Une alarme avait ébranlé les murs du laboratoire, alors qu'elle venait de rentrer pour faire son rapport. Mais il était trop tard, elle s'était déclenché lorsqu'ils avaient seulement remarqué la disparition, mais qui sait à combien de minutes, voire même d'heures remontait sa fuite ? Ajoutée à ses autres missions, elle devait désormais retrouver le nouvel hôte de Poséidon.

Mais comment faire lorsqu'il n'y avait ni identité, ni photo, ni rien qui puisse la renseigner pour la faire rapprocher de son but ? Seule son intuition, en tant que fille de déesse, supposant que les gênes lui aient fourni un GPS instinctif pour trouver les autres divinités, pourrait l'y aider. Poséidon... Celui que sa mère, dans les légendes, détestait. Elle aurait voulu le rencontrer, comme tous les autres, pour l'interroger, mais il n'était pas éveillé quand ils avaient trouvé sa statuette. Elle avait attendu, attendu qu'il soit implanté en quelqu'un, mais ce genre d'expérience est tenue secrète, même pour ceux qui travaillent pour le laboratoire... et surtout elle, pour sa stabilité psychologique, sans doute...

Cela faisait quelques semaines que sa nouvelle mission avait été assignée, mais elle n'était pas seule sur le coup, mais Noa se faisait un devoir, une obligation, de le trouver en premier, rien que pour avoir un petit interrogatoire privé...

Pourtant, aujourd'hui était jour de congé pour la jeune femme. Désarmée, elle avait abandonné sa tenue guerrière et son épée pour un jean sombre, un tee-shirt gris sans manches et à col montant et sa paire de rangers indémodables. Non, elle ne savait toujours pas s'habiller avec féminité et évidemment, elle se passe de maquillage. Mais de toute façon, elle ne fait que se promener dans les rues de la capitale, pour quelques achats, rien de plus. Elle s'ennuie pendant ses jours de congé, elle n'aime pas flâner. Mais elle aime encore moins rester enfermée chez elle.

Elle se disait qu'elle aurait pu rendre visite à son amie, Yumio, qui ne lui avait plus donné de nouvelles ces dernières semaines. Après tout, elle était l'une des rares personnes à qui elle avait accordé son affection, bien que restant timide - il s'agit de Noa, quoi - elle appréciait sa compagnie depuis l'adolescence, après une escarmouche qui les avait réuni finalement. Noa n'était pas du genre à s'attacher, mais elle savait être reconnaissante, et elle ne remercierait jamais assez Yumio pour ce qu'elle avait fait ce jour-là - la sauver des brimades de lycéens lors d'une visite des collégiens, normal. Ce n'était peut-être pas grand chose, mais l'enfant n'avait pas l'habitude qu'on lui vienne en aide, elle supportait seule les attaques des autres. Alors imaginez quels sentiments se sont confrontés au moment où la lycéenne s'était interposée ? Et depuis, elles échangent des messages, textos, e-mail, s'organisent des rendez-vous en café, ou des soirées déprime lorsque l'aînée avait une peine de cœur, en mode consolation.

Noa se demandait ce qu'elle devenait : Avait-elle trouvé un nouveau mec ? Un nouveau boulot ? Elle adorait toutes ses histoires, il lui arrivait tellement de bourdes, tellement d'aventures, qu'elle l'enviait. Elle était intéressante, elle. Pas comme Noa qui devait rester secrète pour éviter toute moquerie.

