Le jour tant attendu était enfin arrivé ! Mon rendez-vous à pôle emploi !...

Bon arrêtons tout de suite cette mascarade, j'en étais déjà à mon 5eme rendez-vous. Après m'être fait virer à quatre reprise dont une fois pour avoir mis feu au restaurant où je travaillais. Que voulez-vous apparemment je ne suis pas fait pour cette vie, au début je me rassurais en disant "Ne t'en fais pas c'est le temps pour toi d'apprendre à marcher et à manger comme les autres." Mais visiblement mon habileté sous cette apparence est bien loin de rivaliser avec celle dont je peux faire preuve dans mon véritable corps... Et puis, je commençais à me demander si je ne devais pas tout simplement laisser tomber cette idée absurde. J'avais bien peur de ne pas être capable de trouver un véritable travail, enfin je ne sais pas vraiment si ce qui me faisait le plus peur aurait été de ne pas trouver de métier ou de revoir cette femme, celle qui c'était occupée de mon dossier jusqu'à présent.

En fait, je dis "femme" mais je la soupçonne plutôt d'être une créature maléfique se nourrissant de la déception d'autrui ! Elle ne semble pas méchante, bien au contraire, mais à chacune de nos rencontres elle ne manquait pas de me faire remarquer par des gourdes, que j'étais totalement en décalage de la société. à notre dernier rendez-vous je me souviens très précisément de sa voix amicale me répétant "Ne vous en faites pas Mr. Leisenback ! Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas capable de tenir une pile de six assiettes et de marcher en même temps que vous ne trouverez pas de travail, hein ? Faut garder le morale"... Mais moi ce que je voulais, c'est juste un petit travail de serveur bien au chaud dans n'importe quel café qui voudrait de moi.

M'enfin vous n'avez certainement pas envie de m'écouter me plaindre, alors le bon côté des choses c'est que j'avais déjà fait d'énorme progrès depuis mon arrivée ! J'arrivais à mâcher et à manger toute sorte de choses et je n'avais rien cassé dans le dernier restaurant où j'ai travaillé ! Il est vrai que j'y ai mis le feu, mais pour ma défense je dirais que je ne suis pas le seul responsable !... Pourquoi je vous dis ça de toute façon ça ne me rendra pas mon job. Enfin bon, me revoilà à nouveau dans l'antre du diable, croyez-moi quand je vous dis que la vie en dehors des murs est douce à côté de cet endroit ! J'exagère à peine ! Bon ok, j'exagère beaucoup.

Revenons-en à nos moutons. J'étais assis là, parfaitement calme d'apparence, mais au fond je bouillais, totalement stressé d'être aussi exposé. Aucun geste, aucun son ne devait m'échapper, comme à mon habitude je décortiquais chaque bruit dans le moindre détaille, je voulais savoir ce que chacun avait en poche et si l'un d'eux venait à bouger, ne serait-ce que le petit doigt je devais absolument savoir pourquoi sous peine d'exploser intérieurement. J'avais quitté le monde sauvage depuis peu, mais en avait gardé les réflexes, après tout, qui sait si l'un d'eux n'allait pas me sauter au coup ? Mais jusque la je pouvais gérer tout ce monde sans trop me casser la tête, jusqu'à

son arrivée.
Je ne peux pas dire que l'arrivée de cet homme se fit remarquer, c'est bien la le soucis. Il se déplaçait d'un pas si délicat que je peinais à l'entendre moi-même dans tout ce bruit. J'étais plus ou moins persuadé de me faire des idées, mais le simple fait qu'il y ait dans la même pièce que moi quelqu'un capable d'un pas si habile me faisait douter de mes capacités l'ombre d'une seconde, je me repris instantanément "douter c'est ce que les faibles font avant de mourir" me disais-je, je concentrais la totalité de mon attention auditive sur lui si bien que lorsqu'il ouvrit la bouche pour s'adresser à moi je fis un intérieurement un bon de 5 mètres en arrière.

Hum... Excuse-moi ? Comment ça se déroule un entretien ? Ils vont vraiment me trouver un job ?

La discutions est une pratique courante chez les humains et je m'y étais entraîné longuement, il était temps de mettre tout ce que j'avais appris à profit ! Il n'allait pas en revenir !

