penser ce qu'ils veulent.

Tu es bien trop gentil. Tu sais que tu ne dois pas leur parler en présence d'autres personnes, peu import que tu en es envie ou que eux en aient envie. Tu ne dois pas. Tu attires l'attention quand tu le fais.

Tu es bien trop gentil. Tu as du mal à dire "non". Beaucoup de mal. C'est pour ça que tu te retrouves souvent à parler dans le vide. Tu ne peux pas simplement ignorer une âme ayant besoin de conversation. Bien que tu te contentes surtout d'écouter leur monologue en commentant peu. Mais parfois c'est déjà trop. Tu n'arrives pas à leur dire non. Et nous savons à quoi cela mène. Tu parles seul. Tu attires l'attention. Tu angoisses. C'est un schéma répétitif que tu connais bien. Tu pourrais l'éviter, ce serait facile. Tu as toutes les cartes en main. Mais tu es mauvais aux jeux de cartes. Tu te fais avoir. Et ça recommence.

Tu es bien trop gentil. On ne pourrait pas l'affirmer en te voyant la première fois, mais tu n'es pas loin d'être une bonne poire. Tu n'es pas naïf pourtant, tu ne peux plus l'être. Mais tu refuses difficilement. Et dire "oui" à un humain est souvent bien plus dangereux que de le dire à une âme.



"Lilian ? Tout va bien ?"

Tu réponds oui. Ton âme crie non. Et pas que ton âme. Ton corps a les signes d'une personne qui ne va pas bien. Tu es pâle. Tu essayes de le cacher, mais tu as ce regard de bête traquée. Tu transpires. Tu as du mal à respirer. Pourtant, tu vas déjà mieux qu'il y a quelques instants. Mais pas encore assez.

Il insiste un peu. Tu t'excuses et t'éloignes. Tu veux mettre le plus d'espace entre vous. Pas entre lui et toi. Entre elle et toi.

Tu es phobique, t'en rappelles-tu ? Mais il ne s'agit pas cette fois de scopophobie. Une seules personne ne te fais pas peur, à moins qu'elle soit très dangereuse. Mais tu as d'autres phobies. Et c'est de l'une d'elle dont il est question ici.

La gynéphobie. Ou la peur des femmes. Sachant qu'approximativement 50% des individus de ce monde sont de sexe féminin, tu es dans la merde. Heureusement pour toi, tu n'as pas la phobie de toute les femmes. Tu n'as pas peur des petites filles et les grands-mères de ne causent pas de crise d'angoisse. Pas plus que les adolescences.

S'il faut prendre une fourchette alors disons...entre 25 et 50 ans. La présence de ces femmes-là t'angoisse. Tu n'es pas à l'aise. Comme lorsque tu es le centre de l'attention, tu veux t'enfuir. Mais il y a des femmes qui te font plus peur que d'autres. Il y a des femmes qui te terrorisent. Qui t'inspirent une telle angoisse, un tel stress, une telle peur que tu n'es même plus capable de penser à t'enfuir. Tu te figes, pétrifié.

C'est totalement irrationnel. Mais les phobies sont irrationnelles.

Ce sont ces femmes qui ressemblent à ta mère. Physiologiquement ou psychologiquement. Ces femmes qui te rappellent ton passé, qui te font te souvenir de l'époque où tu n'étais qu'un petit garçon pleurant au fond d'un placard. Ces femmes qui te font te souvenir que tu as perdu la personne la plus importante pour toi.

Alors tu les évites du mieux que tu peux. Tu vis avec quand tu n'as pas le choix. Tu prends sur toi. Tu encaisses, tu enterres ton angoisse comme tu peux jusqu'à ce que ce soit finit. Mais il y a des fois comme maintenant où tu pars un peu plus vite, un peu plus tôt. Il y a des fois où ton visage devient un peu trop blanc malgré tes efforts. Il y a des fois où tes mains tremblent alors qu'elles ne peuvent pas ressentir le froid.

Hé. Tant que nous en sommes à parler de tes phobies, parlons de l'autre. Parlons de ta troisième et dernière phobie. Une phobie bien moins handicapante que les deux autres, sauf peut-être quand tu veux prendre un bain.

Tu es ablutophobe. Ou si tu préfères, tu as peur de te noyer. Tu n'as pas peur de l'eau elle-même. Non. Une flaque d'eau dans la rue ne t'effraie pas. Pas plus que l'océan. Sauf quand tu dois entrer dedans.

Tu as peur de ne plus avoir pieds. Tu as peur de te noyer. Si tu dois te baigner, ce ne sera jamais plus qu'au-dessus de la taille. Et encore. Il faut que tu ais la garantie que quelqu'un te rattrape. Au cas où. Tu ne t'allongeras jamais dans ta baignoire si elle est pleine. Même en compagnie d'une autre personne. C'est ainsi.



"Eh ! Qu'est-ce qu'il se passe ic- !?"

Tu ne lui as pas laissé le temps de finir sa phrase. "Qu'est-ce qu'il se passe ?" C'est pourtant une très bonne question. Une question légitime. Le genre de question que l'on est en droit de se poser après avoir entendu quelque chose se briser violemment contre le sol. La réponse ?

Tu es en colère.

Colère. Ce mot ne te correspond pas. Tu n'es pas colère. Tu es calme. Tu es angoisse, peur, stress. Tu es douceur, gentillesse, attention. Mais tu n'es pas colère. C'est pourtant elle qui te possède en cet instant.

La colère. C'est elle qui te fait crier. C'est elle qui te fait jeter tout ce que tu trouves par terre. C'est elle qui te fait insulter cette pauvre femme qui s'inquiète seulement pour toi. C'est elle qui te fait frapper les murs jusqu'au sang. C'est elle qui te fait hurler toutes tes vérités douloureuses. Et c'est elle qui te laisse en larme quand elle s'en va.

De la colère. De la rage même. Étrange colère que la tienne. Tu ne connais pas l'agacement, l'irritation, l'énervement. Tu passes directement du calme à la rage. Violemment. On pourrait comparer ça à une irruption volcanique explosive. Brutale. Inattendue. Non. Même pas. Il y a des tremblements de terre qui avertissent de l'irruption. Il n'y a rien qui avertisse de tes colères.

Bipolarité ? Non, tu ne passes pas d'un extrême à l'autre en un instant.

Colère accumulative ? Peut-être bien. Ça te ressemblerait ça, de prendre sur toi encore et encore, jusqu'à  ce que tu arrives à tes limites et fasses boom !

Au risque de répéter, tu n'es pas fais pour la colère. Tu n'aimes pas te battre, tu ne cherches jamais le conflit. Tu n'es pas violent. En réalité, être violent te fait peur. Tu t’effraies toi-même lorsque tu exploses dans tes colères. Tu t'effraies toi-même lorsque le calme revient et que tu réalises ce qu'il s'est passé, ce que tu as fais. Tu ne veux pas infliger à d'autres ce que tu as vécu.

Tes colères sont violentes. Tu es violent quand tu es en colère. Pourtant, tu n'as jamais frappé qui que ce soit. Étrange non ? Jusqu'à présent, tu n'as filé de coup à personne. Tu es comme qui dirais inoffensif, même dans cet état.

Mais pour combien de temps ?

Jusqu'à présent, tu te calmais avant de frapper, ou alors tu te prenais le premier coup qui te ramenait au calme. Mais combien de temps avant que ce ne soit toi qui donne le premier coup ? Sais-tu dans quel état tu te retrouves après chacune de tes "crises" ? En larmes. En larmes, te détestant, tremblant, écrasé par la culpabilité. Et par la peur. Oh oui tu as peur. Tu as peur car tu te rends compte que tu deviens comme elle. Comme ta mère. C'est la même violence, la même colère qui t'habite. Pourtant tu refuses ça de tout ton être. Tu refuses de lui ressembler, tu refuses d'agir, de te comporter comme elle. Tu ne veux pas faire ce qu'elle a fait.

Voila dans quel état tu te retrouves après tes crises. Comment penses-tu que tu seras, le jour où, sous l'emprise de cette colère, tu frapperas quelqu'un ? Comment seras-tu, toi, qui se fige lorsqu'il bouscule quelqu'un ? Terrorisé par toi-même ? Incapable de t'en remettre ? Détruit ? Brisé ? Anéantit ?
pouvoirs ζ
vision des morts : Tu es hanté par ton frère. Littéralement. L'âme de Steafan est là, collée à toi. Et à cause de cette petite âme, tu peux voir les autres. Tu vois des choses que tu n'es pas censé pouvoir voir. Tu vois des êtres qui ne sont plus censés être là. Tu vois les morts. Les morts encore sur Terre, pour peu qu'ils puissent aller quelque part.

chamanisme : Comme si être hanté par ton frère et voir les morts ne suffisait pas, tu te fais régulièrement posséder par les morts. Lorsque ça arrive, ton esprit est relégué au second plan et c'est un (ou une) autre qui prend le contrôle de ton corps. Il arrive que cela soit volontaire, que tu prêtes de toi-même ton enveloppe à un autre, mais bien souvent cela se fait indépendamment de ta volonté. Ce qui est fort peu agréable. Et terriblement épuisant.

Mort imminente : Tu n'as décidément pas de chance. La mort semble de porter une affection particulière puisque non contente de te hanter avec ses enfants actuels, elle t'a offerte la possibilité de savoir. Non pas le quand, mais le comment. Sera-ce un suicide ou un accident ? Tous les grains du sablier seront tombés, ou se sera-t-il brisé avant ? Tu as la possibilité de le savoir. Mais tu ne peux pas connaître la date fatidique. Frustrant non ? Et là, tu es impuissant. Elles font ce qu'elles veulent ces visions. Un simple contact physique, et attends-toi à leur visite.
Zephyy ζ 18 ans ζ DC ζ love ♥





Dernière édition par Lilian Muireadhach le Sam 21 Juin 2014 - 16:57, édité 3 fois
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Lilian - Reboot de Lyn Empty
MessageSujet: Re: Lilian - Reboot de Lyn Lilian - Reboot de Lyn EmptySam 21 Juin 2014 - 14:12

Histoire
partie I
"Maman est rentrée..."
 
Ce n'était qu'une phrase soufflée du bout des lèvres, tremblante de la peur d'être entendue. Ce n'était qu'une phrase soufflée par un petit garçon serré contre son frère au fond d'un placard. Ce n'était qu'une phrase soufflée puis balayée par le claquement d'une porte et un cri.
 
"Steafan ! Lilian ! Où êtes-vous ?"
 
Il ferma les yeux aussi fort qu'il le pouvait en se collant contre le bras de son frère. Il tremblait. Ils tremblaient. Ils pouvaient entendre des pas dans le couloir et ils essayaient de disparaître dans le fond de leur placard. Son frère cachait son visage dans ses cheveux, entourant son cou de ses bras. Ils ne respiraient presque plus. Respirer faisait du bruit, et ils ne devaient pas faire de bruit.
 
"Les enfants... Venez voir maman."
 
La voix féminine était devenue douce, gentille, presque aimante. Mais ils ne bougeaient toujours pas. C'était comme un jeu de cache-cache. Rester cacher jusqu'à ce que le loup vous trouve, même lorsque celui-ci vous dit de vous montrer. Cela ressemblait à une partie de cache-cache. Ils ne devaient pas sortir du placard, ils ne devaient pas bouger. Mais ce n'était pas une partie de cache-cache. Ça n'en serait jamais une. A cache-cache, lorsque le loup vous trouve, vous devenez loup si vous êtes le premier. Dans le cas contraire, vous attendez le premier tour.
 