Et en parlant du loup... Elle reconnut la silhouette de la jeune femme. Son teint s'illumina et elle avança d'un pas plus rapide pour être sûre qu'il s'agissait bien de Yumio, jusqu'à atteindre son épaule et l'aborder :

" Yumio ! J'étais sûre que c'était toi ! Comment vas-tu ? "

Un sourire un peu gêné, elle retira rapidement sa main de son épaule pour l'amener dans son dos, rejoignant l'autre d'un air embarrassé. Elle n'avait pas été très discrète dans la foule, mais heureusement, il n'y avait pas grand monde non plus. Par contre, lorsqu'elle découvrit le visage de son amie, elle tiqua sur une impression et s'interrogea aussi bien dans sa tête qu'à voix haute :

" Tiens ? Tu... as... changé quelque chose ? Coiffeur ? "

Non, c'était plus profond que ça... Noa fronça les sourcils d'un air soupçonneux sans pour autant comprendre ce qui clochait. Mais d'un autre côté, elle était contente de ne pas passer sa journée à ne rien faire, donc, elle pourrait aussi bien passer à côté.

Réaction agressive qui surpris la jeune fille, la faisant faire u pas en arrière, par sécurité. Que se passait-il ? Yumio était habituellement plus charmante, accueillante. Noa arqua un sourcil et jaugea son "amie" mais elle remarquait quelque chose d'étrange en elle, comme une aura différente. Elle tenta quelque chose, mais ça allait de surprise en surprise : comme si elle venait de la reconnaitre, elle lui attrapa la main et l'embarqua vers un café, apparemment, ne lui laissant pas le temps de répondre.

Le nouveau café présentait sa devanture accueillante devant leurs yeux : petite terrasse fleurie avec quatre ou cinq tables avec parasol, quelques clients calmes y étaient déjà attablés, et lorsqu'elles entrèrent, ce fut un tintement de cloche qui annonça leur arrivée dans la boutique. Noa aurait préféré aller dans le café habituel, mais les nouveautés ne lui étaient pas désagréables, c'était surtout qu'elle se laissait guider par son ami qui ne semblait pas gêner par les changements. Mais il faut dire que la demi-déesse avait été grandement perturbée par le ton de Yumio et bien sûr, elle ne comptait pas laisser passer ça, au moins par inquiétude.

Une fois installées à une table, en attendant que quelqu'un vienne prendre leur commande, la cadette put enfin répondre, en retirant maladroitement sa veste pour se mettre à l'aise :

" C'est vrai que ça fait longtemps, j'ai eu pas mal de boulot et d'imprévus ces derniers temps... Mais sinon, ça va. Et toi ? T'as pas l'air dans ton assiette. Tu peux m'expliquer ? "

Il était évident que son attitude découlait d'une mauvaise expérience précédente. Aussi, Noa ne lâcherait pas. Elle la fixa d'un air tendu, faisant claquer ses doigts contre la table d'un air impatient, attendant qu'elle crache le morceau.

Mais elle fut interrompue par la serveuse qui débarqua avec son petit carnet pour prendre la commande. La jeune femme ne s'en était pas préoccupée et se retrouva bien embarrassée de ne pas avoir consulté leur carte, pour savoir ce qu'ils proposaient. Aussi, elle laissa son amie choisir en premier, pendant qu'elle regardait la liste des cocktails. Finalement, tu te décides rapidement...

" Un Lava Flow, s'il vous plait. "

Elle ne connaissait pas cette boisson, mais les ingrédients la tentaient assez, pour le coup. Une fois que la serveuse retourna à son comptoir pour préparer les boissons, Noa se retourna vers Yumio, avec ce regard transperçant :

" Nous disions donc ? "

Feignant l'ignorance, elle se montra ironique, pour être sûre que son interlocutrice ne se défilera pas.

Noa écoutait attentivement les paroles de son amie, recherchant ce qui clochait, mais tout semblait normal à première vue, si seulement il n'y avait pas ses réactions agressives et intempestives. Elle arqua un sourcil sur le prénom d'Alban et le répéta en la questionnant, attendant d'en apprendre davantage, mais à peine avait-elle vu son verre déposé devant elle, effleurant le liquide des lèvres pour le goûter, qu'elle s'était vu réduite au silence, bouche bée devant l'exclamation de son interlocutrice qui ne pouvait s'adresser à personne d'autre qu'elle.