Bonjour ! Beau temps n'est-ce pas ? Puis, je me rappelai avoir lu qu'il est grossier de répondre à une question par une autre et me repris habilement. Oh excusez-moi, je ne voulais pas être grossier ! J'ai été grossier ? Je ne voulais pas, excusez-moi. Quel était la question ? Ah oui pour l'entretien ! C'est la première fois que vous venez ? Je n'étais pas persuadé de passer pour quelqu'un de normal étant donné que toutes les personnes restantes m'observait d'un air curieux, mais je n'étais pas vraiment préparé à répondre à une question ! Et il est grossier de ne pas répondre à quelqu'un ! ou de faire attendre une réponse, maintenant que j'étais préparé j'allais pouvoir faire la discution comme un chef !

J'avais beaucoup de mal à me concentrer sur la conversation, la femme assise à côté de lui n'arrêtait pas de mâchouiller son stylo et l'homme en face respirait fort, sans parler du bruit des employés qui tapaient sur leurs claviers formant un brouhaha incompréhensible. Mais je n'osais pas me défaire de ma capacité par peur d'être pris par surprise. Ce qui ne manqua pas, mais ce ne fut pas en mal. En fait il me sourit, je ne m'y attendais pas vraiment puisque les humains utilisent des expressions du visage comme celle-ci pour indiquer dans quel état d'esprit il se trouve, donc un sourire semble vouloir dire qu'il est heureux ou qu'il est amusé ? Je ne savais pas vraiment comment interpréter ce signe, mais ce qui est sur c'est que je lui rendis ce sourire instinctivement, sans vraiment savoir pourquoi. Puis il pris la parole.

Non non, excuse-moi, je t'ai coupé dans tes pensées. Oui, c'est la première fois que je viens, c'est un peu étrange, à mon âge, il paraît, mais je n'en ai jamais eu l'utilité, avant...

"Il paraît" Il ne semblait pas beaucoup plus au courant que moi... et il ajouta "Je n'en ai jamais eu l'utilité, avant" qu'est-ce que cela voulait dire ? Il existe des gens qui n'ont pas besoin de travailler ? Ou qui travaillent sans Pôle Emploi ? Je n'étais pas vraiment certain de comprendre ce qu'il voulait dire à ce moment, mais je me suis dis "Wao ce serait trop cool d'avoir un travail sans travailler" Puis, je me rendis compte que ce que je venais de penser n'avait aucun sens, en fait je voulais penser "Ce serait vraiment bien de travailler à ne pas avoir de travail"... Attendez je crois que ça ne veut toujours rien dire... Bon je vais partir du principe que vous m'avez compris.

Et toi ? C'est la première fois ? Tu as l'air bien jeune !

Je répondis du tac au tac; Euh... En fait... Euh, oui tout-à-fait ! C'est aussi la première fois pour moi ! Oui c'était un sacré mensonge, mais ce n'est pas ça qui compte, il m'avait fait une remarque intéressante, maintenant que j'y pensais, il est vrai que mon corps semblait bien jeune ! Pourtant, même si je n'ai pas compté, il me semblait avoir vécu plus longtemps que ne le peu un humain... dommage, j'aurais aimé profiter de la retraite...

Il commençait à prendre ses aises, passant les bras derrières la tête et croisant les jambes il reprit son interrogatoire.

En fait, j'ai un... ami (?) qui pense que mon métier ne convient pas, et je dois changer. Mais je sais pas quoi faire. J'aime bien chasser... bien chasser... chasser...

Je m'arrêtai sur ce mot, incapable de percevoir la suite de sa phrase, je sentais ma respiration s'intensifier. ça bourdonnait dans ma tête, mon coeur s'emballait je n'entendais plus rien.
*Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi est-ce que j'ai envie de le tuer à ce point ? Oh oui ! Je devrais le dévorer tout de suite ! Non ! Peut-être qu'il ne chasse que des biches ! Mais il pourrait être un danger, je devrais le manger ! Et s'il était plus fort que moi ? Il n'a pas d'arme sur lui ! JE DOIS LE TUE ! Pas ici, pas maintenant. Je dois savoir de quoi il est capable avant tout !*
Lorsqu'il releva la tête et me sourit je m'étais ressaisie, je transpirais à grosse goute, mais vu la chaleur qu'il faisait il n'y avait rien de plus normal.


Et toi ? Tu connais beaucoup de métiers ? Tu travailles dans quoi ?

Je répondis d'une voix très sérieuse, Oh oui je connais beaucoup de métiers ! Je connais le travail de serveur... euh... il y a aussi celui de cuisiner... Euh... Il y a aussi les gens qui contrôlent vos billets dans le train, c'est un vrai métier vous saviez ?... Et il y en a plein d'autre hein ! Apparemment ma réponse devait être ridicule puisque tous ceux qui n'étaient pas directement impliqué dans la conversation pouffaient de rire, Ah ! Contrôler les billets dans le train ce n'est peut-être pas un veritable métier ! C'est sûrement pour ça qu'ils ont rient ! Je fis donc mine de rire pour simuler l'ironie, mais puisque tous le monde avait cessé de ricaner je passais juste pour un idiot.