Mais ce n'était pas un jeu de cache-cache. Ils ne deviendraient jamais les loups. Ils ne voulaient pas attendre le prochain tour. Et si leur mère les trouvait...
 
Il sursauta en entendant la porte de la pièce s'ouvrir. La peur les prenait. Son frère tiraillait ses cheveux, et lui lui enfonçait ses ongles dans ses vêtement. Ils pouvaient l'entendre entrer, ils pouvaient entendre le bruit de ses pieds nus sur le carrelage.
 
"Steafan..."
 
Son frère se crispa à l'entente de son prénom tandis que le bruit d'objets multiples tombant sur le sol finissait de les terroriser.
 
"Lilian..."
 
Ce fut à son tour de se recroqueviller sur lui-même alors que cette fois, ils pouvaient entendre le raclement d'une chaise sur le sol.
 
C'était finit. Il savaient parfaitement ce qui allait se passer, mais ils espéraient encore que personne ne pourrait les trouver, qu'ils étaient parfaitement à l'abri dans leur placard.
 
"Les enfants, pourquoi vous cachez-vous ? Venez là, maman sera gentille avec vous."
 
Ils tremblaient comme des feuilles mortes, fermaient les yeux dans les ténèbres de leur cachette. Ils entendaient les pas se rapprocher lentement d'eux. Ils priaient, qu'elle ne les trouve pas, qu'elle les laisse tranquille, qu'elle s'en aille. Prières devenues vaines lorsque les portes du placard furent ouvertes violemment, révélant leur mère.
 
"Les enfants, venez-là..."
 
Il était bien une fois
Un couple comblé et heureux.
Ils respiraient bonheur et joie
Et avaient toute la vie devant eux.

C'étaient de jeunes mariés,
Jeunes adultes plein d'avenir.
Ils s'étaient jurés fidélité
Et ce n'était pas près de finir.

Le couple acheta une maison
Un peu à l'écart de la ville.
"C'est ici que nous vivrons
Mon amour, heureux et tranquilles."

Deux années s'étaient écoulées.
Il trouva sa femme pleurant de joie.
"Que se passe-t-il ?" Il était paniqué.
Elle lui sourit, "Dans sept mois
Nous aurons un beau bébé."

"Je vais chercher de l'eau."

Sa voix fluette tremblait tandis qu'il se levait et sortait de leur chambre. C'était la nuit et il faisait noir. Il n'alluma pas la lumière. Le noir ne lui faisait plus peur depuis longtemps. En revanche, la punition de sa mère si elle apprenait qu'il avait quitté la chambre durant la nuit...

Il avançait sur la pointe des pieds vers la salle de bain. Une précaution bien futile, son corps était trop léger pour peser sur le plancher et le faire grincer. A tâtons, il fit coulisser la porte de la salle d'eau. Il voulait faire vite, se dépêcher pour faire cesser sa douleur et celle de son frère.

Mais il savait que s’il allait trop vite, il ferait du bruit qui risquerait de réveiller leur mère. Et si leur mère se réveillait, il aurait encore plus mal.

Sa bouteille d’eau à la main, il monta sur un tabouret pour atteindre le robinet. Le son de l’eau tombant dans le contenant en plastique lui paru assourdissant et le fit grimacer. Pourtant il n’entendit aucun son pouvant lui indiquer que sa mère avait quittée les bras de Morphée. Précautionneusement, il referma la bouteille désormais pleine, prit au passage un tube de crème et une boite de médicament, avant de refaire le même chemin en sens inverse.

Quand il entra dans leur chambre, son frère vint l’enlacer, en dépit de la souffrance provoquée par la brûlure sur son bras.

"C’est bon… ? "

Il hocha la tête en réponse, lui montrant la bouteille d’eau, la crème et les médicaments dans ses mains. Silencieusement, ils allèrent s’installer sur leur lit, uniquement éclairés d’une lampe de chevet à la lumière tamisée. Posant la crème et les médicaments, il ouvrit la bouteille et en versa le contenu sur la brûlure de son frère. Celui-ci plongea son bras blessé dans la bassine qui avait retenue l’eau versée. Les traces laissées par le fer à repasser lui faisaient atrocement mal, mais il n’avait plus de larmes à pleurer.

Lorsque il eut finit de verser le contenu de la bouteille, il la posa sur l’une des tables de nuit avant de prendre le tube de crème. Il en mit dans l’une de ses mains, puis son frère, de sa main libre, l’étala sur son visage, là où se trouvaient les brûlures de cigarettes. Avec le temps, elles disparaîtraient parmi ses tâches de rousseur. Lui non plus n’avait plus assez de larmes à verser.

Ils se soignaient mutuellement, presque dans le noir. Ainsi en était des soirs où leur mère rentrait en colère. Ils se soignaient, silencieusement.

Il était bien une fois
Un couple bientôt parents.
S’étaient écoulés six mois
Et naquirent deux enfants.

Le premier fut nommé Steafan.
Pour eux, il était de tous le plus beau.
Le second fut appelé Lilian,
En tous points identiques à son jumeau.

La famille rentra chez elle
Vivre leur félicité pleinement.
Le père charmeur, la mère belle
Et les enfants attendrissants.

Les enfants grandissaient bien,
Plongés dans ce monde de bonheur.
Mais ils découvrirent un matin
Que de partir minuit sonne l’heure
Et que toute chose a une fin.

"Pourquoi êtes-vous nés… ? "

Ce n’était qu’un murmure. Mais un murmure qui contenait toute la rage, toute la haine, toute la tristesse et tout le désespoir que pouvait ressentir un être humain. Ce n’était qu’un murmure. Mais un murmure qu’il avait entendu des dizaines et des dizaines de fois et qui ne signifiait qu’une chose : l’escalade de la violence.

"Réponds-moi Lilian ! Pourquoi êtes-vous nés ?! "

Il s’était fait attraper. Il n’avait pas été assez discret. Leur mère ne s’était pas endormie et l’avait entendu farfouiller dans la salle de bain. Elle l’avait trouvée.

Une main tirait ses cheveux. Il ferma les yeux, serrant les dents pour ne pas geindre. Ça deviendrait pire. Puis soudain, sans qu’il n’ai le temps de comprendre, la main ne le tirait plus, elle le poussait. Au-dessus de la baignoire. Tout aussi soudainement, une cascade d’eau glacée lui tomba sur la tête. Il poussa un cri de surprise, vite regretté lorsque l’eau entra dans sa bouche, l’étouffant. Par réflexe, il voulu relever la tête, sortir de là, mais la main de leur mère le maintenait sous le jet de la douche.

"Pourquoi Lilian ? Pourquoi veux-tu te sauver ? Pourquoi ne veux-tu pas rester avec maman ? Toi aussi tu vas partir ?... "

Il étouffait lentement sous la cascade glacée. Il avait déjà oublié la température, mais pas l’eau qui s’infiltrait dans ses poumons. Il ferma la bouche et voulu respirer par le nez. Ce fut pire. L’eau envahie ses sinus, tombant directement dans ses poumons. C’était douloureux. Il toussait par réflexe, voulant chasser le liquide de ses voies respiratoires, mais il en entrait plus qu’il n’en sortait.

"Ma…man…arrête s’il…te plait…"

Sa voix était si faible, noyée, alors qu’il suppliait leur mère. En vain. Elle ne les écoutait pratiquement jamais.

"Non ! Tu vas partir si j’arrête. Tu vas m’abandonner aussi Lilian ! Tu vas partir et me laisser toute seule, comme ton père !! "

L’eau froide devint brusquement chaude. Puis bouillante. Incendiaire. Il hurla. L’eau le noyait toujours. Elle lui brûlait la nuque, le dos, le visage. Les yeux. Il couvrit son visage de ses mains, essayant d’arrêter de crier. L’eau lui brûlait les mains.

"Je ne…partirais pas ! Je te promets maman. Je ne partirais jamais…je resterais toujours…avec toi ! Alors arrête s’il te plait !... Arrête s’il te plait ! Ça…ça fait mal ! "

"Tu ne partiras jamais ?! "

"Promis !! "


Aussi brusquement que cela avait commencé, l’eau cessa de tomber et leur mère relâcha sa prise. Il ouvrit les yeux mais ne voyait pratiquement rien. Il se sentait partir peu à peu et s’effondra sur le tapis de bain. Il essayait de ne pas s’évanouir, il toussait, crachait toute l’eau qu’il avait dans les poumons. Des taches de couleurs dansaient devant ses yeux et il pouvait voir que ses mains étaient rouges. Trop rouges. Il ne les sentait plus.

Sa mère s’assit derrière lui et passa ses bras autour de ses épaules, s’appuyant contre son dos brûlé. Il geint. Il avait mal. Si mal.

"Tu resteras pour toujours avec maman, hein, Lilian… ? "

Elle semblait si heureuse. Et lui tentait de ne pas trembler de peur dans cette douloureuse étreinte qui n’avait plus rien de rassurant depuis longtemps.

Il était bien une fois
Un couple qui se séparait.
Adieu amour, bonheur et joie
Comme vient l’hiver après l’été.

L’homme parti avec sa maitresse,
Abandonnant femme et enfants.
Ils furent plongés dans la détresse,
Incapables d’en supporter autant.

La mère fut très triste
Et les enfants la consolèrent.
Très vite elle ne fut plus triste
Et ils le regrettèrent.

Mère indigne qui battait
Les fruits de ses entrailles.
Leurs malheurs continuaient
Jusqu’à ce que l’un s’en aille
Et que l’autre soit sauvé.

Il avait mal. Si mal. Il ne se souvenait pas pourquoi. Il n’en avait pas vraiment besoin. Il n’y avait qu’une raison pour qu’il ai aussi mal. Pourtant il pouvait sentir dans tout son corps que cette fois avait été pire que les précédentes. Il avait si mal. Surtout au bras. Il se sentait si mal. Surtout dans le cœur. Il tenta de bouger et eut envie de hurler. Si sa bouche s’ouvrit, il n’en sorti rien d’autre qu’une petite flaque de sang. Il avait déjà trop crié.

Péniblement, il ouvrit les yeux. Il ne devait pas rester là. Il savait que s’il ne bougeait pas et que leur mère le trouvait là, ça ne ferait qu’empirer.

Son regard se posa sur l’horloge du salon. 11h56. Leur mère était rentrée la veille à 22h20. Et après ça… Il regarda son bras. Cassé. Brisé. Positionné dans un angle qui lui était impossible. D’une couleur bleue qui aurait put être belle dans un autre contexte. Voila donc ce qui lui faisait si mal. Arriverait-il à se lever alors que c’était déjà si douloureux ?

Allongé sur le carrelage du salon, écrasé sous le poids d’une chaise en bois cassée, il tentait de se souvenir. Leur mère était rentrée en colère. Tellement en colère. Rageuse. Haineuse. Comme lorsque leur père était parti. Ah… Son rendez-vous avait du mal se passer… Lui dormait avec son frère dans leur chambre. Elle était venue les réveiller. Elle l’avait frappée très fort au visage, et il avait perdu deux dents de lait et avait saigné du nez. Elle avait frappée son frère dans le ventre. Et son frère lui avait prit la main et l’avait emmené dans le salon. Leur mère les avait suivis.