Noah s'offusqua, bien évidemment, laissant reposer le verre qu'elle s'apprêtait à boire, en fronçant les sourcils, gardant un semblant de calme, mais dans sa voix retentissait la colère qui n'attendait qu'à se déclarer. Jamais on ne lui avait adressé de telles paroles, ou n'avait jamais osé en tout cas, et ce, pour une bonne raison, car son aura devint soudainement assez menaçante pour emplir la pièce d'un froid glacial, et son ton, restant égal pourtant, devint aussi froid que l'arctique.

" Ah oui ? Je dérange donc. Je sais pas ce que je t'ai fait, mais... super. Je m'inquiète pour toi et tu m'envoies chier. Je retiens. "

Bafouée, elle se lève déposant un billet sur la table en abandonnant sa boisson à peine entamée. Mais elle n'arrive pas à se résoudre à se laisser vexée de la sorte, pourtant par deux fois, en moins de dix minutes, c'était un peu gros.

S'avançant jusqu'à son aînée, elle s'appuie sur la table et se courbe pour lui faire face, la regarder droit dans les yeux, avec cet air insistant et sévère et déclare d'un ton grave :

" T'as une dernière chance : soit tu me racontes tout maintenant, soit tu me revois plus selon tes désirs. "

C'était sans doute comme un caprice de gamine, mais elle sentait qu'elle ne devait pas lui laisser le choix. Yumio était facile à manipuler dans ce sens, mais Noah n'aimait pas employé ses méthodes trop extrémistes. Mais ça semblait plus grave que ces conditions. Comme on dit : " Aux grand maux, les grands remèdes. "

Noa se fait tirer hors du café, après avoir été agressée une nouvelle fois, elle ne comprenait plus rien à la réaction de Yumio, mais la curiosité la poussait à ne pas l'arrêter bien qu'elle réclamait des explications pendant la course :

" Qu'est-ce que t'as ?! Où allons-nous ?! "

Que lui cachait-elle ? Et plus elle lui demandait d'attendre, plus ça devenait inquiétant pour la jeune demi-déesse. Elle vit le paysage défiler devant ses yeux, la peur de se faire renverser par des véhicules lorsqu'elles traversèrent la route sans regarder, huées par les klaxons des conducteurs mécontents qui avaient dû piler pour ne pas leur rouler dessus.

L'entrain les amena jusqu'à un petit parc du centre-ville où elles furent déguisées par les branche d'un saule, offrant un abri et un banc en toute intimité face aux révélations de la rouquine qui semblait avoir beaucoup de choses à expliquer à l'autre. Et cette dernière ne resta pas indifférente face au discours, ouvrant la bouche d'effarement, pour finir par fermer les yeux, plongée en pleine réflexion et surtout éviter de dévoiler les sentiments qui l'habitaient.

Un enchainement de jurons défilaient dans sa tête, mais elle ne laissa rien paraître, constatant simplement que cette fois, elle se trouvait dans une situation bien pourrie. Elle réfléchit et instaura un silence qui dura, avant de finir par déclarer :

" D'aaaaaccord... Donc, tu es habitée par un dieu. Ce serait pas plutôt une déesse ? Ce serait plus en concordance, non ? Et qui est donc cet... esprit ? Pourquoi toi ? On t'a rien expliqué d'autre ? Ils t'ont laissé partir comme ça ? C'est... étrange ? T'es sûr de pas nous faire des crises de schyzophrénie ? "

Réaction normale d'une personne normale. Elle aurait été une humaine, elle n'aurait franchement pas cru à son histoire et l'aurait fait interner, parce que là, elle déglingue quand même pas mal la Yumio. Mais peut-être paraissait-elle trop sérieuse pour prendre la situation à la rigolade ? En tout cas, elle était inquiète d'apprendre l'identité de la divinité en question, car les dates semblaient correspondre... C'est bien le genre de la rouquine de s'enfuir quand ça va mal... Enfin, réaction aussi normale, quand on se retrouve enlevée, on ne reste pas sans rien faire, quand une opportunité de s'échapper s'ouvre.