Moi je... disons que j'étais serveur dans un restaurant... Mais un autre serveur a mis le feu en croyant qu'il pouvait remplacer un des cuisiniers absents, Quel idiot pas vrais ? Je riais nerveusement puisque l'"idiot" qui avait mit le feu n'était autre que moi. D'un autre côté si le cuisinier n'avait pas été absent ca n'aurait pas eu lieu !

Sinon excuse ma curiosité, mais que chasse tu ? J'ai toujours rêvé d'aller chasser avec mon grand-père ! Il me racontait ses chasses au sanglier quand j'étais petit.

Le simple fait d'imaginer la peur dans les yeux de minuscule animaux tel que ceux-ci me fait frémir, tout ça me donne faim...

J'étais fière ! je l'affichais peut-être un peu trop, certes ! Mais j'étais tellement fière d'apprendre à un humain quelque chose sur son propre monde ! Le temps passé à me renseigner en lisant portait enfin ses fruits ! D'un autre coté me voilà tiraillé par le doute, contrôleur de billet, est-ce vraiment un vrai véritable métier ? j'hésitais à demander à une des personnes proches de nous, mais l'autre semblait apprendre quelque chose... Si je leurs avais demandé, j'aurais eu l'aide bien bête.
Mais en tout cas j'étais totalement d'accord avec lui, cela doit être ennuyant comme travail, il faut marcher de long en large dans un train ou un bus avec plein de gens ! Quel horreur, je ne sais pas si je serai prêt à faire quelque chose comme ça.

Quoi qu'il en soit je n'étais pas au bout de mes surprises ! Voilà à présent qu'il m'en apprenait une bonne, les hommes chassent des objets ! Hé oui, je ne voyais pas vraiment l'intérêt puisque l'objet n'a aucune chance de s'échapper... Enfin je croyais comprendre qu'il ne s'agissait pas de chasser pour se nourrir, sauf s'ils chassent au super marché...? Je suppose... Je pense qu'il s'agit plus de retrouver des choses en fait, c'est toujours bon de savoir qu'il existe d'autre forme de chasse !

Comme cela doit être excitent ! Voilà un métier bien intéressant que tu pratiquais ! Mais pourquoi dois tu en changer ? Un travail comme celui-ci ne doit pas te laisser de temps pour l'ennuie.

En plus de ça il semblait dire qu'il apprenait beaucoup avec ce métier, ce qui rendait ce boulot encore plus intéressant...
C'est probablement quelque chose dans ce genre là que je devrais faire, après tout chasser est à peu prês la seul chose que je sache faire, même si dans ce cas précis il ne s'agit pas de traque mais de recherche. Il faudrait que je me renseigne davantage sur cela.
Il m'extirpa de mes pensées en me racontant qu'il lui était déjà arrivé d'attraper de petite proie, comme des lapins, ce genre de choses. ce n'était pas sans me rappeler mes premières prises. Mais pour le coup j'aimerais autant oublier cette époque où je ne pouvais rien manger de plus gros. Quand je n'étais rien de plus qu'une proie parmi tant d'autres.

Quoi qu'il en soit il semblait parler avec nostalgie de cette période, je savais que les hommes considéraient la chasse comme une distraction, je n'avais jamais vue les choses de cette façon, mais il est vrai que quand j'y pense ça me manque un peu. Traquer de puissant prédateurs, les combattre en sachant que l'un de nous deux finiraient par nourrir l'autre, les regarder courir pour sauver leurs vies et quand à bout de force ils finissent par s'arrêter, lire la peur dans leurs yeux.

Je poussais inconsciemment un soupire qui en disait long sur l'ennuie de ma nouvelle vie, j'avais vraiment hâte de trouver un travail pour sortir de cette routine ! C'est alors qu'il prit la parole, me demandant si j'habitais dans le coin et me proposant d'aller chasser ensemble un de ces jours.
En fait je ne savais rien des méthodes de chasse des hommes, mais ça pouvait être instructif ! peut-être même que je pourrais apprendre une ou deux choses !