Elle était tellement en colère. Elle pleurait. Dans le salon, elle avait prit une chaise et avait essayée de les frapper avec. Ils s’étaient cachés sous la table, mais elle lui avait frappé la cheville. Il n’arrivait plus à marcher à cause de la douleur. Leur mère avait cassée la chaise en frappant la table. Elle lui avait attrapé le pied et l’avait tiré de dessous la table.

Elle criait que c’était de leur faute.

Elle l’avait frappée avec ses mains. Elle l’avait frappée avec ses pieds. Elle l’avait frappée avec un des pieds de la chaise. Il s’était protégé avec son bras. Son bras avait fait crack et très mal. Il avait perdu connaissance à ce moment-là.

"Steafan…"

Où était-il ? Il regarda autour de lui, dans tout le salon. Où était son frère ? Plus lentement qu’il ne l’avait jamais fait, il se releva. Même debout, il ne voyait son frère nulle part. Il était peut-être dans leur chambre, avec la trousse de soin ?

"Steafan…"

Ou alors il s’était aussi évanoui ? Incapable d’utiliser l’un de ses bras, boitant, il avançait dans la maison silencieuse, murmurant le prénom de son frère de sa voix brisée et sanglante. Il mit de longues secondes à sortir du salon, de plus longues encore à atteindre la salle de bain puis leur chambre, toute deux vides.

"Steafan…"

Il ressorti de la chambre, perdu. Où était-il ? Où était son frère ? Pourquoi ne lui répondait-il pas ? Pourquoi n’était-il pas avec lui quand il s’était réveillé ? Ils avaient toujours été ensemble. Ils ne s’étaient jamais séparés. Pourquoi n’était-il pas là ? Pourquoi avait-il si peur ?

Il arpentait le couloir, continuant d’appeler. Il se dirigeait lentement vers la cuisine. Il devait être là-bas. Il était l’heure de manger après tout, et son frère adorait manger.

"Steafan…"

Pourtant il n’y avait aucun bruit dans la cuisine. Rien qui puisse lui indiquer que son frère était là. Et quand il arriva, il n’en vit pas d’avantage.

La cuisine aussi avait souffert de la colère de leur mère. Tout était renversé. Il y avait un pied de la chaise du salon par terre. C’était là que leur mère avait frappée son frère ? Mais alors où était-il ? Il fit quelques pas dans la pièce avant de s’arrêter. Il avait marché dans de l’eau. En baissant les yeux, il vit que ce n’était finalement pas de l’eau.

L’eau n’était pas rouge.

"Steafan ?"

Il suivit lentement les traces de gouttes de sang. Son frère avait aussi saigné du nez ? Pourtant il lui semblait qu’il y en avait beaucoup trop. De plus en plus. Ce n’était plus quelques gouttes tombées au hasard, c’était une trainée.

"Steafan… ?"

Il avait enfin trouvé son frère. Mais il avait peur. Si peur. Et il ne savait pas pourquoi. Il trouvait qu’il y avait beaucoup de sang autour de son frère. Peut-être trop. Comme il le put, il s’agenouilla à côté de son frère et lui secoua l’épaule.

"Steafan… Réveilles-toi…"

Mais il ne bougeait pas. Son frère ne bougeait pas. Son frère ne se réveillait pas. Il ne savait pas quoi faire. Il secouait l’épaule de son frère, mais rien ne se passait.

"Steafan… Maman va revenir… Il faut bouger…"

Il pouvait voir le sang dans lequel ils baignaient tous deux. Il pouvait voir le visage endormi de son frère. Il pouvait voir la poitrine de son frère rester immobile. Il pouvait voir la tête de son frère étrangement déformée. Il pouvait sentir la peau froide de son frère sous ses doigts. Mais il ne pouvait pas comprendre. Personne ne lui avait apprit.

"Steafan… S’il te plait…"

Que devait-il faire ? Le soigner alors qu’il dormait encore ? Mais comment ? Il  ne pouvait utiliser qu’un seul bras. Et leur mère ne les soignerait jamais. Aller demander de l’aide dehors était totalement interdit. Leur mère leur avait formellement interdit d’aller dehors, de sortir de la maison.

Lentement, maladroitement, il s’assit contre un mur et attendit. Il allait attendre que son frère se réveille, comme ça il pourrait l’aider à le soigner. Il attendit. Longtemps. Les heures avaient passées, l’après-midi se rapprochait inexorablement de sa fin. Il était toujours assit contre le mur. Il avait toujours mal. Son frère était toujours endormi, il n’avait pas bougé d’un pouce.

Il était bouffé par l’inquiétude. Que devait-il faire ? Leur mère allait rentrer bientôt et son frère ne s’était toujours pas réveillé. Il ne savait pas quoi faire.

"Steafan… Ne bouge pas d’accord ? Je reviens, promis. "

Il caressa doucement les cheveux de son frère, sans se soucier du sang séché qui lui collait à la main.

"Tout ira bien, alors ne t’inquiètes pas…"

Aussi vite que le lui permettait sa cheville, il quitta la cuisine pour prendre la direction de l’entrée. Arrivé devant la porte, il hésita. Il s’apprêtait à désobéir à leur mère. Il s’apprêtait à sortir. Il avait peur. Peur de ce que lui ferait leur mère quand elle verrait qu’il était sorti. Mais aussi peur de ce qu’il y avait de l’autre côté. Il était déjà sorti, avant. Il ne s’en souvenait pas vraiment, mais il le savait. C’était il y avait des années de cela, lorsque leur père était encore là.

Il avait peur de sortir. Mais il avait l’impression que s’il ne sortait pas et n’allait pas chercher quelqu’un, son frère ne se réveillerait jamais. Et ça, ça lui faisait encore plus peur que tout le reste. Il regarda en arrière.

"Je vais…revenir très vite…"

Et il sortit. Et il eut mal. La lumière du soleil lui brûlait la rétine et il ferma les yeux. Il avait vécue ces dernières années dans une maison aux volets c lots, et soudain, il découvrait, redécouvrait la lumière du jour. Mais il ne voulait pas y faire attention. Il traversa ce qui fut un jour un jardin et regarda autour de lui. Il devait trouver quelqu’un. Quelqu’un qui réveillerait son frère.

Il suivit la route. Il devait trouver quelqu’un. Quelqu’un qui ne serait pas leur mère. Mais il avançait si lentement avec sa cheville gonflée et bleue. Il voulait aller plus vite, mais ça faisait si mal. Il ne regardait pas ce qu’il y avait autour de lui, ces choses qu’il ne se souvenait pas avoir déjà vu. En réalité, il ne voyait plus grand-chose à cause de la douleur. Sa vision était constellée de points noirs.

Tant qu’il failli ne pas voir la maison qui apparaissait lentement devant lui.

Un instant, il cru être revenu chez lui, et il eut peur. Mais sa maison n’avait pas de fleurs devant elle, et ses volets étaient toujours fermés, pas ouverts. Alors…cette maison devait être à quelqu’un d’autre n’est-ce pas… ?

Il voulu courir. Il abandonna. Ça faisait trop mal. Dans son pied, et dans son bras. Alors il marcha. Boita jusqu’à cette maison. Il allait si lentement qu’il en aurait pleuré. Il avait un sentiment d’urgence dans la poitrine. Il le connaissait bien. Ça voulait dire qu’il devait se dépêcher. Mais il ne pouvait pas. Il avait trop mal. Il s’effondra presque contre la porte, frappant fort pour alerter de sa présence.

Il fut incapable de comprendre pourquoi la dame qui lui ouvrit le regardait avec effarement.

Il était bien une fois
Une très méchante maman
Qui pendant des mois et des mois
Avait battue ses enfants.

Le plus jeune put se sauver,
Promettant de revenir encore
A son frère. Mais c’était terminé.
Pour lui. L’aîné était mort.

La méchante maman alla en prison,
Le grand garçon fut tristement
Enterré, et le petit garçon
Fut le dernier restant.

Qu’allait-on faire de lui ?
Il s’en moquait bien maintenant
Car il avait dans le cœur un puits
Qui pour toujours resterait béant.
Ne pensez point que ses malheurs sont finis.

Quand il se réveilla, il se trouvait dans un endroit qu'il ne connaissait pas. Tout y était blanc, une étrange odeur flottait dans l'air. Il était dans une chambre, mais ce n'était pas leur chambre. Leur chambre était plus sombre, leur lit était plus grand. Cette chambre n'était pas leur chambre et il avait peur. Cet endroit n'était pas sa maison et il avait peur. Il devait rentrer chez lui ou leur mère le frapperait. Il devait rentrer chez lui et soigner son frère, il devait être réveillé maintenant...

Il avait mal. Pas au bras. Pas au pied. Mal au cœur. Il avait mal dans la poitrine. Il se souvenait, ça faisait mal comme lorsque leur père était parti. Mais ça faisait plus mal. Tellement plus mal. Et il ne savait pas pourquoi. Il ne se souvenait pas avoir été blessé au cœur. Au bras oui. A la cheville oui. Mais pas au cœur. Et ça faisait mal. Si mal. De plus en plus.

Il voulu se lever, mais son corps était lourd. Si lourd. Il n'arrivait même pas à lever sa main. Ah... C'était normal non ?... Son bras était cassé. Mais il n'arrivait pas non plus à bouger l'autre. Elle était trop lourde. Il regarda son corps. Son bras était plâtré. Sa cheville était bandée et coincée dans une atèle. Il lui semblait avoir le visage bandé aussi.

Il ne se souvenait pas s'être soigné. Il ne se souvenait pas que son frère l'ait soigné. Ils ne possédaient de toute façon pas le matériel pour réaliser des soins de cette qualité. Était-ce les gens qui l'avait emmené là qui l'avaient soignés ? Un instant... On l'avait emmené là ? Qui ? Pourquoi ?

Il devait rentrer.

Des pas résonnèrent dehors. De plus en plus près. Saisi d'une peur qui lui était à la fois habituelle et inconnue, il ferma les yeux. Faire semblant de dormir. Il l'avait déjà fait avant, pour échapper aux violences de leur mère. Il put entendre, quelques secondes après, la porte de la chambre s'ouvrir, des gens entrer. Des gens parler. Des voix qu'il ne connaissait pas.

"Il dort toujours ?"

"Ce n'est pas étonnant. Il était dans un état préoccupant. Son corps avait besoin de repos mais il refusait de dormir alors nous avons du lui donner des somnifères. Il devrait se réveiller dans peu de temps."

"C'était si grave que ça ?"

"Fracture de la cheville. Fracture du nez également. Un bras cassé plusieurs fois, des fragment d'os se sont dispersés. Sans compté qu'il souffre de malnutrition et son poids est insuffisant. Il est aveugle de l’œil droit et n'a plus aucune sensibilité dans les mains."

"Mon dieu..."

"Et ce ne sont que les blessures actuelles."

"Comment ça...?"

"Nous avons relevé de nombreuses brûlures au deuxième et au troisième degré sur ses jambes, ses bras, son dos et son visage. Plusieurs os se sont déjà cassés ou fracturés et n'ont pas été correctement soigné, voire pas du tout. Il porte également les traces de plaies répétitives."


De quoi parlaient-ils ? Il ne comprenait pas. Ils parlaient de lui non ? Pourquoi ? Il était perdu.