Noa commença à se ronger les sangs, attendant la suite des explications, mais elle se rendit compte que ce n'était pas si simple et ménagea son amie.

" Attends... Va doucement, assied-toi et raconte-moi tout en détail... "

Ce contexte actuel la ramenait quelques années en arrière, bien que son quotidien était déjà exceptionnel par rapport à la norme, lorsqu'elle avait appris ses propres origines, ce qui expliquait toutes ces bizarreries autour de la jeune demi-déesse. Et de voir son amie plongée dans cet état de confusion, elle le comprenait. Elle le comprenait parfaitement, mais elle devait aussi avoir du mal à le digérer de voir que la MBM prenait des humains lambda pour faire leurs expériences dangereuses. Noa savait pour les statuettes, elle savait plus ou moins ce qu'elle renfermait, mais elle ignorait qu'il était possible de les extraire par un procédé scientifique !

Son cerveau battait à vive allure, à réfléchir à tout, entre les souvenirs, les solutions, l'avenir qui se présentait désormais à Yumio, elle pensait à tout et essayait d'y mettre de l'ordre. Mais difficile de faire quoi que ce soit lorsque le récit d'un témoin est aussi haché, elle ne pouvait rien faire des paroles de Yumio et fronçait les sourcils en la scrutant, l'air pensif, en murmurant :

" Evidemment... "

Normal qu'un humain, ou un être extérieur à MBM ne trouve rien à propos du complot. vous imaginez le scandale que cela ferait si ça éclatait au grand jour ? La société en pâtirait pour sûr, si on remontait jusqu'à Mad et toute son entreprise. Noa tira une grimace insatisfaite, mais fut davantage surprise par la proposition de son interlocutrice.

" Pardon ?! Moi, t'aider ? Non non non... "

La blondinette s'interrompt brusquement et replonge dans ses pensées, laissant croire que ce n'était pas un non définitif, laissant en suspens sa décision. Elle ne peut pas l'abandonner non plus, mais s'en prendre à MBM, c'était trop gros, et elle-même risquait de perdre son peu de liberté. Déjà qu'elle avait Liam sur les pattes, ce ne serait pas évident.

Et si... ? Et si Liam pouvait leur venir en aide ? Ce serait trop gros. Il ne voudrait en aucun cas faire tomber le fou furieux qui infligeait de telles choses aux humains. Ce serait aussi le priver de ses sujets d'expérience à lui, et il pourrait aussi prendre Yumio pour l'allonger sur sa table d'opération. cette pensée la fit frissonner. Deux choix se présentaient à elle : soit elle l'aide en la protégeant, soit elle la dissuade d'aller plus loin. Elle pourrait la laisser tomber, la laisser à son sort. Mais ce ne serait pas digne de la fille d'Athéna.

" Bon... Très bien... On va faire un échange, puisque tu ne me laisses pas le choix. Tu me dis tout en détail et je te donne les informations que j'ai. Ca te va ? "

Noa a horreur d'être acculée à ce niveau, de devoir balancer qu'elle a menti toutes ces années pour protéger son identité. Mais désormais, elles jouent dans la même cour, la cour des dieux.

L'échange d'informations commença d'abord par Yumio qui indiqua son lieu d'enlèvement, mais cela n'apportait rien à la blondinette, puisque si c'était bel et bien MBM, ils étaient capables de faire disparaitre les gens n'importe où. Evidemment, la station Nord était l'idéal puisqu'elle était vidée depuis des années, et des gens pouvaient facilement y disparaître vu les rumeurs qui y circulent, donc ça ne paraît guère plus extraordinaire que ça.