Oui, avec plaisir, ça peut être amusant ! ahahahah. Je riais de manière mécanique, car je savais que la chasse était un loisir, les loisirs sont fait pour s'amuser et le fait de s'amuser se traduit par un rire ! Donc je me voilà en train de glousser d'une manière on ne peut moins réaliste. Mais je devais rire dans cette situation… enfin je crois…

Le vrai problème c'était de répondre à son autre question... Je n'avais pas vraiment un endroit pour habiter... J'avais bien un nid quelque part loin des hommes, mais je n'étais pas certain qu'il considère un nid comme une habitation ! Je répondis donc vaguement.

En fait je n'ai pas vraiment de domicile fixe pour le moment, je viens tout juste d'arriver dans le coin...

Ce n'était pas vraiment faux d'un côté ! c'était même plutôt vrai. J'étais satisfait de ma réponse mais celle-ci de dura pas, je me sentis soudainement bien bête quand j'entendis la voix d'une femme prononcez mon nom.

Mr. Leisenback ! Qu'est-ce qui vous amène ? Votre rendez-vous c'est demain n'est-ce pas ?

Soudainement très gêné je répondis en hésitant, Oh vous devez me confondre c'est la toute première fois que je viens ici ! Hé merde, c'est pas vrai ! Je m'étais encore trompé dans mon emploi du temps ? Le Jeudi serait avant le Vendredi ? Me voilà soudainement perdu. Je fis face à l'homme avec qui je discutais depuis un petit moment déjà pour que la femme ne puisse pas me regarder plus longtemps. J'avais l'air ridicule et particulièrement gêné.

Le bon côté, c'est qu'à présent je savais qu'il n'était pas en très grande forme, enfin ce qu'il m'avait dit précédemment laissait à supposer qu'il avait des soucis de santé ! Je n'avais aucune certitude à ce sujet, mais il n'avait pas de raison de me mentir, je suppose. En tout cas, pas question de relâcher mon attention. Après tout, il n'était pas le seul potentiel danger dans les environs ! Mais en ce qui le concerne, je dois bien avouer qu'il me plaisait de plus en plus ! Il était... différent, d'une certaine façon, il semblait aussi perdu que moi, mais tout aussi envieux d'apprendre. Par contre, je dois bien avouer ne pas avoir totalement saisi ce qu'il voulait dire par "il m'a dit que j'en ai pas besoin", pas besoin d'un travail ? Comment ? Cette remarque me perturba un petit moment, mais je passais rapidement pour me concentrer sur notre conversation ! Et oui... Quand on est un gros monstre qui n'a jamais fait la conversation on doit se concentrer pour discuter avec quelqu'un !

Le mauvais côté, c'est que j'étais en train de me ridiculiser prodigieusement, la femme à qui je tournais le dos n'avait toujours pas bougé d'un pouce, je l'aurais entendu, mais je sentais son regard intrigué posé sur moi, j'étais très gêné. Je regardais mon interlocuteur et riais nerveusement, transpirant de plus belle.
Bon réfléchit Everwhite, comment vas-tu t'y prendre pour te sortir de cette situation embarrassante ? Je ne savais absolument pas comment m'y prendre quand il me sourit en me tapant dans l'épaule, je sursautais intérieurement une fois de plus, prêt à bondir, mais j'avais déjà vu ce genre d'interaction entre humain, je crois que c'est une façon de taquiner ? Du coup je lui envoie à mon tour un coup dans l'épaule en poussant un rire on ne peu plus mécanique... Il faudrait vraiment que j'apprenne à rire de façon plus réaliste.Il enchaîne en me disant que je lui ai tapé dans l'oeil ou quelque chose comme ça, pourquoi je ferais une chose pareille ? Surtout que frapper une femme me semble être de très mauvais gout.. Je réponds donc par un regard intrigué, j'hésite à lui demander ce qu'il veut dire par la... Puis, je me dis que c'est en apprenant qu'on devient forgeron... Ou un truc du genre... Alors je m'élance.

Qu'est-ce que ça... Mais avant même d'avoir pu terminer ma question il se lève et me proposer de sortir, quelle chance ! Voilà une échappatoire ! J'acquiesce en agitant énergiquement la tête, peut-être même un peu trop énergiquement d'ailleurs, la on dirait qu'il me demande si je veux sortir de prison. Quoi qu'il en soit il ajoute qu'il souhaite me demander quelque chose puisque je suis "intéressé" et je dois bien dire que son boulot est pour le moins intéressant ! Je le suis et fait un signe de la main à la femme qui répondait par une mine déconcerté à la scène qu'elle venait de voir.