"Et nous craignons aussi les conséquences psychologiques qui vont résulter de la maltraitance qu'il a subit."

"...Quel genre de mère peut faire ça à ses enfants ?"

"Je ne sais pas. Où est-elle d'ailleurs ?"

"La police l'a arrêtée. Elle doit être au poste."

 
Ils parlaient de leur mère ? Elle n'était pas à la maison ? Ils avaient parlés d'un poste... C'était là qu'elle était ? Pourquoi ? Et c'était quoi un poste ? C'était quoi la police ? Il ne comprenait rien à ce qu'ils racontaient...
 
"Et le frère du gamin ?"
 
Son frère ? C'est vrai, son frère... Où était son frère ?! Ils l'avaient emmené ici aussi ?! Ils l'avaient aussi soigné ? Il allait bien ? Il s'était enfin réveillé ?
 
"...C'était trop tard..."

"Non...?"

"Elle lui a défoncé la boite crânienne. Il n'avait aucune chance de s'en sortir. Quand nous l'avons trouvé, il était déjà mort depuis presque vingt heures."

 
De quoi parlaient-ils ? Il ne comprenait rien. Où était son frère ? Pourquoi est-ce que leur voix semblait triste ? Qu'est-ce qui était arrivé à son frère ? Pourquoi utilisaient-ils des mots si compliqués ? Qu'est-ce que ça voulait dire "boite crânienne" ? Et "mort" ? C'étaient des maladies ? Des blessures ?
 
Son inquiétude pour son frère était plus forte que sa peur. Son inquiétude pour son frère était toujours plus forte que le reste. Il ouvrit lentement les yeux, retrouvant le blanc de cette étrange chambre. Il y avait deux monsieurs et une dame avec lui, tous habillés en blanc. Encore du blanc. Son bras était toujours lourd. Mais beaucoup moins qu'avant. Comme il put, il leva le bras et attrapa le manteau blanc de l'un des hommes. Ils se tournèrent tous vers lui.
 
"Ah ! Tu es finalement réveillé Lilian !"

"Où est Steafan...?"

 
Sa voix était faible, plus que d'habitude. Sa langue aussi était lourde. C'était désagréable. C'était comme quand il prenait les médicaments de leur mère pour s'endormir.
 
Ils le regardaient avec tristesse. Mais ils ne lui répondaient pas.
 
"Où est Steafan ?"
 
L'homme à qui il avait attrapé le manteau fit un signe à ses amis et ils sortirent. Puis il vint s'assoir à côté de son lit.
 
"Lilian... Te souviens-tu de ce qu'il s'est passé ?"

"Maman était en colère."

"Et après ?"

"Steafan ne se réveillait pas..."

"Alors tu es allé chercher quelqu'un pour t'aider ?"

 
Il hocha la tête.
 
"Et après ?"

"Après...?"

"Tu ne te souviens pas de ce qu'il s'est passé après ?"

"Non. Où est Steafan ?"

 
Il vit l'homme soupirer. Et il eut soudain très peur, sans savoir pourquoi. Ce vide qu'il avait dans la poitrine lui faisait mal. Très mal. Plus mal qu'avant. Plus que son bras et sa cheville. Plus que toutes les autres blessures que lui avait fait leur mère. Ca faisait beaucoup, beaucoup mal. Et de plus en plus. Et il ne savait pas pourquoi. Et il avait peur. De plus en plus peur.
 
"Monsieur...?"

"Je suis désolé Lilian..."

 
Il ne comprenait pas.
 
"...mais Steafan est mort."
 
Il ne comprenait pas.
 
"Ca veut dire quoi ? Où est Steafan ?"
 
Il vit le regard qu'avait l'homme en le regardant. De la tristesse. De la compassion. De la pitié. Et il sut qu'il n'aimait pas ce regard.
 
"La mort c'est...quand quelqu'un s'en va. Pour toujours."
 
Non...
 
"Ton frère ne reviendra pas."

"Mais il n'a pas put partir. Il dormait..."

 
N'est-ce pas...?
 
"...C'est vrai. Tu vois Lilian, pour certains, la mort est un voyage. Pour d'autres, elle est un sommeil profond. Ton frère s'est endormit pour toujours."
 
Non...
 
"Il ne se réveillera jamais."
 
Non...
 
"Il ne se réveillera pas...?"

"Non."

 
Non...
 
"Je ne le reverrai pas...? On ne sera plus ensemble...?"

"Non. Il n'est plus là Lilian. Il n'est plus là."

 
Non...
 
"Non..."

"Je suis désolé Lilian."

 
Non... Non. Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non...
 
Il hurlait.
 
Il était bien une fois
Un garçon au cœur en larmes,
Un être dénué de toute joie
Hantant ces lieux telle une âme.

Il avait déjà vécu le pire
Et y avait tout perdu.
Âgé de neuf ans et voulant en finir
Il avait abandonné et était vaincu.

La société voulait le sauver.
Mais peut-on faire vivre un mort ?
Ils refusaient de le laisser tomber
Et le baladaient encore et encore.

Le garçon alla dans un foyer.
Puis un autre. Puis un autre.
Mais personne ne voulait le garder,
Trop sinistre, il faisait peur aux autres.
Dans un autre enfer il était tombé.
 
Il regardait la femme devant lui. Elle était comme les autres. Elle souriait grandement à son référent. Il pouvait le lire dans ses yeux, elle pensait être différente. Elle pensait pouvoir le changer, le faire sourire, l'amadouer, le faire redevenir comme avant. Il le connaissait ce regard. C'était celui de gens pensant être différents, pensant pouvoir sauver les autres alors qu'ils étaient impuissants.

Il en avait vu, des regards comme ça, depuis deux ans qu'on le traînait de famille en famille. Au début elle serait gentille et prévenante avec lui. Elle lui poserait plein de questions, espérant le connaître. Elle s’apitoierait sur son sort, espérant s'attirer sa sympathie. Puis de vois ses efforts vains, elle le délaisserait pour d'autres enfants plu joyeux, plus bavard. Plus enfant, tout simplement. Son air sinistre et son silence feront peur aux autres enfants et alors viendra le temps des reproches. Puis enfin, ne pouvant plus le supporter, elle appellera l'institution pour qu'elle le reprenne et il ira dans une autre famille.

Et ainsi de suite.

C'était la même chose depuis deux années. Et lui ne changerai pas. Il fera toujours la même chose. Il mangera ce qu'il doit manger. Il boira ce qu'il doit boire. Il apprendra ce qu'il doit apprendre. Mais il ne vivra pas.

Ça faisait deux ans qu'il ne vivait plus. Depuis la mort de son frère. Depuis le départ de leur mère. Non. De sa mère, puisqu'il ne restait que lui. Il ne vivait pas. Il n'arrivait pas à vivre seul.

Il regarda ses mains. Elles étaient blanches. Et insensibles. Il s'était rendu compte qu'il ne sentait plus rien. Ni le froid ni le chaud. Ni le doux ni le rugueux. Plus rien. Pas même la douleur. Son regard descendit sur ses poignets. Là non plus il ne sentait plus rien. La peau aurait due être blanche. Elle était rouge. Rouge de croûtes. Rouge de plaies. Il n'était pas violenté. Il ne l'était plus. Ces traces-là, ces blessures fraîches, c'était lui.

Ses poignets ne sentaient pas. Ses mains ne sentaient pas. Il n'avait pas mal quand il se coupait accidentellement avec un couteau.

Il n'avait pas mal quand la peur, l'angoisse, la solitude, la culpabilité le poussaient à ses gratter jusqu'au sang. Encore et encore. Il n'avait pas mal. Une femme en manteau blanc, un médecin, lui avait dit d'arrêter. Il n'arrêtait pas. Il n'y arrivait pas. Il n'essayait pas. Il ne voulait pas. Ça ne le dérangeait pas lui. Il n'avait pas mal. Il n'avait plus mal.

"Lilian ?"

Il releva la tête, cachant ses poignets dans ses manches. La femme, sa nouvelle "mère", se baissa vers lui en souriant.

"Tu viens ? On va à la maison ?"

Il hocha la tête, la suivant en silence. Il la suivit au dehors, entrant dans sa voiture à sa suite. Assit à l'avant, il gardait son regard résolument fixé sur l'extérieur. Il avait découvert ce qu'il y avait dehors, les divers paysages que l'on pouvait traverser en voyageant. Il avait apprit que l'endroit où il avait toujours vécu était la banlieue de Terraria, la capitale de la Cité Terrestre. Il avait découvert les différents paysages de la Cité et de la ville en allant de famille en famille. Par la fenêtre de sa chambre d'hôpital, il avait découvert les toits enneigés de Froënbourg et les horizons de la Cité Nordique. Accueilli par des familles, il avait ensuite découvert les deux autres Cités.

Son univers avait été bouleversé. De bien des manières. Il avait apprit l'existence d'un monde dont il n'avait pas oser supposer l'existence. Il l'avait découvert au travers d'un unique œil. C'était encore la seule chose qui le rendait un peu vivant.

Le nez collé à la vitre, il regardait défiler le paysage marin. Il roulait sur une route côtière, dans la Cité Marine. Ils se dirigeaient vers une ville sous-marine semblait-il. Il en avait déjà entendu parler avant, de cette ville immergée. Il n'y avait pas beaucoup cru, ça lui semblait bien trop étrange. Mais il semblait que sa nouvelle mère y vivait. Il était curieux. A quoi ressemblait la vit sous-marine ?

Des questions résonnaient dans la voiture. Et voila. Était venu le temps de l'interrogatoire. Il écoutait ses questions, mais il ne répondait à aucune. En vérité, cela faisait deux années qu'il avait cessé de réellement parler. Quelques onomatopées lui échappaient parfois, mais il était silencieux. Il n'avait plus envie de parler à personne. Plus du tout. Pour entendre sa voix, il fallait entrer dans sa chambre, la nuit, lorsque dans son sommeil, dans ses cauchemars, il criait un nom.

Steafan.

Il était bien une fois
Un garçon sans avenir.
Il fuguait à travers les bois
En ressassant ses souvenirs.

Il atterrit dans une nouvelle famille
Mais ce n'était pas la bonne.
Il connaissait bien la ville;
Ici était mort l'enfant d'une démone.

Fuguant une fois de plus
Il parcouru le même chemin
A pieds ou en bus
Jusqu'à la maison de l'assassin.

Tout doit finir
Là où tout a commencé.
Là devait dormir
L'âme qu'il avait abandonné
Et qu'il ne pourrait plus trahir.


Dernière édition par Lilian Muireadhach le Sam 21 Juin 2014 - 14:26, édité 2 fois
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Lilian - Reboot de Lyn Empty
MessageSujet: Re: Lilian - Reboot de Lyn Lilian - Reboot de Lyn EmptySam 21 Juin 2014 - 14:13

Histoire
partie II
Il leva lentement les yeux. Devant lui se tenait une maison. Sa maison. Son ancienne maison. Elle n'était pas en ruine, la panneau "A VENDRE" placardé sur le mur de façade indiquait qu'elle n'était pas non plus abandonnée. Son regard allait d'un détail à l'autre. Rien n'avait vraiment changé, du peu dont il se rappelait. Les murs étaient toujours blancs, bien qu'un peu écaillés. Les volets étaient toujours fermés. Le jardin n'étaient toujours qu'un tas d'herbes folles. Une des fenêtres étaient fissurée, comme une toile d'araignée.