Elle écoutait son amie donner les détails sans plus d'intérêts que cela, réfléchissant à toute vitesse, mais s'enfonçant de plus en plus dans la certitude qu'il s'agissait bel et bien des habitudes de l'entreprise qui l'avait fait elle-même naître. Noa savait qu'elle travaillait pour une société bien louche qui n'avait pas des manières très orthodoxes pour trouver des sujets d'expérimentation, mais parfois pour permettre des avancées scientifiques majeures, il fallait aller à l'encontre de l'éthique, par exemple en médecine : s'il n'y avait pas eu des expérimentations - prohibées - sur des cadavres, nous en serions encore aux saignées pour soigner des migraines, ou tout autre maladies d'ailleurs. Aussi, elle était plutôt du genre à penser que la fin justifie les moyens.

Concernant la scientifique qui l'avait utilisé comme cobaye, la jeune femme ne connaissait pas la hiérarchie, il y avait tant de monde et de laboratoires dont elle ignorait l'existence que sa description ne lui disait rien. Mais elle fut interrompu dans ses pensées par le changement de ton, de voix même, de la rouquine. Noa n'appréciait guère le ton employé, mais il n'avait pas tort. Cependant, elle ne savait pas à qui elle allait parler, qui était le dieu qui habitait le corps de son ami. A ce qu'elle a pu en voir, il était impulsif, voire carrément agressif. De quel panthéon ? Il y avait une multitude infinie de divinités qu'elle n'arriverait pas à deviner aussi facilement, surtout que Mad omettait bien de donner l'identité des statuettes que les chasseurs retrouvaient.

Arquant un sourcil, elle soupira et opta pour un ton doucereux :

" Très bien. En revanche, j'aimerais connaitre au moins l'identité de celui qui me parle et qui squatte le corps de mon ami. A moins que quelques informations te délient la langue ? "

Elle ne semblait pas tellement avoir le choix, puisque c'était le marché qu'elle avait convenu. Elle se mordait la lèvre de s'être faite piégé de la sorte. Ce dieu a beau être impulsif, il n'apparait pas comme stupide, elle devait donc s'en méfier. Elle prit une inspiration et se lança :

" Je pense savoir qui vous a fait ça. Mais il s'agit d'un gros morceau et il sera difficile de trouver des preuves, ou même de faire quoi que ce soit contre. Par contre, si tu me donnes ton nom, je pourrais peut-être te donner davantage de détails. Je sais par exemple que vous, les dieux, vous avez été enfermés dans des statuettes avant de vous faire incarnés dans des humains. De telles incarnations se font par le biais de pouvoirs. Je ne connais pas ceux qui en sont capables, mais je sais que ça existe. "

Noa se permit une pause, elle devait sélectionner ce qu'elle pouvait dire et ce qu'elle devait omettre de préciser pour ne pas dévoiler toute l'affaire, et surtout éviter de parler de sa propre expérience. Déjà que Yumio, en apprenant qu'elle en savait tant sur le sujet, devrait se sentir trahie, alors si elle apprenait que sa propre amie était elle-même un sujet d'expérience depuis bien avant sa naissance… Noa n'accepterait pas de perdre si facilement ses amis. Mais si elle en était une, elle comprendrait. C'était quitte ou double.

Peut-être que c'est le moment justement. Elle montra un instant d'hésitation et finit par avouer :

" Je… Je sais qu'ils créaient des… enfants de divinités en piochant dans leurs gênes et les incrustant dans des mères porteuses. Ils possèdent des moyens effrayants. Je crois même que… qu'ils sont capables de tuer… les divinités. "

Mais l'information n'était pas clair. Elle avait bel et bien vu une divinité, ou un demi-dieu, elle ne sait plus, mourir sous ses yeux.