Enfin dehors ! Youhou ! ça n'a duré que quelques secondes mais j'étais tellement gêné ! J'ai chaud, je transpire, je suis rouge comme.... euh... Comme quelque chose de rouge ! Un véritable soulagement, du moins jusqu'à ce qu'il prenne la parole. Mon expression gênée laissait place à un air grave. Il venait de me demander de but en blanc si je pensais qu'il existait en ce monde des créatures hors du commun, des monstres comme dans les livres. En outre il venait de me demander si j'existais.
Je devais nier, si je voulais continuer à vivre cette petite vie tranquille, je devais nier. Mais pendant que j'attendais ici, à l'abri, d'autres créatures continuaient d'évoluer, alors combien de temps pourrais-je encore jouir de ce monde sans craindre pour ma survie ? Avais-je oublié mon but ? Je ne pouvais pas lui mentir.

Toutefois je notai un détaille et pas des moindres, il parlait de créature qui ne devrait pas exister et dont l'existence est inconnue des "humains"... les "humains" ? Pourquoi n'a-il pas dit "nous" ? Je ne maîtrisais pas encore toutes les subtilités de la langue, mais devais-je en conclure qu'il n'en était pas un ? Je ne savais pas quoi penser mais de toute façon l'expression de mon visage en disait long. Je le fusillais du regard, si bien que si un regard pouvait tuer il serait ma première victime. Mon coeur s'emballait, mes oreilles bourdonnaient, je me disais que peut-être en étant rapide je pourrais le tuer d'un seul coup, mais si c'était lui aussi un monstre comme moi alors peut-être que c'est lui qui me tuerait ? De toute façon nous n'aurions rien à y gagner, avec tout ce monde autour de nous, nous serions chasser par les hommes à plus ou moins long terme.
La grande question c'était de savoir s'il était une créature... Ou alors un chasseur de créature ? Ça existe ? Tout à l'heure il me disait être un chasseur... J'hésitais depuis 10 bonnes secondes, il fallait que je réponde. Mon visage et mon silence étaient suffisamment expressif de toute façon.

Je pense que nous connaissons tous deux la réponse.

Qu'il soit l'un ou l'autre il en connaissait l'existence, il s'agissait de savoir maintenant s'il était un danger. Je pensais que cet endroit était un paradis, mais en réalité il n'en était peut-être pas un.
Je détendais les traits de mon visage, après tout, je le trouvais très sympathique jusque la. Il n'y avait pas de raison que cela change et je ne voulais pas m'en faire un ennemi. Je repris la parole mais cette foix d'un air plus détendu.

Tu as toute mon attention.

Quel soulagement ! Enfin je crois ? Il m'a parlé de bateau, mais je suis presque certain qu'il s'agit d'une expression humaine pour dire que nous sommes du même camp... Puisque de toute évidence nous de sommes pas dans un bateau. Il serait donc lui aussi une créature ? J'en étais à la fois ravi et mécontent, je ne sais toujours pas s'il représente une menace, mais au moins il se montre amicale, donc je suppose qu'il n'est pas une menace dans l'immédiat. Ca me peinerait de m'en faire un ennemi, depuis que je suis arrivé ici c'est la première personne qui me ressemble... D'une certaine façon.

Le cours de ma pensée fut interrompu quand il reprit la parole, il utilisait des mots qui blessent. mais il n'avait pas forcement tord... dans ce monde je vivais caché, tel une proie. Il disait aussi que nous étions chassés. Je réalisais alors que je devrais ici aussi me battre pour ma survie, mais ne l'avais-je pas toujours su ? Je ne voulais peut-être pas voir la réalité en face. Il n'y a pas d'endroit pour moi, pour nous autres les créatures, ou nous serions enfin à l'abri, un "chez nous".

C'est aussi au cours de cette conversation qu'il m'apprit qu'il existait d'autres "espèces" dangereuses. Il enchaîna en me demandant si j'avais déjà entendu parler de "poisons", nous plantions tous deux nos regard dans celui de l'autre et je comprenais qu'il s'agissait la d'un danger pour nous autres.

Je n'en ai jamais entendu parlé.

Je ne savais pas exactement de quoi il en retournait, mais ce que je pouvais lire dans ses yeux me donnait un mauvais pressentiment. Je commençais à comprendre que ce monde était le terrain de chasse d'autres prédateurs, mais une chose était certaine, je ne quitterais plus cet endroit.
S'il le fallait je les traquerais tous jusqu'au dernier, n'était-ce pas ce que j'avais toujours fait ?
Je reprenais la parole calmement.

Je ne connais pas le monde des hommes, c'est nouveau pour moi. Ce que je sais en revanche, c'est que nous ne sommes pas et ne serons jamais des proies.