Tant de souvenirs lui revenaient en voyant cette vieille façade abîmée. La silhouette floue de son père le portant sur ses épaules. Sa mère heureuse qui arrosait ses hibiscus. Son frère qui lui courait après en riant.

Sa mère qui pleurait dans sa chambre. Son frère et lui qui la consolaient.

Sa mère qui leur criait dessus, qui les frappait, qui les brûlait, qui les noyait. Son frère et lui qui se cachaient pour lui échapper, qui essayaient de ne pas crier, qui souffraient.

Son frère qui dormait. Et qui n'était pas destiné à se réveiller.

De sa manche, il effaça les larmes qui embuaient ses yeux. Il ne voulait pas s'en rappeler. Ça faisait mal. Beaucoup trop mal. Très lentement, il se rapprocha de la porte d'entrée. Elle était fermée bien sûr. Et lui n'avait jamais possédé la clef. Il serra fortement celle qui pendait autour de son cou. Il l'avait volé il y avait des mois de cela à l'un de ses "pères". Celui-là avait déclaré qu'il s'agissait d'un passe-partout, une clef capable d'ouvrir toutes les serrures. Désormais devant cette porte close, il espérait que c'était vrai.

Pourquoi voulait-il entrer dans cette maison ? N'était-elle pas pleines de mauvais souvenirs ? Il ne savait pas pourquoi. Quelque chose l'y poussait simplement. Il s'était rappelé qu'elle était là et avant de s'en rendre compte, il était devant le portail.

Peut-être parce qu'il avait promit de revenir.

Il y eut un "clic" et la porte pivota légèrement sur ses gonds. Intimidé, il entra. Ses pas laissaient des traces nettes dans l'épaisses couche de poussière qui tapissait le sol. Soudain, il ne savait plus où aller. Il restait dans le couloir, incapable d'entrer dans l'une ou l'autre des pièces. Tout était vide. Irrémédiablement vide. Il ne reconnu le salon qu'à sa cheminée. Disparus le canapé, le fauteuil et la table basse. Disparus la table à manger, la bibliothèque et la télévision. Ne restait que la poussière.

Et il en était ainsi de toutes les pièces. Il les visita l'une après l'autre, en évitant une particulièrement. La cuisine. Elle était l'ultime preuve de la mort de son frère, l'ultime preuve de sa faiblesse, de son incapacité à protéger sa moitié. Pourtant, si la tête criait non, c'était sur le pas de cette pièce que ses jambes l'avaient menées.

Là aussi, tout n'était que vide et poussière. Il faisait exactement le même chemin que trois années auparavant. Les petites taches de sang avaient disparues, ses traces de pas ensanglantées aussi, pourtant il savait jusqu'où avancer, quand tourner. Il le suivait de nouveau mais cette fois, il n'y avait personne au bout du chemin. Son frère n'était pas là. La mare de sang qu'il avait laissé avait disparue également. Pourtant il le savait aux tâches rouges sur le mur blanc. C'était là.

Tout comme il y avait trois ans, il alla s’asseoir contre ce même mur. Et il pleura. Il pleura comme il avait déjà pleuré la mort de son frère avant. Beaucoup. Longtemps. Jusqu'à ce que l'épuisement ne le fasse s'assoupir.

"...ian..."

Il fut réveillé plusieurs heures après, par cette impression que quelqu'un l'appelait.

"...Lilian..."

Pourtant, même réveillé, il entendait toujours cette voix. Une voix qu'il connaissait.

"Lilian !"

Il ouvrit brutalement les yeux, ébahi. Il ouvrit brutalement les yeux, tombant sur un visage identique à celui qu'il avait eut trois années auparavant. Sa bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte. Il rêvait, c'était la seule chose à laquelle il pensait.

"Tu te réveilles enfin Lilian !"

Cette phrase entra par son oreille gauche et ressortit aussitôt par son oreille droite. C'était avec les yeux et la bouches grands ouverts qu'il fixait la personne devant lui. Steafan. Son frère. Exactement pareil que la dernière fois qu'il l'avait vu, comme si le temps n'avait pas eut d'emprise sur lui.

"Lilian ? Lilian ? Liliaaaaaaan !! Eho !"

Son frère passa une main devant son visage, le réveillant de sa torpeur. Un cri lui échappa tandis qu'il s'éloignait aussi loin qu'il le pouvait de son frère. Était-ce seulement son frère ? Il était mort. Mort. Il y avait trois ans de cela. Même s'il ne le savait pas à ce moment-là, il avait veillé son cadavre durant plusieurs heures. Il l'avait vu être enterré. Son frère ne pouvait pas être devant lui. Et pourtant...

"St..Steafan...?"

Son frère lui sourit chaleureusement. Un sourire comme il ne se souvenait pas lui en avoir vu.

"En-fin ! J’ai failli croire que tu ne te souvenais pas de moi !"

"Mais Steafan…tu… Tue s mort…il y a trois ans. Tu ne peux pas être…là !"

Le sourire de son frère se fana et il s’en voulu. Mais il était incapable de croire, d’accepter ce qu’il voyait, peu importe à quel point il le voulait.

"Ah… Alors ça fait trois ans. Je me disais bien que tu avais vieilli !"

Il le regardait sans comprendre. Il ne comprenait absolument rien à ce qu’il se passait. Il n’arrivait même plus à parler. Il devait l’interroger, lui poser des questions, mais il n’y arrivait pas. Il ne pouvait que regarder son frère le rejoindre et s’accroupir face à lui, leurs genoux se touchant presque.

"C’est compliqué et bizarre mais…je suis vraiment mort Lilian. Regarde."

Son frère tendit sa main vers lui, la collant presque à son visage. A sa grande surprise, il pouvait distinguer son visage à travers. Pas totalement. Pas nettement. Mais il pouvait le voir.

"Tu es…"

"Un fantôme ! T’as vu ça ? C’est génial ! Je peux traverse les murs et puis aussi… !"

Il cessa de l’écouter. Un fantôme. Son frère était devenu un fantôme. Rien qu’un fantôme. Pendant un instant, il avait espéré, s’était dit que peut-être…mais non. Son frère était juste un fantôme. Ca faisait mal. Même si sa peine s’était en quelque sort allégée, il avait mal.

"Tu es vraiment mort…"

Son frère se calma en un instant, son sourire enjoué disparu tout aussi vite.

"Je suis désolé."

"Ce n’est pas de ta faute. Comment…"

"…je suis devenu un fantôme ?"

Il hocha la tête.

"J’en sais rien. Je me suis réveillé comme ça après que maman ait…enfin voila."

"C’est tout ?"

"Je crois.  Ah… peut-être que…"

"Peut-être que…?"

"Y a des gens qui sont venus  chercher mon…corps. Et j’ai eut l’impression que je devais aller avec eux. C’est peut-être à cause de ça."

"Tu n’y es pas allé ?"

"Non."

"Pourquoi ?"

"Parce que…parce que… J’avais peur. C’était la première fois que j’étais tout seul, ça faisait peur. Je savais pas qui étaient ces gens et où ils allaient m’emmener et ça faisait peur. Et tu avais dis que tu allais revenir alors je devais t’attendre. Mais t’es pas revenu…"

Il baissa la tête, coupable.

"Je suis désolé."

"Ce n’est pas grave. Tu es là maintenant, c’est tout ce qui compte !"

"Mais Steafan…je ne peux pas rester ici avec toi. Ce n’est pas possible…"

"Dans ce cas, c’est moi qui ira avec toi !"

"Hein ?"

Il le regarda sans comprendre. Venir avec lui ? Comment ? Un fantôme, c’était pas censé hanter les maisons ou les cimetières ? C’était bloqué à l’endroit où il était mort non ? Est-ce que ça pouvait au moins se déplacer ? Comment allait-il venir avec lui ? Son frère lui sourit avec confiance.

"Ne t’inquiètes pas. A partir de maintenant, on sera ensemble pour toujours !"

Il était bien une fois
Deux enfants devenus un.
Ils avaient enfin le droit
De se tenir par la main.

Le premier devenu âme
Parti avec son frère.
En réalité, là était un drame
Car le second allait déplaire.

Il pouvait voir d'autres fantômes,
D'autres âmes abandonnées
De femmes, d'enfants et d'hommes,
Etant lui-même hanté.

Ils rejetaient ce qui était différent.
Parce qu'il parlait dans le vide
A leurs yeux, leurs mots méchants,
Leurs phrases et remarques perfides
Allaient de plus en plus en l'isolant.

"Lilian ! Lilian ! Lilian, où es-tu ?!"

Caché derrière un cactus, il attendait calmement que son nouveau père ne s'éloigne. A côté de lui, son frère s'amusait comme un fou en courant après un papillon, passant au travers immanquablement. Lorsqu'enfin l'adulte se fut éloigné, il sortit de sa cachette et prit la direction opposée à sa maison, son frère sur les talons. Mais ce n'était pas comme s'il pouvait le semer. Son frère était scotché à son corps. Il ne pouvait que le suivre, qu'il le veuille ou non.

"Liliaaaaaan ! Je jouais avec le papillon !"

"Désolé. Mais il y aura plein d'autres papillons là où on va."

"C'est vrai ??"


Il hocha la tête. Derrière lui, son frère sautillait de joie en poussant de petits cris. Il sourit. Avec le temps passé avec son frère retrouvé, même sous la forme d'un fantôme, il avait découvert un Steafan très différent de celui qu'il avait connu sous le joue de leur mère. En réalité, il avait retrouvé son frère tel qu'il était avant le départ de leur père.

Son frère était expressif. Plus que lui. Beaucoup plus que lui.Il s’émerveillait pour un rien. Contrairement à lui, il ne savait rien du monde, il était resté enfermé dans la maison de leur enfance. C’était à lui de lui apprendre et il s’en amusait. Il n’y avait qu’une chose, une seule, qui le peinait dans ses retrouvailles avec son jumeau. Du fait de sa mort, Steafan resterait pour toujours le fantôme d’un enfant de neuf ans. Mais lui, il vieillirait. Il deviendrait adolescent. Adulte. Vieillard. Son frère resterait enfant. Ca lui donnait l’impression qu’ils n’étaient plus jumeaux, contrairement à ce que son frère lui affirmait.

Aussi silencieusement qu’une ombre, il évoluait dans les rues de la belle Kalel. Cette ville le fascinait. Il y avait déjà vécu plusieurs fois. C’était ici qu’il avait apprit les chaleurs étouffantes et la douceur du sable sous ses pieds. Lui qui avait grandit dans une maison fermée et obscure avait découvert ici la lumière d’un ciel qu’aucun nuage n’entrave. Il avait été fasciné de voir que le désert, si brûlant sous le soleil, pouvait geler une fois la nuit venue.

Les capitales étaient immenses. Idéale pour qu’un enfant s’y perde. Ou s’y cache. Il n’aimait pas trop les grandes rues et les grandes places. Ses parents adoptifs pouvaient facilement l’y retrouver malgré la foule. Lui préférait les petites rues. Celles que la foule n’atteint pas sans pour autant être déserte.