Difficile d'estimer la réaction de son interlocuteur qui ne semblait pas à son aise dans ce corps qui ne lui appartenait pas, mais il est clair que l'annonce de la mort possible pour des êtres censés immortels ne laisserait personne de marbre, à part s'il ne captait rien. Mais peut-être que celui qui se cachait aux tréfonds de son amie était trop orgueilleux pour croire ses paroles, ce qui ne serait pas étonnant. rappelons que nous avons affaire à une divinité.

Mais après un instant de silence, un espace de flottement, enfin il parle. Il réagit. Il se présente, et Noa s'agite de l'intérieur, impatiente de savoir à qui elle a affaire et comprendre pourquoi elle a ce sentiment de dégoût envers lui, qui ne s'apparente pas à l'écoeurement qu'elle ressent pour son amie victime des expérimentations de son supérieur.

Une présentation pleine d'orgueil, comme elle le pressentait finalement à l'énonciation du nom de Poséidon. Poséidon, le dieu de la mer, oncle de sa propre mère, et par conséquent, grand oncle de Noa ? Plutôt crever. Rien qu'à y penser, elle eut un mouvement de recul dégouté, en se rappelant les histoires contés entre Athéna et lui. Autant que le racontent les légendes, il existe un conflit entre eux sur le plan sexisme. Poséidon, réputé pour être le pire macho que la terre eut portée à l'époque, s'est vu vaincu face à la déesse guerrière qui prouva la supériorité des femmes. Après, pour ce qui est véridique là-dedans, entre une histoire d'olivier et de cheval, difficile d'interpréter aussi.

Mais Poséidon était bel et bien là, face à la blondinette, fille de sa Némésis, et répondait par excellence à sa réputation, non volée, donc. Cependant, Noa ne se démonta pas face à la menace. Elle était chasseuse de divinité après tout et ce ne sera pas un Poséidon enfermé dans le corps de son amie qui la fera s'ébranler. Elle esquissa un sourire narquois et remua le doigt devant en signe de négation :

" Arrête tes simagrées... Je crois pas que tu sois en position de négocier ou même simplement de me menacer. Car JE possède des informations qui t'intéressent. Si tu veux me tuer, de un, tu auras du mal, et de deux, tu vas perdre la chance de ta vie de possiblement trouver un moyen de t'échapper de là. Et surtout de foutre la paix à Yumio. "

Non parce que la pauvre dans tout ça, c'est elle qui subissait la présence d'un dieu aussi sordide. La blondinette la plaignait profondément et elle-même n'aurait pas supporté un tel affront. Mais Yumio était Yumio, elle acceptait plus facilement les situations saugrenues et dérangeants rien que pour le fun de l'expérience.

La jeune femme croisa les bras, avec un sourire satisfait, avant de reprendre un air sérieux, sourcils froncés et soupira de lassitude.

" Alors, de ce que je sais, les reliques en question, c'est pas de l'ordre humain. On raconte, et des divinités me l'ont confirmé, que vous vous êtes enfermés dedans pour vous reposer pendant quelques millénaires. Les raisons de cette soudaine incarnation reste mystérieuse pour moi, mais j'imagine que tu sais des choses. Donc me pose pas des questions, je ne m'y intéresse pas, c'est ton problème, ça. "

Par contre, concernant la possibilité de se désincarner d'un corps... Elle avait entendu parler de quelque chose. Et en lui donnant cette indication, elle pourrait faire en sorte que MBM ne sache rien de ce qu'il s'est passé cet après-midi-là.

" Par contre, pour ton sort actuel... Je connais une... association. Mon frère en fait partie, ainsi que d'autre divinités, que je sache, enfin j'imagine. Je ne connais pas les détails, à part son nom : Mµ. Je sais pas comment on peut entrer en contact avec eux. Mais... en passant par internet, je pense qu'il y a moyen. Collabore avec Yumio, c'est votre seule chance. "

Voilà, finalement, elle ne peut pas donner plus de détails. Si elle balance MBM, c'en serait fini d'elle et si elle balance Yumio... ce ne serait pas mieux non plus.