Je prononçais ces mots avec une intensité qui dénonce peut-être un peu les souffrances qui furent les miennes mais je continue de le fixe droit dans les yeux comme si de rien n'était. J'ai comme la sensation qu'un lien ce crée entre nous. Il a apparemment plus d'expérience que moi dans le monde des hommes et physiquement il semble plus âgé, aurait-il plus de 800 ans ? Si tel est le cas il doit être terriblement fort. Il me semble que nous nous méfions tous deux de l'autre pour le moment, je pèse donc chacun de mes mots et reprend après une courte hésitation.

Depuis toujours, les fort dévorent les faibles et les faibles s'unissent pas faire chuter les forts. Qu'est-ce qu'un poison ?

Je n'en dis pas plus, je pense qu'il comprendra ce que je veux dire sans qu'il soit besoin que je détaille ma pensée. Si nous sommes faibles, alors espérons que nous puissions au moins nous unirent.
Je lui sourit, je suis soulagé d'apprendre que je ne suis pas le seul monstre dans ce monde, reste à voir ce qu'il va me répondre, mais en attendant je lui propose que nous marchions un peu pour nous éloigner des murs, on dit qu'ils ont des oreilles, je ne suis pas certain de comprendre ce que ça veut dire, mais au moins nous pourrons discuter tranquillement.

Oh, c'était donc cela ? Un humain, mais plus fort... J'avais par conséquent déjà croisé un spécimen de cette espèce, dans un vieux bâtiment à l'abandon. Le simple fait d'y penser le met l'eau à la bouche, une telle puissance... J'ai du mal à imaginer à quel point leurs chairs pourraient nourrir ma soif d'évolution. Mais je ne dois pas y penser pour le moment, l'impatience tue même les plus forts. Dans un premier temps je devais savoir si tous les Poisons sont aussi fort que celui que j'avais affronté.
Il s'arrête en plein milieu de phrase, détourne le regard puis reprend, pour me dire que certain "poisons" ne tue pas. C'est une chance pour moi de l'avoir rencontré, à dire qu'il y a à peine quelques heures je ne savais rien de tout ça. D'ailleurs je réalise alors que je ne connais toujours pas son nom ! Et les manuelles disent qu'il faut toujours se présenter avant de demander à quelqu'un qui il est.

Je me présente, je suis Everwhite G. Leisenback, je suis originaire de Froënbourg. Ravi de te rencontrer, comment t'appelles-tu ?

Je crachais cette phrase spontanément et mécaniquement comme si je m'étais entraîné à la dire encore et encore... Ce qui était le cas en fait.
Je le regardais avec un large sourire aux lèvres, la bouche entrouverte et un air satisfait, bouillant de savoir ce qu'il pense de ma phrase de présentation ! Cette fois-ci je lui en avais mis plein la vu, c'est certain !
Je réalise cependant que j'ai la même tête d'un chien qui aurait envie de jouer, il ne me resterait plus qu'à sortir ma langue pour qu'il me jette une balle, je reprends donc mon sérieux dû à la situation.

D'ailleurs, une chose commence à piquer ma curiosité, il disait tout à l'heure être un genre de chasseur d'objet, il est en réalité un chasseur de "poison" si j'ai bien compris, alors doit-il vraiment changer de travail pour des raisons de santé ? Et pour qui travaille-t-il ? Je lui jette donc un regard curieux et reprend la parole.

Je... ne comprend pas... Tu chasses des poisons... Mais pour le compte de qui ? Qui pourrait payer pour cela ? Et tu dois vraiment changer de boulot pour des raisons de santé ?

Je détourne le regard, un peu gêné de lui enchaîner autant de questions, j'en ai une dernière.

En fait... Tu vois, je me disais que c'est le genre de boulot qu'il me faut...

D'un autre côté, quand bien même j'arriverais à devenir un chasseur comme lui il me faudrait une fausse identité, une couverture. Comme Jémsse Bombe. Je ne sais absolument pas de qui il s'agit, mais les humains en parle toujours dans ce genre de situation alors... Je me dis que je pourrais ouvrir un magasin de vente de fleurs par correspondance, ou je pourrais élever des poissons, c'est possible ça ? élever des poissons ? cela doit être cool et en plus je pourrais en manger, C'est bon le poisson...

Tu penses que tu pourrais intégrer ton... C'est quoi d'ailleurs ? Une organisation ?... Hum je veux dire, tu penses que tu pourrais me pistonner ?

Cette fois-ci il ne me restait plus qu'à attendre sa réponse, mais je pense vraiment que c'est une occasion que je ne dois pas manquer.