C’étaient celles-là qu’il empruntait pour s’éloigner encore et encore de sa maison. C’était au travers de ce dédale labyrinthique qu’il fuguait. Il se perdait rarement. Il faisait attention à son environnement et avait une bonne mémoire. Il connaissait les grands axes de la ville et la route à parcourir à partir de ceux-ci. Dans le pire des cas, il lui suffirait de demander son chemin à quelqu’un.

Il stoppa sa marche devant un squatte. Il ne lui disait rien. Avait-il été construit récemment ? Ou s’était-il aventuré dans un quartier qu’il n’avait jamais visité ? Possible. Qui était-il, du haut de ses 13 ans, pour prétendre connaître la capitale par cœur ?

Il avisa à quelques mètres de lui une petite mare. Bordée de buissons en fleur. Où virevoltaient des papillons.

"Papillooooooooon !! On s’arrête là hein Lilian ?! Hein ? Hein ?"

"D’accord."

"Ouaiiiiiiis !"


Ils allèrent tous les deux près des buissons, lui s’asseyant par terre, son frère courant de nouveau après les insectes colorés. Il n’y avait pas beaucoup de monde dans le squatte. Il faisait encore trop chaud pour que les parents emmènent leurs enfants jouer.

Il regardait simplement son frère s’amuser. Etant mort, la chaleur, le froid, ces choses-là ne l’atteignaient pas. Lui était encore vivant et restait simplement à l’ombre.

"Dis Steafan. Pourquoi tu leur cours après alors que tu ne peux pas les toucher ou les attraper ?"

Demanda-t-il en regardant un papillon traverser le corps translucide de son frère.

"Parce que c’est drôle !"

"Tu es bizarre…"

"Même pas vrai !"


Il ne releva pas le tirage de langue que le fantôme lui adressa. Il se contenta simplement de le regarder jusqu’à ce qu’il sente quelqu’un s’assoir à côté de lui. A droite. Dans son angle mort. Tournant totalement la tête, il tomba sur un enfant. Un garçon un peu plus jeune que lui. Celui-ci le regardait avec curiosité.

"A qui tu parles ?"

Il aurait du s’en douter. Les autres ne voyaient pas ni n’entendaient son frère. Il était le seul. Alors à chaque fois qu’il parlait avec son frère, on lui disait d’arrêter de parler tout seul ou dans le vide. On le prenait pour un fou.

"A mon frère."

"Ah bon ?"

"Oui."

"Il est où ?"

"…Là-bas. Il court après les papillons."

"…Ah ? Il est cool ? Tu m’le présentes ?"


Il le regarda, passablement surpris. C’était bien la première fois que quelqu’un ne se moquait pas de lui ou ne le remballait pas en disant qu’il n’y avait personne là-bas, qu’il avait juste un ami imaginaire et qu’à son âge, il ferait mieux d’arrêter d’en avoir. Il ne savait pas vraiment quoi penser. Le croyait-il ? Faisait-il juste semblant ? Le prenait-il en pitié ou se moquait-il de lui ? Il fit glisser son regard vers l’âme de son jumeau. Puis de nouveau vers le garçon inconnu. Il hocha lentement la tête.

"Oui. Il est très gentil et…gamin. Steafan !"

Il appela doucement son frère, le détournant de sa chasse aux papillons. Celui-ci le regarda curieusement mais vint sans poser de question quand il lui fit signe. Le fantôme s’assit près d’eux. Il montra simplement ce qui pour l’autre garçon devait être un espace vide.

"Voici Steafan. Mon frère jumeau. Il est mort il y a quatre ans alors maintenant c’est un fantôme… Moi je m’appelle Lilian. Et toi ?"

Il se serrait attendu à une moquerie. Mais l'enfant lui sourit simplement, visiblement content.

"Nathanaël. Enchanté, Lilian, Steafan."

"Nathanaquoi ?"

"Nathanaël Stea. Nathanaël."

"...C'est trop long ! Je vais l'appeler...mmh...Nathou ! Voila. A partir de maintenant tu es Nathou. Nathou. Nathou. Nathou."

Il regardait bêtement son frère tourner autour du garçon en répétant inlassablement le surnom. Bien. D'une certaine manière, heureusement qu'il était le seul à le voir.

"Je crois...qu'il t'aime bien. Il a décidé de t'appeler Nathou..."

"....Naaa...thou ? Nathou ?"

Il vit l'autre enfant hausser les épaules et lui sourire. Un grand, trèèèès grand sourire. Il ne semblait pas le prendre mal.

"Ça me va, Steaf -c'est ça ? Je suis sûr qu'on va s'entendre ! Alors, hmm... Ça te-vous dit d'être mes amis ?"

Le garçon avait bloqué. Il l'avait entendu. Mais il ne releva pas. Ne dit rien. Il ne le croyait sans doute pas. Il ne lui en voulu pas. Au moins faisait-il semblant d'y croire un peu. Autour du nouvellement nommé Nathou, il voyait son frère s'agiter plus que jamais, visiblement très heureux.

"Oh oui, oh oui ! Un ami. Lilian, on va avoir un ami. Notre premier ami !!"

Il hocha doucement la tête.

"D'accord. Ça nous va. Mais tu...es notre premier ami alors...je ne sais pas trop comment agir..."

Il rougit, gêné. Incroyablement intimidé devant cet enfant plus jeune que lui. Mais celui-ci continuait de sourire.

"Bah t'sais quoi ? On est trois !"

Il était bien une fois
Un garçon qui se fit un ami.
C’était le premier, la première fois
Que quelqu’un l’acceptait et voulait de lui.

Cela aurait du être éphémère,
Une amitié que brise la distance.
Il s’avéra qu’ils gardèrent
Leurs lettres respectives en un tas immense.

Le garçon et son fantôme de frère
Continuaient d’errer sans fin
A la recherche d’une famille à refaire,
D’un endroit où rester enfin.

Il arrive parfois que la vie
Sourit aux malheureux.
Voila que de nulle part sortie
Une grand-mère qui voulait d’eux,
Par laquelle il serait chérit.

"Bienvenue chez toi, Lilian."

Intimidé, il pénétra lentement dans l’appartement. C’était lumineux, chaleureux. Et haut. Par une fenêtre, il pouvait apercevoir tout Marina. Il était haut, cet appartement. A petits pas, il explorait les différentes pièces, lorgnant sur les objets étranges qui trainaient de ci de là.

"Ce n’est pas très grand par rapport à ce que tu as du connaître jusque là, mais c’est bien suffisant pour nous deux !"

Son regard unique dériva sur celle qui lui parlait. Une femme plutôt petite, dont le visage se creusait peu à peu de rides. Pourtant il la trouvait belle, à la regarder sourire et s’agiter dans tous les sens. Elle lui faisait penser à son frère. Qui était d’ailleurs occupé à…faire exactement la même chose.

Il s’en détourna et rejoignit la vieille femme qui se démenait avec ses affaires. Il se saisit d’un des sacs et la suivit jusqu’à une pièce vide.

"Ta chambre est ici. Ou plutôt sera. One ne peut pas dire que ça ressemble à une chambre actuellement. En attendant que tout s’installe, tu dormiras dans ma chambre. J’irais dans le salon."

"Je préfèrerais que ce soit moi qui dorme dans le salon."

"Tu es sûr ? Ca ne me gène pas tu sais."

"Oui. J’ai l’habitude. Et c’est ma chambre qui est inutilisable, alors c’est à moi de dormir sur le canapé."

"…Je vois. Je ne vais insister dans ce cas."

Et elle repartie chercher un autre sac. Lui déposa le sien dans un coin puis s’arrêta sur le palier de la chambre. Il observa un instant la femme avant de se décider.

"Madame… Vous êtes vraiment no-…ma grand-mère ?"

"Tout d’abord, tutoies-moi Lilian. Ensuite, oui. Je suis vraiment ta grand-mère, ainsi que celle de ton frère. Je suis la maman de ton abruti de père."

"…Pourquoi abruti ?"

"Pour beaucoup de chose, crois-moi. Ce serait trop long de te faire une liste de toutes les raisons. Mais ce qui vous ai arrivé, à toi et Steafan, en est déjà une bien suffisante."

"J’ai un grand-père ?"

"Tu en avais un. Mais il est mort, paix à son âme !"

Un instant, il se demanda s’il pourrait la rencontrer, cette âme. Celle de son grand-père. Mais il chassa l’idée. Une seule âme pour le hanter suffisait, pas besoin d’une seconde. Sans oublier toutes les âmes errantes qu’il croisait quotidiennement. Non. Il n’allait pas en plus se mettre à les chercher.

Alors qu’il transportait un nouveau sac dans sa (futur) chambre, il aperçu de nouveau les étranges objets qui décoraient l’appartement. Ils l’intriguaient. Il n’en avait jamais vu de comme ça dans les précédentes maisons qu’il avait habité.

"Grand-m-"

"Ah non !!"

Il sursauta.

"Je refuse catégoriquement d’être appelée grand-mère. Ca fait petite vieille toute rabougrie ! Je suis encore jeune moi ! Appelle-moi comme tu veux, mami, mémé, mamé, malou, manou, mina ou autre. Mais PAS grand-mère !"

"...D'accord..."

C'est qu'elle faisait peur sa grand-m-...sa...euh...mami...

"Mami...Qu'est-ce que c'est ?"

Demanda-t-il en pointant du doigt divers objets accrochés au mur. Sa grand-mère le rejoignit pour voir ce dont il parlait.

"Oh ! Ça ? Ce sont des objets spirituels. Des charmes de protection contre les mauvais esprits, des outils utilisés au cours de cérémonies religieuses ou spirituelles."

"Pourquoi tu as tout ça ?"

"Mmh...Eh bien, certains sont de simples souvenirs. Et il y en a d'autres que j'utilise pour mon travail."

"Ton travail ? Tu fais quoi ?"

"Je suis voyante."

"Ça veut dire quoi ?"

"Eh bien tu vois, une voyante, c'est quelqu'un qui peut lire le passé et l'avenir d'autres personnes. C'est aussi une personne proche des esprits."

Il la vit s'agenouiller devant lui et lui caresser doucement les cheveux.

"Je te crois Lilian, quand tu dis que Steafan est devenu un fantôme, quand tu dis qu'il est là, avec toi, quand tu dis que tu lui parles. Je te crois."

Il la regardait sans trop y croire. Est-ce que c'était vrai ? Elle le croyait vraiment ? Ou alors c'était encore un mensonge ? Il le savait, les adultes mentaient beaucoup. Pourtant, il voulait y croire. Il voulait être cru, qu'on cesse de le traiter de menteur ou de fou.

"Tu peux...le voir ?"

"Non. Malheureusement non. J'aurais bien aimé, mais je ne peux pas. Ma force spirituelle n'est pas assez puissante."

"Ta force quoi ?"

"Ma force spirituelle. C'est ce qui me permet de lire l'avenir et le passé des personnes. C'est aussi ce qui te permet de voir les âmes. Ta force spirituelle est beaucoup plus puissante que la mienne, c'est pour ça que tu peux voir et communiquer avec les esprits et moi pas."

Il la regardait, peu convaincu. Mais il ne dit rien. Il réfléchissait. Sa grand-mère resta avec lui un instant avant de retourner s'occuper des sacs. Sa chambre n'allait pas se faire toute seule. Lui restait là, à observer les masques et les attrape-rêves pensivement. Il ne sortit de sa contemplation qu'à l'entente d'un rire qu'il connaissait bien maintenant. En regardant son frère, une question lui traversa l'esprit. Si sa force spirituelle était si puissante...

Pourquoi ne voyait-il les morts que depuis ses retrouvailles avec son frère ?

Il était bien une fois
Un adolescent qui voyait les morts.
Ce n'était pas toujours la joie
De les voir encore et encore et encore.

Il ne s'en plaignait pourtant pas,
Heureux de voir une âme en particulier.
Il ignorait encore que tout ça
Arrivait parce qu'il était hanté.

L'adolescent était plutôt heureux,
Excepté un certain inconvénient :
Le fait que ces morts peu respectueux
Viennent le posséder impunément.

A chaque qualité son défaut.
A chaque avantage son incommodité.
Il n'est jamais trop tôt
Pour apprendre à accepter
De vivre avec ces infernaux.

Il soupira. Quoi que "soupire" était un bien grand mot. Soupirer était un acte, une action physique. Donc difficilement réalisable en l'absence de corps. Or, s'il avait bel et bien un corps, contrairement à son frère, il n'en n'avait actuellement pas le contrôle. Et cette pensée le fit de nouveau soupirer. Mentalement. Puisqu'il ne pouvait faire autrement.

Il pensa à sa situation. Il s'était fait posséder. Une fois de plus. Il soupira. Une fois de plus. Il soupirait beaucoup. Mais c'était à peu près tout ce qu'il pouvait faire dans sa situation actuelle.

Comment était-ce arrivé ? Comment avait-il pu se faire avoir une fois de plus ? Devait-il accuser sa faiblesse ? Sa trop grande gentillesse ? Non. Pas cette fois. Cette possession était une possession non consentie. Comme la majeur partie d'entre elles en fait. Quoique ces derniers temps, il avait plus ou moins apprit à les chasser de son corps alors il y en avait un peu moins. Mais elles restaient nombreuses.

Avait-il baissé sa garde ? Avait-il eut un moment d'inattention dont cette âme avait profité pour lui voler provisoirement son corps ? Peut-être bien. Sans doute. Du reste, le quand n'avait pas d'importance pour lui. Il s'était fait posséder. Point.

Il soupira. Il en avait marre de voir son corps s'agiter par la volonté d'un ou d'une autre. Il avait demandé de l'aide à sa grand-mère. Avec tous les grigris qu'elle avait, elle pouvait bien faire quelque chose. Quelque chose pour que cela cesse. Ou au moins diminue grandement. Travailler et renforcer ses barrières mentales qu'elle avait répondue. Lui il voulait bien. Il s'y était entraîné, il avait travaillé. Mais fort était de constater que ça ne suffisait pas. Loin de là.

Il regarda au travers de son œil voyant qui bougeait au gré de la volonté de l'âme parasite. Il avait une certaine chance cette fois-ci. L'âme ne l'utilisait que pour écrire une lettre. Ce n'était pas si dérangeant. Il n'aurait qu'à supporter l'importante fatigue qui lui tomberait dessus quand le fantôme repartirait. Il en avait connu des biens plus dérangeant. Ceux qui voulaient parler de vive voix avec leurs proches par exemple. En oubliant totalement que le corps qu'ils empruntaient était celui d'un total inconnu. En résultait pour le mort un vent magistral de la part de sa famille et de ses amis, et pour lui le fait que l'on le prenne pour un fou.

Aussi était-il heureux de voir que celui-ci se contentait d'écrire une lettre. Et peut-être la poster lui-même. Ça lui allait. Il ne râlerait pas.

Il se détourna de la lettre. Elle ne le concernait pas. Elle ne l'intéressait pas. Il n'aimait pas être intrusif, se mêler de la vie d'autres personnes. Sans doute parce qu'il le subissait lui-même très régulièrement. Il soupira. Vivement que ça se finisse, qu'il reprenne le contrôle de son corps.

La première fois que ça lui était arrivé, ça avait été son frère. Steafan avait toujours refusé de lui dire comment il faisait, bien que la première relevait d'un bête accident. Son frère le possédait souvent, même si lui au moins demandait toujours la permission. Bien qu'il était totalement incapable de lui dire non.

Enfin, son frère avait été le premier fantôme à lui piquer son corps. C'était une sensation peu agréable. En particulier les premières fois. Maintenant, il s'était habitué. La possession, c'était quelque chose qui vous tombait dessus comme une enclume. Il tombait dans un était de semi-conscience  qui ne durait qu'un temps avant qu'il ne sente son corps échapper à son contrôle, bouger sans qu'il le lui ordonne tandis qu'une autre conscience écrasait la sienne, la reléguant au loin. Puis quand l'âme repartait, c'était un choc sourd, comme de tomber d'une chaise de tout son poids. Il se retrouvait toujours dans un état de fatigue important après une possession forcée, et parfois même son corps était douloureux. Chose qui n'arrivait pas lorsqu'il acceptait de prêter son enveloppe corporelle.

Sa grand-mère lui avait dit que c'était probablement parce que son corps ressentait l'intrusion et essayait de s'en défendre, d'éjecter le parasite. Peut-être que c'était vrai. Peut-être que c'était faux. Il n'avait pas moyen de le savoir.

Il n'avait jamais été possédé par un fantôme avant que son frère ne trouve drôle d'essayer. Et après, ça n'avait plus cessé. C'était comme si son frère avait ouvert en grand une porte jusque là demeuré fermée. Et lui ne désirait qu'une chose, savoir comment la refermer.

Il sentit son corps cesser d'écrire et quitter la chaise sur laquelle il était resté assit. Quittant ses réflexions, il s'intéressa à ce qui se passait autour de lui. La lettre était terminée et cachetée. L'adresse était à sa place, mais pas de timbre. Et maintenant ? Pensa-t-il peu de temps avant que la pression exercée sur son esprit et sa volonté ne se lève peu à peu jusqu'à disparaître. Petit à petit, il reprit le contrôle de son corps. Le fantôme avait déserté. Et lui se retrouvait comme une loque, à peine capable de marcher à cause de la fatigue.

Péniblement, il se traîna jusqu'au canapé où il s'effondra lourdement. Derrière lui il pouvait entendre son frère engueuler son ex-parasite. Ainsi, il ne s'était pas fait la malle comme la majorité des autres esprits.

Dans son champ de vision apparu finalement le fameux fantôme. Un adolescent. Plus vieux que lui. Presque adulte. Gêné. Hésitant. Désolé. Demandeur. Il le voyait ouvrir et fermer la bouche sans jamais rien dire. Il soupira. Il pouvait bien le faire maintenant.

Qu'est-ce qu'il y a encore ?"

Demanda-t-il avec lassitude. Il était fatigué. Il voulait dormir. Le fantôme hésité un dernier instant.

"Je suis désolé. Pour avoir prit ton corps. Mais j'en avais vraiment besoin, je..."

Il ne trouvait plus ses mots

"Tu aurais simplement du demander."

Le jeune adulte ne dit rien mais ses joues devinrent rouges. Sérieusement, comment un mort, une âme, un esprit pouvait-il rougir ? Il n'en savait rien et n'avait pas la tête à chercher la réponse.

"Et donc ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?"

"Eh bien... Est-ce que tu pourrais l'emmener à l'adresse indiquée pour moi ?"

Il avisa la lettre. La livrer ? Il aurait bien put le faire lui-même en le possédant. Et à la place il lui demandait de le faire pour lui ? Sans blague ? Oh non. Il était trop fatigué. Et même quand il irait mieux, pourquoi y aller ? Ça ne le concernait pas. Il devrait même le lui faire payer. Ne pas aller la poster pour lui faire comprendre que personne ne le possédait impunément. Non mais !

"D'accord. J'irais demain."

Il était trop gentil.

Il était bien un fois
Un adolescent trop gentil.
Peu importait le nombre de fois,
Il était toujours celui

Qui se faisait avoir.
Incapable de refuser,
Il fallait bien voir
Tous les problèmes qu'il s'attirait.

Désormais heureux, pourtant
Il lui restait la peur/
Cachée profondément,
Elle attendait son heure.

Vestige du passé
Comment autant de phobies,
Lui restait à se manifester,
A infiltrer sa vie
Et l'empoisonner.

"Qu'est-ce j'ai fait...?"

Ce n'était qu'une phrase soufflée du bout des lèvres, tremblante de la peur de briser le silence. Ce n'était qu'une phrase soufflée par un jeune homme à genoux au milieu d'une pièce. Ce n'était qu'une phrase soufflée puis balayée par le claquement d'une porte et un cri.

"Lilian ! Est-ce que ça va, Lilian ?!"

C'était comme avant et pourtant si différent. Il avait peur. La même peur qu'à l'époque, qu'avant. La même peur paralysante. Une femme lui criait dessus, comme avant. Une femme criait son nom, l'appelant, comme avant. Si semblable. Mais il n'y avait pas de haine dans cette voix. Pas de colère. Rien qui ne laissait présager la violence. Juste de l'inquiétude. Beaucoup d'inquiétude. Si différent.

Il releva la tête. La femme devant lui n'était pas sa mère. Non non. Ce n'était pas sa mère. Sa mère n'était pas blonde. Sa mère n'avait pas les yeux verts. Sa mère n'était pas si petite. Sa mère n'avait pas tant de rides sur le visage.

"Ma...mi...?"

"Lilian ! Ça va ? Tu n'as rien ? Tu n'es pas blessé ? Qu'est-ce qui s'est passé ici ?"

Ce qu'il s'était passé ? Ah c'est vrai... Ce qu'il s'était passé... Des flashs lui revenaient. Il était rentré dans une rage folle, incontrôlée, sans qu'il ne puisse se rappeler du pourquoi. C'était comme s'il n'était plus lui-même, comme si quelqu'un d'autre était là et le manipulait. Pourtant il était certain qu'aucune âme ne l'avait possédée. C'était lui et lui seul qui avait agit. Sans réfléchir. Sans pouvoir faire la différence entre ce qui était bien et ce qui était mal. Sans pouvoir ressentir autre chose qu'une sourde colère. Aveuglante.

Il avait crié. Il en avait mal à la gorge. Il avait tout renversé, frappé ce qu'il avait trouvé. Il était seul. Aucun humain. Que du matériel. Ses bras en étaient engourdis. Il regarda la pièce dans laquelle il se trouvait. Était-ce encore une pièce ? Une table éclatée sur le sol. Ses chaises en plus mauvais état encore. Le sol recouvert de papier, d'éclats de verre, de porcelaine et de bois, des objets en un ou plusieurs morceaux. Il connaissait ce paysage. Ce bordel d'objets détruis.

C'était celui qui suivait les colère de sa mère.

Mais son auteur, ce n'était pas sa mère. C'était lui. Lui seul. Il avait provoqué la même destruction que sa mère. Il était entré dans la même rage que sa mère. Il se figea. Ses souvenirs se mélangeaient. Images de sa mère. Images de lui-même. Se mélangeant et se confondant. Il avait agit comme sa mère.

Il devenait comme elle.

Ses mains se serraient, devenant blanches. Mais il ne sentait rien. Il essayait de ne pas y penser. De ne pas faire de rapprochement. De nier. Il n'était pas comme elle. Il ne l'était pas. Ne l'avait jamais été. Ne le serait jamais. N'est-ce pas ?

"Lilian ? Qu'est-ce qui se passe ? Explique-moi !"