Oh... Peut-être m'étais-je un peux trop laissé emporter. C'était pour moi la toute première fois que je discutais avec une autre créature. Mais je m'étais probablement montré indiscret sur son état de santé et il me l'a fais comprendre. J'ai encore beaucoup de mal à comprendre la notion d'indiscrétion, mais je n'en fus pas moins surpris par sa réaction, il était de toute évidence beaucoup plus similaire aux humains que je ne l'étais.
Mais bon soit, je n'allais pas insister, après tout, seul la curiosité motivait ma question.
Il enchaîne en me prenant par les épaules, ce qui a le dont de me mettre aux aguets. C'était encore une coutume humaine étrange, je ne savais pas vraiment quoi en penser... Cela avait-il un sens ? Comme agiter la main signifie "Coucou", ça veut dire la même chose que "Bonjour", mais en plus "coule"... Il parait.

Il m'explique alors que pour intégrer la "Guilde" il me faut une arme, sur le coup je me demande à quoi pourrait me servir une arme. Je reste perplexe quelques secondes, puis je comprends qu'il faudrait me faire passer pour un humain et tout bon humain qui se respecte a besoin d'une arme pour chasser, c'est logique... Je ne peux tout simplement pas montrer à des chasseurs que je suis un monstre.

Du coup le vrai problème c'est de trouver une arme, bien sûr je pourrais en acheter une, mais pour l'instant je suis fauché comme les blés... C'est d'ailleurs pour ça que je veux intégrer cette "Guilde" et puis si je les rejoins, je serais entouré de chasseur. Je ne sais pas encore si c'est une bonne ou une mauvaise chose. D'un côté ils sont capables de me démasquer et de l'autre, je pourrais tenter de les tuer un à un, s'il n'y a plus de chasseur, cela fait déjà un danger de moins. Mais du coup, plus personne ne chassera les Poisons, quel galère... Et puis de toute façon, s'ils ignorent l'existence des créatures telles que moi je n'ai peut-être pas trop de soucis à me faire à seul sujet... Peut-être.

Aion, puisque je connaissais à présent son nom, s'agitât soudainement, interrompant le fil de ma pensée. Je lui lançais un regard curieux, penchant légèrement la tête sur le côté droit. Comme s'il cherchait quelque chose sur mon visage, finalement il prend la parole, m'interrogeant sur ma nature et m'apprenant qu'il est un Lémure.

Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à cette question, soudainement sur mes gardes je mets de la distance entre lui et moi. Je n'étais pas mécontent de savoir qu'il est un "Lémure" encore fallait-il que je sache de quoi il s'agit. Mais ce qui me pousse à m'écarter c'est cette question sur ce que je suis. S'il y avait une raison à cette question alors j'avais probablement mal réagis, sauf si la raison était justement de me jauger afin de mieux me traquer par la suite. Je n'allais cependant pas lui cacher la vérité, non pas par confiance, je laisse volontiers la confiance aux proies, mais je ne devais pas lui montrer mon inquiétude. J'affichais de ce fait, un visage parfaitement neutre alors que je m'apprêtais à reprendre la parole.

Je ne sais pas ce qu'est un lémure, peut-être en ai-je déjà croisé, mais si tel est le cas je ne leur ai jamais attribué de nom... Je ne saurais pas non-plus te dire s'il existe un genre de "catégories" de créature ni si j'appartiens à l'une d'entre elle... Ce que je peux te dire en revanche, c'est que je suis un dragon.

Je savais que les hommes était pour certain, fasciné par les dragons, mais ce que je ne savais pas, c'est comment une autre créature allait réagir face à cela. Pour être totalement honnête, j'appréhendais un peu sa réaction... Mais je devais me montrer honnête, d'ailleurs je me devais de lui dire très exactement ce que je suis, de cette façon, peut-être pourrait-il en apprendre un peu plus à son sujet.

Et donc tu es un Lémure... Je peux te demander de quoi il s'agit ?

J'avais déjà quelques pistes... Il est un prédateur silencieux originaire des forêts. Le loup est trop bruyant et il ne me fait pas penser à un rapace, peut-être un genre d'énorme serpent ? Difficile à dire... le mieux restait d'attendre sa réponse.