Il sortit de ses pensées. De sa peur. Un instant. Il regarda sa grand-mère, plus inquiète pour lui que ne l'avait jamais été sa mère. Un mouvement. Il rencontra ses yeux. Pleins de peur. Comme les siens propres. Mais elle n'avait pas peur pour elle. Elle n'avait pas peur de lui. Elle avait peur pour lui. Lui avait peur de lui-même. Peur de ce qu'il pourrait lui faire.

Peur de ce qu'il devenait.

Il sourit doucement avant d'enlacer la vieille femme.

"Ce n'est rien. Juste...juste de vilains fantômes. Les monstres qui se cachaient sous le lit ont décidés de venir se moquer de moi et m'embêter. Ce n'est rien. Ne t'inquiète pas. Je suis courageux, je ne les laisserais pas faire."

Il parlait comme un enfant. Il parlait comme à un enfant. Il savait qu'elle ne comprenait pas. Personne ne pouvait comprendre. Personne. Sauf son frère. Parce qu'ils l'avaient vécus ensemble, son frère savait. Comprenait. Il le regarda. Ils se sourirent.

Il ne deviendrait pas comme leur mère.

Il était bien une fois
De nombreuses peurs qui hantaient
Un enfant et un adulte à la fois.
Des peurs qu'ils n'imaginaient.

Oubliez donc les phobies,
Celle-ci était bien pire.
Elle deviendrait leur pire ennemie,
Celle qu'ils ne pourraient fuir.

Les fantômes du passé
Ne disparaissent jamais vraiment.
Ils reviennent nous hanter
Toujours au bon moment.

Mais il y a d'autres vérités
Toutes aussi surprenantes
Dont on a pas osé
Penser qu'elles étaient existantes.
Leur révélation pourrait choquer.

"Lilian... Il y a quelque chose que je dois t'avouer."

Il releva la tête du livre qu'il lisait, regardant son ami avec un étonnant plus que visible. Même Steafan avait arrêté de voleter autour du brun, c'était dire que la situation était grave. Non mais, c'était quoi cette phrase d'introduction ? Pourquoi sentait-il la merde arriver à vive allure ?

"Nathanaël... Si tu m'annonces que tu m'aimes, je te tue."

Annonça-t-il avec tout le sérieux du monde. Même s'il était évident qu'il ne lèverai jamais la main sur son meilleur ami. Heureusement, le fou rire dans lequel celui-ci partit l'informa que non, il n'allait pas entendre une confession. Même s'il devait avouer qu'il n'y croyait pas dés le début. Mais une telle entrée en matière...il ne lui tendait pas la perche, il la lui refilait carrément.

"Et donc ? Tu voulais m'avouer quelque chose ?"

Brutalement, comme s'il n'avait jamais commencé, le fou rire s'arrêta. Ce fut à son tour de rire devant ce changement aussi brutal qu'inattendu. Surprenant et amusant. Son ami prit un visage sérieux. Très sérieux. Presque solennel. Chose qui n'arrivait pratiquement jamais. Et la révélation tomba.

"Je suis un vampire."

Il lui avoua comme ça. Cash. Sans transissions. Aussi lourdement qu'une enclume tombant au sol. Il le regarda, le dévisagea, scrutant son visage et ses yeux à la recherche du moindre mensonge, de la moindre plaisanterie, comme tant d'autres qu'il lui avait faite. Un vampire. Genre les trucs qui buvaient du sang, étaient allergique à l'ail et aux pieux et qui fondaient au soleil ? Bon, peut-être qu'ils fondaient pas au sol vu les 45 degrés Celsius que son ami se prenait sur la gueule. Mais quand même.

Il s'attendait à un revirement, à ce que son ami éclate de rire et se foute de sa tronche d'un moment à l'autre. Mais les minutes passaient et rien ne se passait. Nathan gardait un visage irrémédiablement sérieux. Donc, c'était vrai...?

"Ah. Je vois. C'est bien."

Et il retourna lire son livre. Il était très pragmatique.

"Mais ! Mais ! Mais ! Je viens de t'annoncer que j'étais un vampire ! Tu sais, ces créatures qui se nourrissent de sang et qui se transforment en chauve-souris ! Et toi tu...tu... ! C'est tout ce que ça te fais ? Tu pourrais au moins faire semblant d'être un tout petit peu surpris !!"

Pour la seconde fois, il quitta son livre des yeux pour les poser sur son ami. Celui-ci s'agitait dans tous les sens en débitant ses plaintes.

"Nathanaël. Je vois les morts. Mon frère est un fantôme qui me hante depuis 11 ans. Je me fais régulièrement possédé par toute sorte de mort. Ma grand-mère peut lire l'avenir et le passé de ses clients. Alors non, désolé, je ne suis pas plus étonné que ça. A la rigueur, si tu m'avais dit que tu étais un dieu..."

Il mentait un peu. Il avait été surpris. Mais il aimait embêter son meilleur ami. C'était marrant.

"Maiiiiiiiis... Maiiiiiiiiiiis... Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis...! C'est tout ?

Il allait pour dire quelque chose mais le brun ne lui laissa pas le temps. Il s'assit brutalement à côté de lui, sur le banc, le poussant un bon coup au passage avant de pousser un soupir de fin du monde.

"Ouais. T'as raison en fait, c'est teeeeeeeellement banal. Je pourrais le crier sur le toit que tout le monde s'en foutrais."

Sur ses mots, son ami se leva, mit ses mains en porte-voix et se mit à hurler.

"JE SUIS UN VAAAAAM- !!"

Avant de se stopper net et de rasseoir sagement.

"En fait non. Mauvaise idée."

Il le regardait, un sourcil levé, dubitatif. C'était quoi ça encore ? Crise de la vingtaine ? Nan. Quand même pas. Avec un sourire compatissant, il posa sa main sur l'épaule du brun.

"Je ne suis peut-être pas surpris. Mais tu sais, tu as choqué Steaf pour la vie. Enfin, pour la mort.

En effet, le petit fantôme était resté tout ce temps immobile, des yeux de merlans fris dans les orbites et la bouche ouverte. Lui d'ordinaire bruyant et intenable de bougeait plus et ne faisait pas un bruit. Il était très juste de parler de choc et non de surprise.

"Hmmmmmmmmmmmm... So. Well. Sorry gamin."

S'excusa le brun avant de le saisir par les épaules et de rapprocher son visage du sien en faisant de gros yeux.

"Tu vois, CA, c'est une réaction NORMALE !! CA, c'est une BONNE réaction."

"Hmmmmmmmmmmmm... So. Well. Sorry, gamin."

Répéta-t-il dans une mauvaise imitation de son ami, appuyant particulièrement sur le dernier mot. Non mais. On ne traitait pas son frère de gamin quand celui-ci n'agissait pas comme tel. Il était peut-être le fantôme d'un enfant de neuf ans, mais il devrait avoir son âge normalement. Soit être plus vieux que Nathanaël.

Il se leva du banc et alla s'accroupir en face du fantôme, passant sa main devant ses yeux dans l'espoir d'une réaction. Que dalle.

"Euh... Il est mort ?"

Demanda une voix derrière lui. Il ne murmura qu'un "abruti" bien sentit. Demander si un fantôme était mort.... Imbécile. Le fantôme ne réagissait pas. Bien. Il semblait qu'il allait rester comme ça un moment. La faute à l'autre idiot, annoncer ça comme ça. Le nombre de personnes bizarres augmentait.

Les vampires existaient.

Il était bien une fois
Un adulte sans histoire,
Vivant comme il en avait le droit,
Ses malheurs en mémoire.

Gardien d'un secret
Qui n'était pas rien,
Il était condamné à le garder
En plus des siens.

Voulant vivre une vie
Ordinaire tout en étant
Dissemblable à autrui,
Pour toujours différent.

Il devint juste une ombre
Arpentant les couloirs
D'un bâtiment macabre,
Écoutant les histoires
De morts lugubres.

"Alors ? Que vous est-il arrivé ?"

Demanda-t-il doucement à l'âme à côté de lui tandis que deux infirmiers déposaient le corps sur la table d'autopsie. Un jeune homme.

"...Overdose de médicament."

"Suicide ?"

Continua-t-il en prenant le dossier du patient. Ancien patient. Les infirmiers repartirent sans un mot, mal à l'aise avec leur collègue qui semblait parler à lui-même. Le récent fantôme secoua la tête.

"Non. Un accident. Somnifères, antidépresseurs et antidouleurs ne font pas un bon mélange."

"En effet."

Il parcouru le dossier médical. De nombreuses visites pour blessures. Prescriptions régulières d'antidépresseurs et de somnifères. Les antidouleurs étaient plus récents.

"Vous vous blessiez souvent..."

"Oui. J'étais assez casse-cou !"

Il y eut un moment de flottement. L'âme récemment décédée était mal à l'aise. Ça ne l'étonnait pas. Qui ne le serait pas en voyant son corps dans une chambre mortuaire ? Bientôt enterré.

"Excusez-moi mais..."

"Mmh ?"

"Vous allez...m'autopsier ?"

"Non. Les causes de votre mort sont connues alors il n'y en n'a pas besoin. Sauf si votre famille ou le médecin qui vous a prit en charge le demande."

Il entendit l'âme soupirer. Bien. Il supposait que personne n'aimait voir son corps, même mort, se faire ouvrir et vider, même provisoirement. Il termina la lecture du dossier avant de le poser sur une table.

"Bien, maintenant, savez-vous ce qui vous attends ?"

"Non."

"Votre corps va être préparé au dernier recueil de votre famille et à votre inhumation. Ou votre incinération selon votre choix. Ensuite...votre âme se reposera."

"Se reposera ? Vous parlez du paradis ?"

"Allez savoir. J'ignore où vont les âmes après l'inhumation. Au paradis ou ailleurs. Tout ce que je peux vous dire est de ne pas résister à la sensation qui vous envahira à ce moment-là. Laissez-vous simplement faire."

Il pouvait voir que l'âme n'était pas rassurer. Ça serait dur de l'être dans sa situation, mais il ne s'en préoccupa plus que ça pour le moment. Il avait du travail, et il n'avancerait pas seul.

Ainsi se finit mon histoire
Bien qu'il en reste encore
A vivre et à voir
Avant sa mort.

Du moins espérons.
On ne peut pas être sûr
De ce que seront
Ses prochaines aventures.

La suite est à écrire
Sur du papier blanc
Et à vivre
Pleinement.
Entièrement.
Intégralement.
Totalement.


ZE END.

C'est bon, tu peux respirer et aller te reposer. Promis je recommencerais pas ♥

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MessageSujet: Re: Lilian - Reboot de Lyn Lilian - Reboot de Lyn EmptySam 21 Juin 2014 - 18:36


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Tout le plaisir est pour moi ! Mais tu as fait un très bon choix ! J'ai hâte de te voir en piste !

Maintenant que tu es officiellement entré dans le monde de Breath, il te faut remplir quelques paperasse administrative mais facultative. Toutefois, vaut mieux les remplir quand même. Je te propose donc de venir faire un tour du côté du bottin des avatars. Ensuite, il te faut remplir ton profil et le tenir à jour suivant l'évolution de ton personnage et de tout le tralala.

Pour finir, je t'invite à venir créer ton topic de rps et ton relationnel. Et aussi venir chercher ton portable et aussi créer ton blog ! Tu peux aussi t'inscrire sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter o/. Bon rp parmi nous !
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