Voilà qu'il recommence à me saisir par les épaules ! Raah ! Pourquoi n'arrête-t-il pas de faire cela ? Mais une fois de plus je ne réagis pas, il me sourit et je le lui rend en toute honnêteté, puis il commence à m'expliquer qu'apparemment les dragons se font rares, pire encore il semblait penser que les dragons n'existaient pas, ou plus du moins. Serais-je seul ? Cette soudaine pensée me choc, mais je reste impassible et me persuade que cela n'a pas d'importance et pour être honnête je ne m'étais jamais posé la question au part avant, puisque je n'avais jamais douté qu'il y ai d'autres dragons... à présent, je réalise que depuis ma naissance je n'ai jamais croisé d'autres dragons. Je perds mon sourire et deviens blanc comme un linge, je ne comprends pas pourquoi ça me fait cet effet, mais je me sens soudainement démoralisé.
J'imagine que c'est une réaction automatique liée à un impératif de reproduction, ou du moins je préfère m'imaginer qu'il s'agit de cela, parce que sinon, la seule explication serait que des sentiments humains commence à naître en moi. Après tout, je n'avais jamais ressentie un sentiment de solitude avant, alors pourquoi maintenant ?

Une chance pour moi qu'il reprenne la parole, cela me tire de mes pensées et je n'avais pas vraiment envie d'y songer pour le moment.
Il commence donc à m'expliquer ce qu'est un lémure, me parle d'esprit et fait une parenthèse en parlant de singes ? Je finis par comprendre que les lémuriens sont des métamorphes animaux capable de revêtir forme humaine, donc je suis probablement moi aussi un lémuriens, sauf que je ne suis pas certain que les dragons soient des animaux... Il finit par me dire qu'il est un Lynx... J'étais complètement à côté de la plaque, mais j'aurais du y penser, maintenant qu'il me le dit, je le vois dans ses yeux, dans son regard.
Je suis plutôt certain qu'il dit vrais, je ne comprends pas vraiment de quoi il s'agit, mais je sens entre nous un liens, nous ne nous ressemblons pas, mais il y a ce quelque chose dans les yeux, je vois cette flamme qui anime les chasseurs ainsi que la vigilance propre aux chassés.
Je serais bien incapable de lire en lui s'il a vécu dans la peur, la vrai, celle que j'ai connu. Ce que je vois en revanche c'est cette méfiance à l'égard des regards indiscrets. Nous nous ressemblons.
Je ressens pour la première fois un sentiment étrange, je le connais à peine, mais j'ai envie de laisser tomber mon masque implacable pour lui raconter ce que j'ai enduré. Tout ce que j'ai dû faire pour en arriver là, je suppose que c'est normal. Après tout il est le premier visage amical que je vois depuis ma naissance.
Il est le premier à entendre ce que je suis, sans être effrayé ou sans tenter de me tuer et pourtant, si nous nous étions croisés en dehors des murs j'aurais probablement tenté de la dévorer.
Alors que je continue de divaguer et de me demander quel goût il aurait il s'arrête soudainement dans la rue pour se placer face à moi pour me donner rendez-vous, me propose-t-il de me montrer le Guilde ? Me voilà prit au dépourvu, mais c'était une chance à ne pas manquer, depuis mon arrivée j'échouais à trouver un travail, mais peut-être avais-je une chance de trouver ma place dans la Guilde ? Cette simple idée m'enthousiasmais !
Continuant sur sa lancé il sort une autre curiosité humaine, un "livre", magnifique invention humaine que je prenais beaucoup de plaisir à découvrir, sauf que le sien semblait vierge, je reste bouche bée un moment devant pareille étrangetée, approchant mon visage à moins d'un mètre de la chose pour l'observer le plus près, mais je n'étais pas au bout de mes surprises, voilà à présent qu'à l'aide d'un style il note quelques informations sur une page qu'il arrache et tend avant de m'expliquer de quoi il s'agit et de ne demander si j'ai un numéro de téléphone moi aussi.
Je sursaute de joie, heureux de pouvoir montrer à quel point je suis un monstre dans l'air du temps ! Je pose le poing sur la hanche et remonte mes lunettes, bon ok je me la joue peut-être un peu trop...

Oui bien sûr que j'ai un numéro ! je te le donne de suite.

j'avais appris tout ce qu'il y avait à savoir pour écrire, mais je ne l'avais jamais mis en pratique en revanche, la première tentative fut la bonne, j'inscris à mon tour mon numéro puis relève la tête dans sa direction.

Donc nous nous revoyons dans deux jours c'est bien cela ? J'agitais pour dire cela trois doigts en l'air que je comptais par la même occasion *un, deux et... trois ? meeerde*, réalisant ma bêtise je m'aide de mon autre main pour baisser l'un des doigts et ainsi n'en soulever plus que deux.
Il était à présent temps de nous dire au revoir je suppose, mais je savais que nous nous reverrions bientôt. Après tout, j'avais peut-être trouvé un ami non ?